Liturgie du jour avec Boisvert (2008)

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Re: Le pardon libéré par la foi

par pepepe » mer. 12 nov. 2008, 1:01

etienne lorant a écrit :je désire sortir de ce personnage susceptible que je suis et qui se sent si souvent et si rapidement offensé. (...)

Aujourd'hui, je ressens profondément que cela tient vraiment à peu de chose, c'est un déclic à acquérir: ne plus se braquer, savoir établir une claire distinction entre le tort réel subi et l'imaginaire(...).
Cher Etienne Lorant,


Moi aussi je suis quelqu'un de sensible (ou susceptible ?) : je donne beaucoup de poids et de valeur au regard et au jugement de chacun. Mais ce qui m'a aidé véritablement, c'est le jour où j'ai compris un des implicites de ce superbe commandement "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ta pensée. Tu aimeras tes frères comme toi-même." (Luc 10,27). Il s'agit d'abord de s'aimer soi-même pour pouvoir aimer les autres. En effet si on a peu d'estime de soi, alors l'amour que l'on a pour les autres a peu de valeur. Depuis je tâche de me respecter davantage. Si les opinions de tous me touchent ou parfois me blessent, j'essaie d'accorder à ma propre opinion autant de considération que celles des autres. Cela me permet de les contrebalancer ou de les laisser coexister.

"Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? " (1CO 3,16)

Pepepe

Le pardon libéré de la foi

par etienne lorant » lun. 10 nov. 2008, 12:48

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 17,1-6.
Jésus disait à ses disciples : « Il est inévitable qu'il arrive des scandales qui entraînent au péché, mais malheureux celui par qui ils arrivent. Si on lui attachait au cou une meule de moulin et qu'on le précipite à la mer, ce serait mieux pour lui que d'entraîner au péché un seul de ces petits.
Tenez-vous sur vos gardes ! Si ton frère a commis une faute contre toi, fais-lui de vifs reproches, et, s'il se repent, pardonne-lui. Même si sept fois par jour il commet une faute contre toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : 'Je me repens', tu lui pardonneras. »
Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : 'Déracine-toi et va te planter dans la mer', et il vous obéirait.

Il est vraiment difficile de pardonner. Comme il est difficile d'affronter dans son coeur le moi qui juge et le désarmer ! Que c'est pénible de subir une injustice flagrante et de ne pas répondre ! Mais c'est pourtant le chemin le plus sûr pour accéder à l'Amour, à la douce et vivifiante présence de Jésus.

Dans les Béatitudes, Jésus va plus loin encore que ce qui est écrit dans le passage d'aujourd'hui. Ici, il est encore mention de d'un repentir préalable au pardon, mais dans le sermon sur la montagne, le chant de l'Amour s'élève d'autant plus clair et haut:

- "Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !"

Il est temps qu'il y ait un dépassement radical de l'ego en faveur de l'Amour. Mais c'est d'abord à moi-même que je m'adresse: je désire enfin sortir de cette prison, je désire sortir de ce personnage susceptible que je suis et qui se sent si souvent et si rapidement offensé. De plus en plus, à cause sans doute des très grands bouleversements que j'ai vécus cette année, je me rends compte que c'est possible. Cela ne tient pas aux efforts que j'aurais à fournir, mais c'est dans ce mouvement d'âme qui consiste à ne me fier qu'à Jésus seul, mais aussi dans le besoin où je me retrouve de rencontrer mon prochain. En fait cette possibilité nouvelle que j'entrevois, c'est la conclusion de l'Evangile de ce jour, où il est question de la foi. Je l'avais déjà citée dans mon partage du 4 novembre, à propos des "renversements à opérer". Cette parole de Jésus, sur la petite graine de moutarde, je l'avais traduite pour mieux m'en pénétrer, en écrivant: "Si vous ne vous observiez pas tant, si vous saviez vous retirer de vous-même, si vous n'aviez pas tant peur de perdre quelque chose, alors tout ce que vous considérez comme impossible deviendrait possible en un instant".

Aujourd'hui, je ressens profondément que cela tient vraiment à peu de chose, c'est un déclic à acquérir: ne plus se braquer, savoir établir une claire distinction entre le tort réel subi et l'imaginaire, avoir recours et se livrer soi-même en toute occasion à la miséricorde de Dieu, voilà une clef qui ouvre sur la Joie, et la joie qui déborde en même temps les offenses, les échecs, les regrets, les peines, les souffrances, le passé, le présent et l'avenir, et jusqu'à la mort elle-même.

Béni sois-Tu Ô Verbe de Dieu qui nous récrée !

Tous pêcheurs et tous poissons...

par boisvert » jeu. 04 sept. 2008, 16:58

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 5,1-11.

Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. » Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient.
A cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

J'ai écrit hier, à propos des délivrances multiples qu'opère Jésus, qu'elles sont "pure grâce" et qu'est "pure grâce" aussi qu'il nous soit donné de Le servir... car au fond, à quoi sommes-nous bons ? Aujourd'hui, je me sens dans la peau de Pierre qui ressent profondément son inutilité profonde et qui l'exprime en disant : "Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur."

En effet, devant la quantité de poissons qu'ils ont pris après avoir obéi au Seigneur, tous sont saisis d'effroi, mais chez Simon, quelque chose s'ajoute et le pousse à poser cet acte de profonde humilité qui signifie: "Seigneur, tu le vois, même pour prendre du poisson, moi qui n'ai pourtant fait que cela depuis ma jeunesse, je ne vaux pas grand chose, alors à quoi te servirais-je ? ".

