Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

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Re: Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

par mandonnaud » dim. 10 janv. 2010, 12:02

Entretien
L'économiste Jean-Yves Naudet analyse l'encyclique « Caritas in Veritate »
L'originalité de Benoît XVI : exhorter au don et à la gratuité aussi dans les domaines marchand et politique

ROME, Jeudi 7 janvier 2009 (ZENIT.org) - « Ce qui est très original chez Benoît XVI... c'est que le don et la gratuité ne sont pas limités à la société civile, mais doivent aussi se développer dans le domaine marchand comme dans le domaine politique », affirme Jean-Yves Naudet, dans cet entretien accordé à ZENIT sur l'encyclique « Caritas in veritate ».

Jean-Yves Naudet est professeur d'économie à l'université Paul Cézanne (Aix-Marseille III), président de l'Association des économistes catholiques de France, et vice-président de l'Association internationale pour l'enseignement social chrétien.

Zenit - Même avant sa publication, l'Encyclique « Caritas in Veritate » de Benoît XVI faisait parler d'elle avec des pseudo-commentaires équivoques et des interprétations fantaisistes. Quels sont, à votre avis, les points fondamentaux développés dans le tracé fidèle à la tradition de la Doctrine Sociale de l'Eglise ?

Jean-Yves Naudet - Il est vrai que l'on a écrit beaucoup de choses fausses avant la parution de l'encyclique, certains annonçant un nouveau manifeste semblable à celui de Marx ! Tout cela était ridicule et Benoît XVI se situe explicitement dans la ligne de tous ses prédécesseurs en matière de doctrine sociale, de Léon XIII à Jean-Paul II. Tous les grands principes doctrinaux s'y retrouvent, de la dignité de la personne humaine au respect de la vie, en passant par la subsidiarité ou la solidarité. Mais comme ses prédécesseurs, Benoît XVI s'intéresse aux « choses nouvelles », comme la mondialisation la crise financière, l'environnement, le développement,... Ce qui est le plus novateur, c'est l'idée que la question sociale est devenue « radicalement anthropologique », c'est-à-dire qu'elle concerne l'homme tout entier. C'est cela le développement intégral. Et désormais, l'économie, le social, mais aussi l'environnement, la famille, le respect de la vie font partie de la doctrine sociale de l'Eglise ; on ne pourra plus « découper en morceaux » l'enseignement de l'Eglise pour en refuser une partie : si l'on veut être fidèle à la doctrine sociale de l'Eglise, il faut défendre la dignité de l'homme dans l'économie en même temps que la vie humaine. Tout cela devient inséparable et unifié. C'était chez ses prédécesseurs, mais c'est désormais unifié dans la doctrine sociale de l'Eglise. Défendre la vie, refuser d'instrumentaliser l'embryon en fait partie aussi bien que promouvoir le développement des peuples.

Zenit - A bien lire le message du pape, la mondialisation se présente, sans doute, avec ses forces et ses faiblesses mais la question centrale est autour de la morale et de l'éthique réelle dans les relations économiques. Comment peut-on définir l'idée du marché selon Benoît XVI ?

J.-Y. Naudet - Oui, cette encyclique est aussi une grande leçon d'éthique économique, et le pape passe en revue les grands thèmes économiques (marché, profit entreprise, etc.) pour les remettre sur leurs pieds en plaçant l'éthique au cœur de l'économie. En ce qui concerne le marché, Benoît XVI en explique, comme Jean-Paul II, l'utilité et le caractère essentiel pour permettre aux hommes d'échanger biens et services. Mais il explique que le marché a besoin de justice commutative, thème présent déjà chez Thomas d'Aquin (juste prix, juste salaire, équité dans les échanges), mais aussi de justice distributive car sans cela il ne peut produire la cohésion sociale. Il faut donc au marché des formes internes de solidarité pour créer une confiance réciproque. C'est ce qui a manqué dans la crise actuelle. Mais derrière le marché, il y a les hommes et ce sont eux qui ont un comportement moral ou immoral. C'est pourquoi, dit le pape « ce n'est pas l'instrument qui doit être mis en cause, mais l'homme, sa conscience morale et sa responsabilité personnelle et sociale « (§36).

