Dieu est infiniment bon

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Re: Dieu est infiniment bon

par Trinité » mar. 01 févr. 2022, 20:45

Merci beaucoup didyme,

Je ne manquerai pas d'aller faire un petit tour sur ce" livre des révélations". :)

Re: Dieu est infiniment bon

par Didyme » mar. 01 févr. 2022, 20:21

Bonjour Trinité,

Voyant votre coeur, je me permets de vous conseiller la lecture du "livre des révélations" de Julienne de Norwich.
Je l'ai souvent citée, c'est comme un mentor spirituel pour moi tant ce qu'elle nous transmet est enrichissant, lumineux, vivifiant.
Elle nous y parle notamment de l'amour de Dieu comme d'un amour maternel. On y trouve de belles notions d'unité qui me paraissent si essentielles.
En fait, j'aurais tant à dire.

Un point important est qu'elle fait partie des causes de doctorat en cours, ce qui dit la valeur de son apport. :)

Re: Dieu est infiniment bon

par cmoi » mar. 01 févr. 2022, 7:42

En effet...

Re: Dieu est infiniment bon

par Trinité » mar. 01 févr. 2022, 0:11

Merci beaucoup c moi .

Peut être comprenez vous mieux maintenant pourquoi je crois en cette ultime chance, en présence de Jésus , évoquée par Arnaud...

Re: Dieu est infiniment bon

par cmoi » lun. 31 janv. 2022, 22:22

Question pathétique et "fatale", Trinité....
Faut-il y répondre et n'est-ce pas inutilement remuer le couteau dans la plaie ?
Rester sans réponse, sur un silence, est parfois, est souvent, le plus vrai, le plus consolant parce que le plus vrai...

Cela nous rappelle aussi que nous ne sommes pas grand chose et que l'humilité pourrait être la réponse, un début pour une juste réponse....
Sans l'humilité, vous ne pourrez qu'accroître votre souffrance, mais sans la rendre plus vraie, plus authentique. Plus elle sera authentique, plus elle diminuera parce que ce n'est plus vous qui comptez, mais l'autre, et que vous n'êtes pas l'autre. et que vous n'êtes ou ne voudriez être que l'amour de lui.
Une souffrance imaginée n'est pas la souffrance, même si elle peut être très forte, il faut être honnête, elle n'est rien, elle peut être en substitut celle de cette impuissance, celle d'un désir, celle de l'amour qui la cause et qui nous semble préférable à tout, donc une consolation aussi : la souffrance de l'autre nous dit qu'il existe, et cela à soi seul est merveilleux, indestructible.

Pourtant, comment imaginer qu'en voyant Dieu et l'aimant, et étant aimé de lui, on puisse manquer d'amour ?
Lui qui a tout créé et qui, avec les pierres du chemin, peut faire des fils à Abraham !

Bien sûr, un frère bis, à l'identique, ne résoudra pas le problème car cela le ferait par un égoïsme.
Pourtant, Dieu vous donnera de votre frère une vision parfaite, une vision de sa perfection en Lui. Et si lui, ce qu'il aime, et que c'est son choix, ce sera autre chose (qui le situera en enfer) l'aimer voudra aussi que ce soit aimer son choix, ave une infinie compassion qui participera de cet amour, et une infinie consolation de ce que lui, en vous aimant, aimera votre joie de saint : vous pourrez presque penser qu'en cela il a la meilleure part et vous en réjouir.

Ici-bas, ne préfère-t-on pas être celui qui souffre plutôt que celui qui voit l'autre souffrir ? Alors faites ce qu'il faut pour aller au ciel et qu'il en soit heureux, où qu'il sera.
Si 2 s'aiment, il suffit que l'un soit au ciel pour que l'amour se vive. Pour l'autre, cela atténuera sa peine.

Voilà ce que ce soir je peux vous dire, à partir de ce que j'ai vécu. Mais ce que chacun a à vivre est différent...