Ce matin, j'ai couru jusqu'à midi afin de préparer au mieux mon premier hiver solitaire dans la maison vide, et j'ai dépensé une très grande énergie à très peu de choses, tant j'étais tendu, contrarié, tant j'avais l'esprit pesant. Comme je l'ai déjà raconté, aux autres "gestes chrétiens" (communion, prière, méditation quotidiennes) que je me suis déjà fixés, je m'attache désormais à écrire chaque jour quelques lignes dans un Journal. Je le fais à l'imitation de Julien Green qui révèle dans une page qu'il s'agit bien de noter des étapes de vie dans la discipline ascétique qu'il s'est fixée. Chaque annotation semble dire: "Aujourd'hui, j'en suis arrivé jusqu'ici" (c'est une libre interprétation).

Mais aujourd'hui, ni mes efforts, ni ma prière de ce matin, ni les quelques gestes de charité que j'ai pu effectuer ne m'ont satisfait à mes propres yeux: néant que tout cela ! Comme j'échangerais tous mes efforts et ma transpiration, pour un instant d'abandon pur et d'adoration devant la Croix !

J'ai retrouvé les "apophtegmes" des Pères du Désert (dans "Petite philocalie du coeur"): il y a là de précieux conseils pour avancer sur la route - certains m'apportent un nouvel éclairage sur ma nouvelle existence d'"ermite en ville".

Celle-ci m'attire beaucoup: "Si des mauvaises pensées te font la guerre, ne les cache pas, mais dis-les tout de suite à ton Abba. Plus on cache ses pensées, plus elles deviennent nombreuses et fortes. C'est comme un serpent : sorti de son trou, il s'enfuit aussitôt. Ainsi la mauvaise pensée s'en va dès qu'on la montre. Mais si on la cache, c'est comme un ver dans le bois, elle détruit le coeur. Celui qui montre ses pensées est aussitôt guéri ; celui qui les cache se rend malade d'orgueil."

Mais plus encore celle-ci: "Quand on fait tout en présence de Dieu, avec un coeur pur, sans rien chercher pour soi, cette action plaît au Seigneur."

A dire vrai, un grand travail nous attend encore !

Liturgie du jour avec Etienne Lorant (2008-2009)

par etienne lorant » ven. 29 août 2008, 18:38

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,17-29.

Hérode avait peur de Jean : il savait que c'était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l'avait entendu, il était très embarrassé, et pourtant, il aimait l'entendre.

Le problème d'Hérode, pour sa conversion, c'est très probablement ce que dit ce texte: "Hérode avait peur de Jean". Si l'on cherche à se convertir, l'attitude de peur n'est certainement pas la bonne, puisque Dieu est tout amour, vie, mouvement... Dieu demande la conversion, non la crainte !

Il est aussi écrit que le roi Hérode protégeait Jean. Mais si c'est le mode de protection que nous recherchons pour nous-mêmes, quelle erreur, puisque ce protecteur, sur un "coup de sang" pour une danseuse, fit trancher la tête de son protégé... qu'il avait fait enchaîner d'abord !

Je pense à cette attitude, d'Hérode envers Jean. En réalité, elle est très commune. Nous aimons tous nos amis, nous les tenons très chèrement serrés contre nos cœurs, et éventuellement nous les étoufferons... s'ils essaient seulement de se détacher de nous !

Ce matin, comme il arrive souvent ces derniers temps, j'ai songé à la fin de vie de mon vieux père, Gabriel. Hospitalisé le 13 mars de cette année, il est décédé le 9 avril. A mon réveil, ce matin, je me suis souvenu de ce geste du bras tendu qu'il avait eu, avec les yeux grand ouverts, des yeux d'enfant, dans un geste d'appel et de supplication qui voulait dire: "De grâce, traitez-moi bien !"

Il s'adressait ainsi à une infirmière qui ne l'a pas considéré, mais s'est retournée, agacée et pressée. J'ai assisté de loin à cette scène, j'étais à dix pas, car j'arrivais pour le visiter. J'avais le coeur serré et les nerfs tendus à l'extrême car je savais l'issue toute proche, mais je n'ai rien dit.

Pour nombre d'entre vous, sans doute, ce discours ne représente rien. Alors songez, à la place de mon père, qu'il s'agisse de quelqu'un, un enfant, peut-être, pour lequel vous offririez volontiers votre propre vie... La Croix n'est pas autre chose que de donner sa vie en prenant la place de ceux qu'on aime.

Quand les psy poursuivent le sentiment de culpabilité pour lui trancher la tête, ils oublient un peu vite que la tête est reliée au corps et que le corps est un temple pour l'âme.
Certes, je souffre aujourd'hui dans mes souvenirs, mais il est préférable pour moi de souffrir en songeant que j'aurais pu mieux servir mon père que j'aimais.... que de devenir froid et sec.

En tout cas, c'est ainsi que Jean, la tête déjà sur le billot, s'est librement offert en étendant les bras. Et moi, je voudrais m'appeler par un nom commençant par "J"...

Evangile du 25 août 2008

par etienne lorant » lun. 25 août 2008, 9:55

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,13-22.

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le Royaume des cieux devant les hommes ; vous-mêmes n'y entrez pas, et ceux qui essayent d'y entrer, vous ne leur permettez pas d'entrer !
Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand vous y avez réussi, vous en faites un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous !
Malheureux êtes-vous, guides aveugles, vous qui dites : 'Si l'on fait un serment par le Temple, il est nul ; mais si l'on fait un serment par l'or du Temple, on doit s'en acquitter.'
Insensés et aveugles ! Qu'est-ce qui est le plus important : l'or ? ou bien le Temple par lequel cet or devient sacré ?
Vous dites encore : 'Si l'on fait un serment par l'autel, il est nul ; mais si l'on fait un serment par l'offrande posée sur l'autel, on doit s'en acquitter.'
Aveugles ! Qu'est-ce qui est le plus important : l'offrande ? ou bien l'autel par lequel cette offrande devient sacrée ?
Celui qui fait un serment par l'autel fait donc un serment par l'autel et par tout ce qui est posé dessus ;
et celui qui fait un serment par le Temple fait un serment par le Temple et par Celui qui l'habite ;
et celui qui fait un serment par le ciel fait un serment par le trône divin et par Celui qui siège sur ce trône.

