Méditations pour la période de Carême

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Re: Méditations pour la période de Carême

par Fée Violine » dim. 04 mars 2018, 20:21

Miséricorde dans ma chair
Pose-moi comme un sceau sur ton cœur.
Cantique des cantiques chapitre 8, verset 6

Camille,
Fraternité de la résurrection de Lazare Béthanie

Il m’a relevée, il m’a fait renaître. Le Vivant est descendu aux racines de mon être. Là où personne ne pouvait aller, en ce lieu profond il m’a rencontrée. J’avais perdu les clefs de ma vie, comment user de ma liberté ? J’étais née, j’avais grandi, marché sous le soleil, puis l’orage et la pluie. Nuit. Un silence sur ma vie. Sortir, questionner le monde, rassembler les âges et les années, interroger la science, les mages et les sorciers… « Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » « Je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé. »* Être brûlée du désir de la vérité, et parfois mourir de ne pas trouver… J’ai soif et je crie : « Qui pourra abreuver celle que le monde entier ne saurait combler ? »
Silence… Puis là, derrière mon mur, une présence. Un prêtre prononce sur moi le nom inconnu de Jésus. Les cieux se déchirent, ma tête se relève, la grâce m’enivre, je me retrouve à terre. Mes larmes dans la poussière. Jésus me libérant de l’enfer. L’abîme de ma soif rencontre l’abîme de sa passion. Miséricorde dans ma chair.
Fille de la nuit et de ses adeptes, je deviens épouse du Christ et de ses préceptes. Pécheresse devenue princesse. Ma vie un soir dans les poubelles, le lendemain déposée sur l’autel, Jésus est passé. Il m’a relevée.
À 18 ans je reçois le baptême. Résurrection. Feu sur ma vie. Confirmation. Dieu vivant en moi. Vivre en lui. Toujours. Chanter pour mes frères. Ceux qui sont dans les épines, les fers, les rues, la glace. Solidaire du péché et de la grâce. Dans l’abîme comme dans la gloire, le louer, ne jamais perdre espoir. Dieu plus fort que la mort. Sa miséricorde régnera pour l’éternité !

* Cantique des cantiques, ch. 3, v. 2-3

Re: Méditations pour la période de Carême

par Fée Violine » jeu. 01 mars 2018, 18:09

Médicament de l’autre
Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé.
Lecture de saint Paul Apôtre aux Romains chapitre 5, verset 20

Killian,
Communauté Cenacolo

Une enfance compliquée entre parents séparés, dialogues inexistants, et questions sans réponses qui mène à un sentiment d’abandon et de solitude. Situation banale dans le monde actuel. Mais au milieu de tout cela, un enfant en quête de bonheur.
En grandissant, forgé par les mauvaises décisions et les erreurs de parcours, me voilà lancé sur l’autoroute du faux bonheur. Illusion qui semble remplir un vide. Petit à petit, l’autoroute se transforme en impasse. La drogue, souvent. Descente dans l’obscurité. Est-ce la fin ?
Dans la nuit, une main se tend. Je n’avais presque plus de volonté. Poussé par mes proches, j’arrive au Cenacolo. J’y rencontre des gens qui ont les mêmes problèmes que moi et qui ont trouvé la force de changer. On y travaille dur – potager, foins, maçonnerie – mais jamais seul. On s’entraide gratuitement. Des amitiés vraies se nouent ; on se découvre médicament de l’autre. On prie souvent. Peu à peu, je m’engage dans la prière par une réponse personnelle.
Dans le regard de mes proches, je découvre que je change : caractère, rapports avec ma famille, manière de m’exprimer, de me comporter. Ma volonté s’affermit. « Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. »
Au milieu de rien, l’espoir est né. Quelle est cette main qui m’a relevé ? On peut l’appeler foi, prière, ou encore providence. Moi, je préfère l’appeler Dieu. Il a entendu mon cri de désespoir, et y a répondu. Un passage difficile, des épreuves, des doutes, des luttes... pour au final atteindre le but initial : le bonheur, le bonheur vrai.