Re: Dieu est infiniment bon

par Trinité » sam. 07 janv. 2017, 1:49

Merci mon cher Cinci pour vos paroles pleines de compassion et très réconfortantes!
Vous savez! Je prie pour lui tous les jours et j'essaie également comme vous le dites d'associé mes actes d'amour pour mon prochain pour lui et pour moi!
Pour les messes je vais voir,mais dans l'immédiat je vais faire dire des messes dans ma paroisse avec ma dernière soeur vivante pour mes deux frères disparus .
Pour mon petit frère ,il est partit il y a exactement 2 ans jour pour jour le 7 janvier 2015 entre 1h00 et 2h00 du matin c'est à dire....maintenant... :(

Re: Dieu est infiniment bon

par Cinci » sam. 07 janv. 2017, 1:25

Trinité,

Vous n'éprouverez pas la frustration, le manque, le sentiment d'injustice, un mouvement contraire en vous et qui vous mettrait en contradiction avec Dieu, etc.

Si vous êtes dans la vision béatifique, pour voir avec le regard qui est celui de Dieu, vous connaîtrez beaucoup mieux votre frère, bien mieux que vous ne l'aurez jamais connu. Vous connaîtrez pas mal mieux le Père que maintenant. Vous connaîtrez que le Fils aura toujours aimé votre frère pas mal plus que vous, pas moins, plus! Que le sort de votre frère tient plus à coeur à la Sainte Trinité que vous auriez pu l'Imaginer.

Le conseil pour rassurez votre coeur mais si le sort de votre frère vous préoccupe beaucoup : c'est de vous rapprocher de Dieu. Rien ne vous empêche de vous offrir au Père, prier pour votre frère, réparer à votre façon, passer un appel au sanctuaire de Montligeon et inscrire votre frère sur le registre des personnes pour qui des messes seront célébrées à partir de maintenant, année après années, par des prêtres dans différents pays; à partir d'aujourd'hui pour les cent prochaines années.

Vous pouvez rechercher la sanctification pour vous-même, vous engageant à aider autrui et en priant pour que ce le soit au bénéfice de votre frère également. Il n'y a rien de jouer et perdu pour ce frère à l'heure actuelle. Même si sa vie est terminée en ce bas-monde, vous n'êtes pas devant un drame achevé, consommé, fini.

Nous sommes reliés les uns aux autres. "Je crois à la communion des saints." Le sort ultime de votre frère dépend aussi de vous, tant qu'il reste de la vie en vous pour agir.

Si vous êtes catholique, vous pouvez espérer, vous avez le droit. Ce n'est pas une blague. J'ai donné des exemples de ce qui fait l'espérance de plusieurs grands saints. Le propre de la foi chrétienne c'est de pouvoir espérer contre toute espérance. Vous pouvez espérer et placer votre confiance en Dieu, savoir qu'il ne vous décevra pas d'une manière ou d'une autre.

:)

Il existe des groupes de prière. Vous pourriez participer et demander pour votre frère. Je dis ça parce que vous voulez être rassuré. Vous voulez être rassuré? Pour ça, le mieux c'est d'agir au lieu de se morfondre dans la cuisine.

Re: Dieu est infiniment bon

par Trinité » sam. 07 janv. 2017, 0:11

Très belle explication Papillon !
Je ne sais si je suis arrivé à ce stade! :)
L'amour envers mes enfants me semble en l'état ,le plus désintéressé ,mais il en reste toujours néanmoins un questionnement d'un manque affectif d'une douleur que nous aurions si l'un d'entre eux venait à disparaître ,et il me semble que d'après votre définition cette douleur fait partie de l'amour "égo" ,tel que vous le définissez .
Ne pensez vous pas?

Re: Dieu est infiniment bon

par papillon » ven. 06 janv. 2017, 15:12

Trinité a écrit : Si j'éprouve pour lui un amour total et désintéressé de mon égo , je serais néanmoins malheureux car séparé de lui qui n'éprouve pour moi qu'un amour égo!
Non Trinité, vous ne seriez pas séparé de lui. C'est lui qui serait séparé de vous.
Je vais faire une analogie : Si quelqu'un rejette délibérément l'amour de Dieu, il se sépare de Dieu, de son point de vue.
Est-ce que Dieu est séparé de lui pour autant ?

