par Cinci » dim. 01 juil. 2018, 19:40
Martin Luther King
... dès qu'il entreprend son service prophétique, en 1956, il commence à affronter la violence. Sa femme Coretta affirme qu'à Montgomery, durant le boycottage des autobus, le téléphone sonnait jour et nuit à la maison pour apporter menaces, insultes ou obscénités. Ces menaces sont déjà autre chose que des mauvaises plaisanteries ou qu'une simple tactique pour le terroriser : par deux fois, on jette une bombe sur la galerie de la maison et la famille KIng échappe de peu à la catastrophe. Martin Luther King envisage donc très tôt la possibilité d'une mort violente pour lui et pour les siens. En septembre 1957, il passe à un cheveu de la mort quand une femme le poignarde en public. Une autre fois, au cours d'une manifestation organisée à Chicago, ii reçoit une pierre sur la tête et tombe sous le choc, sans être toutefois sérieusement blessé.
La violence physique accompagne aussi Martin Luther KIng lors de certaines arrestations. A cet égard, un de ses biographes raconte que le mercredi 3 septembre 1958, un policier qui l'avait en aversion, l'arrêta sur la rue. "Arrivé à la prison, King fut fouillé puis poussé à coups de pieds dans une cellule, inculpé de vagabondage délictueux". Il fut libéré sous caution. Lorsqu'il arriva chez lui, ce jour-là, il dit à ses amis et à ses collaborateurs réunis : "J'en ai assez". Après un jour de recueillement et de prière et un long entretien avec Coretta, il décida d'aller en prison au lieu de payer l'amende. Cet événement marque un tournant dans son histoire.
Vers 1960, le prophète subi un autre choc, tout à fait imprévu celui-là : on l'accuse injustement de fraude fiscale dans ses déclarations de revenus pour les années 1956 et 1958. Malgré un procès qui le disculpe, la publicité tapageuse faite autour de cette fausse accusation affecte Martin plus que tout autre chose et il en vient à souffrir d'un sentiment de culpabilité en dépit de son honnêteté foncière. Quand il parvient à se ressaisir, il comprend que cette stratégie vise à miner son prestige et à entraver le mouvement dont il est le leader. "Ces inculpations sont une nouvelle tentative de l'État de l'Alabama pour me harceler à cause de la position que j'ai prise dans la lutte en faveur des droits civiques."
Em 1963, au cours de la campagne de Birmingham, Martin Luther KIng reçoit une lettre collective des personnalités religieuses les plus éminentes de cette ville : on l'y traite d'"intrus" et d'"extrémiste", qualifiant ses manifestations d'"inopportunes" et d'"inconsidérées". Parmi les Noirs, certains s'attaquent aussi à lui : ceux qui ont déjà un pouvoir reconnu dans le système, les activistes et les intellectuels du nord qui optent pour des solutions extrêmes et violentes et les nationalistes qui voient en lui l'instrument inconscient du pouvoir des Blancs. On le qualifie rageusement d'"Oncle Tom" et on tourne en dérision la seule arme qu'il utilise, la protestation non-violente.
Plusieurs parmi ses collaborateurs se désistent à un moment ou l'autre et certains ne comprennent pas ses discours en faveur de la paix mondiale : ils ne peuvent ou ne veulent le suivre hors des frontières de leur cause immédiate. Le pasteur rencontre aussi de plus en plus d'Indifférence à mesure que les années s'écoulent. A Cleveland, en novembre 1967, il avoue : "Ça été dur, très dur [...] Je n'ai jamais vu des gens aussi apathiques. Rien ne les intéresse."
Martin Luther KIng poursuit sa mission jusqu'au bout. Il était à Memphis quand il fut assassiné le 4 avril 1968. Il avait 39 ans.