Re: Méditations pour la période de Carême

par Fée Violine » lun. 26 févr. 2018, 16:55

Le monde est stone
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Évangile selon saint Marc, chapitre 9, verset 8

Audrey,
Fidèle de Retraite dans la Ville

Le monde est stone, pierre qui parfois broie la vie des enfants. Emmurée dans ce silence où j’avais trop crié, j’étais écrasée par ce poids de honte de n’avoir jamais pu, jamais su me défendre. M’étendre sur le sol et mourir, il ne restait que cela. Sans plainte, sans révolte. Simplement m’éteindre, reposer, enfin. J’avais treize ans.
« Tandis qu’en moi mon âme défaillait, je me suis souvenu du Seigneur. »* Mon regard, qui se lève du sol, se pose sur la crèche de Noël, et cette certitude alors : je n’ai pas le droit. Pas le droit de céder à la mort où tout menait, m’enserrant comme un filet. Dieu, là. Son regard dans le mien, présence qui échappe à tout mot, désarme la mort, repousse le néant. Je ne comprends pas, mais c’est assez pour reprendre le chemin.
Les années passent. Les murs du silence confinent la vie, à la fois protègent et emprisonnent. Et ces chaînes aux pieds, que mon regard ne veut, ne peut pas voir. « Mais tu veux au fond de moi la vérité. »** Tu le veux par amour pour moi, Seigneur. Cette vérité, c’est toi. Rencontre vivante, intime fulgurance dans le temps arrêté. « Il a fendu le rocher : les eaux ont ruisselé ! »*** Et soudain, la chair sait en cette faim de Dieu qui la prend au corps, ce qu’elle a toujours confusément cherché. Instant de grâce où tout est donné.
Et une vie pour le déployer. Rouvrir la blessure, présenter à Dieu cette douleur nue, intacte, plaie béante qu’effleure son infinie tendresse. Et la grâce de la confiance donnée, le silence brisé, la honte enlevée d’être dite. Les murs tombent, pierres roulées, et la vie qui inonde, les larmes et la joie. S’engager avec Dieu sur les chemins du passé, du pardon libérateur, comme en Terre promise.
Et puis un jour, regarder en arrière en toute douleur et voir le Christ là, seul, à mes côtés. Expérience de transfiguration, bouleversante, qui saisit l’être tout entier, où l’on sait que seul, on ne l’a jamais été. Ma vie à sa lumière. Elle abolit les comment, les pourquoi. Présence qui seule fait sens. Dieu, mon rocher.


*Livre de Jonas ch.2, v. 8
** Psaume 50 v. 8
***Livre d'Isaïe ch. 48, v. 21

Re: Méditations pour la période de Carême

par Fée Violine » sam. 24 févr. 2018, 2:28

En trois dimensions
Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Livre du Lévitique, chapitre 19, verset 2

Frère Adrien Candiard,
Couvent du Caire

« Sainteté ! Que de saints sont ratés en ton nom ! »*, se désolait Madeleine Delbrêl, grande figure spirituelle du XXe siècle. C’est que cette sainteté peut être le lieu d’un grand malentendu. Pour beaucoup, l’objectif semble trop ambitieux, parce qu’il suppose qu’il faut pour cela réaliser d’inaccessibles miracles. Mais il peut aussi sembler un peu inquiétant : s’il s’agit d’être parfait, sans défaut, n’allons-nous pas finir comme des saints de vitrail qui n’existent qu’en deux dimensions, des visages impersonnels, des personnalités bien lisses et un peu transparentes ?
C’est qu’on fait de la sainteté une forme de perfection, un idéal de pureté qui n’a plus grand-chose à voir avec la réalité de notre vie. Et qui n’a pas grand-chose à voir non plus avec la véritable sainteté. Car la sainteté chrétienne n’est rien d’autre que la vie avec Dieu, c’est-à-dire l’entrée de Dieu dans ma vie concrète, avec ses chagrins d’amour et ses allergies au poil de chat, ses espoirs de promotion et ses tartes aux pommes réussies, ses cris d’enfants et sa solitude.
C’est la joie de la présence de Dieu que rien ne peut nous ravir. Partager la sainteté de Dieu, ce n’est rien d’autre que partager sa joie. Il n’y a pas de raison pour que cette joie m’empêche d’être moi-même : au contraire, si ma vie n’est pas ma vie mais une espèce de rêverie éthérée, elle ne peut plus exister. La ressemblance avec le Dieu crucifié ne se fait pas au prix de l’effacement de mes propres traits, car retrouver la ressemblance, à la suite des saints, c’est laisser le sourire de Dieu illuminer mon visage.

