Bonjour Archidiacre,
Dieu vous assiste dans la recherche de la vérité ! Objectivement, il est difficile, devant deux thèses historiques contradictoires, de savoir si l'une est fausse et l'autre juste, ou bien si elles sont toutes deux fausses et la vérité ailleurs ?
Comme je suis en train de lire avec attention "Histoire générale du Languedoc" rédigée par deux bénédictins entre 1630 et 1645 j'ai regardé avec attention le début de votre vidéo sur l'Inquisition, concernant la croisade contre les Albigeois.
Le site que vous donnez en référence demande à être examiner avec peut être plus de réserve :
https://philosophieduchristianisme.word ... atholique/
Bon cette info date du 1er avril ? Humour ou n'importe quoi ?
Néanmoins, la page du blog que vous citez comporte :
Trente ans se passent encore avant qu’Innocent III s’y détermine (à la croisade). Il faut qu’il y soit contraint par l’imminence du danger et que l’assassinat de son légat Pierre de Castelnau, de son ambassadeur à lui, Chef de la Chrétienté, lui force la main.
Ce qu'on lit dans HG du Languedoc (les pages font ref à l'édition du 19è, lien dans le fil Inquisition de la section Histoire de ce forum) :
p.101, nov 1207 citation d'une lettre du Pape Innocent 3 au roi de France : demande de croisade (Philippe Auguste refuse)
p.106, an 1208, assassinat de Pierre de Castelnau : nouvelle lettre du Pape, le roi ne peut pas empêcher ses vassaux de participer à la croisade, mais lui n'y va pas.
On ne peut donc pas considérer et faire croire que la croisade est déclenchée par l'assassinat de Pierre de C.
Même si cet événement historique important est bien le catalyseur, la croisade était souhaitée et voulue avant.
Archidiacre, vous répondez à Jovani :
Castelnau n'a donc déclaré aucune croisade et ça n'est pas la cause de son meurtre, et votre lien n'en dit pas plus. Et comme je le répète, il faut aussi prendre en compte les rapport sur la noblesse cathare et les troubles du pays causés en ces régions (chose que vous avez ignoré alors que Zoé Oldenbourg les rapporte). Il n'en reste pas moins que les actions des cathares sont volontairement occultées au profit d'un scénario manichéen.
HG du Languedoc :
p.95 an 1207 : excommunication de Raymond de Toulouse par Pierre de Castelnau , commentaire des Bénédictins "(Pierre de C.) irrité, se laissa emporté par un zèle sans borne" : les bénédictins considèrent que le légat du Pape n'est pas très diplomate ? Faut-il y voir un complot bénédictins contre les cisterciens ?
Vous parlez de "noblesse cathare" : c'est anachronique ; l'hérésie est plus tolérée dans le sud, il y a des nobles qui sont devenus hérétiques, mais les belligérants majeurs du sud sont catholiques : Raymond de Toulouse participe à cette croisade; Trencavel vicomte de Béziers (24 ans) est reconnu par le Pape comme non responsable des progrès de l'hérésie survenue pendant sa minorité; Raymond Roger de Foix est catholique : sa soeur est hérétique, mais pas lui.
Il s'agit d'une guerre entre catholiques, au prétexte que certains de ces catholiques sont trop tolérants face aux hérétiques.
Les troubles : difficile de rapporter l'ensemble des troubles aux hérétiques. De plus, ce n'est qu'une partie de ce que l'Eglise reproche à Raymond de Toulouse : reproche de ne pas chasser les hérétiques, les juifs ; de troubles ; et reproches économiques concernant les péages et les exemptions que le pape estiment dues aux gens d'Eglise. Il ne faut pas occulter les motifs économiques.
Je n'ai pas lu le livre Zoé Oldenbourg qui a apparemment fait des recherches approfondies sur la période. Néanmoins, cette dame était romancière, et ne faisait pas partie des historiens académiques. Il vaudrait mieux alors citer des historiens académiques ?
Il n'en reste pas moins que les actions des cathares sont volontairement occultées au profit d'un scénario manichéen
C'est votre opinion : il y aurait un complot visant à nuire à l'Eglise ?
Je comprend que cette opinion vous entraine à vouloir défendre l'Eglise ; mais alors il faut être d'une grande prudence et le plus proche possible de la réalité historique. Si votre zèle vous entraine à présenter des opinions ou des thèses comme des faits, ou à omettre certains faits avérés, vous encourez le risque de faire voir l'Eglise entière comme mentant pour redorer l'image de son passé.
Cordialement