par Cinci » ven. 07 juil. 2017, 0:17
Aucun amour, surtout débutant, n'a envie que ses sentiments se périment. Il a besoin d'être désiré, il ne veut pas que "ça cesse". Et cependant il a peur de la fidélité. De soi, il souhaite le "toujours". Mais le piège est là : on imagine que le voeu du toujours suffit à assurer la durée, la fidélité. Nous avons dit que c'était aussi le secret de la sainteté. Si elle se fonde sur l'amour, elle suppose la fidélité. Mais comme l'amour, pour durer, elle demande d'aller jusqu'au bout de son voeu profond de totalité, et pour cela il ne suffit pas que le désir demeure, il faut qu'il augmente.
Alors naît la peur. Non pas seulement la peur d'être infidèle, mais la peur de l'inconnu. On dit : "J'ai peur". Je réponds : "Moi aussi bien sûr".
Quelle que soit l'attitude que nous aurons prise, c'est une force extérieure à nous, que nous l'appelions hasard ou Providence, qui décide finalement pour nous. Et nous savons bien que la gamme des décisions est infiniment variable : pourquoi est-il proposé à tel ou tel d'avoir plus souffert qu'a tel autre? D'avoir plus reçu, d'avoir plus offert? Pourquoi?
Il faut ici être attentif. Le fait demande que notre amour de Dieu s'accroisse, que "cela augmente", que le désir non seulement ne cesse pas, mais qu'il explose, que cela "éclate", ne porte pas du tout sur la peur de souffrir. A priori notre prière ne modifiera pas ce qui est l'inévitable sort de chacun : "Nu, sorti de ventre de notre mère, nu nous y retournerons" (Job 1,21) La prière ne modifie qu'indirectement notre mort.
Si l'on fait l'acte de folie dont nous avons parlé et qui consiste à supplier que le désir augmente, il est possible que Dieu nous donne des désirs du genre de ceux qu'il a proposée et donnés aux "saints", surtout aux plus démunis comme Thérèse de Lisieux (le désir du martyre, le désir de souffrir et d'offrir pour les pécheurs; désirs qui, à côté de nos destinées, sont sans comparaison. Soyons sans illusion sur ce point). Mais là n'est pas l'essentiel. Tant que nous n'avons pas ces désirs, nous ne risquons rien de plus que n'importe qui. Nous risquons seulement, comme tout le monde, de mourir.
Ici la sainteté pose une nouvelle question. Car on peut se contenter de craindre, de s'arranger, de subir, de s'anesthésier. Ou bien on peut supplier pour que le courage de s'embarquer ne nous manque pas, de nous embarquer vers ce "davantage" que Dieu nous propose avec une infinie patience et impatience.
Alors un tout autre dialogue s'engage : Nous avons peur de cette prière : "augmente mon désir" - Non, nous n'avons pas à avoir peur de cela, car on ne peut pas refuser à celui qui nous aime de nous envahir par un amour fou puisque son amour est infini. Qu'il nous donne ou non ces désirs (il les donnera peut-être, nous n'en savons rien), mais ce n'est plus notre affaire. A partir du moment où nous serons habités par ces désirs (qui actuellement nous font peur), et du moment qu'ils viennent de Dieu et non pas de notre imagination, la seule certitude est celle-ci : qu'est-ce que nous risquons puisqu'il nous aime infiniment. La seule chose à désirer est alors que la folie de l'amour de Dieu nous arrive, cette folie de la miséricorde, dont vivent les saints, de Jeanne d'Arc à Maximilien Kolbe, de Moîse à Charles de Foucauld.
(à suivre)
Aucun amour, surtout débutant, n'a envie que ses sentiments se périment. Il a besoin d'être désiré, il ne veut pas que "ça cesse". Et cependant il a peur de la fidélité. De soi, il souhaite le "toujours". Mais le piège est là : on imagine que le voeu du toujours suffit à assurer la durée, la fidélité. Nous avons dit que c'était aussi le secret de la sainteté. Si elle se fonde sur l'amour, elle suppose la fidélité. Mais comme l'amour, pour durer, elle demande d'aller jusqu'au bout de son voeu profond de totalité, et pour cela il ne suffit pas que le désir demeure, [i]il faut qu'il augmente[/i].
Alors naît la peur. Non pas seulement la peur d'être infidèle, mais la peur de l'inconnu. On dit : "J'ai peur". Je réponds : "Moi aussi bien sûr".
Quelle que soit l'attitude que nous aurons prise, c'est une force extérieure à nous, que nous l'appelions hasard ou Providence, qui décide finalement pour nous. Et nous savons bien que la gamme des décisions est infiniment variable : pourquoi est-il proposé à tel ou tel d'avoir plus souffert qu'a tel autre? D'avoir plus reçu, d'avoir plus offert? Pourquoi?
Il faut ici être attentif. Le fait demande que notre amour de Dieu s'accroisse, que "cela augmente", que le désir non seulement ne cesse pas, mais qu'il explose, que cela "éclate", ne porte pas du tout sur la peur de souffrir. A priori notre prière ne modifiera pas ce qui est l'inévitable sort de chacun : "Nu, sorti de ventre de notre mère, nu nous y retournerons" (Job 1,21) La prière ne modifie qu'indirectement notre mort.
Si l'on fait l'acte de folie dont nous avons parlé et qui consiste à supplier que le désir augmente, il est possible que Dieu nous donne des désirs du genre de ceux qu'il a proposée et donnés aux "saints", surtout aux plus démunis comme Thérèse de Lisieux (le désir du martyre, le désir de souffrir et d'offrir pour les pécheurs; désirs qui, à côté de nos destinées, sont sans comparaison. Soyons sans illusion sur ce point). Mais là n'est pas l'essentiel. Tant que nous n'avons pas ces désirs, nous ne risquons rien de plus que n'importe qui. Nous risquons seulement, comme tout le monde, de mourir.
Ici la sainteté pose une nouvelle question. Car on peut se contenter de craindre, de s'arranger, de subir, de s'anesthésier. Ou bien on peut supplier pour que le courage de s'embarquer ne nous manque pas, de nous embarquer vers ce "davantage" que Dieu nous propose avec une infinie patience et impatience.
Alors un tout autre dialogue s'engage : Nous avons peur de cette prière : "augmente mon désir" - Non, nous n'avons pas à avoir peur de cela, car on ne peut pas refuser à celui qui nous aime de nous envahir par un amour fou puisque son amour est infini. Qu'il nous donne ou non ces désirs (il les donnera peut-être, nous n'en savons rien), [i]mais ce n'est plus notre affaire[/i]. A partir du moment où nous serons habités par ces désirs (qui actuellement nous font peur), et du moment qu'ils viennent de Dieu et non pas de notre imagination, la seule certitude est celle-ci : qu'est-ce que nous risquons puisqu'il nous aime infiniment. La seule chose à désirer est alors que la folie de l'amour de Dieu nous arrive, cette folie de la miséricorde, dont vivent les saints, de Jeanne d'Arc à Maximilien Kolbe, de Moîse à Charles de Foucauld.
(à suivre)