par cmoi » mer. 17 juil. 2019, 16:27
Pierrot2; voila : chose promise...
Le catéchuménat en principe sert à lever les objections que nous pourrions avoir à partager la foi et la vie de l’Eglise. Mais pour ceux qui ont été baptisés dès leur plus jeunes années, c’est au fur et à mesure qu’ils découvrent les choses que ces dilemmes se font jour. Je ne parle pas tant là des points de théologie qui font encore débat, à moins que l’avis dominant soit clairement dominant et quasiment exclusif. Sur d’autres sujets plus historiques (comme l’inquisition) l’Eglise elle-même a reconnu ses torts et je ne pense pas que ceux-là soient à retenir comme des points d’achoppement.
En ce qui me concerne, Il y eut d’abord ma grand-mère maternelle, qui m’apprit à lire à 3 ans en se servant d’un catéchisme (les miches de pain) et qui avait des ascendances Russes prestigieuses. Plus tard, quand je poserai « des colles religieuses » à ma famille et à ses invités religieux (évêques, etc. du beau monde !) il s’avérera que le point de vue orthodoxe, qui lui fut transmis et qu’elle respectera bien qu’elle fut toujours catholique, permettait de résoudre certains points qui sinon seraient restés obscurs ou insuffisants, avec un brio mystique que j’affectionnerai.
Voilà donc ma liste des choses qui m’étaient dérangeantes (dans un ordre chronologique et sachant que certaines furent évanescentes) et qui ne le furent plus. Sachant que ce ne sont pas toujours les plus insignifiantes qui le sont le moins quand on les considère :
- La communion sous deux espèces quasiment réservée aux clercs
L’usage d’une denrée modifiée pour l’eucharistie et qui n’a quasiment jamais eu court à nos repas habituels
L’ajustement des sacrements (baptême, première communion, confirmation) + profession de foi, sur un parcours qui ressemble à celui de la scolarité
Un baptême au rabais, non par immersion complète
Le fait que le baptême ne change pas les conditions extérieures de notre salut (bien qu’il efface la faute et sa peine, et même si le contraire serait difficile à mettre en œuvre !)
Le fait d’une hiérarchie (laïc/clerc, etc.) et tout ce que cela entraîne, notamment les scandales de la curie Romaine
Les commandements de l’Eglise (qui obligent sous peine de faute grave)
Les changements liturgiques et excès qui ont suivi Vatican II : sans eux et les déchirements presque fratricides qui les ont accompagnés (ma famille fut partagée, une partie est devenue traditionnaliste), aujourd’hui j’administrerai les sacrements sous la houlette romaine. Je n’ai au lieu de cela qu’ondoyé 2 fois, en des circonstances exceptionnelles qui le justifiaient amplement. Ces changements, qui conspuaient ce qui avant était sacralisé, m’ont incité comme beaucoup à reprendre et raviver mes désaccords intellectuels non résolus
De là :
- Les dogmes de l’immaculée conception et de l’assomption (en ce qu’ils obligent sous peine d’hérésie, donc d’excommunication, donc deviennent un critère discriminant pour être sauvé : il me semble que certains dogmes ne relèvent pas de la foi nécessaire au salut, qui furent établis sur des éléments ne faisant pas appel à la raison et une fois close la révélation…) même si personnellement j’y crois.
Le dogme de l’infaillibilité papale, en ce qu’il est autoproclamé : en toute bonne logique il aurait fallu qu’elle soit antérieure pour qu’il soit valide, or si Jésus a donné à Pierre un charisme ce serait plutôt celui de la conservation du troupeau dans son intégralité : les procédés employés (ce dogme + les excommunications) sont trop extrêmes et douteux, susceptibles de révisions… L’infaillibilité personnelle n’est pas un moyen induit par cette promesse de prévaloir sur les portes de l’enfer, mais plutôt la charité fraternelle.
La sacralisation de l’hymen de Marie qui serait resté intact (même à l’accouchement) et que certains tiennent pour une vérité de foi : comme s’il n’y avait pas d’autres sujets plus importants !
