La liturgie (par le frère Jean-Miguel Garrigues, op)
Notes prises à une retraite de laïcs dominicains, non relues par l'auteur.
La Sainte-Baume, 13-15 avril 2012
Le frère Garrigues, prof de théologie, est au couvent de Toulouse. Il est entré chez les dominicains à l’âge de 19 ans (il a été au noviciat avec André Gouzes). Il a 67 ans.
Vendredi soir.
Dans les couvents, il y a deux sujets qui fâchent : la politique et la liturgie. La liturgie déchaîne les passions car touche au sensible.
Rien de pire que le rubricisme. Autrefois les rubriques (du latin
ruber = rouge. Les paroles que le prêtre doit dire étaient écrites en noir, les gestes en rouge) étaient très contraignantes, un vrai corset. La liturgie Paul VI est très modérée, les gens blessés par les abus post-68 voudraient revenir à une hiératisation du prêtre. De nos jours les gens ont perdu le sens de l’agenouillement, avant c’était trop, on était presque tout le temps à genoux « par défaut ».
Le rubricisme (ce n’est plus humain, un automate) et le n’importe quoi sont les deux écueils à éviter.
Nous allons étudier le sens profond des choses, pas spécialement les rubriques. Quand on a compris le sens de la consécration, on trouve normal de se mettre à genoux. Cf. Philippiens chapitre 2 « que tout genou fléchisse etc. » Les Orientaux, eux, se prosternent carrément par terre.
Distinguer ce qui vient du sens profond des mystères, qui sont insondables, mais simples (rien à voir avec les mystères d’Isis ou autres, basés sur des impostures) et les détails accessoires (ex. le manipule, au départ mouchoir pour essuyer la sueur du front, et devenu objet décoratif, brodé, incrusté).
Des fioritures ont été ajoutées au fil des siècles car c’était trop humble.
Revenir de temps en temps à l’essentiel, l’Église discerne.
Le retour du rite extraordinaire… Beaucoup de détails contingents.
Mais nous sommes des êtres sensibles donc besoin de décorum.
Dans les années 1970, tendance au service minimal, l’intention était louable mais c’était froid, abstrait, on a dévasté toute une religiosité populaire, il aurait fallu plus de douceur.
Trouver un juste milieu, il faut l’essentiel mais pas décharné, surtout pour les gens simples.
Nous allons naviguer entre tous ces récifs.
Demain on parlera de la messe, notamment de la prière eucharistique.
Dimanche, de la liturgie des heures.
Samedi matin.
La liturgie eucharistique.
Les orthodoxes appellent l’eucharistie « liturgie » ou « divine liturgie ». Eucharistie signifie « action de grâce », la liturgie est essentiellement action de grâce (même s’il y a aussi la louange et la demande) à Dieu créateur, qui donne la vie et qui donne sa grâce. Nous sommes dans une histoire sainte jalonnée par les initiatives divines : alliances, dons successifs, jusqu’à ce don ultime qu’il nous fait de son propre Fils.
Le culte d’action de grâce est une réponse de l’homme, une reconnaissance aux deux sens du terme (prendre conscience, dire merci).
Différence entre ce culte et le culte religieux en général. Attention au relativisme dans le dialogue interreligieux, la spécificité biblique est effacée. Les relations avec le judaïsme font partie de l’œcuménisme car c’est la même révélation, mais pas avec l’islam car pas d’alliance ni de réciprocité ; ni avec les religions africaines, animistes etc. L’alliance est l’élément original de la révélation judéo-chrétienne.
On devait aux dieux un culte pour obtenir des faveurs, mais ces dieux n’avaient pas d’amour gratuit pour les hommes. Les cultes païens n’ont pas forcément de lien avec le perfectionnement moral, ils y vont par un autre chemin, des voies de sagesse, ce sont deux choses distinctes, que les philosophes ont essayé de réunir. Dès qu’on sépare ces deux choses, on revient vers le paganisme, et les prophètes d’Israël ont sans cesse lutté contre (Amos, Osée etc.).
La liturgie n’a pas de valeur en soi. Si on absolutise un domaine du religieux (encens, procession etc.) on quitte la religion biblique et on est dans le magique, le paganisme.
