uplanete a écrit :
Ensuite, je trouve un peu orgueilleux de penser que la morale est un reliquat du christianisme aujourd'hui.
Je pense que la plupart des gens ne renie pas une culture judeo-chrétienne !!!
Je pense aussi qu'avant la naissance de Jésus et même la "naissance de Dieu" (en tout cas dans l'esprits de l'homme), pourquoi les Zarathoustra, les incas ou autres n'auraient pas eu de morale ? A partir de quand dans l'évolution de l'homme la morale est née ? Je crois que cela est encore à définir !!!
Plusieurs points à préciser:
Toute nature est bonne, même la nature luciférienne est bonne, c’est ce que rappelle le concile du Latran IV :
« Car le diable et les autres démons ont été créés par Dieu naturellement bons, mais ce sont eux qui d'eux-mêmes se sont rendus mauvais »
Par suite la loi régissant chaque nature est elle-aussi bonne. Rappelons que la morale est la science des lois régissant la nature humaine, de même que la science physique est la science des lois régissant la nature physique.
D’où il existe une morale naturelle, que l’on retrouve dans le décalogue, mais que l’on retrouve aussi chez les païens grecs, romains, arabes, chinois, indiens, etc… Le meurtre par exemple est unanimement condamné: un homme parce qu’il est homme sait que le meurtre est mal, ça tout le monde le sait.
Alors la grande question qui a animé l’Occident n’est pas tant de savoir s’il existe une nature avec ses lois propres, que de savoir si la nature déchue est encore capable d’une morale naturelle. Les pessimistes jansénistes et protestants ont clairement répondu non : la nature déchue laissée à elle-même est irrésistiblement entraînée vers le péché, elle n’est plus capable de suivre la morale naturelle, parce que justement elle a été dénaturée. Il n’y a donc que la grâce et la morale surnaturelle qui puissent tirer les quelques élus de la masse de perdition.
Ce que l’ Église a condamné :
« Mais que quelques-uns aient été prédestinés au mal par la volonté divine
de façon telle qu'il n'était pas en leur pouvoir de ne pas être mauvais, non seulement nous ne le croyons pas, mais s'il s'en trouve qui croient une telle énormité nous les rejetons et les anathématisons. » (Concile de Valence) »
« Nous croyons que personne n'est condamné sans motif, mais à cause de sa propre iniquité.
Nous ne croyons pas non plus que les mauvais périssent parce qu'ils n'ont pas pu être bons, mais parce qu'ils ne voulurent pas devenir bons. Ils sont demeurés dans la masse de perdition par leur propre vice, par le péché originel et leurs péchés actuels. » (Concile de Valence)
Avec la précision du Concile de Trente qui stipule que « dans Adam le libre arbitre n’avait pas été éteint mais seulement diminué et incliné au mal », et la condamnation de la 38ème proposition dans la bulle Unigenitus: « Le pécheur n'est libre que pour le mal sans la grâce du Libérateur »
Ce que les catéchistes d’il y a une trentaine années enseignaient aux enfants en leur disant : « quelqu’un qui ne va pas à la messe peut fort bien être une bonne personne, mais ce n’est pas un chrétien ».
Deuxième point vous évoquez la culture judéo-chrétienne, terme assez flou, puisque les pratiques judaïsantes du début ont été rendues caduques et que le christianisme s’est étendu à la gentilité. Le point principal ici c’est qu’avec le christianisme nous allons infiniment au-delà de la loi naturelle et que nous entrons de plain-pied dans le domaine de la grâce, de la loi surnaturelle :
« Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même ? Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » (Mathieu 5 : 43-48)
Aimer ses parents, ses amis, ne pas tuer, c’est bien, c’est naturel, mais c’est le minimum syndical, tous les peuples le savent, par contre « aimer et prier pour ses ennemis », alors ça c’est autre chose, pour tout dire c’est divin, et vous ne le retrouvez nulle part ailleurs que dans le christianisme…
Il faut cependant préciser, et c’est fondamental, que la morale surnaturelle ne contredit pas la loi naturelle, par exemple vous ne pouvez pas dire que parce que vous avez été appelé par Dieu vous n’avez plus le temps d’honorer père et mère, que parce que vous aimez vos ennemis vous les laissez massacrer toute votre famille sans broncher, etc… ou alors pire, comme on l’a vu chez certains spirituels que la loi de la grâce vous permet de vous livrer à toutes les débauches parce que de toute façon vous n’êtes plus assujetti au péché.