Zenit - Dans une image très chère au pape, le marché, l'Etat et la société civile forment une union osmotique où l'homme, libre et responsable, peut s'exprimer dans un parcours de développement intégral. Comment peut-on s'engager pour réaliser le bien commun suivant l'enseignement social de l'Eglise ?

J.-Y. Naudet - Cette question des liens entre marché, Etat et société civile est centrale. Le marché passe par le contrat, l'Etat par les lois justes et la société civile par le don et la gratuité. La société civile est essentielle pour ne pas enfermer l'homme entre le marché et l'Etat. La société civile, ce sont les corps intermédiaires ou encore « la personnalité de la société » comme disait Jean-Paul II. Mais, au-delà de l'éloge de la société civile, ce qui est très original chez Benoît XVI et qui fait l'unité de ces trois ordres en vue du bien commun, c'est que le don et la gratuité ne sont pas limités à la société civile, mais doivent aussi se développer dans le domaine marchand comme dans le domaine politique ; introduire là aussi des espaces de gratuité et de don, allant jusqu'au don de soi. Cela aura une influence sur tout le monde marchand et sur toute la politique, pour mieux promouvoir le bien commun ; y insérer dans ces deux mondes la gratuité, c'est insérer le sel qui donne du goût à l'ensemble. On peut s'engager de multiples manières dans la société civile, marchande ou politique, mais don et gratuité donnent le vrai sens de cet engagement, en replaçant au centre l'amour dans la vérité, qui est le fil conducteur de l'encyclique.

Zenit - Il y a aussi une critique radicale à l'idéologie technocratique et une vision nouvelle de l'importance de l'entreprenariat comme engagement personnel au service de la communauté. Pourriez-vous développer cet aspect très particulier et important ?

J.-Y. Naudet - Sur l'idéologie technocratique, c'est essentiel, car notre monde croit que tout est permis du moment que c'est efficace, que cela marche. Or cela, c'est le contraire de l'éthique et c'est croire que la fin justifie les moyens. On en vient ainsi à utiliser des embryons comme un simple matériel. C'est de l'utilitarisme pur et seule l'éthique peut permettre de prendre les bonnes décisions : la technique elle-même doit voir son usage soumis à l'éthique.

Quant à l'entreprenariat, Benoît XVI en parle d'abord au sens de chef d'entreprise, montrant que sans éthique l'entreprise court à sa perte, surtout quand elle a l'obsession du court terme ; tout, tout de suite, à tout prix, c'est la cause de la crise actuelle. Et il rend hommage aux entrepreneurs qui ont des « analyses clairvoyantes ». Mais ce qui est plus original, c'est l'idée que chacun de nous, chaque travailleur, est un créateur et pas seulement l'entrepreneur au sens strict et donc que chacun doit être traité dans l'entreprise comme s'il travaillait à son propre compte, avec le sens des responsabilités et l'autonomie nécessaire : question de dignité, mais aussi question d'efficacité. En respectant les hommes, ils donneront le meilleur d'eux-mêmes et chacun doit donc être traité dans l'entreprise comme s'il était un véritable entrepreneur, c'est-à-dire un créateur au service des autres.

Zenit - Dans un article publié dans l'Osservatore Romano-Edition Française, vous affirmez que l'Encyclique « ouvre de formidables pistes de réflexion » et un « véritable programme de recherche ». Vers quelles perspectives et directions les catholiques et les hommes de bonne volonté sont-ils appelés à tourner leur regard ?

J.-Y. Naudet - Chaque lecture nouvelle de l'encyclique ouvre de nouvelles pistes. Chacun doit y trouver des raisons de modifier sa vie et un chemin de conversion, y compris dans son comportement économique. Mais pour les chercheurs, les universitaires, c'est un champ considérable qui s'ouvre pour trouver les applications concrètes des idées du pape. Ainsi, cette notion de don et de gratuité dans le monde marchand et dans le monde politique doit faire réfléchir, au-delà des comportements individuels, à de nouvelles formes institutionnelles. De même, lorsqu'il aborde le thème apparemment très à la mode de la responsabilité sociale de l'Enterprise, de l'éthique des affaires, il bouleverse en quelques phrases nos conceptions, en montrant qu'on abusait ici de l'adjectif éthique et que, devenue un instrument de marketing, l'éthique pouvait conduire à son contraire. Il rappelle que la véritable éthique repose sur « la dignité inviolable de la personne humaine » et sur « la valeur transcendante des normes morales naturelles » (§45) : de quoi modifier toutes nos conceptions du management de l'entreprise et remettre sur le droit chemin la mode éthique dans les affaires. Il en va de même pour le profit, qui « doit être orienté vers un but qui lui donne un sens relatif aussi bien à la façon de le créer que de l'utiliser » (§21) : repenser le sens du profit, savoir discerner le bon profit, conforme à la morale, du profit immoral, là aussi voilà une nouvelle direction à explorer.

