par Sapin » lun. 11 juin 2012, 16:49
v.j.m.j.
Soit cette question de steph:
steph a écrit : Bonjour Père Guy!
Je me pose, à vous lire, la question de savoir comment le prêtre que vous êtes vit intérieurement cette déchirure entre la forme extraordinaire et la forme ordinaire (si j'ai bien suivi, vous célébrez les deux)?
La seule réponse que j'entrevois, c'est la confiance en la divine Providence, croire que l'Esprit n'a pas abandonné complètement ceux qui ont fait les réformes (puisque ce n'est même pas leur application qui est rupture).
De fait, peut-on parler de déchirure, je ne crois pas. Mais il est évident que les deux formes du rite Romain sont diamétralement opposées: l'un fait appel véritablement à un rite, l'autre plutôt à une animation d'assemblée. Il est vrai que j'ai beaucoup de difficulté à trouver les notions de rite et de rituel dans la forme ordinaire et aujourd'hui on plus le souci de tout expliquer tout ''intellectualiser'' dans la forme ordinaire, plus que de vouloir faire entrer les fidèle dans le mystère du Christ, à mon avis. J'ai remarqué à la messe que les gens sont beaucoup plus attentif lorsqu'un rite se déploie avec beaucoup de détail à l'avant que lorsqu'il y a constamment et interminablement quelqu'un qui parle en avant. Pour moi le grand abus de la forme ordinaire est d'avoir décentraliser du mystère du Christ et de l'acte d'offrande pour tout centrer sur la personnalité du prêtre à l'avant. Chez nous, plus un prêtre est du style ''vedette'', ''humoriste'', plus il est populaire et plus il passe pour un bon prêtre qui comprend les gens. De fait, ces prêtres passent pour très sympathiques aux yeux des fidèles, mais opèrent-ils chez les fidèle un désir profond de rencontrer Dieu, le Christ, de se convertir pour approfondir les vertus chrétiennes et le mystère Pascal. C'est la raison pour laquelle je parle plus d'animation que de rite pour la forme ordinaire.
L'idée du concile, en matière de liturgie, était de revenir aux sources de la célébration de l'eucharistie. Pourtant, à l'époque de l'antiquité tardive, où se situe les débuts du christianisme, les rites et rituels sont énormément déployés et avec un souci du détail. La raison est bien simple, on était en présence du Divin, d'une divinité et les rites et rituels déployaient des gestes qui sortaient de l'ordinaire pour se lier ou relier (religio) ou faire le pont (pontifex) avec le divin, l'absolu.
Pour moi, il est évident que le mouvement de renouveau de la liturgie a été fortement influencé par le courant de changement des soixante-huitards, on voulait changer! J'ai toujours trouvé étonnant, d'ailleurs dans cette idée de vouloir faire du changement que Paul VI serait très souple, très ouvert face à la liturgie, mais sera d'une très grande rigidité concernant la rédaction d'Humanae Vitae!!! Il y a pour moi quelque chose qui cloche ici, car de plus, Paul VI avait retirer des débats du concile cette question concernant la morale sexuelle, erreur fondamentale selon moi.
Je m'étais fait à l'idée que la réforme liturgique des années '60 était la volonté d'une grande majorité et que le reste relevait de groupuscule sectaire. Pourtant, des décisions surprenant de la part de Jean-Paul II (Ecclesia Dei), et encore plus de la part de Benoît XVI (motu proprio), m'ont démontrer qu'il y avait réellement quelque chose qui n'allait pas dans cette réforme liturgique des années '60. De plus, un membres du forum avait, sur un autre fil, apporter toute la polémique entre le cardinal Ottaviani et Paul VI, lors de l'édition du missel en 1973. On doit, en toute objectivité, admettre que le cardinal Ottaviani apportait des points plus que pertinents pour remettre en question cette réforme. Alors, étions-nous devant un consensus de tous concernant cette réforme ou bien Paul VI a voulu ménager la chèvre et le choux pour produire ce missel qui devenait le moindre mal. Le problème est que présentement nous changeons de génération, et la génération du concile est âgée et disparaît de plus en plus. Un mouvement vers un retour de la liturgie d'avant 1962 se manifestent de plus en plus, le plus souvent porté par ''the new generation'' donc des jeunes, et le pape ne semble pas y manifester de l'opposition, bien au contraire.
Donc, déchirure: non pour ma part. Grandes interrogations de ma part concernant la liturgie de Paul VI telle qu'elle est en ce moment: oui. Je trouve cela plutôt motivant de faire de la recherche, de confronter les différentes sources, les différents auteurs avec leur interprétation des sources.
Je crois cela important, car les rites et rituels sont important pour l'être humain et le chrétien de surcroît. Les anthropologues eux-mêmes le disent: l'homme ne peut se passer de rites qui rythment les moments importants de sa vie et lui rappelle qu'il existe un absolu au dessus de lui!
J'espère que cela répond à vos interrogations, sinon, posez-moi encore des questions.
