L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

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Re: La réalité historique des patriarches de la Genèse

par Joseph-Diego » ven. 13 déc. 2019, 22:30

. Quid de l’écriture du Pentateuque en hébreu carré ?

De même que nous lisons aujourd’hui nos bibles en français et en d’autres langues contemporaines, il est certain qu’à l’époque de l’exil à Babylone, la langue avait évolué par rapport à celle qui était pratiqué 500 ou mille ans auparavant.

Les écrits en hébreu ancien ou en tout autre langage parlé durant le second millénaire avant Jésus-Christ ont dû être traduits. Inévitablement, les traducteurs ont dû adapter les textes plus anciens dans des termes compréhensibles à leur époque ultérieure, en interprétant de manière variable les textes anciens.

En outre, il est inévitable qu’au cours de nombreux siècles, des variantes, des erreurs et des ajouts soient intervenus au fil des copies et des traductions.

Le fait que, dans sa version la plus ancienne, le texte de la Genèse qui nous est parvenu est en hébreu carré de l’époque de l’exil à Babylone ne permet donc pas d’en déduire qu’il ne provenait pas d’un texte plus ancien modifié au fil des copies, des traductions et des interprétations.
Enfin !!!
Milles merci , je désespèrais de ne trouver personne autour de moi, ayant ce raisonnement !

Je suis croyant depuis 3 ans, et bientôt baptisé en 2020.
Mais si je n'avais pas eu une rencontre personnelle avec Jésus et fait toutes les recherches par moi même, si à la place c'était des chrétiens qui m'avaient prêché la Bonne Nouvelle, mais JAMAIS je n'aurai cru au Seigneur !

Comment voulez vous que quelqu'un à qui vous dites que l'ancien testament est remplie de légendes, que les textes ont certainement étaient modifié plein de fois et sont des copies d'autres religions, que Adam et Ève bon c'est pas vraiment ça, que le diable n'existe pas vraiment c'est une métaphore, que les textes des évangélistes ne viennent pas des apôtres etc..., Comment voulez vous après lui faire croire qu'en revanche, Jésus-Chrit existe réellement ?!
Alors que nos sources proviendraient d'un livre pas vraiment inspiré, et surtout composé par des humains selon leur manière de penser, leur époque, leur émotions et non sous inspiration divine ...


J'assiste à des cours de catéchisme dans ma paroisse, et là aussi, heureusement que je suis un passionné des Saintes Écritures et que j'ai eu le temps en 2 ans seul de mon côté, d'énormément les lires, étudier, méditer etc, sinon ce qu'on m'enseigne durant ces rencontres mensuelles m'aurait plutôt fait fuir ...

Je suis choqué d'entendre la plupart des catholiques autour de moi parler de la Bible avec tant de légèreté sans qu'aucun d'eux ne semble dérangé par l'incohérence de leur propos...
Alors peut être que c'est moi qui suis dans l'erreur, seul Dieu le sait, mais je suis content de voir tout de même ici quelqu'un qui résonne de la même façon que moi.

Re: La réalité historique des patriarches de la Genèse

par Baraq » ven. 13 déc. 2019, 10:55

Xavi a écrit :
mar. 10 déc. 2019, 13:16

Les Hébreux auraient-ils inventé les fondements de la Genèse ? Faut-il se limiter à interpréter les textes selon ce qui pouvait être pensé par des Juifs du premier millénaire dans un contexte de mythes babyloniens préexistants ? Ne serait-ce pas une erreur de négliger les interprétations pertinentes qui peuvent se dégager dans un contexte plus ancien ?

L’incarnation, la Trinité, l’essence de l’humain, la création, n’ont-ils pas des racines plus profondes ? Faudrait-il penser que Dieu ne s’est pas manifesté comme un et pluriel dès la création des humains ? Faudrait-il croire qu’Abraham n’aurait été qu’un polythéiste idolâtre ?

Ne faut-il pas considérer plutôt que, dès la création de l’humanité, la vie spirituelle spécifique et immortelle des descendants d’Adam et Ève a donné à leur intelligence toutes les capacités nécessaires pour entrer en communion avec Dieu, par le cerveau autant que par le cœur ?

Ne faut-il pas faire l’effort de comprendre le sens concret que les textes de la Genèse peuvent avoir dans le contexte sumérien du troisième millénaire avant notre ère en harmonie avec la foi catholique ?

Pourquoi s’enfermer dans une approche exclusivement judaïque sans être attentif à tout ce que Abraham pouvait déjà percevoir, dans le milieu sumérien dont il était issu, de Dieu qui est un et pluriel parce qu’il est amour ?

Les humains ont toujours eu tendance à projeter leurs propres réalités sur le divin, mais il n’y a aucune raison de penser que Noé le juste ou Abraham, le père des croyants, n’aient pas perçu et compris, dès leur époque, que Dieu est amour et que les légendes et les dérives du polythéisme ne devaient pas enfermer Dieu dans de fausses images de dieux multiples en rivalité et en conflits, ni dans celle d’un individu isolé.
Bonjour Xavi !

Sur ce point je suis mille fois d'accord avec vous. Je crois qu'à chaque génération depuis Adam et Ève (que je pense beaucoup plus anciens que l'époque sumérienne, voir l'autre fil), il y eut au moins un homme, quelque-part sur la terre, capable de comprendre Dieu et d'entrer en communion avec Lui.

La réalité historique des patriarches de la Genèse

par Xavi » mar. 10 déc. 2019, 13:16

D’où vient ce doute, répandu à notre époque, de l’existence historique des patriarches des premiers livres de la Bible, Adam, Noé, Abraham, Moïse et tant d’autres ?

Selon le catéchisme, « Les patriarches et les prophètes et d’autres personnages de l’Ancien Testament ont été et seront toujours vénérés comme saints » (CEC n° 61). Pourrait-on vénérer une légende qui n’aurait pas réellement existé ?

Que devient l’enseignement du Christ lorsque, par exemple, pour prêcher la résurrection aux sadducéens, il rappelait fermement la réalité historique d’Abraham, Isaac et Jacob : « Jésus leur répondit : « Vous vous égarez, en méconnaissant les Écritures…n’avez-vous pas lu ce qui vous a été dit par Dieu : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » » (Mt 22, 29-32). Comment pourraient-ils être vivants s’ils n’étaient que des légendes ?

En fait, le doute répandu actuellement semble principalement une conséquence d’un doute quant à l’attribution à Moïse de ces premiers livres de la Bible qui forment le Pentateuque.

Considérant qu’il ne subsiste aucune trace quelconque de ces livres avant l’exil de Babylone de 586 à 538 avant Jésus-Christ, et qu’il s’agit d’écrits en hébreu carré du milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ comportant des observations adaptées aux épreuves vécues par le peuple hébreu à cette époque ainsi que de nombreuses similitudes avec des mythes mésopotamiens de cette région, beaucoup en ont déduit que la rédaction de la Genèse et des autres livres du Pentateuque devrait être datée de cette même époque et ne pourrait donc être attribuée à un patriarche du second millénaire avant Jésus-Christ.

Beaucoup en ont déduit que la Genèse se trouvait ainsi sans base historique réelle.

Cette approche fut très en vogue lors des premières découvertes des innombrables tablettes en argile retrouvées en Mésopotamie. On aurait pu y voir une formidable confirmation de l’ancienneté du texte de la Genèse si semblable aux textes du début du second millénaire avant Jésus-Christ qui ont été retrouvés, mais ce fut souvent tout le contraire. Puisqu’il ressemble tant aux textes anciens, … c’est qu’il aurait été inspiré par ces vieux textes et inventé de manière réadaptée à la foi juive. Il faudrait croire que les Hébreux se seraient approprié une origine dans le pays de leurs ennemis…

En réalité, les découvertes plus approfondies du XXème siècle ont complètement contredit cette approche à laquelle tant d’historiens et d’exégètes semblent encore s’accrocher. À tort.