Le problème des pharisiens, c'est qu'ils jugent en toutes choses "par le bas" - je crois bien que c'est ce que signifie le "hypo" d'hypocrite - et j'ai envie d'écrire: est hypocrite celui dont les critères sont placés bas. (Je sais très bien que dans le langage courant, un hypocrite, c'est quelqu'un qui sait, mais qui cache et fait semblant qu'il ne sait pas - mais cela se ressemble, n'est-ce pas ? (Ce qui est bas comme ce qui est caché sont tous deux issus de la même couche ténébreuse de l'être...) C'est ainsi qu'ils en arrivent à dire des sottises du genre: c'est l'offrande qui compte, non l'autel qui la sanctifie; et c'est l'or qui compte, moins que le Temple où il a pourtant été déposé. Ce sont des renversements de valeurs, par lesquels les choses invisibles sont déclarées "nulles", mais les choses visibles ont une valeur qui s'impose à tous... mais alors qu'en devient-il de Dieu, de son Temple et de son autel ?

Mais le plus terrible, c'est d'avoir le titre de religieux et de guide du peuple selon Dieu, et d'enseigner des comportements qui ne peuvent qu'éloigner de Dieu et, pire, enfermer une âme dans des pensées du monde qui le conduiront tout droit à sa perte... C'est pourquoi l'homme qui suit l'enseignement de ces pharisiens hypocrites devient un homme deux fois pire qu'eux-même et voué à la géhenne...

En écoutant l'Evangile de ce matin, j'ai ressenti plusieurs choses au sujet de Jésus. Est-ce de la colère que Jésus exprime, ou plutôt sa profonde indignation et de la tristesse ? Il y a bien longtemps que le Seigneur se trouve exposé à de multiples pièges qu'on lui tend pour pouvoir Le juger et Le condamner au nom même de la Loi reçue de Moïse. Le coeur des pharisiens s'est fermé, ils ne sont pas du tout prêts à écouter la nouveauté de la Parole, et c'est ainsi qu'ils s'endurcissent comme s'endurcissait Pharaon. Pouvoir se sauver, mais s'endurcir, s'enfermer sur un jugement - qu'on devine faux mais que l'on persiste à tenir pour acquis... quel malheur, mais aussi quel orgueil !

Les deux commandements

par boisvert » ven. 22 août 2008, 10:06

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,34-40.

Les pharisiens, apprenant qu'il avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent,
et l'un d'entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l'épreuve :
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Tout ce qu'il y a dans l'Écriture - dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux commandements. »

En répondant au docteur de la Loi qui le met à l’épreuve, Jésus va donner une réponse qui accomplit complètement la Loi de Moïse - et les centaines de préceptes qui ont abouti à rendre les dix commandements intelligibles seulement par des spécialistes (comme ces docteurs et les scribes – lesquels ne cessaient jamais de débattre entre eux.) En effet, Jésus ne se contente pas du grand, du premier commandement, mais il lui associe le second de telle façon qu’on ne pourra plus le tenir de côté. Cela donne en fait : « Tu aimerais le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, en aimant ton prochain comme toi-même pour l’amour de ton Dieu ».

Et toute l’affaire est dite et l’histoire humaine condamnée. Le prêtre, ce matin, a dit avec raison que le Christ a été condamné et exécuté « en toute justice » par les Pharisiens, si l’on ne tient compte du premier commandement. Même chose pour Judas : du point de vue du seul premier commandement, celui-ci n’a trahi que Jésus, et non Dieu, car l’un des préceptes de la Loi était de livrer tout prophète qui énoncerait des idées nouvelles non reconnues par l’élite du peuple d’Israël – pour ce prophète, la sanction était la mort par lapidation.

L’Evangile d’aujourd’hui ne se contente pas de remettre en question la Loi du peuple juif, mais aussi les lois des hommes. En effet, la portée de la Parole de Jésus est immense. Elle dit ceci : quand bien même ton prochain t’aurait causé un tort immense, tu dois continuer de l’aimer pour l’amour de Dieu. Tu ne peux pas te venger, tu ne peux pas demander justice, mais pour l’amour de Dieu, tu dois lui pardonner. C’est a cause de cela que je dis : « L’histoire humaine est condamnée ». Prenons la révolution française et l’incontournable « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen »… Au cours d’un reportage sur la chaîne Arte, j’ai pu voir combien les intellectuels des peuples qui vivaient encore sous le joug de l’ancien régime ont attendu, pratiquement en trépignant d’impatience, que les armées napoléoniennes envahissent leur nation et y imposent les idées de la révolution. Et donc, au nom même des droits de l’homme, de la liberté et du progrès de la civilisation… non seulement on a guillotiné à tout va, mais les peuples européens ont commencé allègrement à se massacrer entre eux. Et par la suite, pour soutenir des idéologies qui ne parlaient que du bonheur de l’homme (communisme ou libéralisme), on a enfermé, torturé, exilé, ce qui n’a en rien empêché les nationalismes d’ériger des états totalitaires avec les résultats que l’on sait. Et on y est encore aujourd’hui… et le nom de Dieu est toujours prononcé comme argument d’évidence : les attentats suicides, c’est pour Dieu ; quant aux guerres américaines, elles sont toutes – évidemment, des croisades contre les ennemis de la foi chrétienne…

La seule Loi qui puisse mettre un terme à ces engrenages de violence, c’est le Seigneur qui est venu l’inscrire par cette parole sublime dans le cœur de tous les hommes : « tu aimes Dieu en premier, et pour l’amour de Dieu, tu aimes ton prochain comme toi-même. »

La foi vacillante des apôtres

par boisvert » dim. 10 août 2008, 13:28

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 14,22-33.

