Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

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Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Libremax » sam. 23 avr. 2016, 20:38

Merci pour vos réponses.
Je me permets de rebondir sur celles-ci. Vos avis m'intéresseraient, si toutefois vous vous en sentez l'envie.
Fée Violine a écrit :Pour la lettre aux Hébreux, le cas est particulier, ce n'est pas une lettre concrète adressée à une communauté comme les lettres de Paul, c'est un texte plus théorique. J'ai lu je ne sais où que cette lettre aurait été écrite à Alexandrie.
C'est un fait que la lettre aux hébreux est radicalement différente dans ses objectifs, dans son adresse, par rapport aux autres lettres.
Mais la nature différente d'une texte implique-t-elle un auteur différent? Paul, grand correspondant des communautés qu'il a fondées, était-il donc incapable d'avoir écrit un texte dans lequel il aurait réuni un argumentaire et une problématique différents, pour un public qui n'aurait pas été forcément une de ses communautés? Et si cela avait été un texte que Paul n'avait jamais publié de son vivant, par exemple, ou bien un texte qu'il avait livré comme une oeuvre de vieillesse, à l'intention plus spéciale des chrétiens d'origine juive?
Je ne parviens pas à m'imaginer pourquoi la tradition aurait retenu Paul comme auteur de ce texte plutôt que de le laisse anonyme, comme ça a été le cas pour des textes qui ont eu pourtant une grande autorité aux débuts de l'Eglise, ou de lui laisser son attribution originale.

Origène mettait déjà en doute son origine paulinienne, mais c'était pour les mêmes raisons que nous, finalement : il n'avait visiblement aucun détail à sa disposition quant aux détails de l'origine du texte, et constatant sa différence, il émettait des doutes. Et pourtant, pour lui, la pensée de ce texte était bien celle de Paul...
Les Pastorales (1 et 2 Timothée, Tite) sont très majoritairement jugés non-pauliniennes. Les raisons invoquées : elles ont un vocabulaire très différents des autres lettres, avec deux tiers de concepts absents des autres textes de Paul, des opinions jugées parfois contradictoires...
C'est vrai, le vocabulaire est différent. Mais la question que cela me fait poser est du même ordre : puisque visiblement, ces lettres avaient un autre genre de public (en l'occurrence, elles s'adressaient à des collègues, en quelques sortes, à des personnes en charge), est-ce donc impossible que Paul use de termes réservés à des initiés, à des personnes ayant des connaissances plus avancées sur l'organisation de la communauté? Ces lettres parlent d'épiscope, d'anciens, de doctrine, d'hérétique, par exemple, contrairement aux autres. Ces exemples montreraient bien l'adresse différente de ces lettres. Elles s'adressent à des pasteurs, elles peuvent donc éventuellement utiliser un "jargon" de pasteur, qu'on n'emploierait ps à l'adresse du reste de l'assemblée. Non?

L'aspect plus "hiérarchique" des épîtres deutéropauliniennes ne poserait-il pas tout de même particulièrement de soucis aux éxégètes protestants, qui, en plus d'avoir été de grands pionniers en matière d'exégèse, sont plutôt frileux avec tout ce qui touche à l'autorité dans l'Eglise? Sur quoi juge-t-on l'anachronisme d'une installation hiérarchique dès l'époque de Paul, en fait? (quelques-unes de ces lettres ont en commun d'ailleurs des passages assez gênants pour les chrétiens d'aujourd'hui sur la soumission de la femme envers son mari ; ne serait-ce pas aussi une raison de ce rejet?)

à vous lire....

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Héraclius » sam. 23 avr. 2016, 0:44

Libremax a écrit :Bonjour à tous,
quelqu'un sait précisément ce qui fait dire aux biblistes que certaines épîtres de Paul ne sont pas de lui, et pourquoi on ne considère plus celle aux hébreux comme étant de lui non plus?

Pour ma part, je n'ai toujours eu accès qu'à des conclusions reprises de guides en articles, exposant qu'aujourd'hui on sait que..." Mais finalement, je ne sais pas grand'chose des dessous de l'affaire.

Merci d'avance.

C'est surtout des questions de vocabulaire et de thèmes abordés, il me semble.

Hébreux n'était pas vraiment considérée comme paulinienne dès les temps de l'Eglise ancienne (un peu comme 2 Pierre).

Les Pastorales (1 et 2 Timothée, Tite) sont très majoritairement jugés non-pauliniennes. Les raisons invoquées : elles ont un vocabulaire très différents des autres lettres, avec deux tiers de concepts absents des autres textes de Paul, des opinions jugées parfois contradictoires...

Un des grands thèmes est par exemple la différence entre le ministère hiérarchique des pastorales, établi parmis des communautés plus "établies", avec des commandements très pratiques et organisationnels, et les ministères charismatiques et multiples de prophètes, d'enseignants, etc... qui peuplent les autres lettres de Paul.