"Le vrai amour, c'est l'amour immuable pour ce qui vous gratifie et pour ce qui vous frustre, c'est-à-dire qu'il n'y a plus perception d'une gratification ou d'une frustration. Alors seulement l'amour peut commencer."
(...)
"Le véritable Amour est un sentiment qui ne doit plus rien à ce qu'on a ou à ce qu'on n'a pas, mais qui est, comme la Béatitude ou la Conscience, l'expression de l'être lui-même. C'est pour cela qu'on a pu dire : "Dieu est amour" et on peut dire aussi de celui dont l'égo s'est effacé, qu'il est amour."
Arnaud Desjardins

Si vous êtes dans cet état d'amour, sans égo, vous ne pouvez plus être séparé de quoi que ce soit. Vous êtes "un" dans l'unité de tout ce qui est, dans l'unité de tout ce que votre égo aurait perçu auparavant comme agréable ou désagréable, à choisir ou à rejeter.
C'est un amour total , une acceptation totale de ce que vous n'auriez pu accepter avant. Vous ne pouvez pas être malheureux.

Re: Dieu est infiniment bon

par Trinité » ven. 06 janv. 2017, 14:01

Bonjour Papillon!
Très intéressant.C'est la première fois que quelqu'un m'explique cette diversité d'amour avec des mots simples et compréhensifs!
Il me reste un questionnement! :)
Puisque nous prenons l'exemple de mon frère ,la question reste entière néanmoins,imaginons qu'il n'éprouve pour moi qu'un amour et égo
et qu'il soit condamné(ce que je n'espère pas ,vous vous en doutez bien...) et que moi j'ai la chance d'accéder au paradis (vivons d'espoir dans la miséricorde du Christ...)
Si j'éprouve pour lui un amour total et désintéressé de mon égo , je serais néanmoins malheureux car séparé de lui qui n'éprouve pour moi qu'un amour égo!

Re: Dieu est infiniment bon

par papillon » ven. 06 janv. 2017, 13:30

Bonjour Trinité,

Le ciel et l'enfer sont des notions 'imagées' par l'homme, si on peut le dire ainsi, pour en faciliter la compréhension ou plutôt simplifier les choses quand on y fait référence.
Ce que j'en pense est qu'il est regrettable que dans l'esprit des gens le ciel et l'enfer soient perçus, fût-ce symboliquement, comme des endroits, des lieux.
Vu ainsi, c'est évident que si vous êtes au ciel et votre frère en enfer, vous êtes séparés.
Mais comme moi je le comprends et le crois , le ciel et l'enfer sont des "états" .

On peut être en désaccord avec ce que je vais écrire mais bon, je vous le livre quand même.
Dans tout amour humain il y a une grande part d'amour-émotion qui n'est pas vraiment l'Amour. L'amour-émotion est rattaché à l'égo. L'amour-émotion peut devenir "je ne t'aime plus" ou "je t'aime moins" quand il ne satisfait pas totalement l'égo.

"Ayez le courage de regarder en face que l'égo est partout, donc l'égoïsme est partout, donc le véritable amour n'est jamais là et les élans d'amour qui vous paraissent les plus généreux et les plus désintéressés peuvent retomber brusquement parce que celui ou celle que vous avez "aimé" vous déçoit"
Arnaud Desjardins *

Mais je crois qu'en chacun de nous se cache une petite parcelle divine du véritable Amour, un amour qui dit "quoique tu fasses, quoi que tu me fasses, je t'aimerai toujours, je ne peux que t'aimer.
C'est l'amour véritable, l'amour sans égo, celui qui n'attend rien en retour.
Rares sont les humains qui ont atteint cette plénitude, cet état d'amour pur, mais ce germe d'amour pur est en chacun de nous et ne demande qu'à être développé et vécu.
Quand on aime de cet amour, on ne peut être séparé de qui que ce soit, de quoi que ce soit, car la séparation ou dualité est propre à l'égo.
Si Philippe aime de cet amour-là, il ne peut être séparé de Paul ou de toute chose de ce monde. Il est en Paul, il est partie de Paul et de toute chose, et il porte Paul et toute chose de ce monde en lui. C'est la non-dualité, le non-égo.