Mais chacun pourra trouver dans cette encyclique des questions qui le toucheront directement et le conduiront à modifier sa vie. La doctrine sociale, avec Benoît XVI, devient, comme le souhaitait déjà Jean-Paul II, un chemin de conversion et un chemin d'évangélisation.

Propos recueillis par Giovanni Patriarca

Re: Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

par mandonnaud » ven. 06 nov. 2009, 15:50

Les énergies nouvelles et renouvelables pour éradiquer la pauvreté
Intervention du Saint-Siège à l’ONU

ROME, Jeudi 5 novembre 2009 (ZENIT.org) - Le Saint-Siège encourage les énergies nouvelles et renouvelables notamment pour éradiquer la pauvreté dans le monde. Un changement de style de vie est « nécessaire » et la solidarité entre générations un « impératif ».

Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège à l'ONU à New-York, est intervenu le 3 novembre 2009 devant la 64e assemblée générale, au 2e comité sur « la promotion des sources d'énergie nouvelles et renouvelables » (sujet 53 (i)).

Mgr Migliore a souligné combien la question de ces énergies nouvelles et renouvelables est devenue « clef » en particulier pour le développement durable, de façon à protéger « la santé et l'environnement » et affronter concrètement les « changements climatiques », tout en favorisant la « paix » dans le monde, grâce à une « économie mondiale plus efficace ».

Il a mis l'accent sur trois aspects de la question : l'éradication de la pauvreté ; la prise en compte du coût humain ; la nécessité d'une éducation dans le domaine de l'énergie.

L'éradication de la pauvreté

Pour éradiquer la pauvreté, le Saint-Siège recommande non seulement le développement de ces énergies, mais une « coopération énergétique » dans ce domaine, et des mesures à la fois économiques et fiscales pour les encourager. Une telle « coopération » implique notamment le partage de l'information et un transfert de technologies.

Mgr Migliore a apporté des chiffres. Les pays en voie de développement représentent plus de 40% des installations de ce type, plus de 70% pour ce qui est des chauffe-eau solaires, et 45% de la production de bio-fuel.

Mais des technologies solaires comme l'énergie photovoltaïque, par exemple, impliquent de très grosses dépenses initiales.

Pourtant « l'accès des populations les plus pauvres à ces innovations est essentielle pour permettre aux pays en voie de développement de couvrir la demande croissante en énergie et permettre un développement durable ».

L'accès à l'énergie a un « impact profond et positif » sur la santé, l'éducation, l'alimentation, et les revenus, a souligné Mgr Migliore, mais pour améliorer les infrastructures, des investissements sont nécessaires, avec la mobilisation des institutions locales qui sont à même d'identifier les sources d'énergie les plus adaptées ainsi que les formes de financement et de promotion.

« Là où cet accès est impossible pour les pauvres ou remis à plus tard pour différentes raisons, il faudra promouvoir, recommande Mgr Migliore, un usage des ressources traditionnelles plus efficace et durable, l'amélioration et la conservation des énergies existantes, en s'appuyant sur des technologies mixtes ».

La prise en compte du coût humain

Dans toute discussion pour identifier des « services et des ressources énergétiques » soucieuses de « l'environnement », « viables du point de vue économique » et « socialement acceptables », le Saint-Siège recommande aussi de prendre en compte « le coût humain et environnemental à long terme ».

Mgr Migliore a fait observer que le prix de l'exploitation de l'environnement pèse d'abord sur les pays en voie de développement, les populations pauvres et celles qui n'ont pas la capacité de se « protéger des défis des changements climatiques ».