Bien à vous,
G
v.j.m.j.
Soit cette question de steph:
[quote="steph"] Bonjour Père Guy!
Je me pose, à vous lire, la question de savoir comment le prêtre que vous êtes vit intérieurement cette déchirure entre la forme extraordinaire et la forme ordinaire (si j'ai bien suivi, vous célébrez les deux)?
La seule réponse que j'entrevois, c'est la confiance en la divine Providence, croire que l'Esprit n'a pas abandonné complètement ceux qui ont fait les réformes (puisque ce n'est même pas leur application qui est rupture). [/quote]
De fait, peut-on parler de déchirure, je ne crois pas. Mais il est évident que les deux formes du rite Romain sont diamétralement opposées: l'un fait appel véritablement à un rite, l'autre plutôt à une animation d'assemblée. Il est vrai que j'ai beaucoup de difficulté à trouver les notions de rite et de rituel dans la forme ordinaire et aujourd'hui on plus le souci de tout expliquer tout ''intellectualiser'' dans la forme ordinaire, plus que de vouloir faire entrer les fidèle dans le mystère du Christ, à mon avis. J'ai remarqué à la messe que les gens sont beaucoup plus attentif lorsqu'un rite se déploie avec beaucoup de détail à l'avant que lorsqu'il y a constamment et interminablement quelqu'un qui parle en avant. Pour moi le grand abus de la forme ordinaire est d'avoir décentraliser du mystère du Christ et de l'acte d'offrande pour tout centrer sur la personnalité du prêtre à l'avant. Chez nous, plus un prêtre est du style ''vedette'', ''humoriste'', plus il est populaire et plus il passe pour un bon prêtre qui comprend les gens. De fait, ces prêtres passent pour très sympathiques aux yeux des fidèles, mais opèrent-ils chez les fidèle un désir profond de rencontrer Dieu, le Christ, de se convertir pour approfondir les vertus chrétiennes et le mystère Pascal. C'est la raison pour laquelle je parle plus d'animation que de rite pour la forme ordinaire.
L'idée du concile, en matière de liturgie, était de revenir aux sources de la célébration de l'eucharistie. Pourtant, à l'époque de l'antiquité tardive, où se situe les débuts du christianisme, les rites et rituels sont énormément déployés et avec un souci du détail. La raison est bien simple, on était en présence du Divin, d'une divinité et les rites et rituels déployaient des gestes qui sortaient de l'ordinaire pour se lier ou relier (religio) ou faire le pont (pontifex) avec le divin, l'absolu.
Pour moi, il est évident que le mouvement de renouveau de la liturgie a été fortement influencé par le courant de changement des soixante-huitards, on voulait changer! J'ai toujours trouvé étonnant, d'ailleurs dans cette idée de vouloir faire du changement que Paul VI serait très souple, très ouvert face à la liturgie, mais sera d'une très grande rigidité concernant la rédaction d'Humanae Vitae!!! Il y a pour moi quelque chose qui cloche ici, car de plus, Paul VI avait retirer des débats du concile cette question concernant la morale sexuelle, erreur fondamentale selon moi.
Je m'étais fait à l'idée que la réforme liturgique des années '60 était la volonté d'une grande majorité et que le reste relevait de groupuscule sectaire. Pourtant, des décisions surprenant de la part de Jean-Paul II (Ecclesia Dei), et encore plus de la part de Benoît XVI (motu proprio), m'ont démontrer qu'il y avait réellement quelque chose qui n'allait pas dans cette réforme liturgique des années '60. De plus, un membres du forum avait, sur un autre fil, apporter toute la polémique entre le cardinal Ottaviani et Paul VI, lors de l'édition du missel en 1973. On doit, en toute objectivité, admettre que le cardinal Ottaviani apportait des points plus que pertinents pour remettre en question cette réforme. Alors, étions-nous devant un consensus de tous concernant cette réforme ou bien Paul VI a voulu ménager la chèvre et le choux pour produire ce missel qui devenait le moindre mal. Le problème est que présentement nous changeons de génération, et la génération du concile est âgée et disparaît de plus en plus. Un mouvement vers un retour de la liturgie d'avant 1962 se manifestent de plus en plus, le plus souvent porté par ''the new generation'' donc des jeunes, et le pape ne semble pas y manifester de l'opposition, bien au contraire.
Donc, déchirure: non pour ma part. Grandes interrogations de ma part concernant la liturgie de Paul VI telle qu'elle est en ce moment: oui. Je trouve cela plutôt motivant de faire de la recherche, de confronter les différentes sources, les différents auteurs avec leur interprétation des sources.
Je crois cela important, car les rites et rituels sont important pour l'être humain et le chrétien de surcroît. Les anthropologues eux-mêmes le disent: l'homme ne peut se passer de rites qui rythment les moments importants de sa vie et lui rappelle qu'il existe un absolu au dessus de lui!
J'espère que cela répond à vos interrogations, sinon, posez-moi encore des questions.
Bien à vous,
G