Il est temps qu’un débat approfondi puisse juger des arguments des uns et des autres.

1. Quid de l’absence de traces écrites anciennes ?

Il y a très peu de traces des écrits du pays de Canaan avant l’exil à Babylone pour un motif simple. À proximité immédiate de l’Égypte, l’écriture y a été pratiquée sur des papyrus qui, hélas, du fait de leur origine végétale, se dégradent rapidement par l’effet de la chaleur autant que de l’humidité. Seuls des documents protégés de manière spécifique comme, par exemple, les fameux manuscrits de Qumran retrouvés dans des jarres étanches conservées dans des grottes, auraient pu être conservés. Le feu des incendies ou les pluies en cas de dégradation des immeubles faisaient rapidement disparaître les papyrus.

Au contraire, en Mésopotamie, le feu favorisait la conservation des écrits sur des tablettes d’argile (une cuisson fait durcir l’argile) qui étaient aussi davantage résistant à l’humidité dès qu’elles étaient durcies. Cela a permis de retrouver des centaines de milliers de tablettes.

Le fait qu’on ait retrouvé que de très rares documents en Égypte ou en Palestine, où l’écriture se faisait plutôt sur papyrus, ne permet donc pas d’en déduire que l’écriture n’y était pas pratiquée.

2. Quid de l’écriture du Pentateuque en hébreu carré ?

De même que nous lisons aujourd’hui nos bibles en français et en d’autres langues contemporaines, il est certain qu’à l’époque de l’exil à Babylone, la langue avait évolué par rapport à celle qui était pratiqué 500 ou mille ans auparavant.

Les écrits en hébreu ancien ou en tout autre langage parlé durant le second millénaire avant Jésus-Christ ont dû être traduits. Inévitablement, les traducteurs ont dû adapter les textes plus anciens dans des termes compréhensibles à leur époque ultérieure, en interprétant de manière variable les textes anciens.

En outre, il est inévitable qu’au cours de nombreux siècles, des variantes, des erreurs et des ajouts soient intervenus au fil des copies et des traductions.

Le fait que, dans sa version la plus ancienne, le texte de la Genèse qui nous est parvenu est en hébreu carré de l’époque de l’exil à Babylone ne permet donc pas d’en déduire qu’il ne provenait pas d’un texte plus ancien modifié au fil des copies, des traductions et des interprétations.

3. Quid des observations adaptées aux épreuves vécues par le peuple hébreu ?

Dès lors qu’un texte est écrit dans un contexte religieux ou philosophique, il est normal d’y trouver l’écho de situations vécues au cours des époques ultérieures. Aujourd’hui encore, il est normal de percevoir toute la pertinence de tableaux bibliques par rapport à des situations vécues aujourd’hui.

Il est possible aussi que des traducteurs ait ajouté certains détails ou en aient interprété d’autres en considération de questions contemporaines ou pour d’autres motifs.

Ainsi, on peut considérer comme évident que le dernier chapitre du Pentateuque de Moïse qui relate sa mort n’a pu être écrit qu’après son décès et donc par quelqu’un d’autre. Cela ne modifie pas l’essentiel du texte et n’écarte en rien l’attribution principale du Pentateuque à Moïse, ni son écriture durant le second millénaire avant notre ère.

4. Quid des traditions antérieures à l’exil à Babylone ?

L’hypothèse d’une écriture primitive de la Genèse au milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ implique de croire que les Hébreux n’aurait pas eu une fixation écrite d’un récit de la création et de leur propre histoire au cours des siècles antérieurs.

Il faudrait penser soit qu’il n’y avait pas de scribes chez les Hébreux dans le pays de Canaan, soit que ces scribes se désintéressaient des origines du monde et de l’histoire de leur peuple, soit que la conservation ou la transmission de leurs écrits aient été négligés.

Aucune de ces trois situations ne paraît vraisemblable. Tous les peuples de l’antiquité comme les peuples actuels étaient attentifs à ce qui constituait leur identité propre par rapport aux autres peuples.

Imaginer que le peuple hébreu qui vivait en Canaan n’aurait pas eu constamment des scribes est invraisemblable dans la région en cause.

En effet, Canaan était à proximité immédiate de l’Égypte et de la Phénicie, sur la route commerciale entre l’Égypte et la Mésopotamie, et occupait une position centrale dans le Croissant fertile où l’écriture s’est répandue durant les troisième et deuxième millénaires.

Si les Sumériens du sud de la Mésopotamie sont les inventeurs de l’écriture (qui y était imagée puis principalement syllabique avec une utilisation de centaines de signes exprimant divers sons), c’est la région phénicienne et cananéenne qui a vu émerger, aux alentours du début du premier millénaire avant Jésus-Christ, ce progrès majeur de l’écriture que fut l’apparition et le développement de l’écriture alphabétique avec une utilisation réduite à une vingtaine de signes.

Au cours des siècles qui ont séparé le temps de Moïse de l’exil à Babylone, de grandes villes n’ont cessé d’être occupées dans le pays de Canaan : Meguiddo (à 90 km au nord de Jérusalem, citée 12 x dans la Bible ; cf. Jos. 12, 21 ou 1 R 9, 15), Guèzer (à 30 km à l’ouest de Jérusalem, citée 14 x dans la Bible ; cf. Jos. 16, 10), Yarmouth (à 25 km au sud-ouest de Jérusalem, citée 7 x dans la Bible ; cf. Jos 10, 5), Hébron (à 30 km au sud de Jérusalem)…etc.

Toutes ces villes en relation commerciale avec les ports majeurs de Tyr ou Byblos situés à environ seulement 200 ou 300 km, avec l’Égypte et la Mésopotamie, avaient leur prêtres et leurs scribes qui assuraient la transmission du savoir religieux et historique.

Les développements de l’écriture dans la région et les relations avec les régions voisines excluent que la population ayant vécu dans les villes de Canaan dans la période entre 1500 et 500 ans avant Jésus-Christ aient ignoré l’écriture ou aient été privées d’une succession ininterrompue de scribes capables et attentifs à assurer la conservation écrite des récits essentiels pour la religion ou la mémoire historique.

L’importance identitaire et religieuse de tels écrits ne permet pas d’admettre qu’ils aient pu, à une époque, être perdus au point de pouvoir être réinventés.

Affirmer que des scribes exilés à Babylone aient pu inventer un récit de la création et des origines du peuple hébreu à partir de mythes babyloniens trouvés à Babylone durant le premier millénaire est, à cet égard, dénué de vraisemblance.

Bien au contraire, la pratique certaine et continue de l’écriture dans le pays de Canaan, durant la période de 1500 à 500 avant Jésus-Christ permet de considérer que les traditions concernant les origines du peuple hébreu ont été transmises tant par oral que par écrit durant cette période.

Certes, cette transmission a certainement subi diverses atteintes au fil des copies, des traductions et des interprétations, mais sans pouvoir modifier l’essentiel du récit.

L’enseignement de l’Église, qui a toujours attribué le Pentateuque à Moïse, reste donc solidement fondé.

5. Quid de l’œuvre réalisée par Moïse lui-même ?

Moïse a pu écrire ou faire écrire lui-même les quatre livres de l’Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome qui concernent des faits et des lois de son époque.

En ce qui concerne le livre de la Genèse, il faut, à nouveau, se demander si lui-même ou des ancêtres ayant vécu en Égypte ont pu inventer les récits de ce livre pour consolider une identité du peuple.

