par zelie » lun. 25 juin 2018, 10:42
Bonjour JCNDA,
vous avez entièrement raison de mettre de l'huile entre vous et votre père; la distance peut être physique ou dans l'attitude, le lâcher-prise sur des points comme avoir raison, vouloir ceci ou cela, etc. Les relations conflictuelles par période ou par moment avec un parent sont normales, du moins extrêmement courantes. Parfois, comprendre le caractère d'un parent et les véritables leviers de son comportement prennent 30 , 40 , ou 50 ans... au terme desquels on parvient à mieux les comprendre, et du coup à les manipuler autrement que par le conflit, avec beaucoup plus de tendresse, de patience et de compréhension, de paix en somme. En attendant, c'est vrai qu'il faut composer entre les personnes de sa famille et son propre caractère.
Vous reconnaissez vos travers, c'est un bon début. Vous arrivez à trouver une solution pour supporter votre père en ne le plaçant pas dans une attente de perfection, c'est bien aussi. Ces attitudes vous amèneront tranquillement à d'autres pas vers la maturité et l'autonomie affective.
Voyez les conflits pour ce qu'ils sont; pas si graves au fond; projetez-vous dans 10 ans: quels rapport aimeriez-vous avoir avec votre père? Et d'ores et déjà essayez de construire ces rapports-là.
Vous savez, dans les familles, il faut beaucoup parler ensemble, faire ensemble, partager des moments de travail ou de loisir ensemble, vivre des souvenirs communs ensemble; on oublie souvent de le faire, et on peut vite vivre "à coté de" sans vivre "ensemble". Vivre ensemble passe par être en connexion par le langage avec l'autre au moment où l'on fait quelque chose en commun.
Si vous le pouvez, écoutez les bons conseils de vos parents même s'ils vous hérissent un peu par leur forme, et triez quand vous sentez que cela ne vous correspond pas, sans chercher à répondre forcément; au contraire, ce qui ne vous va pas, laissez couler. Tenez-vous en à vous occuper de vous, et des autres ensuite seulement (Charité bien ordonnée commence par soi-même!). Les autres, même les parents, ne fonctionneront jamais comme on aimerait ou comme on pense qu'ils devraient fonctionner, et ils sont eux aussi imprévisibles, rigides, ayant leurs paradoxes, leurs ambivalences qui échappent à toute rationalité. Donc laissez-les être totalement imparfaits et prenez-les simplement tels qu'ils sont.
Je vais vous raconter une petite histoire; j'ai un trésor de maman, dévouée et présente, mais difficile à vivre car elle a eu des traumatismes violents étant petite (elle était enfant lors de la deuxième guerre mondiale). J'ai aussi une grande soeur maline comme un singe, toujours souriante par devant, et sans pitié par derrière. Un jour que je faisais du ménage en y mettant toute mon énergie pour ma mère, cette dernière n'arrêtait pas de crier, de me critiquer et d'encenser ma soeur (absente et jamais là pour le ménage), qualifiée de gentille et serviable. Silencieuse, mais au bout d'un moment excédée, je lui demandais de me laisser travailler sans me crier dessus, et de me laisser tranquille au lieu de me donner ordres et contre-ordres en permanence. Et au milieu de sa colère qui montait, incapable d'accueillir quoi que ce soit venant de moi, sa plus dévouée des filles, j'ai compris comment elle fonctionnait: ce n'était pas de se fatiguer pour elle qui comptait à ses yeux, parce qu'elle était construite dans tant d'angoisse qu'elle était incapable d'accueillir tout don extérieur (là le don de mon temps, de ma fatigue, et le don d'une maison nickel), elle ne supportait pas de ne pouvoir contrôler tout et tous (là de ne pouvoir faire par elle-même) et de ne pouvoir commander à sa guise son esclave ménagère (moi qui estimais devoir avoir un ordre dans les tâches qui allait contre celui de ma mère). Ma soeur au contraire était docile et souriante, et absente; et dès qu'elle était là, elle faisait un peu en souriant sans rien dire, quitte à ce que ça ne serve à rien, puis se barrait loin et longtemps; du coup ma mère l'adorait, parce que l'attitude apparente de ma soeur la réconfortait; le peu de temps qu'elle était là, elle était souple et se pliait à tout, même si cela lui coûtait de faire deux fois la même chose ou de faire pas si bien, la plupart du temps elle n'était pas là et ma mère pouvait tout contrôler et tout faire seule, et c'est comme cela que les choses lui allaient. Moi, en étant présente et inquiète pour elle, en étant structurée, volontaire et énergique pour ranger, je la dérangeais, je l'agaçais, je l'angoissais; mon intrusion dans son ménage la mettait hors d'elle, même si je ne le faisais que parce qu'elle me le demandait instamment. De ce jour... j'ai laissé couler! Je ne me suis plus occupée d'elle, et je ne lui ai jamais plus fait le ménage. Devenue rare je fus aimée. Totalement absente du ménage je fus demandée, mais jamais je ne le lui refit; elle finit par s'en accommoder, et moi m'accommoder de voir sa maison pas comme je l'aurais souhaitée. Tout rentra dans l'ordre. Maintenant elle a une femme de ménage.