Juste avant le Concile, il y a eu un renouveau biblique, on a suspecté tout ce qui était religieux de faire obstacle à la vraie foi, on en a trop enlevé. Il faut du religieux (c’est une richesse anthropologique) mais il n’a pas de valeur en lui-même. Ne pas trop élaguer ! Le rituel est là pour nous disposer à nous offrir à Dieu.
« La gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit », ce n’est pas l’encens ou le rituel.
Au moment du Concile, recherche d’authenticité contre le pharisaïsme.
Tout ça pour dire l’importance de l’action de grâce, car Dieu nous a précédés, il nous veut du bien, nous lui rendons amour pour amour. C’est le cœur de la liturgie chrétienne.
La prière eucharistique est le sommet de l’action de grâce.
La liturgie est la célébration de tout le peuple (
leitourgia signifie en grec « service public », « fonction publique »).
Jusqu’aux années 1950, le missel du prêtre contenait toute la messe, il lisait tout, du début à la fin. Puis réforme liturgique, on a commencé à doubler certaines choses : quelqu’un lisait la traduction française de ce que le prêtre avait lu en latin.
La réforme du Concile est le retour à ce qu’il y a de plus traditionnel, comme au temps des Pères de l’Église. Alors quand on entend parler de « la messe de toujours » !! La réforme a certes été parfois mal faite mais c’est essentiel.
Même de bons prêtres lisent le canon d’un ton monocorde, on dirait qu’ils lisent l’annuaire. Ils n’ont pas assimilé profondément ce qu’est la prière eucharistique. Sans théâtraliser, on peut donner à ce texte sa valeur.
Avant, pendant la messe les gens disaient le chapelet, faisaient oraison, attendaient que le temps passe… Peut-on vraiment participer à l’eucharistie si on n’a pas eu une solide catéchèse ?
L’offertoire est un rite préparatoire à l’offrande.
La goutte d’eau dans le vin, bien qu’elle dise quelque chose de vrai, est une pure allégorie, c’était la seule participation des fidèles, un os à ronger. La communion des fidèles était complètement disjointe de la participation à la messe. Actuellement les tradis sont de petits groupes fervents qui font des eucharisties soignées, mais ce n’est pas ce qui était vécu avant, quand il y avait des foules dans les églises.
Le dialogue de la préface est le début de la prière eucharistique, il en fait partie, y compris dans les Églises orientales, c’est un rite très important.
Pourquoi dit-on « et avec votre esprit » à un ministre ordonné ? On le reconnaît pour ce qu’il est, il n’est pas délégué de l’assemblée mais du Christ, il nous est donné par Dieu. C’est une reconnaissance du ministère ordonné.
« sursum corda » : on va entrer au ciel avec Jésus près du Père. Les Orientaux chantent l’hymne chérubinique (il a été mis en musique par André Gouzes, c’est très beau), on dépose ses soucis (qui nous ferment comme Marthe à la parole de Dieu) dans le cœur du Seigneur pour entrer dans l’offrande eucharistique.
La prière eucharistique introduit dans le sanctuaire => Sanctus, notre union à la liturgie du ciel, avec les anges, les saints, les fidèles défunts. L’eucharistie est un acte intégral de l’Église, ce n’est pas l’acte du prêtre seul, même s’il est seul pour célébrer, tout le corps mystique est présent, ce n’est pas une dévotion particulière. Le prêtre en est le serviteur, non le propriétaire.
« tournés vers le Seigneur », prêtre et assemblée sont tournés vers le Seigneur ensemble.
Messe face au peuple ou non : le problème est surtout la distance. Face à face, il faut faire sentir qu’on dit le canon à Dieu et non à l’assemblée, que c’est une prière. Nous ne sommes pas simplement les uns face aux autres : nous sommes tournés vers Lui.
« cela est juste et bon » : autrefois on inclinait la tête pour manifester qu’on était d’accord.
« préface » : on pense au prologue d’un livre, qui n’est pas encore le livre, on a donc cru que la prière eucharistique commençait après le Sanctus. « Préface » signifie « une parole adressée à quelqu’un », toute la prière eucharistique est une « préface », toute adressée au Père.
On dit « récit de l’institution » mais ce n’est pas un récit comme dans les évangiles. « et les yeux levés au ciel vers Toi, Dieu son Père, en Te rendant grâce… » : ce n’est pas un récit, c’est une prière. Le prêtre rappelle à Dieu ce que le Christ a fait. Toute la prière eucharistique est adressée au Père, par le Christ, dans l’Esprit saint.