L’hypothèse est invraisemblable car le peuple hébreu avait une religion en Égypte comme tous les autres peuples et, compte tenu de la place prise par l’écriture pour conserver et transmettre les savoirs, y compris et surtout le savoir le plus important qu’est le savoir religieux, cette religion avait dû avoir des bases écrites qui devaient comprendre un récit fondateur de l’origine du monde et de ce peuple particulier, même si, écrits, conservés et transmis sur des papyrus très dégradables, il n’en reste pas de traces matérielles.

Mais, les variantes devaient certes être diverses et sujet à controverses. Il est, dès lors, vraisemblable que Moïse a du composer la Genèse avec de multiples traditions orales et écrites qu’il a rassemblées en un seul livre en sélectionnant ce qui lui a paru le plus authentique.

6. Quid de l’importance de l’ancienneté historique du récit ?

Il faut faire attention ici à l’interprétation des rabbins dans laquelle la foi chrétienne ne peut parfois que difficilement se retrouver.

Les Hébreux auraient-ils inventé les fondements de la Genèse ? Faut-il se limiter à interpréter les textes selon ce qui pouvait être pensé par des Juifs du premier millénaire dans un contexte de mythes babyloniens préexistants ? Ne serait-ce pas une erreur de négliger les interprétations pertinentes qui peuvent se dégager dans un contexte plus ancien ?

L’incarnation, la Trinité, l’essence de l’humain, la création, n’ont-ils pas des racines plus profondes ? Faudrait-il penser que Dieu ne s’est pas manifesté comme un et pluriel dès la création des humains ? Faudrait-il croire qu’Abraham n’aurait été qu’un polythéiste idolâtre ?

Ne faut-il pas considérer plutôt que, dès la création de l’humanité, la vie spirituelle spécifique et immortelle des descendants d’Adam et Ève a donné à leur intelligence toutes les capacités nécessaires pour entrer en communion avec Dieu, par le cerveau autant que par le cœur ?

Ne faut-il pas faire l’effort de comprendre le sens concret que les textes de la Genèse peuvent avoir dans le contexte sumérien du troisième millénaire avant notre ère en harmonie avec la foi catholique ?

Pourquoi s’enfermer dans une approche exclusivement judaïque sans être attentif à tout ce que Abraham pouvait déjà percevoir, dans le milieu sumérien dont il était issu, de Dieu qui est un et pluriel parce qu’il est amour ?

Les humains ont toujours eu tendance à projeter leurs propres réalités sur le divin, mais il n’y a aucune raison de penser que Noé le juste ou Abraham, le père des croyants, n’aient pas perçu et compris, dès leur époque, que Dieu est amour et que les légendes et les dérives du polythéisme ne devaient pas enfermer Dieu dans de fausses images de dieux multiples en rivalité et en conflits, ni dans celle d’un individu isolé.

Comment comprendre le récit imagé de la création sans se référer aux débuts de l’écriture sumérienne faite d’images ?

Comment comprendre le récit de Caïn et Abel sans tenir compte du contexte semi-nomade mélangeant agriculture et élevage ?

Comment comprendre, sans le contexte sumérien, la terre d’argile rouge d’où étaient extraites les tablettes de la première écriture qui singularisait les Sumériens, les fleuves du jardin d’Eden, le déluge, la tour de Babel à l’époque où tous, malgré leur diversité de langues, utilisaient la même langue écrite sumérienne ?

Comment comprendre les âges des patriarches sans se référer aux doubles années d’une durée de six mois en vigueur à Ur, en Chaldée, pays d’Abraham, qui permettent de comprendre qu’il ait enfanté à « 100 » ans (lire : 50) et soit mort à « 175 » ans (lire : 87).

Le cœur de l’interprétation doit rester dans la ligne de l’enseignement lumineux du Pape Pie XII qui, dans son encyclique Divino afflante Spiritu du 30 septembre 1943 sur les études bibliques, indique que : « il importe d'expliquer le texte primitif qui, écrit par l'auteur sacré lui-même, a plus d'autorité et plus de poids qu'aucune version, même la meilleure, ancienne ou moderne » (n° 20).

La question principale que pose aujourd’hui la datation de la Genèse, et particulièrement du début de la Genèse, est de déterminer si c’est un récit écrit par des Hébreux sous domination et influence de la mythologie babylonienne durant le premier millénaire avant Jésus-Christ, comme beaucoup le prétendent, ou si c’est un récit composé par Moïse dans le contexte de l’exode d’Égypte après une longue domination, sur la base de traditions et d’un (ou de plusieurs) récit(s) écrits à une époque antérieure que Moïse aurait rassemblés.

En d’autres termes, et, plus particulièrement, même si les réponses peuvent et doivent intégrer diverses nuances : le texte primitif des premiers chapitres de la Genèse est-il un texte sumérien antérieur à Abraham, un texte en égyptien, en hébreu ancien ou dans une autre langue, ou est-il un texte en hébreu rédigé au milieu du premier millénaire ?

Car, en se limitant à l’idée que le texte primitif de la Genèse daterait du milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ comme beaucoup le pensent, l’interprète d’aujourd’hui essaie de le comprendre dans ce contexte historique relativement récent d’une manière qui peut être erronée si, en réalité, le texte primitif a été rédigé à une autre époque et dans un autre contexte.

Sur ce point particulier, la discussion n’est pas uniquement théologique mais elle est aussi philologique, archéologique et historique.

Déterminer l’époque de l’écriture primitive du récit de la Genèse ou les époques des divers récits qu’il contient est une question scientifique qui reste ouverte.

Il faut analyser les indices limités qui sont disponibles avec prudence en tenant compte des réinterprétations du texte qui s’immiscent dans toute tradition lorsqu’elle implique des traductions et a fortiori si elle s’étend sur des milliers d’années au cours desquelles les langues, les écritures utilisées et les sensibilités théologiques ont changé et au cours desquelles les traditions tant orales que écrites se sont dispersées géographiquement dans des milieux variés où la transmission a eu son histoire propre tout en restant sous des influences variables avec des traditions voisines et autres.

Il ne suffit pas, par exemple, d’observer que les deux récits de la création au début de la Genèse sont l’un « éloïste » et l’autre « yahviste » pour en déduire nécessairement des datations distinctes ou un ordre chronologique.

Une telle différence peut résulter uniquement du fait que lors de la jonction de ces deux textes, dans une langue aujourd’hui indéterminée, ceux-ci provenaient de traditions différentes et que, dans l’une de ces traditions, l’un des textes a pu être traduit plus récemment dans un contexte plus récent que celui d’une autre tradition, ce qui ne permet en rien d’en déduire l’ancienneté réelle de leurs textes primitifs qui peut être identique voire inverse à celles des traductions transmises.

En bref, la Genèse : un récit primitif hébreu ou sumérien ?

Le récit de la Genèse est-il principalement un récit hébreu inspiré par la mythologie mésopotamienne ou est-il principalement un récit mésopotamien qui est devenu un récit hébreu ?

La réponse devra être probablement aussi nuancée que la question, car la différence peut être ténue entre les deux approches qui peuvent se rejoindre. Les similitudes du récit de la Genèse avec des mythes babyloniens sont tellement manifestes qu’il y a un large accord pour constater que les racines mésopotamiennes du récit biblique de la Genèse sont démontrées.

Mais, ceux qui pensent que le texte aurait été principalement élaboré durant le premier millénaire avant notre ère par les Hébreux en exil vont, nécessairement, écarter tout fondement historique concret et l’interpréter dans une perspective quasi exclusivement symbolique et selon la culture et les préoccupations des Juifs du premier millénaire.

Ceux qui pensent, au contraire, que le texte a été principalement élaboré par Moïse, durant le second millénaire avant notre ère et dans un contexte éloigné de Babylone, doivent considérer, par contre, que les racines mésopotamiennes du récit peuvent résulter de l’histoire antérieure du peuple hébreu conduit par Moïse que le récit raconte lui-même lorsqu’il rapporte que le peuple hébreu s’est développé en Égypte à partir d’une famille provenant de la Mésopotamie, celle de Jacob, petit-fils d’un émigré mésopotamien issu de Ur, en Chaldée, capitale du pays de Sumer.

