Pérégrin a écrit :
Bref je ne sais pas si j'arrive à exprimer clairement mon malaise mais je prie que Dieu me guide.
Vous exprimez très bien votre malaise, Pérégrin. Je crois vous comprendre
Certaines choses que vous écrivez me touchent particulièrement .
Par contre plus le temps passe et plus je me sens sec intérieurement, mon zèle et ma joie intérieure du début ont été remplacés par une sorte de souffrance intérieure. Je me sentais plus proche de Dieu avant que maintenant c'est assez terrible.
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Le soucis c'est que les débats théologiques très violents, les divergences de vues sans fin sur certains textes, l'hostilité entre frères de convictions différentes notamment entre calvinistes et non calvinistes sur la question de la double prédestination ont entamés ma confiance dans la fiabilité théologique du protestantisme. Je suis convaincu que Jésus-Christ est le Fils de Dieu sauveur et que la Bible est la Parole de Dieu mais j'ai beaucoup de mal avec l'intellectualisme et l'académisme maintenant et je ressens le besoin de retrouver Dieu dans une relation simple que j'ai perdue avec ces études.
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J'essaye actuellement de trouver un remède à cette sécheresse. Je redécouvre avec intérêt la vérité que Dieu présent en nous par le Saint-Esprit se révèle à nous dans le silence.
Les débats théologiques peuvent être en effet très violents, et l'hostilité ne se manifeste pas seulement entre frères de convictions différentes mais aussi entre frères de même conviction, qui s'accrochent souvent sur des virgules, des détails liturgiques, des interprétations du magistère etc.
La religion, ses règles, ses rites, ses dogmes, ses enseignements, sont d'une complexité à faire frémir le plus fervent des chrétiens.
Personnellement, je n'ai jamais été et ne serai jamais une intello de la foi, encore moins de la religion, Dieu m'en garde.
Je me suis inscrite sur ce forum à l'été 2009, donc il y a près de 8 ans. Je me souviens d'une conviction profonde qui m'habitait alors que Dieu était en moi et avec moi, que je ne faisais qu'un avec Lui. Je comprenais le sens de la non-dualité, je le comprenais pas seulement avec la tête mais aussi avec le coeur, et j'aspirais à la vivre, je me souviens de ce désir et de cet amour qui me portaient à voir le Christ en chacun des hommes. Je ressentais une réelle sérénité et une grande confiance en la vie et en Dieu, ce qui était pour moi une seule et même chose.
Ma foi était simple, illettrée, mais elle éclairait toute mon existence.
Puis sont venus les grands débats, certains auxquels j'ai participé, plusieurs que je me suis limitée à lire parce qu'ils dépassaient mes capacités.
Il y a très certainement dans ces débats, malgré la hauteur qu'on veut leur donner, un affrontement des égos parfois féroce. C'est ce qui les dénature et les avilit.
La nature humaine étant ce qu'elle est, il y a eu des coups bas, des méchancetés, de la peur, de la colère, du dépit , de la hargne, de la souffrance. De beaux moments aussi, bien sûr.
Mais bref les baffes qu'on reçoit et celles qu'on donne nous affaiblissent, surtout quand elles sont faites au nom de Dieu. Le besoin d'avoir raison, l'attachement à ses principes, à ses idées, la peur, le sentiment d'être menacé par des opinions à l'opposé des nôtres . L'isolement de soi. Plus notre égo se manifeste, plus notre lien avec Dieu s'amenuise.
Je vous cite de nouveau : ' j'ai beaucoup de mal avec l'intellectualisme et l'académisme maintenant et je ressens le besoin de retrouver Dieu dans une relation simple que j'ai perdue avec ces études. '
J'évite maintenant ces discussions souvent âpres et stériles qui tournent en rond, nous blessent et n'aident en rien la spiritualité. Bien sûr les choses peuvent être différentes pour d'autres, je ne sais pas. Mais je crois que pour certaines personnes dont je suis, il est préférable de vivre simplement sa foi plutôt que de la penser, la structurer, l'analyser et l'organiser.
J'ai encore la foi, mais je n'ai jamais retrouvé la sérénité d'avant. Votre souffrance intérieure, Pérégrin, je la ressens en moi-même comme un fond de tristesse que je refoule souvent pour ne pas pleurer. J'ai comme perdu un certain contact, celui qui m"était si précieux.
Une blessure m'en sépare que je n'arrive pas à guérir.
La religion a été pour moi une grande déception, la foire aux illusions. Ces mots n'engage que moi-même.
Ça fait un bail que je n'ai pas prié, mais peut-être pourrions-nous le faire l'un pour l'autre.
Papillon (redevenu chrysalide)