En fait, si vous êtes habité de cet amour-là vous ne pouvez pas être séparé de votre frère, mais si votre frère n'a pas d'amour en lui, il est séparé de vous par son égo. Ce n'est pas contradictoire.
Je crois que le ciel est cet état d'amour pur qui englobe tout, qui aime tout, et qui unit tout. ou plutôt qui reconnaît l'unité de tout. Ainsi vous ne pouvez être séparé de votre frère, fût-il en enfer.
L'enfer n'est pas un lieu où Dieu précipite les méchants, mais un état de non-amour, qui isole dans leur égo ceux qui sont dans cet état et ont délibérément refusé l'amour véritable.

"De nombreux textes chrétiens peuvent être donnés à l'appui de ce que je dis : "La mort complète à soi-même", "ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi", montrent qu'il n'y a plus dualité . On peut s'ingénier à trouver un mot plutôt qu'un autre(...) mais l'expérience est simple, elle illumine ceux qui la vivent et, à travers eux, éclaire ceux qui les approchent.
Le sens de l'égo, avec sa petitesse, ses failles, ses manques, ses besoins a disparu. On n'attend plus rien de Dieu, on ne lui demande plus rien, on est totalement comblé parce que toute crainte a disparu, tout désir insatisfait a disparu.
C'est la plénitude.Dieu est la plénitude. "
Arnaud Desjardins *

Entre l'amour pur total et le non-amour total il y a évidemment bien des degrés.
Je ne crois pas qu'un agnostique a tourné le dos à l'amour. Un agnostique se pose des questions auxquelles il ne peut répondre, il voit la possibilité de ce Dieu-amour et ne refuse pas cette possibilité, mais ne peut tout simplement le définir.

Comme écrit plus haut, Dieu est la plénitude, Dieu est l'amour total. Comment Dieu pourrait-il alors "punir" quelqu'un en "l'envoyant en enfer" ? Ça, c'est une notion humaine, à notre inage. Cela serait la réaction d'un égo frustré, Dieu n'a pas d'égo. Dieu est l'absence totale d'égo.

* source de ces textes : "Un torrent de silence" de Placide Gaboury

Re: Dieu est infiniment bon

par Trinité » ven. 06 janv. 2017, 0:52

Bien sur Cinci , je suis convaincu de tout cela et c'est joliment dit!
Mais j'attends avec hâte votre réponse à mon questionnement HUMAIN ,cité plus haut!
Fée violine m'a répondu avec beaucoup d'humilité qu'elle n'avait pas de réponse!

Re: Dieu est infiniment bon

par Cinci » jeu. 05 janv. 2017, 15:24

Trinité,

Je vous passe encore un peu de lecture avant de commenter. Ce sont les derniers extraits ici. Je vais dire un petit mot après, si vous voulez ;)


Comment la Révélation va éclairer la mort

Quand Jésus entre dans la mort, ce n'est pas par l'obligation de mourir qui atteint tous les hommes; il était Dieu! Il prend une humanité absolument pure, vierge de toute trace du péché originel; il entre dans la mort librement, d'où ce pouvoir extraordinaire qu'il a sur elle.

Et qu'en sera-t-il de l'Église? Tout entière – sauf ceux qui seront encore vivants au dernier moment – elle passera elle-même par la mort, mais la mort illuminé par le passage de Jésus. Les apôtres vont le dire, ainsi saint Paul dans ce texte extraordinaire de la fin du chapitre 8 de l'épitre aux Romains :

  • Car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur.