Dans ce contexte, les racines mésopotamiennes de la Genèse trouvent leur explication normale dans le fait qu’Abraham, Isaac et Jacob étaient d’origine sumérienne.

Aussi est-il pertinent de s’intéresser au contexte sumérien d’Abraham, celui que les Hébreux ont toujours considéré comme le Père des croyants et le fondateur de leur peuple.

Ce contexte sumérien d’Abraham est plus ancien que la plupart des mythes babyloniens et si un écrit d’Abraham avait pu être conservé, il n’y aurait aucune raison de l’imaginer inspiré des mythes babyloniens mais il faudrait seulement constater son écriture primitive dans un même contexte.


NB : L’ensemble de mes réflexions concernant l’historicité d’Adam et Ève et du livre de la Genèse a été développé dans une synthèse réactualisée ce 24 mai 2023, sous le titre « Un jardin dans l’Eden », disponible en pdf dans la section Théologie de ce forum sous l’intitulé « Évolution, création, incarnation : un livre à télécharger » :
https://www.cite-catholique.org/viewtop ... 92&t=20369

Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

par Alexandre-Invité » lun. 04 févr. 2019, 20:37

Bonsoir Xavi,

Objectivement, on peut penser que le récit de la Genèse se contredit lui-même :

Gn 11,31 : "Tèrah prit son fils Abram, son petit-fils Loth, fils de Harane, et sa bru Saraï, femme de son fils Abram, qui sortirent avec eux d’Our des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Ils gagnèrent Harane où ils s’établirent."

Gn 15,7 : "Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te donner ce pays en héritage. »"

Le chapitre 11 nous enseigne que Tèrah a donc pris l'initiative de quitter Our des Chaldéens, emmenant avec lui sa famille. Le chapitre 15 indique au contraire qu'Abraham est sorti avec l'aide de Dieu.


La vrai contradiction vient en comparant Gn 11 avec Ac 7, :

Etienne indique qu'Abraham est sorti seul d'Our des Chaldéens alors que Genèse 11 indique qu'il est sorti avec sa famille suite à l'initiative de son père Tèrah.

Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

par gerardh » lun. 04 févr. 2019, 17:35

______

Xavi,

Votre explication ne me convainc pas.


_________

Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

par Xavi » lun. 04 févr. 2019, 17:18

Les sources sont tout simplement bibliques : Hénok, fils de Caïn, qui donne son nom à sa ville (Gn 4, 17), le récit de la tour de Babel construite « pour donner un nom » (Gn 11, 4) et les innombrables citations bibliques où une tribu d’Israël est nommée par le nom de son patriarches.

Pour le reste, il s’agit simplement d’une hypothèse pour comprendre les âges attribués aux patriarches. Si vous pensez que Abram enfant a connu Noé dix générations après le déluge, je serais intéressé d’entendre votre explication.

La question a été développée sous l’intitulé « Adam a-t-il vécu 930 ans » que vous pouvez revoir avec le lien suivant :
viewtopic.php?f=91&t=23793

Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

par gerardh » lun. 04 févr. 2019, 16:58

_______

Xavi, vous écrivez :
Il était, en effet, d’usage à l’époque de nommer et de personnifier une collectivité par le nom d’un patriarche.
Pouvez-vous développer et surtout citer vos références et vos sources ?


________

Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

par Xavi » lun. 04 févr. 2019, 13:51

Merci Gerardh pour votre rappel pertinent du témoignage d’Étienne dans les Actes des Apôtres qui relate autrement le récit en cause de la Genèse concernant le départ de Ur, mais on s’éloigne ici du sujet de l’enfance sumérienne de Abram à Ur qui réfléchit aux éléments historiques dont nous disposons à cet égard.

Il semble donc préférable de déplacer cette question particulière dans le sujet concernant l’histoire d’Abraham dans l’Écriture Sainte.

Vous observez qu’Étienne relate une parole dite à Abraham « avant qu’il s’établisse à Charan » alors que la Genèse nous parle d’une parole dite à Abraham dans le contexte de son départ de Charan vers Canaan.

Harmoniser la compréhension des deux récits n’est pas facile si nous pensons qu’il n’y a eu qu’une seule parole invitant Abraham à quitter son pays et sa famille pour le pays de Canaan.

Il me semble plutôt qu’il n’y a pas de contradiction entre les deux récits parce que Dieu se manifeste pour susciter chacun des deux départs (de Ur vers Charan, puis de Charan vers Canaan).

Certes, la Genèse indique que Terach et Abram « sortirent ensemble d’Ur en Chaldée pour aller au pays de Canaan » (Gn 11, 31) ce qui semble suggérer un but unique connu dès le départ de Ur. Cependant tant le récit de la Genèse que le témoignage d’Étienne montrent qu’au moment du départ, la parole de Dieu indique que la destination ne sera connue que dans le futur. Il s’agit du pays que « je te montrerai » (Gn 12, 1 et Ac 7, 3).

Un autre texte nous dit clairement qu’Abraham « partit sans savoir où il allait » (Hb 11, 8).

Aussi, il semble qu’il faut considérer que le but de la sortie d’Ur indiqué par la Genèse « pour » aller en Canaan est, en réalité, un résumé écrit a posteriori, lorsque l’arrivée en Canaan est accomplie. Cela ne signifie donc pas qu’au moment où ils ont quitté Ur, ils savaient déjà qu’ils partaient « pour » aller au pays de Canaan.

Au contraire, Terach et Abram s’établissent à Charan (Gn 11, 31 et Ac 7, 4). Rien n’indique qu’ils avaient à ce moment conscience d’une autre destination, ni qu’ils se seraient volontairement arrêtés à Charan de manière contraire à la volonté divine ou en manifestant une « lenteur » fautive.

En fait, ne faut-il pas observer que c’est deux fois que Dieu fait partir Abraham et qu’il y a deux départs successifs, sur la route de Canaan ? D’abord une étape à Charan. « De là », nous dit Étienne, « Dieu le fit passer » en Canaan avec une promesse (Ac 7, 4-5).

Pour partir de Ur vers Charan comme pour partir de Charan vers Canaan, n’est-ce pas deux fois la même parole qui a pu être entendue : « Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que je te montrerai » (Gn 12, 1 et Ac 7, 3) ?

N’est-ce pas cette même parole qui fait partir de Ur, ce pays de Sumer où toute l’histoire antérieure se passe et où la famille d’Abraham vit depuis les origines, puis qui, des années plus tard, est répétée pour faire partir Abraham de Charan où Terach, le père d’Abram s’était établi avec toute sa famille ?

Quoi qu’il en soit, les deux récits concordent pour relater que la promesse d’une terre pour la postérité d’Abraham est donnée au moment où il quitte Charan (lorsqu’il a déjà quitté Ur) (Gn 12, 2-3 et Ac 7, 5). Les durées de 400 ans (après la naissance d’Isaac, la postérité qui naît à Abraham lorsqu’il a 100 ans) et de 430 ans (après la promesse faite à Abram), indiquées par plusieurs textes bibliques (Gn 15, 13 ; Ac 7, 6 ; Ex 12, 40 et Ga 3,17) permettent de savoir que c’est à l’âge de 70 ans qu’Abram reçoit la promesse, soit 5 ans avant son départ de Charan lorsqu’il a 75 ans.

C’est ici que la difficulté est la plus grande pour ceux qui considèrent qu’il n’y aurait eu qu’un seul appel à se mettre en route qui aurait été reçu par Abraham à Ur, ce que la Genèse ne raconte pas elle-même et ce que le récit d’Étienne n’affirme pas davantage.

