par zélie » mar. 25 nov. 2008, 22:49
Nicolette a écrit :Plusieurs, aujourd'hui, pensent que seules les religions orientales ont développé une intériorité. De là l'engouement pour les méditations de types orientales. C'est souvent une découverte pour beaucoup de nos compatriotes qui n'ont pas trouvé chez nous, catholiques, chaussures à leurs bottines.
C'est une manière d'exprimer que, parfois, nous cherchons bien loin ce qui nous pend au bout du nez.
Comment transmettre l'information et surtout donner la piste de l'intériorité chrétienne?
Nicole
comme le disent les autres intervenants, chez le chrétien non pratiquant depuis 3 générations, l'intériorité tend au nombrilisme, alors qu'à la source elle est une recherche de Dieu à travers ses pensées et ses actes de tous les jours, recherche d'une volonté autre que la nôtre, recherche et ajustage de notre vécu en le centrant autour de principes venus d'en haut, au lieu de venus de nous d'après nos expériences. Il s'agit d'abandonner notre toute-puissance au profit d'une autre toute-puissance, celle de Dieu. On pourrait presque schématiser en disant que l'intériorité chrétienne est le contraire du nombrilisme, puisqu'elle est abandon de son égo au profit d'une volonté extérieure, et l'exercice est exigeant comme une acrobatie, où allier grâce et détermination ne relève pas d'une simple position physique.
De plus, pour le chrétien non pratiquant depuis 3 générations, l'idée catholique est périmée. La messe de grand-maman, debout, assis, debout, à genoux, assis, debout, ça f ait pas sérieux, ça fait puéril. L'eau bénite et la salutation en entrant dans la maison de Jésus, je vous dis pas, même Don Camillo le faisait comiquement. Les prières à égrener comme un disque rayé, trop contraignant, trop long, pas fun, vide de sens, mécanique, c'est pas prier ça!
Donner de son temps aux pauvres crasseux et vulgaires, pas le temps. Donner autre chose, mais quoi au fond?
On est pressé, stressé, ambitieux, et plein de choses qui font qu'on recherche des moments de déconnexion de la réalité, des moments d'exotismes, pour qu'enfin nos cervaux emballés arrêtent de tourner en diable. On ne cherche ni Dieu, ni l'autre ni une spiriualité exigeante: on ne peut plus en être là, on est arrêté à un étage inférieur, tellement on a la tête sous l'eau (de notre vie de plus en plus rapide) et tellement on rêve de la relever un court instant, un instant de rêve, de rêve bien pensant tant qu'à faire, pour faire toujours fashion, des fois qu'on serait aperçu par une connaissance.
Et le moment de relaxation, car finalement ce n'est que ça, il est fashion; position bien plus digne qu'une génuflexion, séance en groupe restreint d'initiés, dans des vêtements qui nous avantagent et dans une salle chauffée et belle, odorante et exotique à souhait. C'est ressourçant comme un masque chez l'esthéticienne. Ca dure aussi comme un masque chez l'esthéticienne, donc on y retourne bien vite, des fois qu'un chakra se fermerait!
Le chrétien non pratiquant depuis 3 générations n'habite plus la planète de grand-maman. A chaque époque son exotisme.
(Juste pour la petite histoire, l'exotisme me laisse sur ma faim: je n'ai jamais trouvé de fumeur non pratiquant, c'est tellement exotique que ça n'existe pas!)
je ne sais pas, à regarder les pratiques religieuses catholiques, ce qui pourrait séduire un chrétien non pratiquant depuis 3 générations. J'ai plutôt l'impression qu'il faudrait une multitude de chemin de Damas pour ouvrir les yeux et le coeur de beaucoup de gens; seul un geste divin peut créer le feu de la rencontre, et je ne doute pas qu'il ait lieu pour chacun un jour où l'autre, mais ce dont je doute, c'est de notre capacité à y répondre, ou à réaliser que c'est un moment spécial.
Pour donner la piste de l'intériorité chrétienne ou autre... une image me vient. Jésus disait toujours à ses disciples, en substance, qu'on devait d'abord nourrir le corps du pauvre et de l'affamé, parce que on touche à son urgence personnelle, avant de pouvoir envisager de parler d'autre chose, de Dieu ici. Mais qu'une fois que l'on parle de Dieu, en parler franchement mais sans brusquer.
Le chemin vers Dieu, bien souvent est extrêmement lent, car il touche à l'émotionnel. Or on sait bien que ce qui remanie émotionnellement quelqu'un n'est solide que si le processus est lent, pour favoriser l'accomodation et l'assimilation du changement. Le truc c'est que la rencontre avec Dieu ne sera souhaitée que si elle est désirée, et pour faire naître le désir, il faut faire entrer la personne en questionnement, donc ne pas en dire beaucoup, mais faire des choses qui interrogent beaucoup. Je sais pas si je suis clair là...
Soeur Emmanuelle ou mère Térésa faisaient des miracles dans ce domaine car l'une et l'autre étaient très fortes pour témoigner en actes sans jamais chercher à tirer la couverture vers un bord, et même ne répondaient pas à toutes les questions... elles séduisaient en silence là où un Jean-Paul II séduisait en souriant devant les tapis qu'on lui déroulait pendant que lui embrassait le sol. Ces fortes personnalités sont des modèles parce qu'elles ont vécues ici et aujourd'hui, et ont eu un succès tout en étant en plein dans notre époque, non marginales.