Nous et nos proches portons tous une part de paradoxes en nous, et apprendre à repérer comment fonctionne un parent qu'on ne cerne pas facilement est coûteux en temps et en énergie; aussi laisser tomber et le laisser à ses débats intérieurs peut aider à se protéger tout en ne lui coûtant à lui aucune prise de bec pénible. Cette distance-là est apaisante et parfois salvatrice dans les rapports humains parents-enfants; la distanciation permet aussi de réfléchir sur ce qui heurte et pousse dans le conflit en sortant du cercle infernal attitude intrusive-réponse conflictuelle.
Cherchez à vous sentir en accord avec vous -même, vos attentes réelles, écoutez-vous. L'apaisement se fera à partir de là, et vous engagera à la patience, la souplesse, l'humilité: ce sont des bons chemins pour apprendre à se connaître, soi, dans ses besoins, ses désirs et ses limites.
Et pour ce qui est du forum, peut-être que le message réel est une inquiétude parentale devant un trop grand temps passé devant un ordinateur et une fréquentation (notre forum) qui est vécue par vos parents comme inquiétante (peur qu'un forum vous influence, vous récupère ou vous conditionne). C'est peut-être cela qu'il faut désamorcer?
Courage! Et que Saint Joseph, modèle de sainteté et de parentalité, vous protège et vous guide !
Zélie
Bonjour JCNDA,
vous avez entièrement raison de mettre de l'huile entre vous et votre père; la distance peut être physique ou dans l'attitude, le lâcher-prise sur des points comme avoir raison, vouloir ceci ou cela, etc. Les relations conflictuelles par période ou par moment avec un parent sont normales, du moins extrêmement courantes. Parfois, comprendre le caractère d'un parent et les véritables leviers de son comportement prennent 30 , 40 , ou 50 ans... au terme desquels on parvient à mieux les comprendre, et du coup à les manipuler autrement que par le conflit, avec beaucoup plus de tendresse, de patience et de compréhension, de paix en somme. En attendant, c'est vrai qu'il faut composer entre les personnes de sa famille et son propre caractère.
Vous reconnaissez vos travers, c'est un bon début. Vous arrivez à trouver une solution pour supporter votre père en ne le plaçant pas dans une attente de perfection, c'est bien aussi. Ces attitudes vous amèneront tranquillement à d'autres pas vers la maturité et l'autonomie affective.
Voyez les conflits pour ce qu'ils sont; pas si graves au fond; projetez-vous dans 10 ans: quels rapport aimeriez-vous avoir avec votre père? Et d'ores et déjà essayez de construire ces rapports-là.
Vous savez, dans les familles, il faut beaucoup parler ensemble, faire ensemble, partager des moments de travail ou de loisir ensemble, vivre des souvenirs communs ensemble; on oublie souvent de le faire, et on peut vite vivre "à coté de" sans vivre "ensemble". Vivre ensemble passe par être en connexion par le langage avec l'autre au moment où l'on fait quelque chose en commun.
Si vous le pouvez, écoutez les bons conseils de vos parents même s'ils vous hérissent un peu par leur forme, et triez quand vous sentez que cela ne vous correspond pas, sans chercher à répondre forcément; au contraire, ce qui ne vous va pas, laissez couler. Tenez-vous en à vous occuper de vous, et des autres ensuite seulement (Charité bien ordonnée commence par soi-même!). Les autres, même les parents, ne fonctionneront jamais comme on aimerait ou comme on pense qu'ils devraient fonctionner, et ils sont eux aussi imprévisibles, rigides, ayant leurs paradoxes, leurs ambivalences qui échappent à toute rationalité. Donc laissez-les être totalement imparfaits et prenez-les simplement tels qu'ils sont.