Selon le témoignage d’Étienne, il y a d’abord un appel à quitter Ur « avant de venir habiter Harane » (Ac. 7, 2-4), « et là », lorsqu’il était donc à Harane, « il promit de lui donner ce pays en possession ainsi qu’à sa descendance » (Ac. 7, 5 et Gn 12, 1-3). Selon la Genèse, Abram a 75 ans lorsqu’il quitte Harane (Gn 12, 4) et il engendre à l’âge de 100 ans une descendance dont la servitude va durer 400 ans (Gn 15, 13 et Ac. 7, 6) jusqu’à la sortie d’Égypte 430 ans après la promesse (Ex. 12, 40 et Ga. 3, 17).

La promesse semble ainsi intervenue lorsqu’Abram avait 70 ans, cinq ans avant son départ d’Harane lorsqu’il avait 75 ans et 30 ans avant la naissance d’Isaac lorsqu’il avait 100 ans.

Vous savez que je pense que les noms et les âges des patriarches sont souvent appliquées aux collectivités par lesquelles un patriarche continue à vivre. Lorsque Noé et ses trois fils sont sauvés des eaux avec leurs épouses, il s’agit d’individus. Lorsqu’Abraham et Sarah donnent naissance à Isaac, il s’agit d’individus.

Mais, lorsque Noé meurt à 950 ans au moment où Terach, qui en est issu par neuf générations successives, a alors 128 ans et Abram 58 ans, n’est-ce pas la collectivité établie par Noé à l’endroit où il demeurait qui meurt lorsque Terach et sa famille quittent Ur ? Lorsque Terach engendre Abram 58 ans avant la mort de Noé, n’est-ce pas un groupe de personnes issues de la collectivité formée sur un territoire par Terach qui se sépare pour former un nouveau groupe autonome dans un endroit distinct ?

Il était, en effet, d’usage à l’époque de nommer et de personnifier une collectivité par le nom d’un patriarche.

Re: L’enfance sumérienne d’Abram à Ur, en Chaldée

par gerardh » dim. 03 févr. 2019, 20:20

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Bonjour Xavi,
Xavi a écrit :
dim. 03 févr. 2019, 19:53
gerardh a écrit :
sam. 02 févr. 2019, 21:34
Gerardh écrit :
Ce que l'on peut relever c'est que Dieu avait dit à Abraham d'aller au pays de Canaan, mais qu'Abraham s'était longtemps arrêté à Charan, ce qui peut être considéré comme une lenteur de sa foi.
Le deuxième point de votre message me laisse perplexe mais exprime une opinion répandue.

Sur quel fondement prétendez-vous que c’est à Ur et non à Harran (ou Charan) que Abram aurait reçu la parole de quitter son pays ?

En réalité, dans le texte de la Genèse, c’est après avoir quitté Ur et s’être installé à Harran (Gn 11, 31) qu’Abram reçoit la parole qui lui indique de quitter son pays (Gn 12, 1). Ensuite, le récit indique explicitement que c’est de Harran (et non de Ur) que part Abram (Gn 12, 4).

Rien ne justifie d’alléguer gratuitement une « lenteur » de la foi d’Abram, ce qui me semble contraire à la foi du père des croyants et à la bénédiction de Dieu qui l’honore.
Sur votre deuxième objection, en comparant les versets 1 du chapitre 12 et 31 du chapitre 11 avec les versets 2-4 du chapitre 7 du livre des Actes, nous apprenons une vérité d’une immense valeur pratique pour l’âme. « L’Éternel avait dit à Abram : Va-t’en de ton pays, et de ta parenté, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai » (v. 1). Telle est la communication que Dieu fit à Abram, communication parfaitement définie, et par laquelle Dieu voulait agir sur le cœur et la conscience de celui à qui elle était adressée. « Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il habitât en Charan… et de là, après que son père fut mort, Dieu le fit passer dans ce pays où vous habitez maintenant » (Actes 7:2-4). Le résultat de cette communication se trouve au verset 31 du chapitre 11 de la Genèse : « Et Térakh prit Abram son fils et Lot, fils de Haran, fils de son fils, et Saraï, sa belle-fille, femme d’Abram, son fils ; et ils sortirent ensemble d’Ur des Chaldéens, pour aller au pays de Canaan ; et ils vinrent jusqu’à Charan, et habitèrent là… et Térakh mourut à Charan ». De tous ces passages, pris collectivement, nous apprenons que les liens de la nature empêchèrent que le cœur d’Abram répondît entièrement à l’appel de Dieu. Bien qu’appelé à se rendre en Canaan, il s’arrêta à Charan jusqu’à ce que la mort eût rompu le lien de la nature qui le retenait auprès de son père ; et ensuite, sans se laisser arrêter davantage dans sa route, il se rendit au lieu où « le Dieu de gloire l’avait appelé ».

Tout ceci est significatif. Les influences de la nature sont toujours contraires à la pleine réalisation et à la puissance pratique de « l’appel de Dieu ». Nous sommes, malheureusement, enclins à nous contenter d’une portion moindre que celle que cette vocation place devant nous. Il faut une foi bien simple et bien intègre pour que l’âme puisse s’élever à la hauteur des pensées de Dieu, et s’approprier les choses qu’il nous révèle.

Je sais bien qu'Abraham fut le père des croyants. Cependant il ne fut pas sans défauts, comme on le voit par exemple dans deux circonstances où il laissa sa femme en pâture aux rois de l'époque.


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Re: L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

par Xavi » mer. 20 déc. 2017, 18:22

Comment comprendre les âges des patriarches (les 205 ans de Terach, les 175 ans d’Abraham, …etc) dans la durée historique réelle avant entre le début de la construction du temple par le roi Salomon en 967 avant Jésus-Christ ?

Comment les cent ans d’Abraham à la naissance d’Isaac, les 400 ans de servitude et les 480 ans séparant l’exode de la construction du temple, qui ne présentent que des nombres arrondis et symboliques, peuvent-ils se retrouver néanmoins dans la réalité historique ?

De nombreuses théories explicatives existent par rapport aux durées bibliques et celle que je retiens ici n’est pas plus certaine que les autres. Elle n’est qu’une occasion de réflexion et une contribution à la recherche commune de tous ceux qui aiment se plonger dans les détails des récits bibliques de la Parole de Dieu avec la conviction qu’Abraham, Moïse et Salomon ont réellement existé, même s’il n'en reste que quelques traces dans les seuls récits bibliques.

Comme le rappelle le catéchisme de l’Eglise, « Les patriarches et les prophètes et d’autres personnages de l’Ancien Testament ont été et seront toujours vénérés comme saints » (CEC n° 61). Ce ne sont pas des légendes.

Deux hypothèses sont proposées ici.

D’une part, les âges des descendants de Terach me semblent présentés de manière doublée jusqu’à la réalisation de la promesse faite à Abraham, de sorte qu’il faut les diviser par deux pour connaître les durées historiques réelles considérées approximativement par le récit biblique.

D’autre part, il me semble vraisemblable que, pour la période plus ancienne, les 950 ans de la vie de Noé et les 205 ans de la vie de Terach (qui engendre Abraham à 70 ans) ne représentent pas uniquement les âges de deux individus, mais concernent aussi leur descendance qui a prolongé leur nom pendant un temps.

L’hypothèse que les années des patriarches d’Abraham à Moïse ont pu être doublées permet de se représenter ce qu’a pu être la réalité historique considérée par l’auteur des récits bibliques, même s’il ne disposait à cet égard que de renseignements relativement incertains ou imprécis qu’il a pu préférer exprimer dans une forme symbolique ou, du moins, arrondie.