Autre idée : la mention de Paul de "ceux qui font des généalogies" et sa mise en garde contre les hérétiques semble évoquer une proto-gnose anachronique.

D'autres lettres, les deutéropaulines, ont également vu leur "paulinité" mise en doute. Les raisons sont assez semblable en ce sens que les problèmes sont les mêmes en moins prononcés : Colossiens, Ephesiens, 2Thessaloniciens, seraient plus hiérarchiques, témoignant d'une Eglise plus "installée" - ce qui serait anachronique. Le vocabulaire serait aussi différent.

Les Pastorales sont jugées quasi-unanimement comme des apocryphes, il y a débat pour les deuteropaulines, et aucun pour Hébreux - qui est admise par tout le monde comme non-paulinienne.

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Fée Violine » sam. 23 avr. 2016, 0:15

Très bonne question ! Je n'en sais pas plus que vous. Je ne suis pas sûre que ceux qui doutent de l'authenticité de ces lettres se basent sur des arguments précis, c'est sans doute plus idéologique que scientifique.

Pour la lettre aux Hébreux, le cas est particulier, ce n'est pas une lettre concrète adressée à une communauté comme les lettres de Paul, c'est un texte plus théorique. J'ai lu je ne sais où que cette lettre aurait été écrite à Alexandrie.

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Libremax » ven. 22 avr. 2016, 11:01

Bonjour à tous,
quelqu'un sait précisément ce qui fait dire aux biblistes que certaines épîtres de Paul ne sont pas de lui, et pourquoi on ne considère plus celle aux hébreux comme étant de lui non plus?

Pour ma part, je n'ai toujours eu accès qu'à des conclusions reprises de guides en articles, exposant qu'aujourd'hui on sait que..." Mais finalement, je ne sais pas grand'chose des dessous de l'affaire.

Merci d'avance.

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Peccator » mar. 20 mai 2014, 14:40

L'épître aux Hébreux, toujours classée parmi les épîtres pauliniennes, n'est plis attribuée à Paul.

Pour les 2-3 qui sont probablement pseudepigraphiques, et rédigées par des disciples directs de Paul, les exégètes sont encore partagés. C'est leur style qui amène à penser que Paul n'en est pas l'auteur, mais théologiquement elles sont fidèles à sa pensée. Et qui sait, peut être ont elles été préparées sur ordre de Paul. Dans mon boulot, j'ai écrit bien des courriers et discours pour d'autres, qu'ils ont signés et sont considérés comme étant de leur plume ;)

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Atrahasis » mar. 20 mai 2014, 14:09

Bonjour,
en ce cas, je me demande quand même pourquoi l'Église persiste à les appeler épîtres de Paul…

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Teano » mar. 20 mai 2014, 9:51

Peccator a écrit :
Atrahasis a écrit :Bonjour,
il est connu depuis maintenant longtemps que beaucoup des textes attribués à Paul ne sont en fait pas de lui. Comment l'Église gère ce réel problème ?
Ce n'est pas un problème, tout simplement. Ce qui fait la valeur du texte n'est pas qu'il ait été dicté par St Paul.
Bonjour,

Comme le dit Peccator, ce n'est pas un problème.
Toutefois, la forme peut être artificielle à partir d'un matériau authentiquement de Paul : la 2ème aux Corinthiens semble être la compilation de 2 lettres et d'un billet (le chapitre 9).

Dans la joie de Marie,

Teano

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Johnny » mar. 20 mai 2014, 9:19

Atrahasis a écrit :L'inspiration de l'Esprit Saint n'en est donc pas remise en cause ?
Non

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Atrahasis » lun. 19 mai 2014, 21:16

L'inspiration de l'Esprit Saint n'en est donc pas remise en cause ?

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Peccator » lun. 19 mai 2014, 0:21

Atrahasis a écrit :Bonjour,
il est connu depuis maintenant longtemps que beaucoup des textes attribués à Paul ne sont en fait pas de lui. Comment l'Église gère ce réel problème ?
Ce n'est pas un problème, tout simplement. Ce qui fait la valeur du texte n'est pas qu'il ait été dicté par St Paul.

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Johnny » dim. 18 mai 2014, 19:37

Atrahasis a écrit :Bonjour,
il est connu depuis maintenant longtemps que beaucoup des textes attribués à Paul ne sont en fait pas de lui. Comment l'Église gère ce réel problème ?
Certains disent qu'il y a deux ou trois lettres qui ne sont probablement pas de la main de Paul.
Mais elles sont d'inspiration Paulinienne. Tout comme les Evangiles, c'est la cohérence théologique qui permet de s'assurer de l'authenticité.

