par thomas48 » ven. 27 juil. 2018, 1:49
Bonjour à tous,
Enfant, j'avais une seule envie : devenir riche. Alors que la plupart des jeunes de mon âge jouaient au foot et au volley moi j'essayais d'imaginer mon futur, je me souviens que j'avais même écrit sur un papier comment je voulais que ma vie s'organise de A à Z. Cette manie de vouloir tout prévoir, c'est fou je l'ai gardée.
Mon père décède à mes 14 ans, et ma mère n'a plus les moyens de me nourrir. Elle m'envoie chez ma tante à la campagne. Très vite, je m'ennuie. Ma tante n'a d'yeux que pour ses enfants. Elle m'écoute jamais, en même temps, j'étais un peu pénible étant enfant. Je me souviens aussi que la ville me manquait affreusement. J'aimais pas la campagne, ca me manquait de voir les trains, les gens pressés, la foule, les lumières le soir.. Je me jurais qu'a mes 18 ans j'irais étudier à Paris.
J'ai étudié comme un acharné "il ressemble à son père celui là, quand il a quelque chose en tête". Moi seul pouvait décider ce que je voulais faire dans ma vie. Je voulais absolument pas ressembler à ma mère, plus elle vieillissait plus je me le disais.
A mes 18 ans, ma tante décède, ses enfants vont chez son père. Moi je dois travailler parce que je me retrouve tout seul et l'argent de ma tante revient à ses enfants, pardi. Ceux-ci pendant ce temps cherissent leur nouvelle vie chez leur papa, ils ont des sous, se payent des vacances et moi je dois retourner chez ma mère, super..
Bon l'avantage c'est que je retrouvais la ville, le vacarme, le désordre, et ça, ça c'était bien.
Autre point positif je rencontrais une femme extraordinaire : Paulette. Les premières années, je me sentais revivre, j'avais beau être ouvrier et gagner trois fois rien, elle me consolait et soignait tous mes maux et toutes mes blessures du passé.
Elle m'a aussi offert deux beaux enfants. Pierre et Marie-Anne. On allait se promener au parc, on était vraiment vraiment bien. En fait c'est les meilleures années de ma vie. Pas vraiment de préoccupations, les enfants manquaient d'argent mais recevaient beaucoup d'amour.
Rapidement, on a vendu notre maison qu'on ne pouvait plus payer. Quelques temps après aussi, ma femme trouvait que mon travail me rendait irritable. Je ne voulais pas l'admettre. Elle avait ses torts aussi comme tout le monde ! On s'est séparé. Elle est partie vivre à l'étranger. J'ai appris par la suite quelle était partie rejoindre son amant. Parce que oui, sinon ce serait pas drôle, il a fallu quand même qu'elle me trompe. Je lui pardonne, on était pas fait l'un pour l'autre.
Les années passaient, Pierre a fait sa crise d'ado et voulait plus voir son père. "Ça va passer, c'est le complexe d'Oedipe, tous les gosses y passent".. Oui enfin est ce que tous les gosses menacent de tuer leur père a chaque fois qu'il se montre autoritaire ?
Marie-Anne, ma fille, ma chouchoute, qui m'a jamais manqué de respect, elle, meurt dans un accident de voiture juste après l'obtention de son permis. J'étais dévasté d'autant que sur les deux enfants, c'était elle qui me donnait le plus d'amour et me causait le moins de tracas. La vie est tellement injuste, je pensais.
Ensuite, mon fils a voulu faire de longues études. Je me suis dit que ce serait une manière symbolique d'accomplir mon rêve d'enfant, celui d'être riche. Je lui ai tout payé, le logement, l'école... Il allait devenir ce que je n'avais jamais été.
Cette idée me rendait joyeux, vous pouvez pas savoir. Ça me reconciliait avec lui. Mon petit Pierre, il allait devenir quelqu'un ! Parce que, qu'on se le dise, on vit mieux quand on est quelqu'un, et on est quelqu'un quand on a de l'argent, la vie me l'a bien montré.
Pourtant j'apprends un an après qu'il a tout dépensé dans l'alcool, les soirées et les sorties. Il sêche aussi les cours.