Aussitôt Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il se rendit dans la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : « C'est un fantôme », et la peur leur fit pousser des cris.
Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau. »
Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ; et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.

Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Je crois qu'il y aurait tant et plus à dire au sujet du vent et de l'eau, de la marche sur l'eau, de la chute que provoque le moindre doute, du vent qui cesse d'un seul coup, etc. Mais ce dimanche, ce qui me frappe, c'est l'attitude des disciples qui, tout à la fin, se prosternent en confessant leur foi et en s'écriant: "Vraiment, tu es le Fils de Dieu !"

Pourquoi le disent-ils à ce moment ? Sans doute sous le coup de l'émotion.... Mais, pour le reste, n 'ont-ils pas assisté à l'expulsion des démons, à la guérison des malades, à la résurrection de plusieurs morts ? Ainsi, même chez les premiers disciples, qui ont vu le Christ avec leurs yeux de chair, la foi est toujours vacillante, elle a besoin de signes et Lui leur en prodigue encore plus qu'aux autres.

Leur foi est vraiment très fragile. Lors de la précédente multiplication des pains, ils avaient repris leur embarcation et s'étaient vite trouvés très préoccupés du fait qu'ils n'avaient emporté qu'un seul pain avec eux - et j'avais trouvé cela tellement infantile car, après ce à quoi ils venaient d'assister, comment ont-ils pu si vite retomber dans un souci aussi trivial ? (Je les entends d'ici: "Il n'y en aura pas assez pour nous tous !")

Oui, les disciples ont une foi que Jésus est constamment obligé de réanimer, tant elle est faible. Et cela me fait songer à la parole du semeur: leur foi ressemble à la semence qui est tomber dans les pierres et dont Jésus dit: "Lorsqu'ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie ; mais ils n'ont pas de racines, ils croient pour un moment, et, au moment de l'épreuve, ils abandonnent."

Or, s'il en est ainsi des disciples, qu'en est-il de nous ? Mais à nous une autre parole a été adressée par l'apôtre Thomas: "Heureux ceux qui croient sans avoir vu !". Ce qui signifie que si le Seigneur est intervenu plusieurs fois pour ranimer la flamme vacillante de la foi des douze, combien à plus forte raison, veillera-t-il chaque jour à nous donner des signes de Sa grâce ? Pour moi, ce dimanche très solitaire, le Seigneur est déjà intervenu plusieurs fois et je suis rempli d'amour et de reconnaissance envers Lui.

Bon dimanche, où que vous soyez, et que Dieu vous nourrisse de grâces de joie et de forces ! "Voici que je suis avec vous chaque jour jusqu'à la fin du monde"

La réserve d'huile

par boisvert » sam. 09 août 2008, 11:19

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 1-13)

01i Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Le royaume des cieux sera comparable à des jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux.
02 Cinq d'entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes :
03 les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d'huile,
04 tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l'huile en réserve.
05 Comme l'époux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.
06 Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : 'Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre.'
07 Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
08 Les insensées demandèrent aux prévoyantes : 'Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent.'
09 Les prévoyantes leur répondirent : 'Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands.'
10 Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l'on ferma la porte.
11 Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : 'Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !'
12 Il leur répondit : 'Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.'
13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure.

Je l'ai peu souvent entendu, mais je constate simplement: les insensées comme les prévoyantes vont s'assoupir et s'endormir car l'époux tarde à venir. J'ai lu tant de fois ce passage et la question de la provision d'huile est à ce point "centrale" dans le récit que le gros "coup de fatigue" qui les frappent toutes passe quasiment inaperçu. Il n'en est pas moins important car c'est cette défaillance collective qui est à l'origine de la sélection qui s'opèrera ensuite.

Jésus insiste: il faut veiller. Mais Il sait qu'aucun d'entre nous n'échappera à la crise qui a affecté ses plus proches disciples dès la nuit de sa Passion, au Jardin des Oliviers. C'est ici que pointe déjà la Miséricorde, qui prend toujours comme "une longueur d'avance" sur la Justice. Il ne faut pas s'endormir, c'est la règle, et la règle est la même pour tous, mais le jugement est au cas par cas. Il sera tenu compte pour chacun de ce qu'il aura emmagasiné de bonnes œuvres, mais aussi du regret sincère des fautes, de l'exercice à la sobriété, à la pureté, du désir d'accomplir la volonté de Dieu, de l'abandon de notre ego, de tout ce que nous aurons prié dans le secret, de nos intercessions pour nos frères et sœurs, de notre humilité, des injustices que nous auront subies en les offrant pour le pardon de nos fautes, etc.

Cette huile me fait penser à la sueur des peines, du travail comme de la souffrance morale et physique endurée; elle me fait penser à la patience de la prière dans des périodes où la solitude se fait sentir de manière cruelle; à ces temps où le sentiment de l'absence de Dieu est ressenti comme une soif insupportable ou comme un poids écrasant comme lors d'une canicule. Alors, à défaut de pouvoir rester les yeux ouverts, il faut profiter du jour qui passe pour s'entraîner et s'exercer.

. "La détresse, nous le savons, produit la persévérance, la persévérance produit la valeur éprouvée et la valeur éprouvée produit l'espérance. Une valeur déjà éprouvée ne sera pas remise en question - elle demeure malgré les défaillances ultérieures" (saint Paul dans l'Epître aux Romains)

La douceur et l'illustration de la rigueur

par boisvert » ven. 01 août 2008, 11:33

1er août 2008
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 10-20)

13 « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.
14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
15 Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
16 De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
17 « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
18 Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise.
19 Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux.

Pour la fête de St Alphonse de Liguori, nous avions cet Evangile et ce que j'ai retenu, c'est surtout cette injonction: "Que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux." Et cette injonction me paraît étroitement liée au sérieux et à la sévérité de l'avertissement concernant les amendement et les réformes que les hommes tenteront d'apporter à la Loi.

