par 20ans » ven. 24 janv. 2020, 5:38
Chers amis,
Je me tourne vers vous pour entendre votre avis sur une situation compliquée. Il ne s'agit pas d'un énième sujet sur l'homosexualité, car je sais qu'il en existe beaucoup sur ce forum, il se trouve que je suis homosexuel, je le mentionne pour que l'on saisisse mieux mon propos, mais mes questions n'en sont pas directement liées.
Je suis un homme de 20 ans, j'ai grandi dans une famille catholique dans laquelle la religion a une place importante. J'ai annoncé mon homosexualité à mes parents à l'adolescence. Je n'ai pas vécu le rejet qu'une telle annonce peut susciter. Leur réaction a été cohérente avec la position de l'Eglise. Ils m'ont accompagné dans ma spiritualité, tout en me soulignant leur conception de l'homme et de la famille. Au fil des années, bien que j'ai été tenté quelques fois de rejeter ces valeurs traditionnelles pour vivre ma sexualité, ce serait un mensonge de ne pas le reconnaître, à la fin c'est toujours Dieu qui gagne, qui me gagne. Ainsi, je reconnais être la proie de moments d'égarement, j'ai plusieurs fois fait l'amour à des hommes, mais à chaque fois le même schéma s'est répété: l'assouvissement de mes pulsions sexuelles ne m'a pas apporté le bonheur et sa durabilité. Le sentiment d'être libre n'apparaît naturellement que lorsque Dieu m'habite et que j'habite en Dieu. Malgré l'irréversible nature de ma sexualité, je me tourne et me retourne toujours vers Lui. S'il y a un conflit intérieur entre foi et sexualité, il trouve toujours une solution, en Lui.
Le conflit est autre. J'ai pensé des années qu'il émanait d'un rejet auquel j'aurais été prétendument confronté, provoqué par les membres de ma famille ou mes amis proches, qui n'accepteraient pas mon homosexualité. Mais la réalité n'est pas celle-là. J'étais aveuglé. Personne ne m'a rejeté pour mon homosexualité. La phrase qui revenait, c'était: "l'important, c'est que tu sois heureux". D'apparence simpliste, cette phrase a en réalité entraîné de profonds questionnements. Je ne suis heureux qu'en Dieu. Ce qui m'a rendu malheureux, c'est de penser que je pourrais vivre la vie que je veux en étant homosexuel, ce qui n'est pas le cas. J'ai du lutter pour exister et faire exister ma conception de la sexualité et je lutte encore. J'évolue dans un milieu universitaire où la question de l'homosexualité revient très souvent en s'habillant d'une parure politique très forte, elle m'étouffe parce qu'elle n'admet qu'une issue possible à l'homosexualité, l'accomplissement total de celle-ci. Elle est restrictive. Alors qu'il y a d'autres hommes comme moi, qui sont homosexuels, mais qui veulent évoluer en Dieu, avoir une femme, fonder une famille, avoir des enfants. Qui sont-ils pour dire que nous ne sommes pas la majorité? Au nom de quel principe décident-ils qu'il n'y a qu'une manière d'évoluer en société lorsqu'on est homosexuel? Pour autant, je ne me reconnais pas dans le propos de certains catholiques pour qui l'homosexualité est une doctrine. Certes, les politiques (de gauche pour la plupart) en ont fait un combat idéologique, mais ce que j'éprouve, ce que je ressens, je serais bien incapable d'en faire un combat. Je suis un humain. Je ne rejoins pas non plus les catholiques quand ils projettent leur définition de la famille sur tout le monde, car cette attitude contribue à mon sens à éloigner les exclus de la religion, alors que Dieu rassemble. Voilà donc où se situe le conflit. Je ne suis véritablement en accord avec aucune conception. Je me sens emprisonné, cloisonné.