Ni la mort ni la vie … La mort est dominée. C'est le message que l'Église annoncera au monde.

Ainsi la mort, qui est un mal en elle-même – elle reste un mal, il ne faut pas dire qu'elle est un bien – est revêtue, à cause du Christ, de tant de splendeur, qu'elle devient désirable pour ceux qui sont dans l'amour et qui comprennent ces choses-là.

Cette grande certitude qu'elle reçoit du Christ, l'Église la fait passer dans le peuple, ces clartés de la Révélation vont descendre dès le début jusqu'au membre le plus humble du peuple chrétien. Je pense au témoignage des Catacombes, mis en lumière par Émile Mâle, que je cite ici :

Quand on a commencé à vouloir déchiffrer les peintures des Catacombes, dit-il, on se demandait pourquoi on retrouvait toujours certains sujets : la résurrection de Lazare, la guérison du paralytique, les trois hébreux dans la fournaise, Suzanne et les vieillards, Jonas jeté au monstre … On l'ignora longtemps, mais on le sait maintenant, car on a découvert la première formule d'une prière pour les morts :

  • Père, délivre son âme comme tu as délivré Jonas du monstre marin, les jeunes hébreux de la fournaise, Daniel dans la fosse aux lions, Suzanne de la main des vieillards

Et s'adressant au Fils, on ajoutait :

  • Toi aussi, je te prie, Fils de Dieu, toi qui a ouvert les yeux des aveugles, qui a rendu l'usage de ses membres au paralytique, qui a ressuscité Lazare …


Alors la liturgie ramène à l'unité tout l'art des Catacombes : les peintures des chambres souterraines ne sont rien d'autre que les versets des prières pour les morts; le premier art chrétien n'est donc ni un récit ni un symbole, il est une supplication pour les fidèles qui sont ensevelis dans cette nuit et qui attendent la lumière. Rien de plus émouvant que ces anciennes générations chrétiennes vivant dans la certitude de l'immortalité. Les miracles des deux testaments leur furent une garantie de la promesse du Christ, et la résurrection de Lazare l'annonce même de la résurrection du Christ.

Aussi trouve-t-on partout, auprès des morts, une figurine de Lazare enveloppé de bandelettes. Les païens, hésitant entre les rêves de leurs devins et les systèmes de leurs philosophes , ne savaient que penser de la mort; ils flottaient entre la crainte du néant et l'espoir d'une ombre de vie, et cette incertitude était pour l'âme la plus cruelle des souffrances. Les tombeaux des païens étaient décorés d'un génie funèbre qui pleurait en s'appuyant sur une torche éteinte, alors que sur la plaque de marbre qui fermait les tombeaux chrétiens une ancre était gravée, image de leur immortelle espérance.

Vivre, telle était la certitude qu'exprimaient les peintures des Catacombes. C'est le mot qui se déchiffre à à lueur tremblante des lampes. C'est dans ces profondeurs, dans ces ténèbres, sous le poids de ce tuf profond, qu'on a cru le plus fermement à la vie. Un chrétien de ces premières générations, qui fut au cimetière de Callixte prier pour une femme aimée, a écrit plusieurs fois sur les parois ce mot : "Douce Sophonie, puisses-tu vivre en Dieu!" Mais en s'approchant du tombeau des martyrs, son espérance devient certitude, et il écrit :

Sophonie, tu vivras.


C'est cette certitude de l'immortalité, que l'Église notre Mère nous donne à tous, qui que nous soyons, transfigure le sens de notre destinée. Elle l'affirmera dans tous les textes liturgiques, dans la belle préface de l'office des morts : Vita mutatur non tollibur; la vie est changée, elle n'est pas ôtée.

Il reste cependant pour nous les angoisses physiques de la mort – Jésus les a éprouvées – et aussi les angoisses morales quand nous nous rendons compte de ce que notre vie aurait pu être … et de ce qu'elle a été. Dieu veuille alors nous aider pour que ces angoisses ne nous jettent pas dans le désespoir!