Source : Martin Luther King, La seule révolution, pp. 7-8; Coretta Scott King, Ma vie avec Martin Luther King, p. 215 ; Lerone Bennett, L'homme d'Atlanta, p. 142
[b]Martin Luther King
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... dès qu'il entreprend son service prophétique, en 1956, il commence à affronter la violence. Sa femme Coretta affirme qu'à Montgomery, durant le boycottage des autobus, le téléphone sonnait jour et nuit à la maison pour apporter menaces, insultes ou obscénités. Ces menaces sont déjà autre chose que des mauvaises plaisanteries ou qu'une simple tactique pour le terroriser : par deux fois, on jette une bombe sur la galerie de la maison et la famille KIng échappe de peu à la catastrophe. Martin Luther King envisage donc très tôt la possibilité d'une mort violente pour lui et pour les siens. En septembre 1957, il passe à un cheveu de la mort quand une femme le poignarde en public. Une autre fois, au cours d'une manifestation organisée à Chicago, ii reçoit une pierre sur la tête et tombe sous le choc, sans être toutefois sérieusement blessé.
La violence physique accompagne aussi Martin Luther KIng lors de certaines arrestations. A cet égard, un de ses biographes raconte que le mercredi 3 septembre 1958, un policier qui l'avait en aversion, l'arrêta sur la rue. "Arrivé à la prison, King fut fouillé puis poussé à coups de pieds dans une cellule, inculpé de vagabondage délictueux". Il fut libéré sous caution. Lorsqu'il arriva chez lui, ce jour-là, il dit à ses amis et à ses collaborateurs réunis : "J'en ai assez". Après un jour de recueillement et de prière et un long entretien avec Coretta, il décida d'aller en prison au lieu de payer l'amende. Cet événement marque un tournant dans son histoire.
Vers 1960, le prophète subi un autre choc, tout à fait imprévu celui-là : on l'accuse injustement de fraude fiscale dans ses déclarations de revenus pour les années 1956 et 1958. Malgré un procès qui le disculpe, la publicité tapageuse faite autour de cette fausse accusation affecte Martin plus que tout autre chose et il en vient à souffrir d'un sentiment de culpabilité en dépit de son honnêteté foncière. Quand il parvient à se ressaisir, il comprend que cette stratégie vise à miner son prestige et à entraver le mouvement dont il est le leader. "Ces inculpations sont une nouvelle tentative de l'État de l'Alabama pour me harceler à cause de la position que j'ai prise dans la lutte en faveur des droits civiques."
Em 1963, au cours de la campagne de Birmingham, Martin Luther KIng reçoit une lettre collective des personnalités religieuses les plus éminentes de cette ville : on l'y traite d'"intrus" et d'"extrémiste", qualifiant ses manifestations d'"inopportunes" et d'"inconsidérées". Parmi les Noirs, certains s'attaquent aussi à lui : ceux qui ont déjà un pouvoir reconnu dans le système, les activistes et les intellectuels du nord qui optent pour des solutions extrêmes et violentes et les nationalistes qui voient en lui l'instrument inconscient du pouvoir des Blancs. On le qualifie rageusement d'"Oncle Tom" et on tourne en dérision la seule arme qu'il utilise, la protestation non-violente.
Plusieurs parmi ses collaborateurs se désistent à un moment ou l'autre et certains ne comprennent pas ses discours en faveur de la paix mondiale : ils ne peuvent ou ne veulent le suivre hors des frontières de leur cause immédiate. Le pasteur rencontre aussi de plus en plus d'Indifférence à mesure que les années s'écoulent. A Cleveland, en novembre 1967, il avoue : "Ça été dur, très dur [...] Je n'ai jamais vu des gens aussi apathiques. Rien ne les intéresse."
Martin Luther KIng poursuit sa mission jusqu'au bout. Il était à Memphis quand il fut assassiné le 4 avril 1968. Il avait 39 ans.
Source : Martin Luther King, [i]La seule révolution[/i], pp. 7-8; Coretta Scott King, [i]Ma vie avec Martin Luther King[/i], p. 215 ; Lerone Bennett, [i]L'homme d'Atlanta[/i], p. 142