Relire leurs lettres et leurs pensées peut t'aider peut-être... Mais en tout cas ta question est très noble, et peut nous donner à tous beaucoup à méditer. Je suis désolé de ne pas pouvoir te répondre plus incisivement spontanément
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[quote="Nicolette"]Plusieurs, aujourd'hui, pensent que seules les religions orientales ont développé une intériorité. De là l'engouement pour les méditations de types orientales. C'est souvent une découverte pour beaucoup de nos compatriotes qui n'ont pas trouvé chez nous, catholiques, chaussures à leurs bottines.
C'est une manière d'exprimer que, parfois, nous cherchons bien loin ce qui nous pend au bout du nez.
[b]Comment transmettre l'information et surtout donner la piste de l'intériorité chrétienne?[/b]
Nicole :coeur: :coeur:[/quote]
comme le disent les autres intervenants, chez le chrétien non pratiquant depuis 3 générations, l'intériorité tend au nombrilisme, alors qu'à la source elle est une recherche de Dieu à travers ses pensées et ses actes de tous les jours, recherche d'une volonté autre que la nôtre, recherche et ajustage de notre vécu en le centrant autour de principes venus d'en haut, au lieu de venus de nous d'après nos expériences. Il s'agit d'abandonner notre toute-puissance au profit d'une autre toute-puissance, celle de Dieu. On pourrait presque schématiser en disant que l'intériorité chrétienne est le contraire du nombrilisme, puisqu'elle est abandon de son égo au profit d'une volonté extérieure, et l'exercice est exigeant comme une acrobatie, où allier grâce et détermination ne relève pas d'une simple position physique.
De plus, pour le chrétien non pratiquant depuis 3 générations, l'idée catholique est périmée. La messe de grand-maman, debout, assis, debout, à genoux, assis, debout, ça f ait pas sérieux, ça fait puéril. L'eau bénite et la salutation en entrant dans la maison de Jésus, je vous dis pas, même Don Camillo le faisait comiquement. Les prières à égrener comme un disque rayé, trop contraignant, trop long, pas fun, vide de sens, mécanique, c'est pas prier ça!
Donner de son temps aux pauvres crasseux et vulgaires, pas le temps. Donner autre chose, mais quoi au fond?
On est pressé, stressé, ambitieux, et plein de choses qui font qu'on recherche des moments de déconnexion de la réalité, des moments d'exotismes, pour qu'enfin nos cervaux emballés arrêtent de tourner en diable. On ne cherche ni Dieu, ni l'autre ni une spiriualité exigeante: on ne peut plus en être là, on est arrêté à un étage inférieur, tellement on a la tête sous l'eau (de notre vie de plus en plus rapide) et tellement on rêve de la relever un court instant, un instant de rêve, de rêve bien pensant tant qu'à faire, pour faire toujours fashion, des fois qu'on serait aperçu par une connaissance.
Et le moment de relaxation, car finalement ce n'est que ça, il est fashion; position bien plus digne qu'une génuflexion, séance en groupe restreint d'initiés, dans des vêtements qui nous avantagent et dans une salle chauffée et belle, odorante et exotique à souhait. C'est ressourçant comme un masque chez l'esthéticienne. Ca dure aussi comme un masque chez l'esthéticienne, donc on y retourne bien vite, des fois qu'un chakra se fermerait!
Le chrétien non pratiquant depuis 3 générations n'habite plus la planète de grand-maman. A chaque époque son exotisme.
(Juste pour la petite histoire, l'exotisme me laisse sur ma faim: je n'ai jamais trouvé de fumeur non pratiquant, c'est tellement exotique que ça n'existe pas!)
je ne sais pas, à regarder les pratiques religieuses catholiques, ce qui pourrait séduire un chrétien non pratiquant depuis 3 générations. J'ai plutôt l'impression qu'il faudrait une multitude de chemin de Damas pour ouvrir les yeux et le coeur de beaucoup de gens; seul un geste divin peut créer le feu de la rencontre, et je ne doute pas qu'il ait lieu pour chacun un jour où l'autre, mais ce dont je doute, c'est de notre capacité à y répondre, ou à réaliser que c'est un moment spécial.
Pour donner la piste de l'intériorité chrétienne ou autre... une image me vient. Jésus disait toujours à ses disciples, en substance, qu'on devait d'abord nourrir le corps du pauvre et de l'affamé, parce que on touche à son urgence personnelle, avant de pouvoir envisager de parler d'autre chose, de Dieu ici. Mais qu'une fois que l'on parle de Dieu, en parler franchement mais sans brusquer.
Le chemin vers Dieu, bien souvent est extrêmement lent, car il touche à l'émotionnel. Or on sait bien que ce qui remanie émotionnellement quelqu'un n'est solide que si le processus est lent, pour favoriser l'accomodation et l'assimilation du changement. Le truc c'est que la rencontre avec Dieu ne sera souhaitée que si elle est désirée, et pour faire naître le désir, il faut faire entrer la personne en questionnement, donc ne pas en dire beaucoup, mais faire des choses qui interrogent beaucoup. Je sais pas si je suis clair là...
Soeur Emmanuelle ou mère Térésa faisaient des miracles dans ce domaine car l'une et l'autre étaient très fortes pour témoigner en actes sans jamais chercher à tirer la couverture vers un bord, et même ne répondaient pas à toutes les questions... elles séduisaient en silence là où un Jean-Paul II séduisait en souriant devant les tapis qu'on lui déroulait pendant que lui embrassait le sol. Ces fortes personnalités sont des modèles parce qu'elles ont vécues ici et aujourd'hui, et ont eu un succès tout en étant en plein dans notre époque, non marginales.
Relire leurs lettres et leurs pensées peut t'aider peut-être... Mais en tout cas ta question est très noble, et peut nous donner à tous beaucoup à méditer. Je suis désolé de ne pas pouvoir te répondre plus incisivement spontanément :( .