J'ai compris que les disciples ne peuvent se contenter de prêcher le dimanche et, pour le reste, vivre comme bon leur semble. Ils doivent au contraire, en plus d'annoncer l'Evangile dans toute sa vigueur et sa force, vivre eux-mêmes de manière irréprochable - et cela afin que leur auditoire reçoivent non seulement l'Evangile, mais aussi qu'ils en aient une illustration vivante.

Je témoigne que pour moi, c'est vrai, il en fut ainsi. Durant les années 80, j'ai eu devant moi presque chaque jour un moine, prêtre, ancien professeur de théologie, âgé de 86 ans, qui avait d'exceptionnelles qualités d'écoute, mais savait se montrer d'une intransigeance absolue.

Un jour, à l'un de mes clients qui avait quitté sa femme vieillissante pour repartir avec une (beaucoup) plus jeune, il a fait une remarque fulgurante.

Ce client - que j'avais en moi-même surnommé: "Arthur-Moi-Je", tant il était fier et content de lui, en rencontrant ce prêtre, ignorait vraiment qui il avait devant lui. Et sans qu'on l'ait prié, le voici qui se met à contredire l'Evangile en opposant Jésus à Krishnamourti (penseur brahmane membre de la Société Théosophique - ne m'en demandez pas plus, je ne connais pas) et qui justifie en quelques mots "l'avancée intellectuelle" qui lui avait permis de complètement "rénover" sa vie. S'attendait-il à un débat entre initiés ?

Tout d'un coup, voici le père Maurice qui se lève, déploie son 1m85, puis pointe sa canne vers mon Arthur, comme si c'était un fusil, et lui lance: "Vous savez, je ne suis qu'un vieux prêtre. Mais tout vieux que je suis, je ne réponds qu'une chose: "Dieu est miséricordieux, et il vous pardonnera peut-être, mais moi pas, moi je ne vous réponds rien: douze balles dans la peau car c'est le sort de tous les traîtres". Et l'autre, tout ahuri, avait filé sans un mot. Cet épisode m'avait évidemment beaucoup frappé.

Des années plus tard, lorsque j'ai commencé de participer à l'Eucharistie matinale chez les Clarisses, j'ai commencé à apprécier un autre prêtre, très taiseux, pratiquement inabordable dans la rue. Il arrive, ouvre la porte, saisit sur le dessus d'une des stalles la clé de la sacristie, puis revient tout vêtu de blanc et commence aussitôt sa messe. Avec lui, jamais d'homélie, mais un temps de silence parfois prolongé, durant lequel il semble toujours fixer un point derrière le fond de la chapelle avec l'air d'une vigile qui voit arriver de loin un navire qu'on n'attendait plus. Puis commence la consécration et le silence est total. La messe dite, après la bénédiction, il se retourne et s'en va. Ce prêtre n'a rien d'extraordinaire, sauf son silence et sa régularité de métronome depuis quinze ans. Des messes, moi j'en ai manquées plusieurs, mais lui pas une, jamais. Même le jour où les routes gelées semblaient avoir rendu sa venue "impossible", les sœurs nous ont dit: "Il viendra" (De fait, il avait logé la veille en ville pour être présent.)

Cette fidélité à toute épreuve m'a fait désirer moi aussi être fidèle, car cet abbé souffre visiblement du dos et comment expliquer sa rigueur sans avoir le mot "foi" immédiatement aux lèvres ? Sans en avoir discuté avec quiconque, j'ai compris que pour l'imiter, il me faudrait organiser toute mon existence autour de cette eucharistie du matin (et, pour commencer: prêter une plus grande attention à ce que j'avalais la veille au soir).

Comme écrivait Julien Green: "On n'amadoue pas plus l'Evangile qu'on ne caresse un incendie de forêt..."

Enfouissement et rejaillissement

par etienne lorant » lun. 28 juil. 2008, 18:00

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 13,31-35.

Il leur proposa une autre parabole : « Le Royaume des cieux est comparable à une graine de moutarde qu'un homme a semée dans son champ.
C'est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches. » Il leur dit une autre parabole : « Le Royaume des cieux est comparable à du levain qu'une femme enfouit dans trois grandes mesures de farine, jusqu'à ce que toute la pâte ait levé. » Tout cela, Jésus le dit à la foule en paraboles, et il ne leur disait rien sans employer de paraboles, accomplissant ainsi la parole du prophète : C'est en paraboles que je parlerai, je proclamerai des choses cachées depuis les origines.

La graine de moutarde comme la mesure de levain sont très petites et lorsqu'on les sème elles sont englouties littéralement, ici dans la terre, là dans la farine. Et il faut attendre, car en apparence, rien ne se passe.

L'Evangile de ce jour me parle au niveau de ma confiance, et de ma foi. Chaque matin, à mon réveil, j'ai comme un sursaut de terreur face à l'existence. Ce phénomène est apparu à la suite de ma dépression de 1993, d'abord parce que je m'étais affaibli par un régime anti-cholestérol, ensuite parce que le sentiment d'unité familiale avait commencé de se désagréger. Quinze ans plus tard, en période de crise, cette épouvante du réveil se manifeste à nouveau, et ce matin aussi, mais cela dure à peine le temps que je commence à prier.

S'il me fallait rapporter les épisodes de ma guérison, je ne saurais dire que peu de choses. Je ne me souviens pas de qui m'a parlé du Monastère des Clarisses où j'ai découvert la pratique matinale de l'Office de Laudes suivi de l'Eucharistie, ni comment j'ai pris l'habitude, été comme hiver, de me lever (plus besoin de réveil) à 5h45 pour faire l'offrande de ma journée. Des années plus tard, j'ai appris que mon grand-père avait fait pareil - il ne pouvait rien faire sans s'être d'abord rendu à l'église.