A cela s'ajoute la question de la filiation qui se révèle centrale. Je voue une admiration constante pour ma mère. Je ne peux pas ne pas être fasciné par la personne qui m'a donné la vie. Ma mère est la figure de Dieu sur terre, elle réunit tout. Elle est la fondation. Je trouve toujours réponse en elle. Mon père aussi est une personne importante, il est la transmission directe, celui qui me construit, altère mes jugements, quand ma mère les modère. La complémentarité des sexes est une richesse infinie, car elle m'a situé. Je ne dis pas que l'on ne peut s'épanouir que lorsqu'on est le fruit de cette complémentarité, je dis qu'à moi, elle a construit mon identité. Je n'ai que 20 ans, mais un seul désir subsiste, surpasse tous les autres, permettre à mon tour à une femme, de donner la vie. Je veux aussi être l'acteur de cette complémentarité. Mais n'ayant aucune attirance sexuelle pour les femmes, je ne parviens pas à me résigner, me faire à cette idée. A quoi ça sert de vivre si je ne peux pas faire vivre? Et c'est là que tout se brise, quand je réalise que la voie naturelle d'avoir des enfants, que Dieu accorde aux hétérosexuels, ne m'est pas donnée. Je souffre du fait de ne pas arriver à me projeter. Or, il me semble que c'est pour cela qu'on vit. On se projette toujours, tout le temps. En couple, seul, j'observe qu'on est tous plus au moins orienté par nos projets d'avenir. Je souffre que le mien soit si trouble et incertain, la perspective d'avoir un enfant pourrait orienter ma vie, dans le sens que je déciderai, moi, de lui donner. Comment avoir un enfant, quand on est homosexuel, et qu'un seul modèle nous plaît, celui qui descend d'Adam et Eve?
Certes j'accepterais le dessein de Dieu, s'il se situe en dehors de la filiation, mais je ne pourrais pas me faire à l'idée non plus que je puisse "finir seul". Qu'on m'épargne l'éternel "tu es trop jeune pour penser ça, pour penser comme ça", je n'arrive pas à me séparer mentalement de mes peurs, je n'arrive pas non plus à composer avec elles. Je suis pas dérangé par le fait, qu'un jour, comme tout le monde, je vais mourir. Je veux bien mourir… mais pas abandonné.
Chers amis,
Je me tourne vers vous pour entendre votre avis sur une situation compliquée. Il ne s'agit pas d'un énième sujet sur l'homosexualité, car je sais qu'il en existe beaucoup sur ce forum, il se trouve que je suis homosexuel, je le mentionne pour que l'on saisisse mieux mon propos, mais mes questions n'en sont pas directement liées.
Je suis un homme de 20 ans, j'ai grandi dans une famille catholique dans laquelle la religion a une place importante. J'ai annoncé mon homosexualité à mes parents à l'adolescence. Je n'ai pas vécu le rejet qu'une telle annonce peut susciter. Leur réaction a été cohérente avec la position de l'Eglise. Ils m'ont accompagné dans ma spiritualité, tout en me soulignant leur conception de l'homme et de la famille. Au fil des années, bien que j'ai été tenté quelques fois de rejeter ces valeurs traditionnelles pour vivre ma sexualité, ce serait un mensonge de ne pas le reconnaître, à la fin c'est toujours Dieu qui gagne, qui me gagne. Ainsi, je reconnais être la proie de moments d'égarement, j'ai plusieurs fois fait l'amour à des hommes, mais à chaque fois le même schéma s'est répété: l'assouvissement de mes pulsions sexuelles ne m'a pas apporté le bonheur et sa durabilité. Le sentiment d'être libre n'apparaît naturellement que lorsque Dieu m'habite et que j'habite en Dieu. Malgré l'irréversible nature de ma sexualité, je me tourne et me retourne toujours vers Lui. S'il y a un conflit intérieur entre foi et sexualité, il trouve toujours une solution, en Lui.