Le refus de la communion aux divorcés remariés (jusque récemment, mais surtout la façon erratique et brouillone, contradictoire parfois, dont l’Eglise a évolué sur ce thème de l’indissolubilité au fil du temps et qui a révélé bien des lacunes et défauts : d’abord on ne divorce pas mais se sépare, ensuite on peut éventuellement annuler et seulement après divorcer, puis le contraire : il fallait divorcer avant de demander l’annulation, et si on a vécu en concubinage donc dans le péché eh bien on peut encore se marier et pas ceux qui l’ont fait et ont été quittés sans faute de leur part, les « réserves » apposées sur les actes de mariage, etc. sans compter l’obligation de se marier civilement d’abord et qui fiscalement pénalisa longtemps les parents mariés donc chrétiens)
L’idée qu’il était juste que le Christ souffre pour nos péchés, parce que seule la souffrance d’une nature Divine pouvait réparer un tort fait à cette nature Divine : je crois qu’il a souffert pour nous ouvrir son cœur et nous montrer la voie, par nécessité d’amour et non par justice. Conséquence de cela : le prêchi-prêcha sur le mode « retraites » qui pour raviver le repentir prétend que quand je pèche, je crucifie le Christ qui me voyait ou du moins augmente sa souffrance au calvaire : cela ressemble à du chantage et c’est bien bas, médiocre, hors sujet. Ce que je critique, c’est le fait de se servir de cela qui en soi n’est pas faux pour ajouter à notre honte et nos remords : ce n’est pas là inciter à l’amour, non, mais à un assujettissement, voire une vengeance par dégoût… Car l’amour de Dieu ne saurait relever de telles considérations, et celui que nous lui portons s’en satisfaire quand nous l’offensons. Comme le dit si bien le dogme de l’Eglise, il y a un mystère de la rédemption : alors pourquoi le déflorer d’une si vile façon !
Ce n’est ici qu’en exemple pour illustrer une différence non doctrinale mais « d’esprit », entre l’orthodoxie et ce à quoi a abouti la scolastique du catholicisme romain.
L’événement déclencheur fut un épisode très malheureux de mon histoire, survenu sur le tard, où j’estime que l’Eglise n’a pas rempli son rôle, et cela réveilla des profondeurs du passé et de ma solitude quelque chose que j’avais rangé aux oubliettes :
Ayant été successivement victime de plusieurs prêtres pédophiles (qui ne se connaissaient pas) durant ma puberté et mon adolescence, j’avais le choix entre réduire cela à des comportements et des responsabilités individuelles, ou mettre en cause l’Eglise.
Le fait que ces travers étaient déjà connus, répertoriés, et ne sauraient être tolérés dans un contexte d’admission à la prêtrise, avait de quoi faire réfléchir : s’ils ont pu être dissimulés à ce moment-là, était-ce de bonne foi ?
Pour moi, l’Eglise a failli à sa mission, soit en ne discernant pas les causes d’exclusion, ce qui serait grave mais pas autant que - soit plus tard en ce que par ses sacrements dont c’est le rôle essentiel, elle n’est pas parvenue à en vaincre le mal alors que c’est là sa mission et que cela concerne les personnes les plus aptes à en bénéficier, personnes qu’elle a conservé dans son sein. Elle doit remettre alors sa démission à son chef, le Christ, à lui de remédier au mal qu’elle n’a pas su guérir, endiguer !
Il y a quand même un devoir d'efficacité pour rester un minimum crédible !
Si déjà je n’avais pas quitté l’Eglise en fin d’adolescence, c’est qu’un heureux concours de circonstances m’avait donné pour amie (nous avions des affinités spirituelles réciproques qui dépassaient tout) une personne très élevée dans la hiérarchie Catholique Romaine, de grande vertu, digne d’admiration, auprès de qui j’ai pu faire entendre ma voix et découvrir mes trésors (nous en avons tous) et bénéficier dans le secret d’une reconnaissance qui me combla en tant que brebis.
