Cher Griffon,
Par ailleurs, cher Laurent, je vous en conjure, cessez de vous persuader que nous ne croyons pas en la présence réelle. Quand on vous dit qu'on croit en la présence réelle, qu'est-ce qui vous autorise à ne pas nous croire ?
Mais je n'ai jamais dit ça ! Je n'ai fait que reprendre votre mot "spirituel", le trouvant ambigu. Et effectivement, ce n'est pas à moi de juger qui que ce soit.
Mais notre corps n'est pas absent !
Pardon ? Oui, vous avez un corps. Qui dit le contraire ?
Et lorsque nous communions, nous apprenons à notre corps aussi à faire ce que nous ferons lorsque nous serons pleinement la Lumière.
Pardonnez-moi, mais je ne comprends pas un mot de cette phrase... Vous" apprenez" à votre Corps à briller, à se téléporter, à bouger par la seule force de votre âme ?!
Vous êtes vraiment très fort, alors...
L'Eucharistie nourrit l'âme, c'est le Catéchisme. Ce sont les espèces du pain qui nourrissent le Corps, car elles gardent l'agir du pain, quoique sa substance ait disparu, puisque c'est la Chair du Christ que nous mangeons sous l'apparence du pain
.
En ce qui concerne le Christ, vous défendiez qu'il s'agissait du même corps, et voici qu'en ce qui nous concerne, vous voudriez faire une différence. Incompréhensible !
Le corps glorieux du Christ est effectivement le même que celui qui est mort sur la Croix, avec les propriétés de la glorification en plus. Nous ne sommes pas morts et ressuscités dans la chair, notre corps n'est donc pas glorieux. En quoi n'est-ce pas compréhensible ?
Le dogme concerne la présence réelle. Il ne dit pas que nous sommes anthropophage.
Il dit que nous mangeons la chair humaine du Christ, sous l'apparence du pain (extrait du catéchisme du Concile de Trente que j'ai mis en rouge et en grand).
Que lis-je dans mon dictionnaire ?
Anthropophagie (n.f.) : acte consistant à manger de la chair humaine. Mangé-je de la chair humaine ? OUI.
Je suis anthropophage. (Je sais, je me répète...)
Je précise qu'aucun canon, aucun texte magistériel ne condamne ce que je dis. Si tel était le cas, j'abjurerais mon hérésie...
1)
Si nous étions anthropophage, nous ne répugnerions pas à manger de la chair humaine quelque soit l'homme qui tomberait dans nos filets.
Mais nous ne le faisons pas, parce que nous ne sommes pas anthropophages, c'est évident, car à Pâques, je me vois mal manger une cuisse d'homme.
Et pourtant, vous allez manger la cuisse de Jésus-Christ, ses nerfs, ses os, son cerveau et tout le reste de Son Corps, sa chair vivante. (Je peux vous citer des références, si vous voulez...)
Je me permets quand même de répondre à votre objection avec un petit extrait du catéchisme que j'avais pourtant mis en rouge et en gros, au cas où...
C'est pas grave, j'en remets une couche
:
comme il répugne absolument à la nature de manger la chair et de boire le sang de l’homme, c’est une grande marque de Sagesse de la part de Notre-Seigneur de nous avoir donné sa Chair et son Sang adorables sous les apparences du pain et du vin
2)
Donc, si nous ne sommes pas anthropophages, il est important de chercher en quoi l'acte de manger le corps du Christ est si spécifique qu'on ne peut plus parler d'anthropophagie.
Quel est le critère objectif du dictionnaire pour déterminer l'anthropophagie ? La manducation de chair humaine ! Or, le Corps du Christ est de la Chair humaine, sinon, pourquoi le catéchisme dirait-il que Dieu a donné son Corps sous l'apparence du pain ? C'est impressionnant, vous faite de la non-anthropophagie un axiome !
3)
Par ailleurs, ce mot vous plait peut-être, mais en plus d'être faux, dire cela, cela consiste à donner aux ennemis de la foi le bâton pour nous battre. Ce qui est à notre époque tout à fait inutile.
De plus, cela donne également aux incroyants une raison de plus pour ne pas se convertir, car qui voudrait se joindre à des cannibales ?
Primo, le magistère n'a jamais dit que c'était faux (j'attends toujours le canon magistériel m'anathématisant). Secundo, notre religion est un scandale pour les Juifs et une folie pour les païens, nous dit Saint Paul (vous voyez que je lis aussi la Bible !
). Il est donc normal que les infidèles nous trouvent fous. En outre, comme le dit le Catéchisme du Concile de Trente :
Nous trouvons encore en cela deux autres avantages ; le premier, c’est d’être à l’abri d’accusations calomnieuses, et qu’il nous eût été difficile d’éviter de la part des infidèles, s’ils nous avaient vus manger la Chair de Jésus-Christ dans sa propre forme.