Je vais vous raconter une petite histoire; j'ai un trésor de maman, dévouée et présente, mais difficile à vivre car elle a eu des traumatismes violents étant petite (elle était enfant lors de la deuxième guerre mondiale). J'ai aussi une grande soeur maline comme un singe, toujours souriante par devant, et sans pitié par derrière. Un jour que je faisais du ménage en y mettant toute mon énergie pour ma mère, cette dernière n'arrêtait pas de crier, de me critiquer et d'encenser ma soeur (absente et jamais là pour le ménage), qualifiée de gentille et serviable. Silencieuse, mais au bout d'un moment excédée, je lui demandais de me laisser travailler sans me crier dessus, et de me laisser tranquille au lieu de me donner ordres et contre-ordres en permanence. Et au milieu de sa colère qui montait, incapable d'accueillir quoi que ce soit venant de moi, sa plus dévouée des filles, j'ai compris comment elle fonctionnait: ce n'était pas de se fatiguer pour elle qui comptait à ses yeux, parce qu'elle était construite dans tant d'angoisse qu'elle était incapable d'accueillir tout don extérieur (là le don de mon temps, de ma fatigue, et le don d'une maison nickel), elle ne supportait pas de ne pouvoir contrôler tout et tous (là de ne pouvoir faire par elle-même) et de ne pouvoir commander à sa guise son esclave ménagère (moi qui estimais devoir avoir un ordre dans les tâches qui allait contre celui de ma mère). Ma soeur au contraire était docile et souriante, et absente; et dès qu'elle était là, elle faisait un peu en souriant sans rien dire, quitte à ce que ça ne serve à rien, puis se barrait loin et longtemps; du coup ma mère l'adorait, parce que l'attitude apparente de ma soeur la réconfortait; le peu de temps qu'elle était là, elle était souple et se pliait à tout, même si cela lui coûtait de faire deux fois la même chose ou de faire pas si bien, la plupart du temps elle n'était pas là et ma mère pouvait tout contrôler et tout faire seule, et c'est comme cela que les choses lui allaient. Moi, en étant présente et inquiète pour elle, en étant structurée, volontaire et énergique pour ranger, je la dérangeais, je l'agaçais, je l'angoissais; mon intrusion dans son ménage la mettait hors d'elle, même si je ne le faisais que parce qu'elle me le demandait instamment. De ce jour... j'ai laissé couler! Je ne me suis plus occupée d'elle, et je ne lui ai jamais plus fait le ménage. Devenue rare je fus aimée. Totalement absente du ménage je fus demandée, mais jamais je ne le lui refit; elle finit par s'en accommoder, et moi m'accommoder de voir sa maison pas comme je l'aurais souhaitée. Tout rentra dans l'ordre. Maintenant elle a une femme de ménage.
Nous et nos proches portons tous une part de paradoxes en nous, et apprendre à repérer comment fonctionne un parent qu'on ne cerne pas facilement est coûteux en temps et en énergie; aussi laisser tomber et le laisser à ses débats intérieurs peut aider à se protéger tout en ne lui coûtant à lui aucune prise de bec pénible. Cette distance-là est apaisante et parfois salvatrice dans les rapports humains parents-enfants; la distanciation permet aussi de réfléchir sur ce qui heurte et pousse dans le conflit en sortant du cercle infernal attitude intrusive-réponse conflictuelle.
Cherchez à vous sentir en accord avec vous -même, vos attentes réelles, écoutez-vous. L'apaisement se fera à partir de là, et vous engagera à la patience, la souplesse, l'humilité: ce sont des bons chemins pour apprendre à se connaître, soi, dans ses besoins, ses désirs et ses limites.
Et pour ce qui est du forum, peut-être que le message réel est une inquiétude parentale devant un trop grand temps passé devant un ordinateur et une fréquentation (notre forum) qui est vécue par vos parents comme inquiétante (peur qu'un forum vous influence, vous récupère ou vous conditionne). C'est peut-être cela qu'il faut désamorcer?
Courage! Et que Saint Joseph, modèle de sainteté et de parentalité, vous protège et vous guide !
Zélie