L’auteur de la Genèse a préféré une peinture impressionniste qu’une peinture plus réaliste de la réalité historique, ce qui respecte mieux les limites de la vérité historique qu’il pouvait connaître. Il ne serait pas justifié d’en déduire que ce n’est pas une réalité historique mais seulement des légendes qu’il aurait voulu nous présenter. Au contraire, sa prudence est l’indice d’un auteur considérant l’histoire réelle de manière sérieuse et authentique, avec un souci d’objectivité et de vérité qui n’est pas moindre que celui de scientifiques, mais toujours de manière à parler à l’homme de ce qui lui est important pour sa vie en communion avec Dieu.

La base de l’hypothèse retenue ici, c’est qu’il y a un lien de continuité et de salut entre, d’une part, l’extermination par le déluge du peuple de Noé, fils de Lamech, qui occupait le pays de l’adamah, et, d’autre part, la promesse d’un nouveau peuple pour une nouvelle terre, faite à Abraham, fils de Terach, de sorte que, durant le temps de la restauration après le déluge jusqu’à l’entrée d’un nouveau peuple dans une terre nouvelle restaurant l’humanité et la terre détruites par le déluge, les années des patriarches de la descendance de Terach ont été comptées par moitié (comme pour indiquer une autre moitié, un autre peuple, une autre terre… ?).

Lamech, le père de Noé le juste (Gn 6, 9), vit 777 ans (Gn 6, 31). Dans la succession des engendrements de la généalogie biblique, à la fin des jours de Noé, Terach, le père d’Abraham le juste (Rm 4, 2-3), est engendré depuis 128 ans et il va encore vivre jusqu’à 205 ans (Gn 11, 32), soit pendant 77 ans.

Terach prolonge et renouvelle ainsi, après le déluge, les 777 ans de la vie de Lamech en y ajoutant 77 ans après la mort de son fils Noé. Plus tard, Saint Luc nous présentera la généalogie du Christ en 77 générations (Lc 3, 23-38).

De même que Noé, le fils de Lamech, a été l’homme de Dieu pour sauver l’humanité et assurer sa descendance après le déluge, de même Abraham, le fils de Terach, va être l’homme de Dieu pour sauver l’humanité par une autre descendance.

Dans le texte de la Genèse, il peut être observé que jusqu’au déluge, la vie de chaque patriarche était décrite en deux parties (avant et après l’engendrement d’une descendance) réunies ensuite par un total d’années (Gn 5, 3-31). Après le déluge, ces deux parties de la vie de chaque patriarche ne sont plus réunies en un total, mais forment seulement deux parties jointes (Gn 11, 10-25).

Avant le déluge, Noé a été engendré par Lamech après 182 ans (Gn 5, 28), soit la durée de la moitié d'une année solaire. Abraham et les patriarches qui font lui succéder vont doubler l’œuvre brisée par le déluge, jusqu’à l’installation d’un peuple nouveau sur une terre nouvelle qui remplaceront le peuple et la terre de l’adamah.

L’enfantement de Noé à la moitié d’une année solaire évoque une autre moitié, mais aussi une division en deux moitiés.

Désormais, des années divisées par moitié ont pu devenir signe de la naissance d’un nouveau peuple (le peuple hébreu issu d’Abraham, Isaac et Jacob) sur une nouvelle terre (Canaan), en remplacement du peuple issu d’Adam et de l’adamah, détruits par le déluge.

Mais, plus encore, ne faut-il pas penser que, pour les patriarches, ce temps n’a été compté par moitiés incomplètes que parce qu’il devait lui-même été doublé jusqu’à l’avènement d’un autre temple et d’un autre peuple destiné à une autre terre nouvelle ?

À cet égard, il peut être observé que, dans l’ère nouvelle d’Abraham, Isaac va naître 100 ans après le début de la vie de son père (Gn 21, 5) et que c’est le début de 400 ans d’asservissement de sa descendance (Gn 15, 13 et Ac 7, 6) après lesquels une période de 480 ans va s’écouler jusqu'à la construction du temple de Salomon (1 R. 6, 1), et que, s’il y a ainsi 980 ans de la naissance d’Abraham à la réalisation du temple de Salomon en 947 avant Jésus-Christ, cette durée est doublée ensuite pour un autre temple que le Christ a promis de relever en trois jours (Jn 2,19) environ 33 ans après les 947 années avant Jésus-Christ qui ont suivi l’achèvement du temple de Salomon (33 + 947 = 980 ans).

Dans ce contexte, le récit paraît retenir des années doubles (lors desquelles chaque année réelle compte pour deux ans) qui font d’Abraham, Isaac, Jacob, et Moïse, des figures d’un nouveau peuple et d’une terre nouvelle, pour leur temps incomplet et en vue d'un temps futur qui l'achèvera.

Dans ces conditions, jusqu’à l’installation parfaite du peuple issu de la descendance d’Abraham dans la terre nouvelle avec un temple, les années des patriarches ne sont plus des temps complets mais des moitiés d'environ 182 jours, de sorte que leurs années prises en compte par moitiés ont été doublées par rapport à la réalité historique dans laquelle deux années réduites de moitié ne correspondent qu’à une seule année du calendrier ordinaire.

Une durée collective de la vie des patriarches ?

En ce qui concerne l’âge de Terach, qui meurt à 205 ans, il peut être observé que, dans les généalogies bibliques, celui qui engendre n’est pas nécessairement le père biologique direct de celui qui est engendré. Il peut en être le grand-père, voire un ascendant plus éloigné. C’est ainsi, par exemple, que la Genèse rapporte, dans la généalogie d’Abraham, qu’Arphaxad, engendre Sala (Gn 11, 12) alors que, selon l’évangile de Saint Luc, il y a une génération intercalée car Arphaxad engendre Kaïnam qui lui-même engendre Sala (Lc 3,36).

On peut penser que, lorsqu’elles s’étendent sur des centaines d’années, la vie et la mort d’un patriarche ne visent pas nécessairement un seul individu.

Ainsi, l’individu engendré par Lamech après 182 ans n’est pas nécessairement l’individu Noé qui a vécu le déluge 600 ans plus tard, mais peut être un aïeul dont Noé est issu après plusieurs générations. De même, la mort de Noé ne vise pas nécessairement la mort physique de l’individu Noé qui a vécu le déluge, mais peut être datée par le moment lors duquel sa maison, son lieu ou sa communauté de vie, sont délaissés par sa descendance.

Un nom peut être porté par des générations successives, ce qui encore le cas aujourd’hui.

Aussi, l’individu nommé Terach qui quitte Ur, pourrait être, en réalité, le fils ou le petit-fils du Terach engendré 128 ans plus tôt par Nachor (Gn 11,25).

De même, l’individu nommé Abram que Terach a engendré lorsqu'il a 70 ans peut, en réalité, être un aïeul de l’Abraham de la promesse, et l’individu Abram, qui quitte Ur avec son père Terach, n’est pas nécessairement le même Abram qui recevra la promesse. Celui-ci pourrait être le fils, voire un petit-fils ou un descendant ultérieur prolongeant le nom du patriarche initial ayant quitté Ur.

Le fait que, dans la chronologie biblique, le patriarche Abraham reçoit la promesse et quitte Charan à l’âge de 75 ans, après la mort de Terach à l’âge de 205 ans, soit 135 ans après que Terach ait engendré Abraham, ne permet guère de considérer que le patriarche Abraham qui a reçu la promesse, sa femme Sarah et leur neveu Lot, soient eux-mêmes sortis de Ur avec Terach.

Lorsque Terach « prend » Abram, Lot et Saraï et « sort » avec eux de Ur, cela paraît plutôt symbolique. Lorsque Terach part, c’est en réalité son clan et il engage sa descendance. Abram, Saraï et Lot ne sont-ils pas dans le sein de leur aïeul lorsqu’il quitte Ur ?

