par Cinci » mer. 29 nov. 2017, 19:28
Conseil :
La prière consiste à être en présence de Dieu, les mains ouvertes et le coeur ouvert. Il y a bien des choses dans ma vie auxquelles je me cramponne et que je resserre comme dans un poing fermé : mes possessions, bien sûr, mais aussi mes choses immatérielles, mon travail, ma situation, mes amis, mes idées, mes principes, mon image. Si j'ouvrais le poing, elles resteraient tout de même. Rien ne tomberait, et pourtant j'aurais les mains ouvertes. Et c'est cela, la prière.
Au bout d'un moment, si j'accepte de rester longtemps les mains ouvertes, le Seigneur viendra. Il jettera un coup d'oeil et regardera mes mains pour voir ce que j'ai. Il risque d'être surpris - que de choses! Puis il me regardera et demandera : "Me permets-tu d'enlever ce petit morceau-là?"
Je répondrai :
"Bien sûr que tu peux l'enlever! C'est pour cela que je suis ici les mains ouvertes."
Peut-être que le Seigneur me regardera de nouveau et me demandera :
"Me permets-tu de mettre autre chose dans tes mains?"
Je répondrai :
"Bien sûr!"
Voilà le coeur de la prière. Le Seigneur peut enlever quelque chose, et il peut mettre quelque chose. Nul autre ne peut le faire, mais lui le peut. Il est le Seigneur.
La prière n'est pas tellement une recherche. La recherche suppose une sorte d'impatience, une activité. Il me faut faire quelque chose. La prière est une attente. L'attente met l'accent sur l'autre, celui qui vient. Je ne peux qu'attendre cette personne. Attendre, c'est exprimer mon impuissance, mon insuffisance, et c'est mon attitude devant Dieu. Je ne peux pas forcer Dieu à venir. Tout ce que je peux faire est d'attendre et d'être présent. Prier veut dire que je lâche prise. C'est Dieu qui contrôle. Il viendra quand il jugera le moment venu. La prière c'est le courage d'écouter, de renoncer à mon autodétermination.
On exprime beaucoup simplement en attendant. Imaginons que nous soyons quatre à avoir décidé de nous retrouver à neuf heures pour une sortie. Neuf heures arrivent et nous ne sommes que trois à apparaître. Nous attendons le quatrième : quinze minutes ... trente minutes ... une heure entière. Notre attente dit que ce quatrième compte beaucoup pour nous. Nous ne pouvons nous passer de lui. Ainsi, de même, simplement en attendant Dieu, j'admets son importance dans ma vie.
Quand j'accepte d'attendre, je deviens différent. La prière rend attentif, contemplatif. Au lieu de se livrer à des manipulations, l'homme de prière est réceptif dans ce monde. Il ne saisit pas, il caresse. Il ne mord pas, il touche. Il n'interroge pas, mais il admire, et il adore. Saint Jean de la Croix définissait ainsi son idéal dans la vie : "Vivre dans une attente aimante et attentive." C'est l'attitude juste d'un homme envers Dieu.
Bonhoeffer écrit dans une méditation : "Si vous refusez d'être seul avec vous-même, vous rejettez l'appel du Christ." Il faut être seul pour supporter l'attente. Il faut attendre - non essayer de s'enfuir - mais attendre de tout son être.
Pierre Van Breemen, Comme du pain rompu, p. 39
Conseil :
[color=#0000FF]La prière consiste à être en présence de Dieu, les mains ouvertes et le coeur ouvert. Il y a bien des choses dans ma vie auxquelles je me cramponne et que je resserre comme dans un poing fermé : mes possessions, bien sûr, mais aussi mes choses immatérielles, mon travail, ma situation, mes amis, mes idées, mes principes, mon image. Si j'ouvrais le poing, elles resteraient tout de même. Rien ne tomberait, et pourtant j'aurais les mains ouvertes. Et c'est cela, la prière.
Au bout d'un moment, si j'accepte de rester longtemps les mains ouvertes, le Seigneur viendra. Il jettera un coup d'oeil et regardera mes mains pour voir ce que j'ai. Il risque d'être surpris - que de choses! Puis il me regardera et demandera : "Me permets-tu d'enlever ce petit morceau-là?"
Je répondrai :
"Bien sûr que tu peux l'enlever! C'est pour cela que je suis ici les mains ouvertes."
Peut-être que le Seigneur me regardera de nouveau et me demandera :
"Me permets-tu de mettre autre chose dans tes mains?"
Je répondrai :
"Bien sûr!"
Voilà le coeur de la prière. Le Seigneur peut enlever quelque chose, et il peut mettre quelque chose. Nul autre ne peut le faire, mais lui le peut. Il est le Seigneur.
La prière n'est pas tellement une recherche. La recherche suppose une sorte d'impatience, une activité. Il me faut faire quelque chose. La prière est une attente. L'attente met l'accent sur l'autre, celui qui vient. Je ne peux qu'attendre cette personne. Attendre, c'est exprimer mon impuissance, mon insuffisance, et c'est mon attitude devant Dieu. Je ne peux pas forcer Dieu à venir. Tout ce que je peux faire est d'attendre et d'être présent. Prier veut dire que je lâche prise. C'est Dieu qui contrôle. Il viendra quand il jugera le moment venu. La prière c'est le courage d'écouter, de renoncer à mon autodétermination.
On exprime beaucoup simplement en attendant. Imaginons que nous soyons quatre à avoir décidé de nous retrouver à neuf heures pour une sortie. Neuf heures arrivent et nous ne sommes que trois à apparaître. Nous attendons le quatrième : quinze minutes ... trente minutes ... une heure entière. Notre attente dit que ce quatrième compte beaucoup pour nous. Nous ne pouvons nous passer de lui. Ainsi, de même, simplement en attendant Dieu, j'admets son importance dans ma vie.
Quand j'accepte d'attendre, je deviens différent. La prière rend attentif, contemplatif. Au lieu de se livrer à des manipulations, l'homme de prière est réceptif dans ce monde. Il ne saisit pas, il caresse. Il ne mord pas, il touche. Il n'interroge pas, mais il admire, et il adore. Saint Jean de la Croix définissait ainsi son idéal dans la vie : "[b]Vivre dans une attente aimante et attentive[/b]." C'est l'attitude juste d'un homme envers Dieu.
Bonhoeffer écrit dans une méditation : "Si vous refusez d'être seul avec vous-même, vous rejettez l'appel du Christ." Il faut être seul pour supporter l'attente. Il faut attendre - non essayer de s'enfuir - mais attendre de tout son être.
[b]Pierre Van Breemen[/b], [i]Comme du pain rompu[/i], p. 39 [/color]