Question : l’assemblée peut-elle dire la prière eucharistique avec le prêtre, puisque nous offrons tous ensemble ?
Réponse : l’intention est bonne, mais le prêtre préside et l’assemblée n’a pas à prendre sa place. C’est un dialogue. Le prêtre est le porte-parole de l’assemblée. Dans la messe de Rangueil (d’André Gouzes) le canon est chanté sous forme litanique, et le peuple répond à chaque fois « souviens-toi ». La place du prêtre est essentielle, il tourne l’assemblée vers Dieu, il ne fait pas seulement de l’animation, sinon n’importe qui pourrait le remplacer, comme chez les protestants : on partage, mais il manque une dimension, le Christ est présent mais c’est momentané, pour eux il est présent non dans le pain mais dans l’acte de partager.
« il le rompit etc. », certains prêtres le rompent en disant cela, ils miment mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
Samedi après-midi.
Mt, Mc, Lc, 1Co 11,23 sq : récit de l’institution de l’eucharistie.
Jésus consacre le pain et le vin dans une action de grâce. C’est un repas juif, donc caractère sacré, surtout repas de shabbat et de fête. La fraction du pain ouvre le repas. Le pain sert d’assiette et de couvert (on se sert en trempant un morceau de pain dans le plat). À chaque nouveau plat il y a une nouvelle bénédiction, mais celle du pain est la première. Il y a une petite bénédiction quand on boit, puis la grande bénédiction de la coupe à la fin du repas (« à la fin du repas il bénit la coupe »). Judas a communié comme les autres au pain mais pas à la coupe, le drame de Judas est de ne pas avoir accepté le Messie humilié, l’aspect sacrificiel, il voulait probablement forcer la main à Jésus. D’ailleurs la même tentation a dû tous un peu les travailler, car ils disent tous « est-ce moi ? ». Depuis la tentation de Jésus au désert, Satan a essayé de le tenter là-dessus.
Quand les païens sont devenus chrétiens, l’eucharistie a été séparée du repas car mentalité différente, puis agapè, repas fraternel distinct du repas sacré. Après 1968 il y a eu des messes au cours de repas ordinaires, ça nous choque mais des juifs pourraient le faire.
Jésus rend grâce. La prière eucharistique n°1 dit : « les yeux levés au ciel », expression empruntée à la multiplication des pains et Jn17 prière sacerdotale.
Canon : « nous t’offrons pour eux, ou ils t’offrent eux-mêmes », dit le prêtre, ce qui évoque une concélébration, l’assemblée concélèbre avec le prêtre.
Car au début l’évêque présidait toujours l’eucharistie, puis vers le 3ème siècle il a délégué un prêtre pour cela.
Rite de la commixtion (le prêtre met une miette de l’hostie dans le calice) : on ne comprenait plus pourquoi, donc on a imaginé des allégories. C’est parce qu’au début, un diacre (ou un acolyte ?) apportait un morceau de l’hostie de l’évêque pour montrer que c’était la même messe ; mais aujourd’hui ça n’a plus de sens.
Au début du 3ème siècle, ce canon latin a remplacé un canon grec car à Rome on ne comprenait plus le grec. D’où protestation des tradis de l’époque !
Le peuple de Dieu redevenant acteur de l’eucharistie, offrant et s’offrant.
Dans toutes les préfaces il est question du ciel et des anges et ça finit par le Sanctus, ce qu’a entendu Isaïe.
La prière eucharistique n°4 inspirée des PE orientales, dont la préface ne change pas. Les Occidentaux sont plus analytiques, adaptent la préface au temps liturgique, mais les Orientaux retracent toute l’histoire du salut, c’est très long.
Après le Sanctus, « te igitur pater clementissime etc. » : on continue le raisonnement (igitur = donc). Mais les traducteurs n’ont pas rendu ça en français, les phrases françaises sont courtes, d’où appauvrissement du texte latin traduit (littéralement : « donc toi, Père infiniment bon… »). En français, « Père infiniment bon », on peut croire que c’est un commencement.
L’épiclèse (étym. action d’appeler sur) est le diamant, la perle de la PE, enchâssée dans un bijou.
L’anamnèse = deuxième épiclèse.
Entre Sanctus et épiclèse, il y a une transition différente selon les traditions, orientale ou occidentale.