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Atrahasis » dim. 18 mai 2014, 15:20

Bonjour,
il est connu depuis maintenant longtemps que beaucoup des textes attribués à Paul ne sont en fait pas de lui. Comment l'Église gère ce réel problème ?

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Cinci » lun. 12 mai 2014, 12:46

La question de Jésus aux pharisiens se comprend réellement lorsqu'on a compris aussi que le baptême de Jean était une chose proprement inédite (oui, totalement révolutionnaire) dans le monde juif :
  • «Le baptême de Jean était-il du Ciel ou des hommes ?» - Mc 11, 30
La question de Jésus ne revêt absolument aucun sens - le simple fait de demander pour commencer, absurde, - si le baptême de Jean devait renvoyé à ce que les pharisiens connaissaient depuis des lustres, et l'auraient compris alors comme devant légitimement appartenir à la tradition la plus vénérable des pratiques de la Torah les plus autorisées, etc.

Les pharisiens disent à Jésus qu'ils ne savent pas si ce que fait Jean avec son baptême est légitime. «Nous ne savons pas». Ils n'auraient pas répondu de la sorte à propos du miqveh, du bain rituel de purification légale.

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Cinci » lun. 12 mai 2014, 12:12

Bonjour Peccator,

Oui, à l'époque de Jésus, il existait bien le «baptême» des convertis pour des païens s'intégrant au peuple hébreu. En fait, il ne s'agissait pas de baptême au sens où on le comprendrait dans le christianisme. Non, il s'agissait toujours d'une pratique découlant des rites ou prescriptions légales du Lévitique. Le prosélyte issu du paganisme devait se baigner lui-même dans l'eau du bain (miqveh) afin d'être purifié des souillures de contact avec ce qui n'est pas saint. Pour le coup, un Élisée qui demande à Nâaman le syrien d'aller se baigner dans l'eau du Jourdain en offre une certaine image. Alors c'est Nâaman qui se plonge lui-même dans l'eau, un peu à l'instar d'un pharisien qui se laverait lui-même les mains, les bras, les pieds. Nâaman ne reçoit pas le baptême d'Élisée (!) Il faut faire attention. Employer le mot baptême en français est un faux ami quand il s'agit de parler de ce qui est réalisé comme pratique dans le cadre du judaïsme ou de la synagogue.

Il n'y a pas de baptême non plus lorsque Jésus demande à l'aveugle d'aller se laver à la piscine de Siloé dans le texte de Jean.


Voici :

Ablutions

Purification rituelle allant de l'immersion de tout le corps (tevillah) jusqu'à une aspersion d'eau sur les mains (netillah yadayim). La Torah prescrivait une immersion totale dans une source naturelle, une rivière ou un miqveh pour purifier les personnes ou les objets rendus impurs par un contact direct ou indirect avec diverses sources d'impuretés [...]

Miqveh

On ne pouvait participer à une cérémonie au Temple si l'on ne s'était pas purifié au préalable. Nombre de bains rituels fréquentés par les pélerins qui se rendaient au Temple ont été retrouvés lors des fouilles archéologiques. Après la destruction du Second Temple (70 ap. J.C.) beaucoup de lois de purification sont tombées en désuétude. Le miqveh reste cependant très important dans le judaïsme : ainsi une épouse ne peut-elle cohabiter avec son mari avant de s'être immergée dans le miqveh pour effacer l'impureté que constitue la menstruation. De la même manière, l'immersion dans le miqveh est un facteur nécéssaire à la conversion au judaïsme. S'ils sont fabriqués par un non-juif , les ustensiles de cuisine métallique, ainsi que ceux en verre, doivent être immergés. [...] Les pratiquants ont coutume, bien que ce ne soit pas obligatoire, d'aller au miqveh la veille de Yom Kippour. Les hassidims vont au miqveh le vendredi, avant le début du chabbat.

Règles du miqveh

Bénéficiaire de la purification : la future épouse; la femme après ses règles; la nouvelle accouchée; le prosélyte; les hommes, la veille de Yom Kippour et la veille de chabbat; l'eau normale, lorsqu'elle est ajoutée une fois atteinte la quantité minimale prescrite par la Halakah.

Source : Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, p.4 et p.680

Re: Historicité du Nouveau Testament et des Évangiles

par Peccator » dim. 11 mai 2014, 22:28

Bonsoir Cinci,

Pour info (en complément, non pour contredire, puisque ce que vous dites est juste pour autant que je sache), il semble qu'il y ait eu d'autres baptêmes que celui de Jean.

Le rite de conversion au judaïsme comprenait (et comprend toujours il me semble) un baptême. J'avoue ignorer si ce rituel existait déjà à cette époque, mais en tout cas il est ancien.

Et certains cercles pharisiens avaient aussi un baptême à "l'admission" d'un nouveau disciple.

Tout cela étant effectivement très différent des ablutions rituelles, y compris celles des esseniens.

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