Jésus lui-même s’exprima à la manière hébraïque qui permet de considérer qu’un fils prolonge et représente la vie de son père : « Celui qui m’a vu a vu le père… Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?» (Jn, 14,9-10).

Dans les conditions qui précèdent, la cessation des jours de Terach après 205 ans ne correspond pas à la mort d’un individu mais plutôt à l’achèvement du cycle de Noé qui ouvre une ère nouvelle. Celle d’un autre juste (Abraham préfiguré par Noé), d’une autre descendance (Isaac préfiguré par les fils de Noé).

L’arrivée de Jacob en Égypte concorde avec le fait que des historiens relèvent que, vers 1700 avant Jésus-Christ, de nombreuses populations venant de Palestine, de Syrie et de l’ouest de l’Asie arrivent en Égypte. Ces populations sont connues sous le nom d’Hyksos. La famille de Jacob n’était pas la seule à fuir la famine. Provenant de Canaan et du pays du Sumer, elle fait partie de la masse des Hyksos.

Les Hyksos ont été si nombreux qu’ils sont devenus majoritaires en Égypte au point que plusieurs d’entre eux en ont été les pharaons. Ils ont ultérieurement fait l’objet d’importantes persécutions qui confirment celles que relate la Bible et qui ont abouti, notamment, à l’exode de 1447 ACN. Cet exode ne concernait pas que des Israélites. Au contraire, la Bible relate elle-même qu’une foule immense de gens de toute espèce accompagnait les tribus d’Israël. Ce ne sont pas les seuls descendants de Jacob qui formaient cette foule de 600.000 hommes indiquée par le récit biblique (Ex 12, 37-38).

La réalité historique, vers 1447 ACN, d’un exode important d’un grand nombre de travailleurs au service de pharaon racontée par la Bible concorde avec une campagne militaire du pharaon Amenhotep II qui, en l’an 9 de son règne (qui commence à une date que les égyptologues situent entre 1454 et 1413 ACN), a ramené en Égypte 89.000 personnes de Palestine parce qu’il était en manque de main d’œuvre.

En 1487 ACN, la naissance de Moïse et son adoption comme prince royal peuvent s’expliquer par le fait qu’à cette époque, la fonction de pharaon était probablement (car il reste des discussions entre les égyptologues quant aux dates des règnes) exercée par une femme pharaon, Hatchepsout, veuve sans descendant mâle du précédent pharaon Thoutmosis II. Hatchepsout avait pris le pouvoir du fait du très jeune âge du seul héritier mâle Thoutmosis III, fils d’une autre femme de Thoutmosis II.

En l’absence de toute autre héritier mâle, pour assurer le trône, et, si possible dans sa propre branche familiale, Hatchepsout a pu trouver adéquat d’adopter un enfant mâle. Il est possible, dans ce contexte, que la maman de Moïse d’origine sumérienne, se souvenant peut-être de la légende de Sargon d’Akkad sauvé des eaux dans un panier, ait tenté avec succès de faire adopter l’enfant par la fille de Hatchepsout nommée Néfétouré en faisant dériver le bébé Moïse sur le fleuve où cette jeune fille se baignait (Ex 1, 22 à 2, 10).

Au décès d'Hatchepsout, le jeune Moïse a perdu sa protection et a pu devenir un prince rival encombrant pour Amenhotep II (le fils unique du pharaon Thoutmosis III), de sorte qu’il a quitté la maison royale après un incident (Ex 2,11-21). Thoutmosis III a encore eu un règne de plus de trente ans après la mort d’Hatchepsout, ce qui correspond au fait que l’Exode indique qu’il est mort « longtemps après » (Ex 2, 23). Selon les avis divergents des égyptologues, Thoutmosis III meurt à une date qui varie de 1452 à 1413 avant Jésus-Christ.

Il est possible, dans ce contexte, que Moïse ait négocié le départ du peuple Hébreu avec le nouveau pharaon Amenhotep II et organisé l’exode vers 1447, même s’il subsiste une imprécision.

A cet égard, pour cette date de 1447, comme pour les autres dates proposées, il ne faut pas chercher une exactitude historique certaine dans l’hypothèse suggérée ici. Elles ne sont mentionnées que pour la clarté de la compréhension de la perspective historique du ou des auteur(s) des textes bibliques en cause qui est envisagée.

Au contraire, en mélangeant des années doubles et des années ordinaires, en y intégrant des durées arrondies (indiquant une approximation et une ignorance des durées précises réelles) ou des durées manifestement symboliques confirmant l’importance prépondérante du sens des évènements et leur réalité historique malgré l’absence de dates précisément connues avec certitude, les auteurs bibliques ont écrit avec autant de sagesse et de prudence que des historiens modernes, sans dépasser les limites de leurs connaissances concrètes.

Il n’y a pas eu de boulier compteur précis et fiable, mais la réalité historique générale est affirmée tant par la rigueur mathématique des durées présentées que par le respect des limites des faits connus.

Les dates proposées ici, sur la base d’hypothèses, doivent continuer à être confrontées aux progrès de la connaissance des faits historiques qui peut varier par rapport à celle des auteurs de la Bible sans affecter l’essentiel du caractère historique des faits en cause.

Il importe peu de connaître la date ou l’année précise de naissance ou de mort de tel ou tel individu. Ce qui compte, c’est une parole vraie sur sa présence et ses actions réelles dans l’histoire concrète.

Les égyptologues se disputent encore aujourd’hui sur les datations des règnes des divers pharaons d’Égypte. La date exacte de l’effondrement de la troisième dynastie de Ur, de la construction du temple de Salomon ou de la durée de vie de Moïse importe peu. Les historiens proposeront leurs appréciations.

Lorsqu’une concordance semble constatée entre des dates historiques et des indications bibliques, cela confirme le caractère concret historique des faits bibliques en cause, mais ceux-ci restent des témoignages très indirects qui ne relatent historiquement que les connaissances limitées des auteurs bibliques. Demain, des dates aussi précises que 2004, 1447 ou 967 avant notre ère seront peut-être davantage affinées ou rectifiées. Pour le récit biblique, cela ne change rien à l’essentiel que ce récit veut nous communiquer et qui résulte de manière suffisante des approximations possibles à l’époque où les textes bibliques ont été écrits.

Cela n’enlève rien à la valeur historique des récits que la Bible a pu raconter sur la base des connaissances de l’époque qui, à ce jour, concordent largement avec les opinions archéologiques et historiques majoritaires.

L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon

par Xavi » jeu. 09 nov. 2017, 17:40

La Bible s’exprime dans un langage culturel spécifique avec beaucoup de symboles et de mystères dans les durées bibliques, mais cela n’empêche pas d’y observer une image de la réalité historique.

Les informations historiques et bibliques actuellement disponibles sur internet permettent à notre génération d’approfondir notre compréhension des récits bibliques dans l’histoire comme jamais auparavant.

(NB. 13.02.2023 : À la suite de mes recherches, le tableau historique qui se trouvait dans ce message me semble devoir être revu et remplacé en tenant compte des années entre équinoxes en usage à Ur, et, à cet égard, je renvoie à mon message du 12 novembre 2022 dans le sujet intitulé « Adam a-t-il vécu 930 ans ? » :
https://www.cite-catholique.org/viewtop ... du#p454548 ).