Mon monde s'est écroulé. Tous mes espoirs de voir en lui un meilleur moi étaient anéantis. "Je m'en fous, t'es nul comme père, t'as toujours voulu faire de moi ce que tu voulais toi". Au fond il avait pas tort. C'est la dernière chose qu'il m'a dîte.
Dernièrement je me suis tourné vers Dieu, j'ai fait une retraite spirituelle, j'espérais devenir un sage, me réconcilier avec moi même. Mais j'ai du rentrer en urgence dans ma ville natale pour l'enterrement de ma mère. Je crois que j'ai jamais autant pleuré.
A 62 ans; je suis tout seul. Tout le monde m'a abandonné. Bon alors c'est vrai j'ai toujours aimé lire, donc j'ai toujours des livres avec moi dans ma bibliothèque. Ca m'aide à tenir parce que c'est pas facile... Parfois je me sens pas très bien. Et dans ces moments là, un livre c'est comme un ami. Il est près de nous, il ne nous abandonne pas.
Mais je reste complètement frustré. C'est fou comme tout passe : petit, je voulais échapper à la campagne, mais si j'avais su que la ville m'apporterait tout ce chagrin, j'y serais bien resté moi. Rien que pour admirer cette belle nature. Là, aujourd'hui, quand je la regarde, et bien elle est moins belle qu'avant.
J'aurais voulu dire je t'aime à ma fille, je crois que je lui ai jamais dit. En l'aimant si fort, je pensais la retenir.
J'aurais aimé realiser mon rêve a travers la vie de mon fils. Mais j'ai tellement désiré fort qu'il s'est détourné de moi, aujourd'hui il me parle même plus.
Ma mere, je voulais la fuir, lui ressembler me faisait si peur. Au final sa douceur me manque. Les bras d'une mère rassurent tellement. Nourisson, je n'aimais que ma mère, adulte j'ai voulu fuir ma mère, vieil homme que je suis devenu, Dieu qu'elle me manque..
Je n'ai pas su apprécier les belles choses que le Seigneur m'a données. Durant ma retraite spirituelle j'ai cherché à atteindre un Dieu que je voyais loin de moi décider de tout et si aveuglé par mes questionnements, j'ai cherché à le trouver en vain. Aujourd'hui, je me rends compte que Dieu a toujours été la. Parfois cruel quand j'ai vu les gens que j'aime partir, parfois vengeur, quand j'ai vu les malheurs se succéder, mais toute cette nature, ces arbres, ces enfants qui grandissent, dans l'amour aussi... Dieu est partout. Tout est Dieu, Dieu a tout fait. J'ai même pas su profiter de ce qu'Il m'offrait, de ce qu'Il voulait me dire aussi. J'ai pensé à mourir à chaque fois que je perdais pied, j'ai jamais eu la force de le faire.
Depuis quelques mois, je vois plus très bien. Alors, j'ai des problèmes de la vision, mais sans penser à cela, je ne me vois plus dans le futur, maintenant que je suis à la retraite. Cette absence de désir m'inquiète. Mais en meme temps, j'ai plus grand chose à désirer.
Je suis plutot nostalgique, les gens ont changé. Alors attention, je fais pas partie de ceux qui disent toujours que "c'etait mieux avant" parce que c'est pas toujours le cas, mais le fait est que j'ai de plus en plus de mal à me promener dans la rue, j'ai des rides sur mon visage, quand je croise des jeunes, je me revois à leur âge et ça me fait de la peine alors je change de trottoir. Et, quand je vais à la boulangerie, j'aimerais entamer une discussion avec des gens que j'aimerais connaître, mais ils semblent pas vouloir parler, du coup je n'ose pas. En même temps c'est pas si simple.
Il y a une semaine, je suis revenu vivre dans la maison où vivait ma mère. J'ai parfois l'impression qu'elle est là avec moi. Je m'abandonne dans sa chambre, je me sens bien dans sa cuisine, je veux rien déplacer. J'ai juste acheté un chien parce que je ressens parfois un vide qui me fait un peu souffrir, c'est juste pour me sentir moins seul. Ce que j'aime bien faire aussi c'est m'asseoir dans le jardin et rien faire du tout, laisser passer la journée, ne pas chercher à retenir le temps comme je l'ai tant fait, laisser doucement faire les choses..
Voyez-vous d'autres idées qui pourraient me rendre la vie plus agréable qu'elle ne l'est déjà ?
