Message par gerardh » lun. 29 déc. 2014, 23:00
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Bonjour Cinci,
Certes Martin Luther est sans doute le plus connu des Réformateurs. Mais il est loin d’être le seul. En tout cas il semble beaucoup impressionner les catholiques car ils le citent et le critiquent abondamment, comme s’il était leur principal opposant théologique.
Luther est loin d’avoir eu des lumières sur tous les points de doctrine, et il a pu se tromper sur d’autres, mais il est vrai qu’il a remis en lumière la vérité de la justification par la foi (ou, expression presque équivalente, le salut par la foi), dans laquelle les œuvres, toutes importantes qu’elles soient, n’ont pas de valeur expiatoire et sont seulement une conséquence et un témoignage de la foi. Cette vérité a, il est vrai, été reprise par toute la sphère protestante, évangélique comprise. En effet, ce n’est pas la doctrine de Luther, mais la doctrine de Christ, telle qu’elle apparaît très clairement dans la Bible.
Je pensais que pour l’Eglise catholique, cette question était aussi purgée, de par la « déclaration conjointe sur la doctrine de la justification » qu’elle a signée en 1998 avec la fédération luthérienne mondiale ». Personnellement je ne suis pas d’accord avec certains de ses termes, mais pour l’essentiel elle affirme une doctrine fondamentale qui n’est autre que la justification par la foi ! C’est d’ailleurs une avancée de l’Eglise catholique qu’elle semble rapidement avoir regrettée, puisque le jour de sa publication, le cardinal Cassidy en a édité une « présentation » laquelle semble bien revenir largement en arrière, ce qui n’est pas très loyal. J’ai compris que l’ouvrage du cardinal Journet était daté de 1999 : est-ce une confirmation de cette reprise en mains ? En tout cas la déclaration commune existe et les catholiques gagneraient à s’y référer car elle fait foi ou devrait le faire.
Le cardinal Journet indique que selon lui « la doctrine fondamentale du luthéranisme est celle de la «justification par la foi», cette expression étant entendue non plus dans son sens traditionnel, mais dans un sens nouveau ». Or cette doctrine n’a pas plus de sens traditionnel que de sens nouveau, mais le sens très clair qui est contenu dans les Ecritures et qui ne comporte pas d’ambiguïtés.
Il indique que selon cette doctrine nouvelle, « les pécheurs, sans être justifiés intérieurement, sont cependant regardés par Dieu comme justes, pourvu qu'ils aient la foi-confiance, c'est à dire la certitude absolue du pardon du Christ ». Or le chrétien est autant justifié intérieurement qu’extérieurement par l’œuvre de Christ reçue par la foi. Il lui est en effet possible par la foi d’avoir la certitude absolue du pardon du Christ mais ce n’est pas tant dans l’aspect « confiance » de la foi, que dans son aspect « croire Dieu » : le croire véritablement. En d’autres termes ce n’est pas le baptême qui détermine le chrétien, mais sa conversion, c'est-à-dire sa nouvelle naissance par la foi.
Le cardinal pense que « pour Luther, le Christ s'il est Seigneur de tous les hommes n'est tête que des bons ». Je ne comprends pas ce concept, sauf s’il signifie qu’il y a des vrais chrétiens c'est-à-dire nés de nouveau et des chrétiens seulement de nom, lesquels n’ont pas eu eux la vie divine.
Il indique que « pour Luther, le corps mystique est purement spirituel, invisible, désincarné ». Je ne retiendrais pas entièrement cette thèse, si le corps se réfère à l’Eglise, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille un chef visible, ni même un clergé, tous les membres étant égaux devant Dieu. Si ce corps se réfère au Christ, nous savons que pendant son absence il nous a envoyé le Saint Esprit, lequel nous est pleinement suffisant pour pallier cette absence. S’il en avait été autrement, le Seigneur n’aurait pas manqué de nous le faire savoir. De toutes manières on quitte ici la question de la justification par la foi.
Le cardinal interprète la pensée de Luther en ces termes : «les membres de notre corps, puisqu'ils participent à la même vie, au même état de vivants, se différencient entre eux non par leur nature, mais simplement par leurs activités, en sorte que foncièrement ils sont interchangeables ». Or 1 Cor 12 nous enseigne que les membres ne sont pas interchangeables, chacun d’entre eux (et non quelques uns seulement) ayant des dons spécifiques, dons qu’ils sont responsables d’exercer. Cela dit il est vrai qu’il n’y a pas de prééminence parmi les membres, les plus discrets étant même les plus nécessaires.
Le cardinal aborde ensuite la question des sacrements, sujet qui a été largement discuté sur ce forum. Personnellement je pense que la notion de sacrement, au sens, d’ailleurs pas très bien défini, auquel l’entendent les catholiques, n’est pas fondée. La question de la transsubstantiation en découle, à laquelle Luther substitue la consubstantiation, alors que la plupart des protestants ne voient en la Cène qu’un mémorial.
Le cardinal pense que pour Luther, l’unité de l’Eglise n’est qu’une simple unité morale. S’il en est bien ainsi Luther est dans l’erreur. L’unité de l’Eglise est spirituelle et se manifeste à la Table du Seigneur au sein des 2 ou 3 assemblés en son Nom.
Le cardinal pense que Luther, ne parlant que de la foi, néglige la grâce. S’il en est ainsi, Luther a tort. La grâce est un mouvement de Dieu vers l’homme tandis que la foi est un mouvement de l’homme vers Dieu. Les 2 sont étroitement liés (Ephésiens 2 verset 8.