Il invite tous les secteurs à s'unir pour affronter ce défi, mais en mentionnant aussi la « justice intergénérationnelle », une « solidarité » entre générations, puisque l'utilisation actuelle de l'énergie a un impact sur les générations futures.

« Nous ne devons pas charger les futures générations par notre consommation énergétique », fait remarquer Mgr Migliore : un « changement de style de vie » est « impératif ».

Une éducation dans le domaine de l'énergie

Mais pour atteindre ces objectifs, Mgr Migliore souligne l'importance d'une éducation et d'une « prise de conscience » des populations dans le domaine de l'énergie, d'un « apprentissage ».

Il faut donc développer des « stratégies » adaptées à chaque région pour les énergies renouvelables, ajoute Mgr Migliore, en favorisant une « coopération à plusieurs dimensions » qui tienne compte de la « responsabilité humaine » dans la gestion des changements climatiques.

Cela ne signifie pas seulement des défis scientifiques et économiques, mais une fermeté dans les options, de la « compassion » pour le prochain, de façon à obtenir une planète où « le désir de protéger la terre » ne sera pas guidé par « la peur », mais par la recherche d'un « développement économique et personnel à long terme ».

Anita S. Bourdin

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par Christophe » mar. 20 oct. 2009, 14:14

deniserp a écrit :Je vous encourage vivement à lire ce post du salon beige pour que vous soyez plus éclairé sur ce que veut exactement Benoît XVI. Mais ce qu'il veut n'a rien à voir avec ce que veut la franc maçonnerie :

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog ... ndial.html
En complément de cet article du Salon Beige, il me semble important de citer quelques autres paragraphes de l'encyclique qui éclairent les intentions de Benoît XVI et lèvent toute ambiguïté sur la nature de cette "autorité mondiale" appelée de ses vœux.
24. [...] A notre époque, l’État se trouve dans la situation de devoir faire face aux limites que pose à sa souveraineté le nouveau contexte commercial et financier international, marqué par une mobilité croissante des capitaux financiers et des moyens de productions matériels et immatériels. Ce nouveau contexte a modifié le pouvoir politique des États.