Dès lors, et je rejoins ici les deux paraboles de la liturgie: même si l'on peut écrire une histoire de l'Eglise, ou une histoire des religions, ou encore, du développement du sentiment humaniste dans les sociétés... ce qui s'est passé réellement, au delà des "faits saillants", nous demeure inconnu. Depuis l'apparition des premières civilisations jusqu'à l'époque romaine, les guerres, les massacres de populations entières c'est-à-dire les génocides mais aussi l'esclavage, étaient des pratiques communes: on rasait même les villes de telle façon que pas un seul bâtiment ne subsiste ! La loi du plus fort était admise partout.

Et nous nous retrouvons aujourd'hui avec des juridictions internationales pour juger les crimes de guerre et les génocides. Le racisme et la xénophobie sont toujours présents, mais il y a une conscience diffuse dans toute l'humanité qui dit "Non", qui refuse, qui résiste, qui sanctionne. On pourrait écrire aussi des livres sur l'évolution des consciences, il serait difficile de rendre compte en profondeur de ce cheminement.

En tout cas, en écoutant ces paraboles, je vois Jésus, le Verbe, semé en terre dans la grotte de Bethléem - événement totalement insignifiant sur le plan historique.
Et je songe à ces paraboles elles-mêmes et à tout ce qu'a dit Jésus... comment, à partir de si peu en est-on arrivé à mourir en martyre dans les jeux du cirques au Colisée, à Rome ? Simone Weil disait que toute la violence qu'il y avait dans le monde jusqu'au Christ est venue s'abattre sur la Croix et la Croix demeure. Elle est bien cet arbre gigantesque où viennent s'abriter tous les oiseaux du ciel. Sur la Croix, la violence s'est transformée en souffrance, alors qu'auparavant la souffrance se transformait en violence. "Stat Crux dum volvitur orbis" (La croix demeure tandis que le monde tourne)

Deux sagesses et deux sciences

par boisvert » mer. 16 juil. 2008, 11:22

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,25-27.

En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté. Tout m'a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.

Il y avait grande foule (une trentaine de personnes) au monastère ce matin pour la fête de ND du Mont Carmel. Marie attire toujours et je le sais d'autant mieux que, très souvent, ayant décidé de rester couché mais de prier, je me retrouve debout avant d'avoir fini la première dizaine de Rosaire.

Comme les mots de Jésus aujourd'hui, sont rassurants pour ceux et celles qui se confient totalement en Lui ! Les sages et les savants de ce monde, ont une sagesse et une science qui ne concernent que le monde, mais quant à nous, qui avons été retirés du monde par son choix, je me demande... tout l'exercice de la vie, de la vie elle-même, ne consisterait-il pas à tout remettre en question, à réapprendre, à recommencer ? Par son incarnation, le Verbe a accompli pour nous les trois-quarts du chemin. C'est par pure grâce qu'Il nous accorde l'effort salutaire que nous pouvons entreprendre en Lui donnant chaque jour notre Oui, notre Fiat.

Je rends grâce au Seigneur pour la sagesse et la science qui durent pour la vie éternelle, car dès à présent, au travers de tous les événements, même les plus minuscules de nos vies, nous avancerons dans la connaissance de la vraie vie en Dieu.

Je me permets de passer à tout autre chose et de demander une prière pour mon pays la Belgique. Hier, 15 juillet, le premier ministre a démissionné, plus personne ne peut dire où nous allons. Mais en l'absence de gouvernement, des "soubresauts" de toutes natures sont à craindre. Cela me fait penser que la terre à tremblé sous le Brabant Wallon la veille, sans dégâts apparents, mais tout de même bien visible sur les sismographes.... Qu'on me croie donc superstitieux, je dis que c'est un signe !

Oui ou Non

par boisvert » sam. 12 juil. 2008, 18:30

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 10,24-33.

Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.

Cette Parole me rappelle que le Seigneur est venu apporter, non la paix au sens humain, mais un glaive - et la division au sujet de son Nom n'atteindra pas seulement les foules, mais même les familles - ce que j'ai vécu aussi. De jour en jour, je réalise qu'il devait en être ainsi et qu'il ne peut qu'en être ainsi. Parce qu'il n'y a pas deux façons de croire identiques, chacun d'entre nous apporte la sienne, et pas seulement par son témoignage mais par sa vie toute entière.

De nos jours, le Jésus "historique" n'est plus remis en cause (il existe trop de preuves historiques), mais une multitude de fables sont écrites à son propos, jusqu'à des sortes de thrillers pseudo-métaphysiques. Et fondamentalement, pour moi, il demeure qu'un désir sincère de vérité, une question qui se pose tôt ou tard à tout homme, dans sa conscience et dans son coeur, aboutit irrésistiblement à la question de l'existence de Dieu; et la question de l'existence de Dieu conduit elle-même à ce choix crucial: oui, je crois; non, je ne veux pas croire.

J'avais écrit: "La question de l'existence de Dieu conduit elle-même à ce choix crucial: oui, je crois; non, je ne veux pas croire." Mais c'était l'heure du repas et je suis parti en me posant la question de savoir si j'avais bien formulé cela: "Oui, je crois - ou bien: non, je ne veux pas croire".

En définitive, c'est une bonne formulation et je la garde telle quelle. Ce qui arrive à tout homme qui désire et cherche sincèrement à connaître la vérité sur l'existence et sur lui-même aboutit, tôt ou tard, quel que soit le chemin parcouru à constater ceci: "Le monde ment sur l'homme". Et dès qu'il en arrive à cette constatation, le mal est déjà débusqué.

Le monde ment. Et par "le monde", j'entends: l'organisation sociale, la philosophie, toutes les sciences humaines, et aussi les sciences dites "exactes" lorsqu'elles s'arrogent de parler de l'homme... l'économie, la politique, la culture, l'art, le langage lui-même. Il existe, épars dans ce que je nomme le monde, comme un sous-entendu, un présupposé absolument négatif - et c'est: "Dieu n'existant pas, tout le reste est possible".