Re: Début de carême 2018

par Fée Violine » mar. 20 févr. 2018, 12:04

méditation du 20 février
Gardien de la porte ouverte
"Alors Dieu prononça toutes les paroles que voici: “Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.“
Livre de l’Exode, chapitre 20, versets 1 et 2

Frère Adrien Candiard,
Couvent du Caire

« Il se prend pour Dieu le Père, celui-là ! » En général, quelqu’un qui se comporte comme s’il était Dieu n’est pas très agréable à fréquenter : il abuse de son autorité et donne des ordres à tout le monde. Il est vrai que Dieu aussi nous a donné des commandements – comme les fameux « Dix commandements ».
Est-ce en cela que nous devrions lui ressembler ?
Il est utile de remarquer que, dans cette page célèbre, Dieu commence par se présenter : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. » Avant d’être le Dieu qui commande, il est le Dieu qui libère.
Il ne lance pas ses commandements à la cantonade, à n’importe qui : il s’adresse au peuple qu’il vient de faire sortir de l’esclavage. Cela donne le sens de ces commandements : nous maintenir dans cette liberté et nous éviter une servitude bien plus impitoyable que l’esclavage de Pharaon – celle du péché. Tous les pécheurs voient de quoi je parle : trop souvent, l’habitude, la colère, mon envie du moment, me font agir autrement que je le voudrais. Personne ne me contraint, et pourtant je ne fais pas ce que je veux profondément. Il n’est pas si facile d’être libre.
Dieu refuse aussi bien de s’en laver les mains, sous prétexte de respecter notre liberté, que de vouloir à notre place. Il choisit de nous aider à être nous-mêmes, à le vouloir vraiment. Retrouver la ressemblance avec le Dieu du Sinaï, c’est, dans mon couple, ma famille, mes amitiés, ma communauté, dans la société, me faire le gardien de la liberté de l’autre, du mystère de l’autre, du mystère qu’est l’autre.

Début de carême 2018

par Fée Violine » lun. 19 févr. 2018, 23:49

Carême dans la ville, méditation du jour :

À mon image
Petits enfants, gardez-vous des idoles.
Première lettre de saint Jean, chapitre 5, verset 21

Frère Adrien Candiard,
Couvent du Caire

J’avais seize ans lorsque je décidai de faire ma première retraite, seul, dans une abbaye où je ne connaissais personne. J’avais seize ans, et des idées tranchées – sur la politique, la beauté, le sens de la vie – comme on peut n’en avoir qu’à cet âge ; Dieu était, me semblait-il, la clef de voûte de ces convictions. Ce que ces jours de silence me firent voir, c’est que Dieu n’acceptait pas de jouer le rôle que je lui réservais.
Il refusait de n’être qu’un concept, une idée ou le garant de mes certitudes. Non que ces convictions fussent fausses (il y en a beaucoup auxquelles, vingt ans plus tard, je n’ai pas renoncé), mais Dieu m’invitait à une aventure autrement plus exaltante que la clôture de mon système : commencer à connaître le Dieu Vivant.
Et la première étape, dont je ne suis jamais tout à fait sorti, c’était d’abandonner le Dieu que j’avais fabriqué à mon image.
Car il est tentant, si je peine à ressembler à Dieu, de faire en sorte que lui me ressemble. La Bible appelle cela l’idolâtrie. Il ne s’agit pas seulement des cultes des sociétés anciennes qui adoraient des statues, ni même du risque d’idolâtrer l’argent ou le dernier smartphone.
Il s’agit bien plus souvent de la tentation d’avoir un Dieu qui me ressemble, de droite, de gauche, amateur de football ou de chant grégorien, qui vient simplement rehausser de son prestige divin mes opinions...
Retrouver la ressemblance avec le Dieu Vivant, c’est d’abord accepter de faire silence, d’abandonner mes tentatives de m’approprier Dieu pour me mettre à son écoute, et accepter de me laisser surprendre.