Pensez au Dies Irae, une des plus belles hymnes qu'on ait écrites, avec tout ce qu'elle évoque : trompette du jugement … résurrection des morts … grandeur de Dieu … Que dirai-je en présence de ce Roi dont la majesté fait trembler? Mais je ne serai pas sans recours. Souviens-toi, Jésus, que c'est pour moi que tu es venu en ce monde, que tu t'es assis au puît de Jacob en cherchant des âmes … Souviens-toi aussi que tu as absous Madeleine, et le larron qui mourrait … C'est une telle tendresse, dans cette hymne, après cette grande majesté.

Nous passons par la mort les uns après les autres, et ce trajet, qui pouvait être de désespoir, est illuminé par les splendeurs du Sauveur qui nous attend, de l'autre côté, dans sa gloire.

Entretiens, p. 78


Supplément
[+] Texte masqué
52.

L'Ancien Testament proclame la miséricorde du Seigneur en utilisant de nombreux termes de signification très voisine; s'ils ont des sens de contenu différent, ils convergent, pourrait-on dire, vers un contenu fondamental unique, pour en exprimer la richesse transcendantale et pour montrer en même temps combien, sous divers aspects, celle-ci concerne l'homme. L'Ancien Testament encourage les malheureux, surtout ceux qui sont chargés de péchés - comme aussi Israël tout entier, qui avait adhéré à l'alliance avec Dieu -, à faire appel à la miséricorde et il leur permet de compter sur elle; il la leur rappelle dans les temps de chute et de découragement. Il rend aussi grâces et gloire pour la miséricorde chaque fois qu'elle s'est manifestée et réalisée dans la vie du peuple ou d'une personne.

Ainsi, la miséricorde se situe, en un certain sens, à l'opposé de la justice divine, et elle se révèle en bien des cas non seulement plus puissante, mais encore plus fondamentale qu'elle. L'Ancien Testament nous enseigne déjà que, si la justice est une vertu humaine authentique, et si elle signifie en Dieu la perfection transcendante, l'amour toutefois est plus «grand» qu'elle: il est plus grand en ce sens qu'il est premier et fondamental. L'amour, pour ainsi dire, est la condition de la justice et, en définitive, la justice est au service de la charité. Le primat et la supériorité de la charité sur la justice (qui est une caractéristique de toute la révélation) se manifestent précisément dans la miséricorde.

Cela parut tellement clair aux psalmistes et aux prophètes que le terme de justice en vint à signifier le salut réalisé par le Seigneur et sa miséricorde 53. La miséricorde diffère de la justice; cependant elle ne s'oppose pas à elle si nous admettons,- comme le fait précisément l'Ancien Testament -, que Dieu est présent dans l'histoire de l'homme et qu'il s'est déjà, comme créateur, lié à sa créature par un amour particulier.

Par nature, l'amour exclut la haine et le désir du mal à l'égard de celui auquel on a une fois fait don de soi-même: Nihil odisti eorum quae fecisti, «tu n'as de dégoût pour rien de ce que tu as fait»

Jean-Paul II, Lettre encyclique sur la miséricorde

Re: Dieu est infiniment bon

par Trinité » jeu. 05 janv. 2017, 13:58

Merci de votre texte Cinci,très réconfortant!

Il faudrait donc croire comme je le disais que:
"Tout nos beaux sentiments d'amour terrestre disparaissent après notre mort. Le fait d'aimer ses proches envers et contre tout, n'a plus lieu d'être, car devant leur refus de l'amour divin ,nous ne serions plus affectés par leur séparation?"

Impossible à entendre actuellement! :(

Dans ce texte vous disiez une chose qui m'a interpellée :"Dieu n'a pas de souvenirs"
En l'occurrence nous n'en n'aurions pas nous aussi?
Dans l'immédiat je trouve cela d'une tristesse...infinie...!