Aujourd’hui, fort des leçons données par l’actuelle crise économique où les pouvoirs publics de l’État sont directement impliqués dans la correction des erreurs et des dysfonctionnements, une évaluation nouvelle de leur rôle et de leur pouvoir semble plus réaliste ; ceux-ci doivent être sagement reconsidérés et repensés pour qu’ils soient en mesure, y compris à travers de nouvelles modalités d’exercice, de faire face aux défis du monde contemporain. A partir d’un rôle mieux ajusté des pouvoirs publics, on peut espérer que se renforceront les nouvelles formes de participation à la politique nationale et internationale qui voient le jour à travers l’action des organisations opérant dans la société civile. En ce sens, il est souhaitable que grandissent de la part des citoyens une attention et une participation plus larges à la res publica.
41. [...] L’« autorité politique » a, elle aussi, une signification plurivalente qui ne peut être négligée, dans la mise en place d’un nouvel ordre économico-productif, socialement responsable et à dimension humaine. De même qu’on entend cultiver un entreprenariat différencié sur le plan mondial, ainsi doit-on promouvoir une autorité politique répartie et active sur plusieurs plans. L’économie intégrée de notre époque n’élimine pas le rôle des États, elle engage plutôt les gouvernements à une plus forte collaboration réciproque. La sagesse et la prudence nous suggèrent de ne pas proclamer trop hâtivement la fin de l’État. Lié à la solution de la crise actuelle, son rôle semble destiné à croître, tandis qu’il récupère nombre de ses compétences. Il y a aussi des nations pour lesquelles la construction ou la reconstruction de l’État continue d’être un élément clé de leur développement. L’aide internationale à l’intérieur d’un projet de solidarité ciblé en vue de la solution des problèmes économiques actuels, devrait en premier lieu soutenir la consolidation de systèmes constitutionnels, juridiques, administratifs dans les pays qui ne jouissent pas encore pleinement de ces biens. À côté des aides économiques, il doit y avoir celles qui ont pour but de renforcer les garanties propres de l’État de droit, un système d’ordre public et de détention efficaces dans le respect des droits humains, des institutions vraiment démocratiques. Il n’est pas nécessaire que l’État ait partout les mêmes caractéristiques: le soutien aux systèmes constitutionnels faibles en vue de leur renforcement peut très bien s’accompagner du développement d’autres sujets politiques, de nature culturelle, sociale, territoriale ou religieuse, à côté de l’État. L’articulation de l’autorité politique au niveau local, national et international est, entre autres, une des voies maîtresses pour parvenir à orienter la mondialisation économique. C’est aussi le moyen pour éviter qu’elle ne mine dans les faits les fondements de la démocratie.
57. [...] La subsidiarité respecte la dignité de la personne en qui elle voit un sujet toujours capable de donner quelque chose aux autres. En reconnaissant que la réciprocité fonde la constitution intime de l’être humain, la subsidiarité est l’antidote le plus efficace contre toute forme d’assistance paternaliste. Elle peut rendre compte aussi bien des multiples articulations entre les divers plans et donc de la pluralité des acteurs, que de leur coordination. Il s’agit donc d’un principe particulièrement apte à gouverner la mondialisation et à l’orienter vers un véritable développement humain. Pour ne pas engendrer un dangereux pouvoir universel de type monocratique, la « gouvernance » de la mondialisation doit être de nature subsidiaire, articulée à de multiples niveaux et sur divers plans qui collaborent entre eux. La mondialisation réclame certainement une autorité, puisqu’est en jeu le problème du bien commun qu’il faut poursuivre ensemble; cependant cette autorité devra être exercée de manière subsidiaire et polyarchique pour, d’une part, ne pas porter atteinte à la liberté et, d’autre part, pour être concrètement efficace.
67. Face au développement irrésistible de l’interdépendance mondiale, et alors que nous sommes en présence d’une récession également mondiale, l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations Unies comme celle de l’architecture économique et financière internationale en vue de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations, trouve un large écho. On ressent également fortement l’urgence de trouver des formes innovantes pour concrétiser le principe de la responsabilité de protéger et pour accorder aux nations les plus pauvres une voix opérante dans les décisions communes. Cela est d’autant plus nécessaire pour la recherche d’un ordre politique, juridique et économique, susceptible d’accroître et d’orienter la collaboration internationale vers le développement solidaire de tous les peuples. Pour le gouvernement de l’économie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l’environnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII. Une telle Autorité devra être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité, être ordonnée à la réalisation du bien commun, s’engager pour la promotion d’un authentique développement humain intégral qui s’inspire des valeurs de l’amour et de la vérité. Cette Autorité devra en outre être reconnue par tous, jouir d’un pouvoir effectif pour assurer à chacun la sécurité, le respect de la justice et des droits. Elle devra évidemment posséder la faculté de faire respecter ses décisions par les différentes parties, ainsi que les mesures coordonnées adoptées par les divers forums internationaux. En l’absence de ces conditions, le droit international, malgré les grands progrès accomplis dans divers domaines, risquerait en fait d’être conditionné par les équilibres de pouvoir entre les plus puissants. Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation et que soit finalement mis en place un ordre social conforme à l’ordre moral et au lien entre les sphères morale et sociale, entre le politique et la sphère économique et civile que prévoyait déjà le Statut des Nations Unies.
On voit donc que l'appel de Benoît XVI est un appel à la réforme urgente de l'ONU (§67) pour donner aux États - par la voie de la coopération internationale (§41) - les moyens de répondre aux défis posés par la mondialisation (§24). Cette autorité politique mondiale s'appuierait sur le principe de subsidiarité (§57) (donc ne diminuerait pas la souveraineté des États mais en serait le prolongement) et s'exercerait de façon polyarchique (§57). En outre, cette ONU réformée accorderait une meilleure représentation des pays pauvres (§67) et serait dotée des moyens de faire respecter ses décisions (§67).

Comme d'autres, je suis surpris de cette polémique qui se focalise sur un point de détail... Stratégie pour détourner l'attention de l'essentiel de cette encyclique ?

In Christo
Christophe

Re: Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

par Luis » mar. 25 août 2009, 17:28

Koz est un peu dubitatif sur cette intervention de M. Darcos : http://www.koztoujours.fr/?p=5176.