Bonjour à tous,
Enfant, j'avais une seule envie : devenir riche. Alors que la plupart des jeunes de mon âge jouaient au foot et au volley moi j'essayais d'imaginer mon futur, je me souviens que j'avais même écrit sur un papier comment je voulais que ma vie s'organise de A à Z. Cette manie de vouloir tout prévoir, c'est fou je l'ai gardée.
Mon père décède à mes 14 ans, et ma mère n'a plus les moyens de me nourrir. Elle m'envoie chez ma tante à la campagne. Très vite, je m'ennuie. Ma tante n'a d'yeux que pour ses enfants. Elle m'écoute jamais, en même temps, j'étais un peu pénible étant enfant. Je me souviens aussi que la ville me manquait affreusement. J'aimais pas la campagne, ca me manquait de voir les trains, les gens pressés, la foule, les lumières le soir.. Je me jurais qu'a mes 18 ans j'irais étudier à Paris.
J'ai étudié comme un acharné "il ressemble à son père celui là, quand il a quelque chose en tête". Moi seul pouvait décider ce que je voulais faire dans ma vie. Je voulais absolument pas ressembler à ma mère, plus elle vieillissait plus je me le disais.
A mes 18 ans, ma tante décède, ses enfants vont chez son père. Moi je dois travailler parce que je me retrouve tout seul et l'argent de ma tante revient à ses enfants, pardi. Ceux-ci pendant ce temps cherissent leur nouvelle vie chez leur papa, ils ont des sous, se payent des vacances et moi je dois retourner chez ma mère, super..
Bon l'avantage c'est que je retrouvais la ville, le vacarme, le désordre, et ça, ça c'était bien.
Autre point positif je rencontrais une femme extraordinaire : Paulette. Les premières années, je me sentais revivre, j'avais beau être ouvrier et gagner trois fois rien, elle me consolait et soignait tous mes maux et toutes mes blessures du passé.
Elle m'a aussi offert deux beaux enfants. Pierre et Marie-Anne. On allait se promener au parc, on était vraiment vraiment bien. En fait c'est les meilleures années de ma vie. Pas vraiment de préoccupations, les enfants manquaient d'argent mais recevaient beaucoup d'amour.
Rapidement, on a vendu notre maison qu'on ne pouvait plus payer. Quelques temps après aussi, ma femme trouvait que mon travail me rendait irritable. Je ne voulais pas l'admettre. Elle avait ses torts aussi comme tout le monde ! On s'est séparé. Elle est partie vivre à l'étranger. J'ai appris par la suite quelle était partie rejoindre son amant. Parce que oui, sinon ce serait pas drôle, il a fallu quand même qu'elle me trompe. Je lui pardonne, on était pas fait l'un pour l'autre.
Les années passaient, Pierre a fait sa crise d'ado et voulait plus voir son père. "Ça va passer, c'est le complexe d'Oedipe, tous les gosses y passent".. Oui enfin est ce que tous les gosses menacent de tuer leur père a chaque fois qu'il se montre autoritaire ?
Marie-Anne, ma fille, ma chouchoute, qui m'a jamais manqué de respect, elle, meurt dans un accident de voiture juste après l'obtention de son permis. J'étais dévasté d'autant que sur les deux enfants, c'était elle qui me donnait le plus d'amour et me causait le moins de tracas. La vie est tellement injuste, je pensais.
Ensuite, mon fils a voulu faire de longues études. Je me suis dit que ce serait une manière symbolique d'accomplir mon rêve d'enfant, celui d'être riche. Je lui ai tout payé, le logement, l'école... Il allait devenir ce que je n'avais jamais été.
Cette idée me rendait joyeux, vous pouvez pas savoir. Ça me reconciliait avec lui. Mon petit Pierre, il allait devenir quelqu'un ! Parce que, qu'on se le dise, on vit mieux quand on est quelqu'un, et on est quelqu'un quand on a de l'argent, la vie me l'a bien montré.
Pourtant j'apprends un an après qu'il a tout dépensé dans l'alcool, les soirées et les sorties. Il sêche aussi les cours.
Mon monde s'est écroulé. Tous mes espoirs de voir en lui un meilleur moi étaient anéantis. "Je m'en fous, t'es nul comme père, t'as toujours voulu faire de moi ce que tu voulais toi". Au fond il avait pas tort. C'est la dernière chose qu'il m'a dîte.