Re: Dieu est infiniment bon

par Cinci » jeu. 05 janv. 2017, 4:27

Texte :

La cause finale de l'Église du ciel

Ce sera Dieu. Dieu au centre de tout ce qui sera possédé, Dieu vu tout entier, parce qu'il n'y a pas de parties en Dieu. Vu tout entier par chacun, mais non vu autant qu'il peut être vu, car lui seul se voit autant qu'il peut être vu, connu, pénétré. Mais chacun le verra selon l'intensité de son amour au moment de la mort. "Au soir de ta vie, on te jugera sur l'amour", dira saint Jean de la Croix, et cela pour toujours.

Y aura-t-il du vide dans les coeurs? Mais tous les élus et les anges seront comblés! On s'ennuiera dans l'éternité? Quelle objection! S'ennuyer, dans cette joie d'être tout immergé en Dieu, comme l'éponge dans l'océan?

Pas davantage de jalousie. La première question que Dante pose à Picarda : Mais tu es dans la sphère inférieure! Ne souffres-tu pas que d'autres soient au-dessus de toi? Et il met dans la bouche de Picarda cette admirable réponse : Non pas. Au ciel tout endroit est paradis, je trouve ma joie où Dieu m'a mise, être ailleurs contre la volonté de Dieu serait pour moi un enfer.

Chacun aura donc sa place marquée dans la splendeur du paradis. Certains seront des roses, d'autres de toutes petites fleurs cachées dans l'herbe, un petit brin d'herbe même, et d'autres des cailloux dans les allées ...

[...]

Saint Pierre écrivait : Nous serons élevés dans les airs à la rencontre du Seigneur. Qu'est-ce à dire? Cela signifie que nous ne serons plus en voyage dans les épreuves, mais dans un univers qualitativement autre. Je vous ai dit que nous verrons toutes choses en empruntant le regard de Dieu. Or, en Dieu, il n'y a pas de souvenir, il voit simultanément toute la succession des temps, et nous alors, d'un seul regard, nous verrons simultanément et éternellement, en dessous de la Trinité, de la création des anges avec leur acte d'amour ou leur refus, l'histoire de notre pauvre planète. Nous verrons émerger le monde hors du néant et son histoire, nous verrons l'humanité traverser les siècles ... Tout cela d'un seul regard. Pour la première fois, nous comprendrons l'histoire universelle.

Tout cela nous le verrons comme Dieu le voit. Je vous le disais : Dieu ne se souvient pas, il n'oublie pas, il voit et nous verrons avec lui tout le cours de l'histoire universelle. Nous comprendrons le pourquoi de toutes les permissions du mal : il y avait en Dieu assez de puissance et d'amour pour, de ce mal, prendre occasion de l'éclosion suprême d'un plus grand bien.

Quand on parle du ciel, c'est difficile de se faire comprendre parce que ces choses ne sont pas faites pour le temps présent. Nous sommes dans un univers où toutes nos images sont celles des heurts, de la tristesse, des agonies, de la mort. Alors comment comprendre le monde de la vie de l'au-delà? Ici-bas, du fait des ombres et des ténèbres, un peintre peut faire un tableau; sans les ombres cela ne tiendrait pas. Comment voulez-vous alors qu'un pauvre peintre essaie de peindre le ciel?

Mais il y a un moyen d'atteindre le coeur des hommes, c'est de leur dire qu'il n'y aura plus de souffrances, plus de larmes, plus de morts. De savoir qu'il n'y en aura plus dans le ciel, cela nous suffit. C'est une description négative, c'est celle qu'on trouve vers la fin de l'Apocalypse.
  • Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, parée comme une épouse qui espère son époux. Et j'entendis du trône une voix forte qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et Dieu lui-même sera avec eux; ils seront son peuple, et lui Dieu-avec-eux sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, de mort il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé. Et celui qui étais assis sur le trône dit : Voici que je fais toutes choses nouvelles.
Source : C. Journet, Entretiens sur les fins dernières, p.178

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