Teano a écrit :Bonjour Eric,
Votre réponse à la question de Théodore est une esquive : soutenez-vous réellement qu'il existe une continuité ininterrompue entre les cathares médiévaux qui mène jusqu'à vous ? Etes-vous descendant de cathares qui auraient maintenus intacts le contenu et les pratiques de leur foi ? Oui ou non ?
Pas du tout une esquive. Par contre, je n'ai peut-être pas compris la question comme vous.
Cette fois je pense comprendre que vous me demandez s'il y a une chaîne physique ininterrompue d'individus partageant la même foi depuis les cathares médiévaux jusqu'à nos jours ?
Ma réponse est simple, c'est non et c'est sans importance.
D'abord parce qu'une idée philosophique et spirituelle peut se transmettre en dehors de toute chaîne physique, contrairement à un élément génétique qui a besoin de se répliquer. Ensuite, parce que le catharisme considère que ce qui relève de ce monde est du domaine du mal, donc la continuité physique est sans importance. D'ailleurs, et quoi qu'en disent les catholiques, la chaîne apostolique judéo-chrétienne a connu elle aussi quelques accrocs, et c'est sans importance.
pour le catharisme d'aujourd'hui nous ne parlons pas de chaîne ininterrompue mais de résurgence. C'est-à-dire comme pour un ruisseau qui disparaît un temps sous terre et qui réapparaît tout à coup, une remise à jour de la doctrine cathare telle qu'elle nous est connue et dans totale cohérence avec celle qui prévalait à l'époque. Le catharisme ne connaît pas de dogme figé. Tout est discutable et peut s'adapter si de nouveaux arguments s'avèrent plus cohérents que les anciens. La cosmogonie quant à elle est considérée pour ce qu'elle est, une tentative humaine d'imaginer une situation ou des événements que nous ne pourrons prouver dans notre incarnation.
Eric de Carcassonne a écrit :
Tout simplement parce que les autres chercheurs ont démonté son argumentation basée sur des arguments mal étayés en sources.
Le document que vous produisez est amusant parce qu'il vient traiter un point utilisé par les déconstructionnistes mais qu'il fait l'impasse sur le sujet principal de ces deux journées de rencontres qui se sont tenues à Foix les 12 et 13 mais 2003. Je ne peux donc que vous inviter à lire l'ouvrage qui en fut tiré et notamment l'article de Michel Roquebert qui précède celui que critique Monique Zerner, bien entendu absente de ces journées, et qui s'intitule : Le déconstructionnisme et les études cathares.
Concernant la Charte de Niquinta et les actes du concile cathare de Saint Félix, les travaux qui ont suivi ont démonté les arguments de Mme Zerner qui a choisi, officiellement, de ne plus participer au débat. Le chercheur en pointe sur ce domaine est David Zbiral qui a présenté ses travaux à Mazamet lors du colloque qui s'est tenu du 15 au 17 mai 2009. Pour répondre à votre question, je dirai que je faisais référence, entre autre, à l'ouvrage dirigé par Monique Zerner, Inventer l'hérésie ?, publié à Nice en 1998 à partir de travaux issus d'un séminaire qui s'est tenu dans la même ville de 1993 à 1995 et d'une table ronde qui a suivi en 1996.
Le principe du déconstructionnisme est de dire que l'on doit rejeter tout ce qui vient du monde catholique car il est suspect d'avoir inventé le catharisme pour s'auto-justifier. Donc, si l'on refuse tous les témoignages de ceux qui ont critiqué ce courant depuis Tertullien ce qui reste est assez léger. Il ne faut pas oublier que certaines sommes anti-cathares émanaient d'anciens cathares revenus dans le giron catholique comme Augustin avait écrit contre les manichéens dont il avait été un membre actif pendant 15 ans. Donc, ces anciens cathares n'auraient pas existé et les rares écrits cathares qui nous sont parvenus auraient été écrits par des catholiques. Quelles preuves ont été apportées en soutien à cette thèse ? Aucune. C'est simplement sur la foi de leurs compétences d'historiens que ce groupe a travaillé. C'est une des raisons du rapide effondrement de leur théorie qui après 2009 ne s'est plus exprimé et dont l'un des membres, Pilar Jimenez, a finalement choisi de rejoindre le groupe des chercheurs les plus anciens pour développer une thèse orientée vers l'idée d'un catharisme divergence catholique alors que sa thèse parlait plus d'un catharisme inexistant car trop divers.