Pierrot2; voila : chose promise...
Le catéchuménat en principe sert à lever les objections que nous pourrions avoir à partager la foi et la vie de l’Eglise. Mais pour ceux qui ont été baptisés dès leur plus jeunes années, c’est au fur et à mesure qu’ils découvrent les choses que ces dilemmes se font jour. Je ne parle pas tant là des points de théologie qui font encore débat, à moins que l’avis dominant soit clairement dominant et quasiment exclusif. Sur d’autres sujets plus historiques (comme l’inquisition) l’Eglise elle-même a reconnu ses torts et je ne pense pas que ceux-là soient à retenir comme des points d’achoppement.
En ce qui me concerne, Il y eut d’abord ma grand-mère maternelle, qui m’apprit à lire à 3 ans en se servant d’un catéchisme (les miches de pain) et qui avait des ascendances Russes prestigieuses. Plus tard, quand je poserai « des colles religieuses » à ma famille et à ses invités religieux (évêques, etc. du beau monde !) il s’avérera que le point de vue orthodoxe, qui lui fut transmis et qu’elle respectera bien qu’elle fut toujours catholique, permettait de résoudre certains points qui sinon seraient restés obscurs ou insuffisants, avec un brio mystique que j’affectionnerai.
Voilà donc ma liste des choses qui m’étaient dérangeantes (dans un ordre chronologique et sachant que certaines furent évanescentes) et qui ne le furent plus. Sachant que ce ne sont pas toujours les plus insignifiantes qui le sont le moins quand on les considère :
[list=]La communion sous deux espèces quasiment réservée aux clercs
L’usage d’une denrée modifiée pour l’eucharistie et qui n’a quasiment jamais eu court à nos repas habituels
L’ajustement des sacrements (baptême, première communion, confirmation) + profession de foi, sur un parcours qui ressemble à celui de la scolarité
Un baptême au rabais, non par immersion complète
Le fait que le baptême ne change pas les conditions extérieures de notre salut (bien qu’il efface la faute et sa peine, et même si le contraire serait difficile à mettre en œuvre !)
Le fait d’une hiérarchie (laïc/clerc, etc.) et tout ce que cela entraîne, notamment les scandales de la curie Romaine
Les commandements de l’Eglise (qui obligent sous peine de faute grave)
Les changements liturgiques et excès qui ont suivi Vatican II : sans eux et les déchirements presque fratricides qui les ont accompagnés (ma famille fut partagée, une partie est devenue traditionnaliste), aujourd’hui j’administrerai les sacrements sous la houlette romaine. Je n’ai au lieu de cela qu’ondoyé 2 fois, en des circonstances exceptionnelles qui le justifiaient amplement. Ces changements, qui conspuaient ce qui avant était sacralisé, m’ont incité comme beaucoup à reprendre et raviver mes désaccords intellectuels non résolus
[/list]De là :
[list=]Les dogmes de l’immaculée conception et de l’assomption (en ce qu’ils obligent sous peine d’hérésie, donc d’excommunication, donc deviennent un critère discriminant pour être sauvé : il me semble que certains dogmes ne relèvent pas de la foi nécessaire au salut, qui furent établis sur des éléments ne faisant pas appel à la raison et une fois close la révélation…) même si personnellement j’y crois.
Le dogme de l’infaillibilité papale, en ce qu’il est autoproclamé : en toute bonne logique il aurait fallu qu’elle soit antérieure pour qu’il soit valide, or si Jésus a donné à Pierre un charisme ce serait plutôt celui de la conservation du troupeau dans son intégralité : les procédés employés (ce dogme + les excommunications) sont trop extrêmes et douteux, susceptibles de révisions… L’infaillibilité personnelle n’est pas un moyen induit par cette promesse de prévaloir sur les portes de l’enfer, mais plutôt la charité fraternelle.
La sacralisation de l’hymen de Marie qui serait resté intact (même à l’accouchement) et que certains tiennent pour une vérité de foi : comme s’il n’y avait pas d’autres sujets plus importants !
