par Altior » dim. 16 août 2020, 7:46
Bonjour, Jean Yves!
Jean Yves a écrit : ↑dim. 16 août 2020, 3:11
Je souhaite comprendre la différence d'engagement et de vœux entre le clergé séculier et régulier ? Le clergé régulier fait vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance et le clergé séculier fait engagement de célibat et d'obéissance, est ce bien ça ? Donc est ce que je peux conclure que les 2 clergé font vœu d'obéissance ?
Affirmatif. Ou presque. Car il y a quelques différences.
Entre le voeu des réguliers et l'engagement des séculiers il y a deux différences:
-une différence qualitative (=de degré, =d'intensité): le voeu est une promesse faite envers Dieu. L'engagement est une promesse faite envers un être humain. Si j'écris et je signe que je vous dois 100 Euros, cela est un engagement, pas un voeu.
-une différence quantitative (=d'extension): le voeu d'obéissance des réguliers signifie le renoncement à la volonté propre. Le péché est la seule limite. Mon supérieur peut m'imposer tout ce que bon lui semble, sauf de voler, de forniquer et ainsi de suite. Exemple: si je suis régulier, mon supérieur peut m'imposer que demain il faut que je lise «Les trois mousquetaires». Sous peine de commettre un péché, il faut que je le fasse, car lire ce bouquin-là n'est pas un péché.
L'engagement des séculiers signifie l'obéissance dans les limites du droit canon. Mon supérieur ne peut pas m'imposer tout ce que bon lui semble, mais ce qui est prévu dans le droit canon. Exemple: si je suis prêtre séculier, mon évêque ne peu pas m'imposer de lire demain «Les trois mousquetaires», car mes lectures privées ne sont pas son apanage.
Pour le reste, la différence ne touche pas
voeu-engagement, mais
régulier-séculier. Imaginez l'Église visible comme une armée. D'ailleurs on l'appelle
Ecclesia militans et c'est pour cause. Alors, dedans, il y a une armée régulière: ce sont les réguliers. Ils peuvent être prêtres ou pas. Ce qu'il ont en commun c'est le fait qu'il sont des militaires de carrière pour ainsi dire, organisés par unités, chacun ayant un supérieur. Puis, derrière cette armé régulière, il y a une armée de réserve. Une armée de masse. Prêtres et laïcs. Moi y compris. Ce sont les séculiers (ils vivent
in saeculo, dans le temps, dans
ce temps). Ils sont organisés sur une base territoriale.
Cette approche a des conséquences. En tant que séculier, mon ordinaire est le chef de ma circonscription. C'est l'évêque du lieu. Il serait pareil si j'étais prêtre séculier. Pourtant, si j'étais régulier, disons un franciscain, mon
ordinarius, serait le provincial. Cette différence n'est pas toujours bien comprise et plus d'une fois on est arrivé aux procès canoniques à cause de ça. Par exemple, si l'évêque du lieu où j'habite me dit que désormais il faut que je ne porte plus la cravate Dimanche à la Messe, mais le papillon bleu à sa place, je devrai me conformer, car, en tant que liturgiste-en-chef, il a la compétence de me le dire. Au contraire, si j'étais franciscain et l'évêque du lieu me disait que désormais je porte l'habit bleu au lieu de mon habit couleur café, je dirais: «Écoutez, Monseigneur, désolé, mais c'est mon habit de franciscain. Pourtant, si vous voulez forcément que je le change, il y a un moyen: veuillez parler de ça à mon provincial».
En espérant que les choses sont devenues un tantinet plus claires, fraternellement,
A.
Bonjour, Jean Yves!
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Je souhaite comprendre la différence d'engagement et de vœux entre le clergé séculier et régulier ? Le clergé régulier fait vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance et le clergé séculier fait engagement de célibat et d'obéissance, est ce bien ça ? Donc est ce que je peux conclure que les 2 clergé font vœu d'obéissance ?
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Affirmatif. Ou presque. Car il y a quelques différences.
Entre le voeu des réguliers et l'engagement des séculiers il y a deux différences:
-une différence qualitative (=de degré, =d'intensité): le voeu est une promesse faite envers Dieu. L'engagement est une promesse faite envers un être humain. Si j'écris et je signe que je vous dois 100 Euros, cela est un engagement, pas un voeu.
-une différence quantitative (=d'extension): le voeu d'obéissance des réguliers signifie le renoncement à la volonté propre. Le péché est la seule limite. Mon supérieur peut m'imposer tout ce que bon lui semble, sauf de voler, de forniquer et ainsi de suite. Exemple: si je suis régulier, mon supérieur peut m'imposer que demain il faut que je lise «Les trois mousquetaires». Sous peine de commettre un péché, il faut que je le fasse, car lire ce bouquin-là n'est pas un péché.
L'engagement des séculiers signifie l'obéissance dans les limites du droit canon. Mon supérieur ne peut pas m'imposer tout ce que bon lui semble, mais ce qui est prévu dans le droit canon. Exemple: si je suis prêtre séculier, mon évêque ne peu pas m'imposer de lire demain «Les trois mousquetaires», car mes lectures privées ne sont pas son apanage.
Pour le reste, la différence ne touche pas [i]voeu-engagement[/i], mais [i]régulier-séculier[/i]. Imaginez l'Église visible comme une armée. D'ailleurs on l'appelle [i]Ecclesia militans[/i] et c'est pour cause. Alors, dedans, il y a une armée régulière: ce sont les réguliers. Ils peuvent être prêtres ou pas. Ce qu'il ont en commun c'est le fait qu'il sont des militaires de carrière pour ainsi dire, organisés par unités, chacun ayant un supérieur. Puis, derrière cette armé régulière, il y a une armée de réserve. Une armée de masse. Prêtres et laïcs. Moi y compris. Ce sont les séculiers (ils vivent [i]in saeculo[/i], dans le temps, dans [b]ce[/b] temps). Ils sont organisés sur une base territoriale.
Cette approche a des conséquences. En tant que séculier, mon ordinaire est le chef de ma circonscription. C'est l'évêque du lieu. Il serait pareil si j'étais prêtre séculier. Pourtant, si j'étais régulier, disons un franciscain, mon [i]ordinarius[/i], serait le provincial. Cette différence n'est pas toujours bien comprise et plus d'une fois on est arrivé aux procès canoniques à cause de ça. Par exemple, si l'évêque du lieu où j'habite me dit que désormais il faut que je ne porte plus la cravate Dimanche à la Messe, mais le papillon bleu à sa place, je devrai me conformer, car, en tant que liturgiste-en-chef, il a la compétence de me le dire. Au contraire, si j'étais franciscain et l'évêque du lieu me disait que désormais je porte l'habit bleu au lieu de mon habit couleur café, je dirais: «Écoutez, Monseigneur, désolé, mais c'est mon habit de franciscain. Pourtant, si vous voulez forcément que je le change, il y a un moyen: veuillez parler de ça à mon provincial».
En espérant que les choses sont devenues un tantinet plus claires, fraternellement,
A.