Re: Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

par adeo » mar. 25 août 2009, 14:19

une fois n'est pas coutume...c'est à souligner !
bon même si, je vous l'accorde, c'est publié dans "la croix"

"L’encyclique sociale de Benoît XVI, Caritas in veritate , "vient à point nommé", "telle une clarté traversant les sombres nuées", dans un monde "déboussolé, inégalitaire et traumatisé par les spasmes d'une crise globale". C'est l'analyse qu'en fait le ministre français du travail, Xavier Darcos.

Dans un point de vue paru lundi 3 août en Une de L’Osservatore Romano , le journal édité par le Saint-Siège, le ministre salue les analyses de Benoît XVI, "précises, illustrées et vastes" : elles dressent "un constat sévère des dérives criminelles de la mondialisation, dues à une finance fondée sur le gain immédiat de quelques-uns" et exigent "une redéfinition du développement".

Pour Xavier Darcos, "la lecture de cette encyclique, portée en une ferveur spirituelle magnifique, ne donne pas l’impression d’une méditation abstraite ou d’une oraison". Au contraire, souligne-t-il, "rarement un pape aura touché de si près le réel pour en disséquer les maux et pour proposer, avec pragmatisme et lucidité, les plus utiles contrepoisons". Et de souhaiter que ce message "soit entendu".

La-croix.com

Re: Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

par DA95 » mer. 19 août 2009, 13:45

deniserp a écrit :
Juste un détail, pourquoi nous sommes nous arrêté à cette gouvernance mondiale alors que Caritas in Veritate parle de biens d'autres choses, notamment en matière d'écologie, en matière de bioéthiue, en matière d'avortement... En bref, l'encyclique nous parle ici pour l'essentiel d'un être humain qui doit être pris comme titulaire de droits et de devoirs et qui doit être pris dans toute sa dignité.


In Xto.
Je suis bien d'accord avec vous.
Lors de la lecture de l'encyclique j'ai remarqué combien le Saint Père insiste sur la notion de "développement humain intégral", il s'intéresse à "tout l'homme et à tous hommes". Il me semble que cette encyclique nous aide à comprendre l'homme dans toute sa dignité.
Si nous voulons le développement humain intégral, il nous faut comprendre ce qu'est l'homme mais également chercher ce qui pourra le rendre heureux. Il est aussi nécessaire de pointer du doigt les comportements, idéologies, actions etc. qui dans notre société avilissent l'homme. Le Saint Père nous montre clairement les dangers de notre temps, je pense clairement ici au danger des théories du "gender" comme nous pouvons le lire dans un autre sujet du forum.
Voulant le bien de l'homme et sont développement intégral il est courageux aujourd'hui dans nos sociétés de proposer autre chose que le modèle existant qui vous l'avait dit est profondément injuste. Une gouvernance mondiale à du sens, mais cela ne veut pas forcément dire une théocratie.
Le soucis de cette encyclique et de nous donner les éléments philosophiques et théologique qui nous permettrons d'œuvrer à la création d'un monde plus humain, qui respecte la dignité et le devenir (voir Dieu) de tout l'homme et de tous homme.

Bien à vous.

Re: Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

par Christophe » mar. 21 juil. 2009, 19:45

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Re: Caritas in Veritate, encyclique sur la mondialisation

par deniserp » lun. 13 juil. 2009, 20:03

Je tiens par ailleurs à préciser au cas où personne ne le saurait que je ne fais partie d'aucune loge maçonnique et que je n'ai pas été non plus initié (en réponse à un mail que j'ai reçu). J'essaye tout simplement de comprendre l'encyclique que j'ai lu tout comme vous dans son intégralité et pour cela il faut prendre en compte l'ensemble de la tradition de l'Eglise et ne pas prendre cette encyclique comme une rupture. Mais surtout, n'oubliez pas une chose. En tant que catholiques, nous sommes dans le monde mais pas du monde.

De toutes façons, il va falloir que j'en parle à mon directeur spirituel (je vais en choisir un promis) pour essayer de mieux comprendre l'encyclique dans son intégralité. Je tiens tout comme vous à l'héritage chrétien de la France, je tiens certainement autant que vous à la nation. Je pense que la révolution française a été une véritable tuerie et qu'elle ne doit surtout pas être prise pour un exemple de vertue (contrairement à ce que nous font croire les aparatchiks de l'Education Nationale) car elle est le résultat des philosophes des lumières qui ont cherché à glorifié la raison au détriment de NSJC. Je suis comme le dit l'encyclique contre le laïcisme ambiant en France.