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Bonjour Cinci,
Certes Martin Luther est sans doute le plus connu des Réformateurs. Mais il est loin d’être le seul. En tout cas il semble beaucoup impressionner les catholiques car ils le citent et le critiquent abondamment, comme s’il était leur principal opposant théologique.
Luther est loin d’avoir eu des lumières sur tous les points de doctrine, et il a pu se tromper sur d’autres, mais il est vrai qu’il a remis en lumière la vérité de la justification par la foi (ou, expression presque équivalente, le salut par la foi), dans laquelle les œuvres, toutes importantes qu’elles soient, n’ont pas de valeur expiatoire et sont seulement une conséquence et un témoignage de la foi. Cette vérité a, il est vrai, été reprise par toute la sphère protestante, évangélique comprise. En effet, ce n’est pas la doctrine de Luther, mais la doctrine de Christ, telle qu’elle apparaît très clairement dans la Bible.
Je pensais que pour l’Eglise catholique, cette question était aussi purgée, de par la « déclaration conjointe sur la doctrine de la justification » qu’elle a signée en 1998 avec la fédération luthérienne mondiale ». Personnellement je ne suis pas d’accord avec certains de ses termes, mais pour l’essentiel elle affirme une doctrine fondamentale qui n’est autre que la justification par la foi ! C’est d’ailleurs une avancée de l’Eglise catholique qu’elle semble rapidement avoir regrettée, puisque le jour de sa publication, le cardinal Cassidy en a édité une « présentation » laquelle semble bien revenir largement en arrière, ce qui n’est pas très loyal. J’ai compris que l’ouvrage du cardinal Journet était daté de 1999 : est-ce une confirmation de cette reprise en mains ? En tout cas la déclaration commune existe et les catholiques gagneraient à s’y référer car elle fait foi ou devrait le faire.
Le cardinal Journet indique que selon lui « la doctrine fondamentale du luthéranisme est celle de la «justification par la foi», cette expression étant entendue non plus dans son sens traditionnel, mais dans un sens nouveau ». Or cette doctrine n’a pas plus de sens traditionnel que de sens nouveau, mais le sens très clair qui est contenu dans les Ecritures et qui ne comporte pas d’ambiguïtés.
Il indique que selon cette doctrine nouvelle, « les pécheurs, sans être justifiés intérieurement, sont cependant regardés par Dieu comme justes, pourvu qu'ils aient la foi-confiance, c'est à dire la certitude absolue du pardon du Christ ». Or le chrétien est autant justifié intérieurement qu’extérieurement par l’œuvre de Christ reçue par la foi. Il lui est en effet possible par la foi d’avoir la certitude absolue du pardon du Christ mais ce n’est pas tant dans l’aspect « confiance » de la foi, que dans son aspect « croire Dieu » : le croire véritablement. En d’autres termes ce n’est pas le baptême qui détermine le chrétien, mais sa conversion, c'est-à-dire sa nouvelle naissance par la foi.
Le cardinal pense que « pour Luther, le Christ s'il est Seigneur de tous les hommes n'est tête que des bons ». Je ne comprends pas ce concept, sauf s’il signifie qu’il y a des vrais chrétiens c'est-à-dire nés de nouveau et des chrétiens seulement de nom, lesquels n’ont pas eu eux la vie divine.
Il indique que « pour Luther, le corps mystique est purement spirituel, invisible, désincarné ». Je ne retiendrais pas entièrement cette thèse, si le corps se réfère à l’Eglise, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille un chef visible, ni même un clergé, tous les membres étant égaux devant Dieu. Si ce corps se réfère au Christ, nous savons que pendant son absence il nous a envoyé le Saint Esprit, lequel nous est pleinement suffisant pour pallier cette absence. S’il en avait été autrement, le Seigneur n’aurait pas manqué de nous le faire savoir. De toutes manières on quitte ici la question de la justification par la foi.
Le cardinal interprète la pensée de Luther en ces termes : «les membres de notre corps, puisqu'ils participent à la même vie, au même état de vivants, se différencient entre eux non par leur nature, mais simplement par leurs activités, en sorte que foncièrement ils sont interchangeables ». Or 1 Cor 12 nous enseigne que les membres ne sont pas interchangeables, chacun d’entre eux (et non quelques uns seulement) ayant des dons spécifiques, dons qu’ils sont responsables d’exercer. Cela dit il est vrai qu’il n’y a pas de prééminence parmi les membres, les plus discrets étant même les plus nécessaires.
Le cardinal aborde ensuite la question des sacrements, sujet qui a été largement discuté sur ce forum. Personnellement je pense que la notion de sacrement, au sens, d’ailleurs pas très bien défini, auquel l’entendent les catholiques, n’est pas fondée. La question de la transsubstantiation en découle, à laquelle Luther substitue la consubstantiation, alors que la plupart des protestants ne voient en la Cène qu’un mémorial.
Le cardinal pense que pour Luther, l’unité de l’Eglise n’est qu’une simple unité morale. S’il en est bien ainsi Luther est dans l’erreur. L’unité de l’Eglise est spirituelle et se manifeste à la Table du Seigneur au sein des 2 ou 3 assemblés en son Nom.
Le cardinal pense que Luther, ne parlant que de la foi, néglige la grâce. S’il en est ainsi, Luther a tort. La grâce est un mouvement de Dieu vers l’homme tandis que la foi est un mouvement de l’homme vers Dieu. Les 2 sont étroitement liés (Ephésiens 2 verset 8.
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