Le refus de la communion aux divorcés remariés (jusque récemment, mais surtout la façon erratique et brouillone, contradictoire parfois, dont l’Eglise a évolué sur ce thème de l’indissolubilité au fil du temps et qui a révélé bien des lacunes et défauts : d’abord on ne divorce pas mais se sépare, ensuite on peut éventuellement annuler et seulement après divorcer, puis le contraire : il fallait divorcer avant de demander l’annulation, et si on a vécu en concubinage donc dans le péché eh bien on peut encore se marier et pas ceux qui l’ont fait et ont été quittés sans faute de leur part, les « réserves » apposées sur les actes de mariage, etc. sans compter l’obligation de se marier civilement d’abord et qui fiscalement pénalisa longtemps les parents mariés donc chrétiens)
L’idée qu’il était juste que le Christ souffre pour nos péchés, parce que seule la souffrance d’une nature Divine pouvait réparer un tort fait à cette nature Divine : je crois qu’il a souffert pour nous ouvrir son cœur et nous montrer la voie, par nécessité d’amour et non par justice. Conséquence de cela : le prêchi-prêcha sur le mode « retraites » qui pour raviver le repentir prétend que quand je pèche, je crucifie le Christ qui me voyait ou du moins augmente sa souffrance au calvaire : cela ressemble à du chantage et c’est bien bas, médiocre, hors sujet. Ce que je critique, c’est le fait de se servir de cela qui en soi n’est pas faux pour ajouter à notre honte et nos remords : ce n’est pas là inciter à l’amour, non, mais à un assujettissement, voire une vengeance par dégoût… Car l’amour de Dieu ne saurait relever de telles considérations, et celui que nous lui portons s’en satisfaire quand nous l’offensons. Comme le dit si bien le dogme de l’Eglise, il y a un mystère de la rédemption : alors pourquoi le déflorer d’une si vile façon !
Ce n’est ici qu’en exemple pour illustrer une différence non doctrinale mais « d’esprit », entre l’orthodoxie et ce à quoi a abouti la scolastique du catholicisme romain.
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L’événement déclencheur fut un épisode très malheureux de mon histoire, survenu sur le tard, où j’estime que l’Eglise n’a pas rempli son rôle, et cela réveilla des profondeurs du passé et de ma solitude quelque chose que j’avais rangé aux oubliettes :
Ayant été successivement victime de plusieurs prêtres pédophiles (qui ne se connaissaient pas) durant ma puberté et mon adolescence, j’avais le choix entre réduire cela à des comportements et des responsabilités individuelles, ou mettre en cause l’Eglise.
Le fait que ces travers étaient déjà connus, répertoriés, et ne sauraient être tolérés dans un contexte d’admission à la prêtrise, avait de quoi faire réfléchir : s’ils ont pu être dissimulés à ce moment-là, était-ce de bonne foi ?
Pour moi, l’Eglise a failli à sa mission, soit en ne discernant pas les causes d’exclusion, ce qui serait grave mais pas autant que - soit plus tard en ce que par ses sacrements dont c’est le rôle essentiel, elle n’est pas parvenue à en vaincre le mal alors que c’est là sa mission et que cela concerne les personnes les plus aptes à en bénéficier, personnes qu’elle a conservé dans son sein. Elle doit remettre alors sa démission à son chef, le Christ, à lui de remédier au mal qu’elle n’a pas su guérir, endiguer !
Il y a quand même un devoir d'efficacité pour rester un minimum crédible !
Si déjà je n’avais pas quitté l’Eglise en fin d’adolescence, c’est qu’un heureux concours de circonstances m’avait donné pour amie (nous avions des affinités spirituelles réciproques qui dépassaient tout) une personne très élevée dans la hiérarchie Catholique Romaine, de grande vertu, digne d’admiration, auprès de qui j’ai pu faire entendre ma voix et découvrir mes trésors (nous en avons tous) et bénéficier dans le secret d’une reconnaissance qui me combla en tant que brebis.