Le conflit est autre. J'ai pensé des années qu'il émanait d'un rejet auquel j'aurais été prétendument confronté, provoqué par les membres de ma famille ou mes amis proches, qui n'accepteraient pas mon homosexualité. Mais la réalité n'est pas celle-là. J'étais aveuglé. Personne ne m'a rejeté pour mon homosexualité. La phrase qui revenait, c'était: "l'important, c'est que tu sois heureux". D'apparence simpliste, cette phrase a en réalité entraîné de profonds questionnements. Je ne suis heureux qu'en Dieu. Ce qui m'a rendu malheureux, c'est de penser que je pourrais vivre la vie que je veux en étant homosexuel, ce qui n'est pas le cas. J'ai du lutter pour exister et faire exister ma conception de la sexualité et je lutte encore. J'évolue dans un milieu universitaire où la question de l'homosexualité revient très souvent en s'habillant d'une parure politique très forte, elle m'étouffe parce qu'elle n'admet qu'une issue possible à l'homosexualité, l'accomplissement total de celle-ci. Elle est restrictive. Alors qu'il y a d'autres hommes comme moi, qui sont homosexuels, mais qui veulent évoluer en Dieu, avoir une femme, fonder une famille, avoir des enfants. Qui sont-ils pour dire que nous ne sommes pas la majorité? Au nom de quel principe décident-ils qu'il n'y a qu'une manière d'évoluer en société lorsqu'on est homosexuel? Pour autant, je ne me reconnais pas dans le propos de certains catholiques pour qui l'homosexualité est une doctrine. Certes, les politiques (de gauche pour la plupart) en ont fait un combat idéologique, mais ce que j'éprouve, ce que je ressens, je serais bien incapable d'en faire un combat. Je suis un humain. Je ne rejoins pas non plus les catholiques quand ils projettent leur définition de la famille sur tout le monde, car cette attitude contribue à mon sens à éloigner les exclus de la religion, alors que Dieu rassemble. Voilà donc où se situe le conflit. Je ne suis véritablement en accord avec aucune conception. Je me sens emprisonné, cloisonné.
A cela s'ajoute la question de la filiation qui se révèle centrale. Je voue une admiration constante pour ma mère. Je ne peux pas ne pas être fasciné par la personne qui m'a donné la vie. Ma mère est la figure de Dieu sur terre, elle réunit tout. Elle est la fondation. Je trouve toujours réponse en elle. Mon père aussi est une personne importante, il est la transmission directe, celui qui me construit, altère mes jugements, quand ma mère les modère. La complémentarité des sexes est une richesse infinie, car elle m'a situé. Je ne dis pas que l'on ne peut s'épanouir que lorsqu'on est le fruit de cette complémentarité, je dis qu'à moi, elle a construit mon identité. Je n'ai que 20 ans, mais un seul désir subsiste, surpasse tous les autres, permettre à mon tour à une femme, de donner la vie. Je veux aussi être l'acteur de cette complémentarité. Mais n'ayant aucune attirance sexuelle pour les femmes, je ne parviens pas à me résigner, me faire à cette idée. A quoi ça sert de vivre si je ne peux pas faire vivre? Et c'est là que tout se brise, quand je réalise que la voie naturelle d'avoir des enfants, que Dieu accorde aux hétérosexuels, ne m'est pas donnée. Je souffre du fait de ne pas arriver à me projeter. Or, il me semble que c'est pour cela qu'on vit. On se projette toujours, tout le temps. En couple, seul, j'observe qu'on est tous plus au moins orienté par nos projets d'avenir. Je souffre que le mien soit si trouble et incertain, la perspective d'avoir un enfant pourrait orienter ma vie, dans le sens que je déciderai, moi, de lui donner. Comment avoir un enfant, quand on est homosexuel, et qu'un seul modèle nous plaît, celui qui descend d'Adam et Eve?
Certes j'accepterais le dessein de Dieu, s'il se situe en dehors de la filiation, mais je ne pourrais pas me faire à l'idée non plus que je puisse "finir seul". Qu'on m'épargne l'éternel "tu es trop jeune pour penser ça, pour penser comme ça", je n'arrive pas à me séparer mentalement de mes peurs, je n'arrive pas non plus à composer avec elles. Je suis pas dérangé par le fait, qu'un jour, comme tout le monde, je vais mourir. Je veux bien mourir… mais pas abandonné.