par Invité » mar. 29 déc. 2020, 1:12
J'ai lu l'interprétation proposée par Saint-Thomas d'Aquin et ne suis pas du tout convaincu pour les raisons suivantes :
- En règle générale, les actions se réalisent dès lors que l'échelle de temps du
jusqu'à (ἕως) est achevée. Quelques exemples de l'Évangile selon Saint-Matthieu :
- ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. (Mt 2,13) => Après la mort d'Hérode, l'ange apparaîtra effectivement en songe à Joseph et lui donnera le signal pour rentrer. L'action est accomplie.
- Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, (Mt 2,14-15) => Après la mort d'Hérode, la famille retourne en Israël. Elle ne demeure pas perpétuellement en Égypte. L'action est accomplie.
- 26Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. (Mt 5, 26) => Ici encore, la libération n'est pas exclue, elle interviendra une fois la dette remboursée.
- Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez là jusqu’à votre départ. (Mt 10,11) => Le départ intervient effectivement, les apôtres ne demeurent pas éternellement dans la maison qui les accueille.
- Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier. (Mt 13,30) => La moisson qui est le jugement dernier interviendra effectivement, l'ivraie et le blé ne vont pas pousser perpétuellement.
- Les rares versets avancés par Saint-Thomas d'Aquin où apparaissent l'adverbe "
jusqu'à" concernent uniquement Dieu (et son messie qui est lui-même Dieu selon la foi catholique) : "jusqu’à ce que vous parveniez à la vieillesse", "jusqu’à la consommation des siècles", "jusqu’à ce qu’il mette ses ennemis sous ses pieds ?". Or, par nature, Dieu ne cessera ni d'être, ni d'accompagner l'homme, ni de régner. Par conséquent, les trois exemples ne sont pas pertinents et ne peuvent être mis en parallèle avec une femme.
- "après qu’il (Joseph) eut appris qu’elle était devenue le sanctuaire du Fils unique de Dieu, comment supposer qu’il ait eu la témérité de profaner un temple aussi auguste" : il s'agit là d'une sacralisation du corps. L'utilisation du terme "temple" pour désigner l'utérus d'une femme, même mère du messie, peut soulever des questions. De même, le verbe "profaner" peut interpeller dès lors que par le mariage, "l'homme s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair" (Mt 19,5). La consommation du mariage n'est pas une profanation mais la réalisation d'un amour qui n'est pas uniquement spirituel ou par convenance.
Et dès lors que le Sauveur naît du "temple", ce dernier est laissé vide. Est-il donc encore un temple sacré ?
- L'utilisation du terme
jusqu'à et l'évocation des
frères de Jésus dans la suite de l'Évangile tend davantage à montrer la consommation du mariage que l'abstinence d'une vie.
Objectivement, les arguments en faveur d'une union charnelle entre Joseph et Marie sont plus en phase avec le récit biblique et donc plus convaincants que ceux qui prônent une virginité perpétuelle, mais ils ne permettent pas d'affirmer de manière irréfutable que la consommation du mariage se soit effectivement réalisée, bien que les éléments tendent à converger en ce sens.
J'ai lu l'interprétation proposée par Saint-Thomas d'Aquin et ne suis pas du tout convaincu pour les raisons suivantes :
- En règle générale, les actions se réalisent dès lors que l'échelle de temps du [i]jusqu'à[/i] (ἕως) est achevée. Quelques exemples de l'Évangile selon Saint-Matthieu :
[list] ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. (Mt 2,13) => Après la mort d'Hérode, l'ange apparaîtra effectivement en songe à Joseph et lui donnera le signal pour rentrer. L'action est accomplie.[/list]
[list]Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, (Mt 2,14-15) => Après la mort d'Hérode, la famille retourne en Israël. Elle ne demeure pas perpétuellement en Égypte. L'action est accomplie.[/list]
[list]26Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. (Mt 5, 26) => Ici encore, la libération n'est pas exclue, elle interviendra une fois la dette remboursée.[/list]
[list]Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez là jusqu’à votre départ. (Mt 10,11) => Le départ intervient effectivement, les apôtres ne demeurent pas éternellement dans la maison qui les accueille.[/list]
[list]Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier. (Mt 13,30) => La moisson qui est le jugement dernier interviendra effectivement, l'ivraie et le blé ne vont pas pousser perpétuellement.[/list]
- Les rares versets avancés par Saint-Thomas d'Aquin où apparaissent l'adverbe "[i]jusqu'à[/i]" concernent uniquement Dieu (et son messie qui est lui-même Dieu selon la foi catholique) : "jusqu’à ce que vous parveniez à la vieillesse", "jusqu’à la consommation des siècles", "jusqu’à ce qu’il mette ses ennemis sous ses pieds ?". Or, par nature, Dieu ne cessera ni d'être, ni d'accompagner l'homme, ni de régner. Par conséquent, les trois exemples ne sont pas pertinents et ne peuvent être mis en parallèle avec une femme.
- "après qu’il (Joseph) eut appris qu’elle était devenue le sanctuaire du Fils unique de Dieu, comment supposer qu’il ait eu la témérité de profaner un temple aussi auguste" : il s'agit là d'une sacralisation du corps. L'utilisation du terme "temple" pour désigner l'utérus d'une femme, même mère du messie, peut soulever des questions. De même, le verbe "profaner" peut interpeller dès lors que par le mariage, "l'homme s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair" (Mt 19,5). La consommation du mariage n'est pas une profanation mais la réalisation d'un amour qui n'est pas uniquement spirituel ou par convenance.
Et dès lors que le Sauveur naît du "temple", ce dernier est laissé vide. Est-il donc encore un temple sacré ?
- L'utilisation du terme [i]jusqu'à[/i] et l'évocation des [i]frères[/i] de Jésus dans la suite de l'Évangile tend davantage à montrer la consommation du mariage que l'abstinence d'une vie.
Objectivement, les arguments en faveur d'une union charnelle entre Joseph et Marie sont plus en phase avec le récit biblique et donc plus convaincants que ceux qui prônent une virginité perpétuelle, mais ils ne permettent pas d'affirmer de manière irréfutable que la consommation du mariage se soit effectivement réalisée, bien que les éléments tendent à converger en ce sens.