La PE 3, la plus employée, est d’origine mozarabe (wisigothique espagnole).
Pour célébrer l’eucharistie, il faut être rassemblés, le rassemblement est un don du Saint Esprit. « Tu ne cesses de rassembler ton peuple ».
Première épiclèse : le prêtre étend les mains sur le pain et le vin, cf. miracle eucharistique de Lourdes en 1999
http://www.dailymotion.com/video/x2hh2g ... s-1999_fun avec trois cardinaux qui sont morts du cancer peu après (Lustiger, Billé, Eyt), le film n’a été regardé que des années après, une bobine non utilisée. On voit l’hostie s’élever et rester en l’air pendant tout le canon. Les évêques n’ont pas voulu en parler car pas de preuve, peur de passer pour des illuminés, ils ne savaient pas que ça avait été filmé. Bref, c’est à partir de l’épiclèse que le Saint Esprit se saisit de ce mémorial. Les moines du Barroux ont été impressionnés par ce miracle car c’était une messe Paul VI en français, un canon court et très employé… mais c’est la messe.
« la veille de sa passion, il prit etc. », en latin : « qui pridie quam pateretur », c’est la relative d’une principale adressée au Père. Mystère auquel les trois personnes de la Trinité participent, les phrases françaises sont coupées, on a l’impression qu’on est dans un récit. Mais retraduire n’est pas évident, c’est lourd. Les prêtres eux-mêmes n’apprennent pas ça au séminaire, il faut une catéchèse.
« pour vous et pour la multitude » : dimension missionnaire, nous avons à évangéliser tous ceux qui sont dehors, y compris ceux du passé.
Les Anglais ont traduit « for all » (pour tous), certains ont protesté alors ils ont mis « for many » (pour beaucoup). En grec c’est « polloi » (= beaucoup). Many est plus correct grammaticalement mais pas pour le sens… C’est un retour à l’esprit janséniste : seuls les prédestinés seront sauvés. Rm 5 : toute l’humanité pécheresse => le sacrifice du Christ est pour toute l’humanité. 1Jn (réf ?)
Samedi soir.
Le mémorial, anamnèse en grec, montre que la mort, la résurrection, l’ascension sont un même mystère, le mystère pascal => juste après la consécration on dit l’anamnèse (« il est grand le mystère de la foi etc. »). Les premiers chrétiens célébraient l’eucharistie la nuit du samedi au dimanche, car ils attendaient le retour du Christ cette nuit-là comme à Pâques. Et comme il ne venait pas, ils célébraient la fraction du pain à la place. L’icône de la Trinité de Roublev représente un conseil trinitaire, au milieu il y a la coupe eucharistique.
La deuxième épiclèse ou épiclèse de communion demande que l’Esprit Saint vienne sur les fidèles pour qu’ils deviennent eux-mêmes eucharistie dans le corps du Christ pour faire de notre vie une offrande d’amour au Seigneur. La consécration est sertie entre les deux épiclèses.
Le but de l’eucharistie n’est pas de produire la présence du Christ sur l’autel, car les espèces sont périssables, elles gardent les propriétés du pain et du vin. Le Christ se communique à nous à travers l’alimentation, qui est périssable, et ensuite présence de la grâce.
Ne pas tomber dans le scrupule : s’il y a une miette d’hostie, on la mange, mais si c’est juste une poussière, ce n’est pas du pain.
Les prêtres qui ont étouffé dans le rubricisme culpabilisant d’avant le Concile sont ceux qui ont tout envoyé promener. Ils sont passés d’un extrême à l’autre.
La liturgie de maintenant est très riche et fabuleuse. Mais il y a pas mal d’abus à réviser (le P. JMG a vu des choses abominables, par exemple un prêtre qui après la messe, mélangeait les hosties consacrées restantes avec des hosties non consacrées, en disant que c’est tout pareil !).
Ce qui est bien chez les tradis, c’est le silence de leurs églises, le recueillement. Nous nous sommes protestantisés. Un temple protestant, en dehors du culte, c’est un lieu banal donc pas de recueillement. Dans une église, Jésus est là à tout moment, ainsi que les saints. Mais les mariages, baptêmes etc. souvent c’est la foire, pas de recueillement. Avant, à l’entrée des hôpitaux il y avait écrit «silence », c’était un sanctuaire, maintenant c’est très bruyant. Il doit y avoir des silences dans la messe, notamment après la communion. Le chant de communion doit accompagner la communion, puis silence, mais parfois on chante après la communion. De même le chant d’entrée doit se faire pendant la procession mais le prêtre ne doit pas attendre, dès qu’il est à l’autel le chant s’arrête.