Début de carême 2018

par Fée Violine » dim. 18 févr. 2018, 22:58

Carême dans la ville, la méditation du jour :
http://go.communaute.retraitedanslavill ... NnqmuBDkN0
En pays de dissemblance

Dieu dit: «Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance.»
Livre de la Genèse, chapitre 1, verset 26

Frère Adrien Candiard,
Couvent du Caire

Dieu a créé l’homme à son image, c’est la Bible qui le dit. En un peu moins beau tout de même, ai-je souvent envie d’ajouter en écoutant les informations. À travers ses guerres, sa violence, son égoïsme, l’homme ne donne pas toujours à voir en lui la face resplendissante de Dieu.
En nettement moins beau, décidément, me dis-je en secouant la tête devant mon miroir. Car si je me sens loin, Dieu merci, des criminels ou des bourreaux qui peuplent les journaux, je ne suis pas bien sûr de refléter beaucoup mieux son visage.
Il y a mon péché, qui m’humilie à force de répétition ; il y a mes petites mesquineries, mon horizon trop étroit, que je ne sais pas élargir ; il y a ma résignation, surtout, à n’être pas un saint, mon manque d’envie, parfois mon découragement. Rien de bien dramatique, sans doute. Mais je suppose que Dieu est autrement plus présentable. « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance », avait-il dit ; pourtant, si je sens bien qu’il y a en moi quelque chose de plus grand que moi, quelque chose de divin, je constate également que bien souvent, je ne suis pas à la hauteur.
Cette dissonance en moi, des théologiens anciens l’ont expliquée ainsi : dans notre chute, nous avons conservé en nous l’image de Dieu, mais nous avons perdu la ressemblance. Nous laisser relever, cela consiste justement à retrouver cette ressemblance. Car en la perdant, je me suis perdu moi-même. « Cela ne me ressemble pas », c’est ce que je dis quand j’ai fait quelque chose dont j’ai honte.
Et parfois, j’ai l’impression de ne plus tellement me ressembler.
C’est pour cela que le Christ, en ce début de carême, nous invite à le suivre au désert. Pas pour fuir les hommes, encore moins pour me fuir moi-même, mais pour retrouver les chemins de l’intimité avec Dieu, le temps passé à écouter sa parole ou simplement à être avec lui dans tout ce qui occupe mon quotidien.
Car c’est cette intimité qui me rendra cette ressemblance, comme deux vieux amis qui n’ont pas du tout les mêmes traits, mais qui finissent par partager, après des années de familiarité, le même inimitable sourire.

Re: Carême 2016

par Fée Violine » sam. 26 mars 2016, 21:44

Son règne arrive


La parole de Dieu

« Les femmes trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. »
Évangile selon saint Luc, chapitre 24, versets 2 & 3

La méditation (fr. David Macaire)
Il n’y a pas grand-chose à faire aujourd’hui. À Jérusalem, c’est le sabbat, la commémoration hebdomadaire du repos divin. Après que tout a été accompli, Dieu s’est reposé. De même, le Fils de l’homme repose au tombeau. L’œuvre du salut, plus admirable encore que l’œuvre de la création, mérite ce grand calme du Samedi saint. Seul le repos apaise le cœur. L’Église aussi, comme les disciples, attend, les yeux fermés.
De fait, il n’y a pas grand-chose à voir dans la nuit. Les saintes femmes attendront le jour pour visiter et embaumer le corps de celui qu’elles aiment, mais le spectacle risque d’être bien triste dans la pénombre du tombeau, elles se dépêcheront. Et pourtant, seule cette nuit permet de voir… Il n’est pas prévu qu’elles s’attardent, elles se tairont, car la mort semble avoir le dernier mot. D’ailleurs, il n’y a pas grand-chose à dire ce matin. Tout a été dit : le Verbe est venu, le Verbe est né, le Verbe a parlé, le Verbe a souffert, le Verbe est mort… Qu’ajouter encore à la plénitude de la révélation ? Seul le silence permet d’entendre.
Rien à faire, rien à voir et rien à dire : le mouvement de l’histoire est comme arrêté. Mais celui du cœur et de l’esprit est d’autant plus en ébullition. Et si repos, nuit ou silence sont une ambiance de mort pour certains, ils signalent le temps de l’espérance pour d’autres. Ceux qui croient que, dans le repos, la vie entre en mouvement ; que la lumière jaillit de la nuit et qu’un cri de victoire viendra transpercer le silence. Tout est en devenir : la vie arrive, le règne de la Miséricorde arrive.