Re: Généalogie de Jésus

par diviacus » mar. 12 janv. 2016, 7:34

Héraclius a écrit :C'est une conclusion rationnelle et il ne s'agit pas de nier sa valeur. Je dis simplement que ce n'est pas, pour autant, une preuve de la non-existence d'Abraham, indépendament des textes sacrés qui prétendent saisir sa vie.
Oui, je suis évidemment d'accord. En histoire ancienne, on ne peut jamais prouver la non-existence. Et on n'arrive jamais à un consensus à 100%.
Et on ne devrait jamais dire "jamais" :oui:
Héraclius a écrit :
J'en profite pour formuler une remarque qui me trotte dans la tête à chaque discussion sur l'Histoire relative à une religion (quelle qu'elle soit). Autant le fait de dire qu'une majorité d'historiens se met relativement facilement d'accord sur certains faits n'impliquant pas la religion (c'est un fait objectif) soulève relativement peu de contestations, autant ce même fait objectif est quasiment systématiquement contesté quand la religion est impliquée. Cela amène à se poser des questions...
C'est assez logique, puisque c'est une problématique qui touche directemment les gens aujourd'hui. D'ailleurs, ce n'est pas un phénomène limité à la religion. Pour avoir étudié un peu l'histoire médiévale, c'est fascinant de voir le nombre d'historiens marxistes qui cherchaient à replaquer leurs grilles de vision de l'histoire au dépend des faits dans les années 60-70). D'ailleurs quand vous dites "une discussion de l'Histoire relative à une religion", vous ne faites, volontairement ou non, mention des croyants comme sources exclusives de la contestation. Parce qu'il est évident que certains athées, souvent prêt à rivaliser de dogmatisme avec les plus fanatiques des croyants, sont nombreux à critiquer l'histoire religieuse quand elle ne colle pas à leurs voeux. La profusion des thèses "mythistes" étant un des exemples les plus "saillants".

Cela dit, je suis parfaitement d'accord avec votre constat, et je le déplore assez largement.
Je suis d'accord avec vous. J'avais pensé à ajouter "la politique" à "la religion" et je l'ai oublié.

Re: Généalogie de Jésus

par Héraclius » mar. 12 janv. 2016, 3:56

Je me contentais simplement de dire que l'existence d'Abraham est difficile à prouver ou réfuter. Je n'ai pas nié l'existence ou la valeur du consensus.

Je me limiterais à faire la supposition que les historiens ont établis que (a) les exilés juifs n'avaient aucun moyens de connaître l'histoire d'Abraham et son existence, étant donné qu'ils parlaient des siècles après les faits, sans sources autres que des traditions orales, que l'on peut considérer de façon générale comme non-fiables, et (b) ces exilés avaient des raisons d'inventer un personnage semblable. Basé sur ces deux sources (en réalité il y a en a d'autres, comme le fait que les coutumes mésopotamiennes décrites dans la Genèse ressemblent d'avantage aux coutumes mésopotamiennes de l'époque de l'exil qu'à celles de l'époque supposée des patriarches) il semble parfaitement logique de conclure que le personnage d'Abraham est vraisemblablement non-historique.

C'est une conclusion rationnelle et il ne s'agit pas de nier sa valeur. Je dis simplement que ce n'est pas, pour autant, une preuve de la non-existence d'Abraham, indépendament des textes sacrés qui prétendent saisir sa vie.

Du reste, je suis personnelement de ceux qui ne croient pas vraiment à l'existence du premier patriarche (ou plus exactemment, qui ne s'en préoccupent pas vraiment). Mon propos était simplement de souligner une légère nuance quant à la nature du consensus que vous citez.
J'en profite pour formuler une remarque qui me trotte dans la tête à chaque discussion sur l'Histoire relative à une religion (quelle qu'elle soit). Autant le fait de dire qu'une majorité d'historiens se met relativement facilement d'accord sur certains faits n'impliquant pas la religion (c'est un fait objectif) soulève relativement peu de contestations, autant ce même fait objectif est quasiment systématiquement contesté quand la religion est impliquée. Cela amène à se poser des questions...
C'est assez logique, puisque c'est une problématique qui touche directemment les gens aujourd'hui. D'ailleurs, ce n'est pas un phénomène limité à la religion. Pour avoir étudié un peu l'histoire médiévale, c'est fascinant de voir le nombre d'historiens marxistes qui cherchaient à replaquer leurs grilles de vision de l'histoire au dépend des faits dans les années 60-70). D'ailleurs quand vous dites "une discussion de l'Histoire relative à une religion", vous ne faites, volontairement ou non, mention des croyants comme sources exclusives de la contestation. Parce qu'il est évident que certains athées, souvent prêt à rivaliser de dogmatisme avec les plus fanatiques des croyants, sont nombreux à critiquer l'histoire religieuse quand elle ne colle pas à leurs voeux. La profusion des thèses "mythistes" étant un des exemples les plus "saillants".

Cela dit, je suis parfaitement d'accord avec votre constat, et je le déplore assez largement.


Héraclius -

Re: Généalogie de Jésus

par diviacus » lun. 11 janv. 2016, 21:04

Xavi a écrit : « on peut imaginer que… » : n’est-on pas loin d’une constatation objective ?

« une majorité des historiens conclut » : connaissez-vous un seul historien qui ait conclu comme vous l’indiquez « après » avoir étudié la question et répondu aux arguments en cause ?

« suffisamment d’anachronismes ou d’affirmations contredites » : où sont-ils ?

« Abraham… un condensé de plusieurs personnages » : où est le fondement objectif d’une telle hypothèse qui semble gratuite ? On peut tout imaginer sans référence précise, mais on est très loin de la rigueur d’une démarche scientifique d’un historien.

Il me semble que j’ai fait l’effort de présenter des éléments précis par rapport à ce que les historiens peuvent constater objectivement et à ce que la foi peut admettre au-delà de ce que la science peut actuellement démontrer.
J'ai écrit :"Il faudrait étudier en détail les raisons qui permettent de dire que la majorité des historiens conclut à la non-historicité d'Abraham, mais on peut imaginer que ...".
Ce que vous relevez ne sont donc que des propositions et non des constations objectives, et je pense avoir clairement dit que je n'étais pas un spécialiste de l'histoire biblique, et que je n'avais pas le temps de faire des recherches sur le sujet.
Ces propositions ne sont que des analogies avec des raisons évoquées par les historiens dans quasiment tous les récits analogues.
Xavi a écrit :Mais souvent, hélas, le dialogue s’éteint vite lorsqu’il s’agit de l’histoire concrète de Dieu parmi les hommes.
Je pense que nous avons dit, l'un et l'autre ce que nous pensions. Mais nous ne sommes pas exactement sur le même plan, et je pense que nous n'arriverons pas à rapprocher nos opinions. C'est pour cela que je pense qu'il vaut mieux ne pas continuer cette discussion (sans amertume).

Re: Généalogie de Jésus

par Xavi » lun. 11 janv. 2016, 20:31

diviacus a écrit :la majorité des historiens conclut à la non-historicité d'Abraham, mais on peut imaginer que suffisamment d'anachronismes ou d'affirmations contredites par l'archéologie les amène à cette conclusion, et que le personnage d'Abraham tel que décrit dans la Bible, est un condensé de plusieurs personnages
« on peut imaginer que… » : n’est-on pas loin d’une constatation objective ?

« une majorité des historiens conclut » : connaissez-vous un seul historien qui ait conclu comme vous l’indiquez « après » avoir étudié la question et répondu aux arguments en cause ?

« suffisamment d’anachronismes ou d’affirmations contredites » : où sont-ils ?

« Abraham… un condensé de plusieurs personnages » : où est le fondement objectif d’une telle hypothèse qui semble gratuite ? On peut tout imaginer sans référence précise, mais on est très loin de la rigueur d’une démarche scientifique d’un historien.

Il me semble que j’ai fait l’effort de présenter des éléments précis par rapport à ce que les historiens peuvent constater objectivement et à ce que la foi peut admettre au-delà de ce que la science peut actuellement démontrer.

Mais souvent, hélas, le dialogue s’éteint vite lorsqu’il s’agit de l’histoire concrète de Dieu parmi les hommes.

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