L’épiclèse de communion nous rattache à l’intercession de la communion des saints.
Pour finir, le Per ipsum, qui est le sommet => Amen solennel de toute l’assemblée.
Puis aussitôt le Notre Père. Dans le rite ancien, le prêtre disait seul le Notre Père, et l’assemblée ne disait que « sed libera nos a malo ». Et on ne lisait pas l’Ancien Testament, qui a été réintroduit au Concile mais après beaucoup de discussions.
Le rôle des laïcs dominicains est d’élever le niveau dans les paroisses.
Beaucoup de dominicains ne veulent pas prêcher aux laïcs, ce qui est bien dommage. Prêcher de grandes vérités théologiques est une épreuve de foi. Le Père JMG prêche aussi à la Trappe d’Aiguebelle des retraites en silence.
Question sur les abus liturgiques : c’est parce que les équipes liturgiques ne sont pas formées. Certaines catéchistes ne croient pas à la présence réelle. Certaines messes pour enfants sont infantiles.
Le P. Daniel-Ange a dit à sa mère, à l’âge de 5-6 ans : « Quand je serai grand, je serai un ami de Dieu » (c’est elle qui l’a raconté au P. JMG).
Dimanche matin.
Bibliographie :
*
CEC n° 1066-1209, sur la liturgie, tous les grands principes de la célébration du mystère chrétien.
* J. Ratzinger,
L’esprit de la liturgie, éd. Ad Solem
* Jean Corbon, prêtre français à Beyrouth, tertiaire dominicain de rite melkite, connaissait à la fois les traditions latine et orientale, donc beaucoup travaillé au CEC [d’ailleurs le CEC est essentiellement l’œuvre de dominicains, à part un jésuite. Et tous francophones, y compris Schönborn qui a fait ses études au Saulchoir. Le CEC a été écrit en français puis traduit en latin],
Liturgie de source, très beau livre mais avec beaucoup de termes grecs qui peuvent rebuter certains (mais il y a un lexique à la fin)
* P. Marneffe,
Faites ceci en mémoire de moi, livre clair et facile à utiliser, éd. Cerf
* Mgr Le Gall a écrit beaucoup de livres sur la liturgie, notamment sa thèse :
La liturgie, célébration de l’alliance. Tome 1,
Associés à l’œuvre de Dieu (perspectives générales) ; tome 2,
La liturgie dans l’Ancienne alliance ; Tome 3,
La liturgie dans la Nouvelle alliance. éd. CLD, réédité 2005
* Mgr Le Gall,
La liturgie de l’Église : mystères, signes, figures, CLD
* Mgr Le Gall,
Dictionnaire de liturgie, CLD
* sur les psaumes : livres de Paul Beauchamp, d’AM Besnard, commentaire de Jean-Paul II…
La prière des heures
Elle s’enracine dans la prière d’Israël. La liturgie a pour but de sanctifier le temps, d’où le nom « liturgie des heures », il y a donc des prières à faire tout au long du jour, chez soi, en dehors des célébrations du Temple.
Le peuple chrétien est appelé à célébrer la louange de Dieu au long du jour.
On distingue les grandes heures et les petites heures.
Grandes heures :
laudes (=louanges) le matin ;
vêpres (du latin vesper = soir) le soir, au coucher du soleil (d’où le lucernaire qui introduit l’office et qui dans les premiers siècles était un office à part, quand on allumait les lampes. Il reprend l’offrande de l’encens à l’autel des parfums du Temple);
office des lectures (qui remplace matines, au milieu de la nuit ou très tôt le matin, selon les congrégations), placé selon la convenance de chacun.
Petites heures :
office du milieu du jour (ex – sexte) ;
complies (qui « achève » le jour).
Avant il y avait aussi (ces offices existent toujours dans les monastères) :
prime, à 6h, qui faisait double emploi avec laudes ;
tierce à 9h ;
sexte à midi ;
none à 3h.
L’heure de la messe est variable.
Un laïc ou même un prêtre diocésain ne peut pas dire tous les offices au moment prévu.