Méditation enregistrée dans les studios de Radio Saint Louis (Martinique)

Re: Carême 2016

par Fée Violine » jeu. 24 mars 2016, 11:45

Vous serez vraiment grands dans la mesure où vous êtes petits


La parole de Dieu
« Sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »
Évangile selon saint Jean, chapitre 13, verset 1

La méditation (frère David Macaire)
Le plan de Dieu est simple : faire de nous ses fils et ses filles. Merveilleuse entreprise du Dieu amour qui veut restaurer la ressemblance initiale défigurée par le vieil homme. Ainsi, tout le ministère de Jésus consiste à faire en sorte que l’homme nouveau agisse comme lui et aime comme lui. Pour cela, il nous a aimés jusqu’au bout, jusqu’au sacrifice de sa vie dont nous faisons mémoire à chaque eucharistie.
L’orgueil humain est malheureusement capable de s’affranchir de tout et d’abord de Dieu. Il est le virus le plus répandu, le plus dangereux et le plus tenace de nos cœurs… Tout péché, même le plus mignon, s’enracine dans un acte d’orgueil : un moment où nous refusons, les yeux dans les yeux, l’amour et l’intelligence divine et choisissons de suivre notre propre désir. C’est pour cela que le Fils de l’homme a pris le chemin de l’abaissement pour sauver ceux que l’orgueil a perdus : il s’abaisse en prenant chair. Il s’abaisse en lavant les pieds de ses disciples. Il s’abaisse en livrant son corps et en versant son sang. Il s’abaisse et cet abaissement n’est qu’amour pour les hommes qu’il vient toucher et consécration à la volonté du Père. Il s’abaisse, mais c’est pour être élevé plus tard au-dessus des cieux. Il s’abaisse pour que, même si nous sommes tombés bien bas, avec lui nous soyons élevés au rang des vrais adorateurs et des vrais frères. Il s’abaisse jusqu’à nos lèvres et nous devenons ce que nous recevons.

Méditation enregistrée dans les studios de Radio Saint Louis (Martinique)

Re: Carême 2016

par Fée Violine » lun. 21 mars 2016, 21:26

Toucher le ciel

La parole de Dieu
« Marie ayant pris une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. »
Évangile selon saint Jean, chapitre 12, verset 3

La méditation (frère David Macaire)
L’instinct féminin de Marie ne l’a pas trompée : guidée par l’Esprit d’amour, elle pose l’acte qu’il faut, où il faut et quand il faut. À la veille de la Pâque, ce geste de la disciple bien-aimée, celle qui avait « choisi la meilleure part », résume prophétiquement le salut de chacun de nous. C’est un geste d’amour personnel, intime, mais il est en même temps un témoignage qui se répand dans toute la maison jusqu’à nous. Alors que certains y verraient une idolâtrie méprisable aux relents machistes, Marie pose un acte d’authentique adoration. Judas et ceux qui lui ressemblent crient au gâchis, mais elle touche la vérité et la beauté suprêmes que les plus grands philosophes et les prophètes les plus éminents avaient cherchées depuis des siècles. En se mettant au pied de Jésus, Marie les surpasse tous. Elle touche le ciel.
Son geste d’humilité, voire d’humiliation, est une consécration à la seule personne qui peut en être digne : celui qui, par sa mort et sa résurrection, va lui donner de devenir fille du Père éternel. Cette onction de nard pur est son baptême à elle, son plongeon dans la mort du Fils : la pauvre fille trempe les pieds de Jésus dans son parfum, mais c’est du sang de son bien-aimé qu’elle sera ensuite couverte au pied de la croix. Cette femme a tout compris. Pour resplendir de beauté et respirer enfin l’air pur du bonheur, pour laver sa misère, pour être regardée et touchée par le Dieu des Miséricordes, il n’y a qu’un moyen : se donner à Jésus. Par lui, avec lui et en lui, le Père fait Miséricorde.
Méditation enregistrée dans les studios de Radio Saint Louis (Martinique)

Re: Carême 2016

par Fée Violine » dim. 20 mars 2016, 11:23

Frère David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France (Martinique)

• Dire « Père » comme Jésus •

La parole de Dieu
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »
Évangile selon saint Luc, chapitre 22, verset 42