Voilà ! Dans son immense sagesse, Jésus-Christ ne se donne pas à nous sous sa forme propre, mais sous l'apparence du pain
nous sommes anthropophages ;
les impies ne voient qu'un vulgaire morceau de pain et nous laissent donc manger en paix la Chair du Fils de l'homme.
Je ne cherche pas à vous vexer, mais je dois vous le dire...
N'ayez crainte, je ne suis pas vexé !
Cela nous demande de quitter les certitudes de textes "qui ont fait leur preuve" pour avancer en eau profonde et nous laisser instruire par Jésus du Royaume des Cieux.
C'est le Catéchisme du Concile de Trente ! Or, c'est de l'Eglise Catholique que nous devons recevoir la doctrine Chrétienne. C'est par Elle que Jésus nous instruit.
Compendium du Catéchisme de l'Eglise Catholique a écrit :Écriture, Tradition et Magistère sont si étroitement unis entre eux qu’aucun n’existe sans les autres.
Le monde à plus évolué depuis le concile de Trente qu'entre l'époque du Christ et le concile. On ne peut pas se contenter de citer ainsi des textes du magistère sans se préoccuper de leur réception.
Le Magistère est la doctrine du Christ, lumière du monde. On ne met pas la lampe sous le boisseau mais sur le lampadaire.
Au fait, les Evangiles sont encore plus vieux que le Concile de Trente, on ne les cache pas toutefois.
Croyez-vous que la transsubstantiation et la Trinité étaient plus facile à croire à l'époque des apôtres, que la résurrection de la Chair et le mystère de la Croix étaient bien reçus ? Pas sûr : "Scandale pour les Juifs, folie pour les païens".
Si on me demande : "quand vous communiez, mangez-vous la chair humaine du Christ", je suis obligé de dire "oui". ("Que votre "oui" soit un oui.")
Enfin, qu'est-ce qui peut bien vous gêner dans cet extrait du catéchisme ? Qu'est ce qui, dedans, serait incompréhensible de nos jours ? Si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on ?
En fait, je m'attache au sens étymologique et à la définition objective de l'anthropophagie, et vous vous attachez au ressenti subjectif de ce mot, à la vision dégoûtante d'hommes dépeçant un cadavre.
Jésus-Christ n'est pas un cadavre, il est vivant. Nous ne mangeons pas un morceau de chair morte, mais tout Son Corps incorruptible sous l'apparence du pain, et avec lui son sang, son âme, sa divinité.
Comme dit Saint Augustin dans le commentaire de l'Evangile selon Saint Jean :
5. Mais pourquoi ajoutait-il : « C’est l’esprit qui vivifie : la chair ne sert de rien ? » Disons-lui donc {car il nous permet de lui parler, non dans l’intention de le contredire, mais dans le désir de nous instruire) : O Seigneur, ô bon maître ! Comment se fait-il que « la chair ne serve de rien », quand vous avez dit vous-même : « Quiconque ne mangera pas ma chair et ne boira pas mon sang, n’aura pas la vie en lui? » La vie ne servirait-elle non plus de rien ? Pourquoi sommes-nous ce que nous sommes, sinon pour avoir la vie éternelle, que vous promettez comme fruit de la manducation de votre chair ? Qu’est-ce donc à dire : « La chair ne sert de rien ? » Elle ne sert de rien, mais dans le sens que les Juifs y attachaient; car, dans leur idée, il s’agissait, non d’une chair animée, vivante, mais d’une chair morte, comme celle d’un cadavre, que l’on partage par morceaux, ou que l’on vend sur le marché.
[...]
Nous vous l’avons dit, mes frères, le Sauveur nous a appris que manger sa chair et nous abreuver de son sang, c’est demeurer en lui et lui servant de demeure. Nous demeurons en lui, lorsque nous sommes ses membres; il demeure en nous, lorsque nous sommes son temple. Pour que nous soyons ses membres, nous nous unissons intimement à lui, et ne faire plus qu’un avec lui, c’est l’effet de la charité seule. Et l’amour de Dieu, d’où nous vient-il ? Interroge l’Apôtre, il te l’apprendra: « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné (1)». « C’est » donc « l’esprit qui « vivifie », car c’est l’esprit qui donne la vie aux membres; mais il ne peut les rendre vivants qu’à la condition de les trouver unis au corps dont il est la vie.
C'est peut-être plus clair, dit comme ça.
Pour en revenir au cannibalisme rituel comme le pratiquait les Kanaks, la fin n'était pas de se nourrir du corps comme d'un steak mais de s'approprier l'âme de l'ennemi abattu, leurs actes étaient toutefois vains, bien sûr.
Nous, nous mangeons la chair humaine et vivante du Christ, notre ami, l'Agneau de Dieu qui s'est offert en Sacrifice, lequel est rendu présent de manière non sanglante au Saint-Sacrifice de la Messe, non pas afin de faire fonctionner notre corps, notre métabolisme corporel, mais pour nourrir notre âme. Cela reste du cannibalisme.