Juste un détail, pourquoi nous sommes nous arrêté à cette gouvernance mondiale alors que Caritas in Veritate parle de biens d'autres choses, notamment en matière d'écologie, en matière de bioéthiue, en matière d'avortement... En bref, l'encyclique nous parle ici pour l'essentiel d'un être humain qui doit être pris comme titulaire de droits et de devoirs et qui doit être pris dans toute sa dignité.

Peut-être me suis-je mal exprimé mais en tous les cas, excusez-moi pour cela à l'avance.

In Xto.

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par Pneumatis » lun. 13 juil. 2009, 17:02

Bonjour,

Avant de s'exciter sur les attributions d'une entité gouvernementale de niveau mondiale il faut bien garder à l'esprit que l'idée même de gouvernement est soumis, dans la doctrine de l'Eglise, au principe de subsidiarité. Comme pour l'Europe, comme pour l'état, comme pour la région, le département, jusqu'à la commune. l'Eglise enseigne la règle de subsidiarité qui confère en priorité à la plus proche/petite entité compétente les fonctions qu'elle est en mesure d'assumer.

Par exemple, sans jouer sur les mots mais pour bien illustrer le principe, autant une police et une justice de niveau mondial pourrait avoir du sens, comme la CPI par exemple, en tant qu'elle gère la sécurité dans le monde au-delà des frontières nationales ; autant une "armée" mondiale n'aurait aucun sens à moins qu'on anticipe une éventuelle guerre inter-planétaire (extra-terrestres nous voici !). Sauf à considérer une armée d'action "intérieure" (du point de vue "monde"), comme par exemple les forces armées de l'ONU aujourd'hui, pour gérer les conflits armées inter-nationaux.

Bref, selon le principe de subsidiarité, n'incombe à une gouvernance mondiale que les problématiques nécessairement inter-nationales et qui requiert une réflexion globale : comme par exemple la redistribution des richesses entre pays riches et pays pauvres, la régulation des marchés que cela suppose, ou encore les problématiques écologiques, quelques règles et normes élémentaires homogénéisant certains fonctionnements nationaux (comme ce qui concerne par exemple le problème des paradis fiscaux), etc... Tout le reste doit rester au "niveau" qui convient à son rayon d'action.

Mais il est vrai que la liste des "fonctions" de niveau mondial demande une vraie réflexion, dans l'amour en vérité, pour ne pas tordre le principe et en faire un outil de dictature mondial, qui serait le contraire du principe de subsidiarité si cher à l'Eglise.

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par Emanuel » lun. 13 juil. 2009, 0:26

Je suis au moins d'accord sur un point de cet article : Une "Autorité politique mondiale" n'est pas un "super-Etat mondial"

Que je sache personne ici n'a parlé d'un "état" mondial. Mais plutôt d'une gouvernance (tout comme l'Europe n'est pas un état en tant que tel même si elle en a les attributs régaliens) mais bien une gouvernance commune de 27 états.

Petite remarque : Très astucieusement l'article du Salon Beige met entre "parenthèses" ce qui a déjà été pointé ici de la gouvernance mondiale et de ses attributs """qui soit reconnu par tous", qui soit doté de "la faculté de faire respecter ses décisions, pour "assurer le respect de la justice et des droits", pour "garantir la sécurité", pour "promouvoir un authentique développement humain (inspiré des valeurs de l'amour et de la vérité)""... . Relire l'encyclique dans son intégralité.

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par deniserp » dim. 12 juil. 2009, 23:30

Je ne crois pas que ce soit cela que le Pape ait exactement en tête. Il vous faut analyser ce paragraphe de cette encyclique avec la doctrine sociale de l'Eglise et ce que voulait exactement le bienheureux Jean XXIII.