La méditation
Nous n’aimons pas la soumission, elle sonne mal à nos oreilles ; elle semble contraire à notre liberté, à notre dignité ! Souvent, même, nous lui préférons la domination, même si notre fond chrétien sait que celle-ci est la conséquence du péché.
En tout cas, pour affronter la jungle des relations de notre monde, nous tentons souvent un équilibre entre les deux sur une ligne de crête périlleuse. « Ni domination, ni soumission » (peut-être le slogan de l’honnête homme du XXIe siècle !).
Malheureusement, le maintien de cette stratégie du « ni-ni » ne dépend pas que de la bonne volonté de chacun. Selon les rencontres, les psychologies, les blessures, la situation ou la philosophie du milieu dans lequel nous sommes, nous nous trouvons tantôt dominés, tantôt dominants… Ce n’est pas agréable, mais la jungle est la jungle et elle ne connaît que la loi du plus fort.
Même l’Évangile semble nous présenter ce diptyque : d’un côté, Jésus, le jour des rameaux, dominant la ville et le peuple de Jérusalem, est accueilli comme un roi par des vivats. D’un autre côté, peu de temps après, devenu faible, il est conspué et mis à mort violemment par ce même peuple… Dominant-dominé : une fatalité !?
Mais voilà que la révélation de Dieu comme Père met fin à cette impasse : certes, face aux réalités si puissantes qu’il affronte, chaque être humain ressent sa fragilité, mais alors qu’il est tenté de sombrer dans les voies du désespoir ou de l’orgueil, il découvre que le regard de Dieu est celui d’un Père qui veut faire Miséricorde. En confiant sa vie, avec ses misères, à celui-là seul qui la respecte et qui l’a créée, non seulement l’être humain ne perd rien de sa dignité, mais il brise toute crainte d’être écrasé par un autre. Jésus qui entre à Jérusalem ne domine pas le peuple, Jésus qui pleure à Gethsémani n’est pas écrasé. C’est toujours Jésus, fils unique du Père des Miséricordes, qui, dans la foule comme dans la solitude, se laisse façonner par « ce que veut le Père » (la Miséricorde) et nous entraîne à sa suite dans ce même amour. Veux-tu marcher avec lui ?
Méditation enregistrée dans les studios de Radio Saint Louis (Martinique)
Le frère David Macaire était auparavant prieur du couvent de la Sainte-Baume, où je l'ai vu il y a 2 ans lors d'un week-end de Fraternités laïques dominicaines. Il est très sympathique !

Re: Carême 2016

par Kerniou » dim. 20 mars 2016, 10:55

Belle méditation sur le pardon et l'espérance.

Re: Carême 2016

par Fée Violine » sam. 19 mars 2016, 21:42

Cœur libre


La parole de Dieu
« Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
À ma sortie de prison, j’avais très peur de dire d’où je venais et que l’on m’interroge sur mon passé. Peur d’être jugé. J’avais l’impression que les yeux du monde entier étaient fixés sur moi, comme sur la femme adultère, pour me condamner parce que j’avais failli à la perfection. Nul homme ou femme n’est parfait. Avoir été condamné à trente-deux ans de prison aux États-Unis fait-il de moi un pécheur pire que celui qui n’a pas connu la prison ? Le monde a le pouvoir de mettre notre corps en prison, mais il ne peut pas emprisonner notre âme. Mon âme appartient à Jésus-Christ, et je suis là pour le servir, fleurir là où j’ai été planté, là où je suis.
Surtout nous rappeler que nous sommes aimés, que je suis aimé. Le Christ a suffisamment aimé la femme adultère pour ne pas la condamner. Jésus lui a pardonné comme il m’a pardonné, à moi, et comme il pardonne à qui vient à lui. Dieu, dans son infinie Miséricorde, désire et peut pardonner au plus endurci des pécheurs. Son pardon et sa Miséricorde ne dépendent de rien, sinon qu’on vienne à lui. Même lorsque notre péché est si grand que — nous semble-t-il — nous sommes au-delà de toute possibilité de rédemption, Dieu nous prend par la main pour nous amener au salut.
Comme la femme adultère, nous sommes dans une situation de grande sainteté, dépouillés de tout, de l'extérieur, pour marcher main dans la main avec Jésus. C’est à moi et à moi seul de prendre la décision de suivre Jésus. La Miséricorde est à ma portée, ouverte à tous.
Et maintenant, mon frère, ma sœur, mon cœur est libre, mon âme est dans la joie à la pensée que la Miséricorde divine s’est répandue sur moi, et de même que la femme adultère a été pardonnée, moi aussi, j’ai reçu la grâce de Jésus. J’en suis plein de gratitude. Que Dieu vous bénisse tous !
Robert Gonzalez, opl
L'auteur de cette méditation est un laïc dominicain, comme moi :) :coeur:

Re: Carême 2016

par Fée Violine » ven. 18 mars 2016, 18:35

Le milieu de nous

La parole de Dieu
« Dieu est le meilleur de nos amis, et pour un ami, tous les repentirs possibles ne valent pas un bon "je t’aime !" »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
Au centre du cercle, au cœur du temple, voilà cette femme, accusée par les hommes du temple, menacée, condamnée bientôt. Sans comprendre ce qu’ils font, ils la placent au milieu, c’est-à-dire là où est Jésus, lui qui est « le milieu de nous », le cœur de nos relations, « l’entre nous », le cœur de Dieu, le point focal de la Miséricorde.
En la mettant au milieu de leur cercle pour l’accuser, les hommes du temple placent la femme en compagnie du Christ, et dans le même mouvement l’accusent, lui, implicitement, de désinvolture devant la loi de Moïse. Subrepticement, Jésus prend la place de la femme, de l’accusée, à tel point que bientôt c’est lui que l’on cherchera à lapider. Ce geste, il le fait avec chacun de nous. La non-condamnation de la femme est en même temps la non-condamnation des scribes et des pharisiens. Ils se sont jugés eux-mêmes, cela suffit. Au cœur de nos fautes, il est là, lui le défenseur. Il nous tient la main et reçoit l’offense à notre place. Jusqu’à la croix, où il a porté la condamnation pour nous en délivrer. Il faut se blottir près de lui, jusqu’à se glisser dans son côté ouvert pour recevoir la vie qu’il offre : « Moi non plus, je ne te condamne pas. »
Le Christ, aujourd’hui, te dit cela à toi. Ce faisant, il te fait naître à la vie. Il te crée du dedans. Il fait de toi, de ta chair, de ta peau, son temple. Dans le Saint des Saints que tu es, il n’y a pas de place pour la condamnation. Ni pour l’accusation.
Sœur Anne Lécu.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Besançon.

Re: Carême 2016

par Fée Violine » jeu. 17 mars 2016, 14:10

Plus bas que toi

La parole de Dieu
« L’homme n'a pas encore parlé et déjà Dieu a tout compris, tout accordé ; il n'a pas encore demandé et déjà il a tout reçu. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
Le peuple assoiffé boit Jésus. Et surprise ! Une femme va venir à lui, malgré elle, jetée à ses pieds, au milieu, par ses accusateurs, qui ne savent pas ce qu’ils font.
Jésus se tait et son corps s’abaisse : mystère de la Parole de Dieu faite chair. Jésus s’abaisse. Son corps, dans son silence enveloppant d’Amour, se fait tout petit aux pieds de la femme, plus bas qu’elle. La seule présence de Jésus parle, cœur à cœur, âme à âme, dans la vérité nue qui rend la femme à sa liberté : « Ne crains pas, je suis le Très-Bas, plus bas que toi, pour qu’en me relevant tu te relèves toi aussi ! »
Quand je suis en adoration devant Jésus-Eucharistie, la présence du ressuscité dans ce petit morceau de pain éclaire doucement, patiemment, mes zones d’ombre. Là, silencieux, il mendie et frappe à la porte de mon cœur. Il voit mon désir et défait imperceptiblement les nœuds de mon âme. Je bois à la source d’eau vive, je reviens à la vie.
Alors Jésus se redresse et il lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » La femme sent comme une eau vive couler sur elle, celle d’un regard qui relève, qui la renvoie à la vie, qui la libère du regard accusateur, du mensonge, et qui la rend à elle-même. Elle se redresse, sort de son silence et proclame sa foi : « Personne, Seigneur ! » Jésus lui dit : « Moi non plus je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus ! »
Et toi, où as-tu vu Jésus s’abaisser devant toi pour te relever ?
Sœur Marie-Emmanuelle.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Besançon.

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