Dernièrement je me suis tourné vers Dieu, j'ai fait une retraite spirituelle, j'espérais devenir un sage, me réconcilier avec moi même. Mais j'ai du rentrer en urgence dans ma ville natale pour l'enterrement de ma mère. Je crois que j'ai jamais autant pleuré.
A 62 ans; je suis tout seul. Tout le monde m'a abandonné. Bon alors c'est vrai j'ai toujours aimé lire, donc j'ai toujours des livres avec moi dans ma bibliothèque. Ca m'aide à tenir parce que c'est pas facile... Parfois je me sens pas très bien. Et dans ces moments là, un livre c'est comme un ami. Il est près de nous, il ne nous abandonne pas.
Mais je reste complètement frustré. C'est fou comme tout passe : petit, je voulais échapper à la campagne, mais si j'avais su que la ville m'apporterait tout ce chagrin, j'y serais bien resté moi. Rien que pour admirer cette belle nature. Là, aujourd'hui, quand je la regarde, et bien elle est moins belle qu'avant.
J'aurais voulu dire je t'aime à ma fille, je crois que je lui ai jamais dit. En l'aimant si fort, je pensais la retenir.
J'aurais aimé realiser mon rêve a travers la vie de mon fils. Mais j'ai tellement désiré fort qu'il s'est détourné de moi, aujourd'hui il me parle même plus.
Ma mere, je voulais la fuir, lui ressembler me faisait si peur. Au final sa douceur me manque. Les bras d'une mère rassurent tellement. Nourisson, je n'aimais que ma mère, adulte j'ai voulu fuir ma mère, vieil homme que je suis devenu, Dieu qu'elle me manque..
Je n'ai pas su apprécier les belles choses que le Seigneur m'a données. Durant ma retraite spirituelle j'ai cherché à atteindre un Dieu que je voyais loin de moi décider de tout et si aveuglé par mes questionnements, j'ai cherché à le trouver en vain. Aujourd'hui, je me rends compte que Dieu a toujours été la. Parfois cruel quand j'ai vu les gens que j'aime partir, parfois vengeur, quand j'ai vu les malheurs se succéder, mais toute cette nature, ces arbres, ces enfants qui grandissent, dans l'amour aussi... Dieu est partout. Tout est Dieu, Dieu a tout fait. J'ai même pas su profiter de ce qu'Il m'offrait, de ce qu'Il voulait me dire aussi. J'ai pensé à mourir à chaque fois que je perdais pied, j'ai jamais eu la force de le faire.
Depuis quelques mois, je vois plus très bien. Alors, j'ai des problèmes de la vision, mais sans penser à cela, je ne me vois plus dans le futur, maintenant que je suis à la retraite. Cette absence de désir m'inquiète. Mais en meme temps, j'ai plus grand chose à désirer.
Je suis plutot nostalgique, les gens ont changé. Alors attention, je fais pas partie de ceux qui disent toujours que "c'etait mieux avant" parce que c'est pas toujours le cas, mais le fait est que j'ai de plus en plus de mal à me promener dans la rue, j'ai des rides sur mon visage, quand je croise des jeunes, je me revois à leur âge et ça me fait de la peine alors je change de trottoir. Et, quand je vais à la boulangerie, j'aimerais entamer une discussion avec des gens que j'aimerais connaître, mais ils semblent pas vouloir parler, du coup je n'ose pas. En même temps c'est pas si simple.
Il y a une semaine, je suis revenu vivre dans la maison où vivait ma mère. J'ai parfois l'impression qu'elle est là avec moi. Je m'abandonne dans sa chambre, je me sens bien dans sa cuisine, je veux rien déplacer. J'ai juste acheté un chien parce que je ressens parfois un vide qui me fait un peu souffrir, c'est juste pour me sentir moins seul. Ce que j'aime bien faire aussi c'est m'asseoir dans le jardin et rien faire du tout, laisser passer la journée, ne pas chercher à retenir le temps comme je l'ai tant fait, laisser doucement faire les choses..
Voyez-vous d'autres idées qui pourraient me rendre la vie plus agréable qu'elle ne l'est déjà ?