En sorte que, tout homme malheureux qui commence à rechercher, de toutes ses forces, avec la sincérité et la rigueur les plus absolues... pourquoi la condition humaine est malheureuse, doit commencer par défaire l'écheveau de toutes les propositions fallacieuses qui découlent de ce principe: "Dieu n'existant pas, tout le reste est possible".

Il est obligé de nager en sens inverse, de retourner aux origines, de remonter le courant. Et il aboutit à ce constat: il y a un mensonge sur l'homme dès le départ.

En tout cas, moi, quand je fus arrivé à cette découverte, c'était deux jours avant ma conversion - ou peut-être mon suicide (*), tant la démarche avait été éprouvante pour mon être (elle avait duré grosso modo près de dix ans). Mais à partir du moment ou le mensonge avait été dépisté, alors la proposition d'origine se retrouvait pratiquement inversée: "Tout serait impossible si Dieu n'existait pas". A partir de là, j'ai eu ce choix à faire, tel que je l'ai formulé plus haut: "Oui, je crois" - ou bien: "Maintenant que je sais, je choisi en toute connaissance de causes de ne pas croire".

(*) Si j'ai parlé de conversion ou de suicide, à cause de ce que j'ai découvert sur la conversion de Jacques Maritain - qui avait suivi un chemin très semblable au mien. Voici son histoire:

Très jeune, lorsqu'il s'est inscrit à la Sorbonne pour y compléter ses études de philosophie, il partageait comme bien d'autres jeunes Parisiens des idées qui mènent à l'agnosticisme, c'est-à-dire à la conviction que l'Absolu est inaccessible à l'esprit humain. Un agnostique, c’est en effet quelqu’un qui rejette d’une part l'idée que Dieu existe; mais d‘autre part l’agnostique refuse l’idée des athées qui affirment que Dieu n'existe certainement pas. Pourtant, Maritain ne peut vivre sans se poser la question fondamentale du sens. La vie a-t-elle un sens?
La conviction des athées répugne au jeune Maritain. Il lui semble finalement que l'Univers doit bien avoir un sens caché. Comment affirmer en effet que notre Monde soit dépourvu de signification transcendantale? Cela lui semble improbable. Il est déchiré par l’idée:que le Monde doit bien avoir un sens qui nous dépasse. Maritain se heurte de plus en plus à des confrères agnostiques qui se refusent à discuter de ces choses sous prétexte que tout cela demeure sans solution. Par bonheur, son esprit tourmenté trouve enfin une âme soeur. C'est Raïssa Oumensoff, un jeune juive russe. Ce sera là une rencontre phénoménale, car un immense amour, un amour chaste les unira pour la vie. Mariés en 1904, ils parviendront à former un des couples les plus remarquables de leur époque.
Tous deux sont jeunes et entiers. Comme plusieurs couples qui sont près à mourir ensemble s'ils n'arrivent pas à trouver une raison de vivre, Jacques Maritain et Raïssa Oumensoff s'entendent solennellement au départ pour signer en quelque sorte un pacte de suicide. Si dans un an, ils sont toujours devant le vide et le néant, ils mettront fin à leurs jours! Ils veulent vraiment trouver le sens du mot «vérité». C'est évidemment le sens de l'Absolu qui leur manque. Heureusement, ils trouveront le chemin de la grâce en se rendant aux conférences très fréquentées de Henri Bergson*, philosophe qui obtiendra le Prix Nobel en 1927. La pensée de Bergson peut se résumer ainsi: il faut faire la distinction entre la connaissance rationnelle et l'intuition, seule capable de saisir la réalité profonde.
Cette mise en valeur de l'intuition permet à de nombreux auditeurs d'atteindre, de saisir le sens de l'Absolu. C’est le cas des Maritain. Tout change en eux. La lumière se fait. Jacques et Raïssa Maritain rencontrent bientôt Léon Bloy*, cet admirable pamphlétaire d'inspiration catholique, qui va savoir les guider, si bien qu'un an plus tard, en 1906, Bloy devient leur parrain lors d'une cérémonie de baptême historique.

La gratuité du service

par boisvert » jeu. 10 juil. 2008, 15:37

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 10, 7-15)

07i Jésus disait aux douze Apôtres: "Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche.
08 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement.
09 Ne vous procurez ni or ni argent, ni petite monnaie pour en garder sur vous ;
10 ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. Car le travailleur mérite sa nourriture.

Tout m'apparaît lié: la proximité du Royaume, les signes qui accompagnent cette annonce (guérisons, résurrections, purifications des lépreux, exorcismes), et la gratuité dans la réciprocité parfaite.

Les apôtres ont reçu gratuitement des pouvoirs extraordinaires, mais ils ne sont pas pour autant l'égal du Maître, mais simplement des travailleurs. Et la ferme recommandation de Jésus de ne rien emporter des biens terrestres est liée à la faiblesse de foi (déjà bien reconnue dans d'autres passages) des ouvriers.

L'exigence de Jésus peut paraître sévère, mais que se serait-il passé sans ces ordres détaillé ? D'un parfumeur dont ils auraient guéri l'enfant, ils se seraient encombrés de vases de parfums de grands prix; d'un marchands de tissus, des pièces de toile en offrandes pour la purification d'un parent lépreux; et le marchand de perles, que n'aurait-il donné pour la résurrection de sa jeune épouse ? Bref, s'ils avaient accepté quoi que ce soit, ils seraient revenus non comme ils étaient partis, mais avec une caravane d'ânes et de chameaux ... accompagnés de gardes, de marchands de toutes sortes, auxquels se seraient immédiatement mêlés des espions d'Hérode et de Pilate, qui auraient immédiatement flairé un danger pour l'autorité établie. Il suffit de se souvenir qu'après avoir simplement donné à manger à la foule, Jésus a été obligé de fuir, car ils voulaient s'emparer de Lui pour le proclamer roi !