Je vous encourage vivement à lire ce post du salon beige pour que vous soyez plus éclairé sur ce que veut exactement Benoît XVI. Mais ce qu'il veut n'a rien à voir avec ce que veut la franc maçonnerie :

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog ... ndial.html

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par Emanuel » ven. 10 juil. 2009, 11:29

Imaginons donc que le "machin" existe à la fois en tant que gouvernement et mode de gouvernance "qui soit reconnu par tous", qui soit doté de "la faculté de faire respecter ses décisions, pour assurer le respect de la justice et des droits, pour garantir la sécurité, pour promouvoir un authentique développement humain (inspiré des valeurs de l'amour et de la vérité)... ce qui implique police, armée, tribunaux, administration(s) donc financements, codes et lois, réglements.... bref tous les attributs du pouvoir régalien... qui paye, qui dit le droit, qui contrôle les adminsitrations et services, qui commande les armées, la police, qui contrôle le juridique et le judiciaire, qui défini les valeurs de vérité et de justice..... Quelle part vous et moi avons nous dans cette usine à gaz, qui sont nos représentants, comment sont-ils désignés, quel poids ont-ils face à l'argent, au(x) marché(s), aux états... Que deviennent nos états??????? La France et le Vatican (en tant qu'état) même poids dans les décisions????

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par l'Ecossais » jeu. 09 juil. 2009, 8:57

Bonjour!
Autre problème sur lequel nous nous devons de réfléchir.....
Si nous arrivons à un gouvernement mondial,l'Eglise Catholique se doit d'y participer puisque le Vatican est un état indépendant.
Alors...sous quelles formes...et à quels degrés de hiérarchie?
Mettrons-nous donc en application la façon de vivre à Utopia comme le préconise St Thomas More?....ou est-ce l'Eloge de la folie de son ami Erasme?

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par Emanuel » mer. 08 juil. 2009, 23:22

Je ne pense pas que vous puissiez former ce jugement péremptoire à partir d'une citation tronquée (et donc qui brouille mon intention) que vous me permettrez donc de rétablir dans son intégralité :
Emanuel a écrit :.../... Là l'encyclique aurait provoqué un vrai choc, aurait montré que l'église ne se contente pas de rêver à une hypothétique (et d'ailleurs anti-évangélique) "royauté sociale du Christ", qu'elle est vraiment au côté des humbles au delà de ses actions charitables (bienvenues et nécessaires). Et là sans doute aurait-elle mobilisé derrière elle beaucoup de gens bien au delà des clivages religieux et politiques.

Le pape, derrière lui l'église, ses membres et sympathisants, est une autorité morale forte, une opinion publique capable de peser et d'infléchir l'orientation du monde à condition de tenir un discours direct, fort, sans ambiguité ni amphigourisme.

Oui je suis déçu. Car au delà de la ré-affirmation légitime des valeurs chrétiennes, je trouve que le discours n'est pas à la hauteur des enjeux ni des attentes de l'humanité ordinaire.../...
"

Re: La mondialisation : sujet de la troisième encyclique du Pape

par Raistlin » mer. 08 juil. 2009, 17:39

Emanuel a écrit :Mon Cher Raistlin, avec tout le respect que je vous dois ainsi que je le dois au pape en tant que personne et en tant que chef de l'église, quand on se permet d'anathémiser, d'excommunier, de villipender des tas de gens (au hasard : les divorcés, les homosexuels, les francs-maçons, les usagers de la contraception non naturelle, les femmes qui avortent.............) au motif qu'ils ne sont pas dans la ligne, alors que pour la plupart ces gens sont au moins aussi honnêtes que vous et moi,... on doit bien être capable d'anathémiser, d'excommunier... tous les salauds (légaux ou non) et autres bandits de grands chemins de ce bas monde qu'il s'agisse de personnes morales ou de personnes physiques (et le Vatican dispose des moyens pour les identifier et les stigmatiser (à commencer au sein de ses propres services financiers)).
Sauf que le but de cette encyclique n'est pas de condamner un quelconque "péché" mais de proposer un chemin. Que croyez-vous ? Bien sûr que la recherche de son profit personnel au mépris du sort de nos frères est un péché grave, l'Eglise ne vous a pas attendu pour le condamner. Seulement, ce n'est pas l'objet de cette encyclique qui souhaite orienter les Hommes vers une vroie droite.

Seulement, encore une fois, vous confondez tout et vous brouillez les cartes. Ca devient lassant à la longue. :/

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