« Laudis canticum », constitution de Paul VI (se trouve en introduction dans les éditions récentes du PTP), le chant de louange retentit constamment au ciel dans la merveilleuse variété de ses formes en fonction des cultures, époques…
Au Moyen Âge, la messe n’était pas quotidienne, saint Dominique a été un des premiers à la célébrer tous les jours. À l’époque moderne on en a besoin. Aux premiers siècles tout le monde allait aux offices, même de nuit, cf. Césaire d’Arles. Le P. JMG a connu cela aussi à Lyon, un office de nuit à 4 heures, puis adoration, puis les gens allaient au travail.
Laudis canticum :
http://home.nordnet.fr/caparisot/html/trad.html
1.Structure des heures
« Bréviaire » signifie « abrégé ». Les monastères ne célèbrent pas le bréviaire, ils célèbrent l’office, leurs célébrations sont beaucoup plus amples.
Les offices sont assez différents d’un couvent à l’autre. Il y a des gens qui croient, en assistant à un office, que ça doit correspondre à leur bréviaire !
L’idée du PTP est de correspondre à la vérité des heures, laudes et vêpres étant les plus importantes.
Cette célébration des heures doit être une vraie prière. Voir l’anecdote des chanoines interrompant l’office pendant un bombardement et disant : « Mes frères, mettons-nous en prière » !!
Les psaumes en latin sont très beaux, mais c’est plus intellectuel qu’en français, on perçoit mieux le mouvement global en français. Le P. JMG pratique les deux et peut comparer.
[L’office est conseillé aux laïcs dominicains, mais pas obligatoire. Dans Magnificat, c’est encore plus abrégé que le PTP. KTO diffuse tous les jours les vêpres. Certaines radios aussi.]
Tout le psautier (à l’exception de quelques psaumes de malédiction. Mais le psaume n’est pas à but moral, on présente à Dieu tout cela. Mais on a voulu éviter de scandaliser les gens) est réparti sur 4 semaines ; avant, c’était sur 1 semaine, ce qui était très lourd pour les prêtres diocésains.
Depuis la réforme liturgique, en plus des psaumes on a des cantiques de l’Ancien et du Nouveau Testaments.
Les lectures sont choisies en fonction de la messe du jour.
Les lectures de l’office des lectures sont plus longues qu’avant. Dans la vie des saints, on a supprimé ce qui n’est pas historique, les légendes.
Le Notre Père : on retrouve la tradition primitive (3 Notre Père par jour). Si on ne peut pas dire l’office, dire au moins le Notre Père qui est une prière sacerdotale (« notre » : on prie au nom de tous les hommes), liturgique au sens étymologique (= « service public »).
Tous ces changements ont été faits pour retrouver une tradition plus ancienne et plus riche, quoi qu’en disent les partisans d’une prétendue « tradition » !
On peut faire venir des recommençants, catéchumènes, protestants, enfants du catéchisme etc. plus facilement à un office qu’à la messe, ça engage moins, ça les apprivoise. Nous les catholiques on utilise un peu trop l’eucharistie ! La psalmodie c’est facile.
Laudes ou vêpres peut être intégré à la messe de semaine, ça ne rallonge pas beaucoup.
Question : peut-on changer les psaumes du PTP ?
Réponse : il faut en prendre au moins un, éviter la subjectivité, on risque de perdre la pédagogie de la liturgie. Si on prend les psaumes qu’on aime, on prendra toujours les mêmes, ceux qu’on connaît. Le vécu subjectif n’a pas à devenir la norme, la dévotion personnelle n’est pas un critère dans la liturgie.
2.L’Église en prière
Dans les catacombes, on voit des orantes (femmes en prière), c’est l’Église en prière, Ecclesia orans, la voix de l’Épouse du Christ.
3.La prière du Christ : « C’est du cœur du Christ que cette prière reçoit son unité etc. »
4.Écriture sainte : « il faut que se ravive chez tous le goût savoureux et vivant de l’Écriture etc. »
5.Liturgie et prière personnelle
6.Prière des baptisés
7.Louange de l'Église de notre temps
****************
On peut acheter les CD des enseignements du P. JMG en demandant le catalogue à
s.trezeguet@free.fr (CD vendus à prix coûtant)
Le cardinal Journet prêchait des retraites théologiques aux laïcs, parues chez Parole et Silence, dans la série « Entretiens sur … »), JMG a repris le concept.