Ces consignes valent pour chacun d'entre nous également. Elles sont en rapport direct avec le talent que nous avons reçu gratuitement de Dieu pour travailler ainsi que les disciples. Pour ma part, je rends grâce que mes partages quotidiens de l'Ecriture ne soient rétribués d'aucune façon et je rends grâce encore que même mon véritable nom ne soit connu que de quelques-uns. Vive le pseudonyme ! Je l'avoue: j'ai parfois "râlé" qu'il y ait peu de partages en retour, mais comme je me serais vite découragé s'il y en avait eu beaucoup !

Car ma récompense, c'est ma joie. Je sais que je l'ai obtenue plusieurs fois au moment où j'écrivais: en vérité, quel étonnement, quelle stupeur certains jours, lorsque je me suis senti traversé par l'Amour... car je n'avais eu strictement rien à dire au moment de taper la première lettre du premier mot d'un partage "impossible aujourd'hui" !

L'envoi des disciples

par boisvert » mer. 09 juil. 2008, 8:58

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 10,1-7.

Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d'expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité.
Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, appelé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ;
Simon le Zélote et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.
Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « N'allez pas chez les païens et n'entrez dans aucune ville des Samaritains.
Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël.
Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche.

Le dernier des disciples cité par l'Evangéliste, c'est Judas Iscariote, qui livra Jésus. Mais le premier aussi, Simon appelé Pierre, devint plus tard un traître également et le renia trois fois. Quant aux autres, tous se sont enfuis et ont laissé seul Jésus devant la troupe venu l'arrêter. Etrangement peut-être, voici ce que je me sens poussé à écrire ce matin. D'une certaine façon, nous sommes tous des mauvais serviteurs, de ceux-là qui font le mal, et à l'adresse desquels au jour du jugement, Jésus pourrait dire: "Allez-vous en, je ne vous connais pas" !

Sans doute est-ce la première lecture qui m'inspire cette crainte ? Le prophète Osée déclare en effet de la part de Dieu :
01 Israël était une vigne luxuriante,
qui portait beaucoup de fruit.
Mais plus ses fruits se multipliaient,
plus Israël multipliait les autels ;
plus son pays devenait riche,
plus il enrichissait les stèles et les idoles.
02 Son coeur est partagé ;
maintenant il va expier :
le Seigneur renversera ses autels,
détruira ses idoles. (Os 10, 1-3.7-8.12)

Mais ma crainte laisse aussitôt la place à la confiance en la Miséricorde. Ce qui a perdu Judas, finalement, c'est qu'il n'a pas cru au pardon de Jésus - tandis que Pierre, et après lui tous les autres, se sont repentis. Ici, je retrouve même de la joie, car Jésus avait bien dit: "Ce ne sont pas les justes que j'appelle, mais les pécheurs". Si nous nous reconnaissons pécheurs, nous ne tomberons pas dans la faute impardonnable de croire que c'est de nous-mêmes que nous portons du fruit, nous n'élèverons pas des autels pour glorifier les dons que nous avons reçus, nous demeurerons, avec des temps de chute et de relèvement, les serviteurs inutiles. "Nous n'avons fait que ce que nous devions faire"....

Seigneur, préserve-nous, garde-nous toujours dans la très sainte humilité !

Résurrection de la fille de Jaire

par etienne lorant » lun. 07 juil. 2008, 18:47

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 9,18-26.

Tandis que Jésus leur parlait ainsi, voilà qu'un chef s'approcha ; il se prosternait devant lui en disant : « Ma fille est morte à l'instant ; mais viens lui imposer la main, et elle vivra. » Jésus se leva et se mit à le suivre, ainsi que ses disciples. Et voilà qu'une femme souffrant d'hémorragies depuis douze ans s'approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. Car elle se disait en elle-même : « Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée. » Jésus se retourna, la vit et lui dit : « Confiance, ma fille ! Ta foi t'a sauvée. » Et la femme fut sauvée à l'heure même. Jésus, arrivé à la maison du chef, dit, en voyant les joueurs de flûte et l'agitation de la foule : « Retirez-vous. La jeune fille n'est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Quand il eut mis la foule dehors, il entra et saisit la main de la jeune fille, qui se leva. Et la nouvelle se répandit dans tout ce pays.

J'ai remarqué que "vie" et "salut", en même temps que "foi" et "confiance", se rencontrent dans ce passage et sont en lutte avec l'agitation de la foule. Pour moi, c'est typique du "langage" évangélique et de l'attitude constante de Jésus qui dissocie toujours chaque individu du reste de son groupe. C'est infiniment réconfortant, car loin de renier "le plus grand nombre", le Seigneur nous rassure tous sur la qualité du salut qu'Il est venu apporter : c'est un salut individuel, il n'y a jamais "amalgame" de personnes.

Pourtant, on dirait que lors des multiplications des pains et des poissons, il y a "miracle de masse". Mais c'est négliger le fait que Jésus fait ramasser tous les restes, les "reliefs" du repas par les disciples. Chose impossible à réaliser par eux seuls et qui implique forcément un apport individuel chacune des personnes ayant goûté à ce prodigieux banquet.

"Mon Seigneur et mon Dieu !", s'est exclamé Thomas, l'apôtre qui doutait. Cette louange lui est sortie de la bouche avec une force et une puissance de joie que je devine rien qu'à sa brièveté. Or, imagine-t-on quels cris d'émerveillement et de joie, et quels soupirs aussi, ont dû lancer vers Dieu tous ceux et toutes celles ayant eu recours à la compassion de Jésus ?

Moi aussi, je me mêle à l'exclamation par le souffle jailli de mon propre coeur !

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