"Un certain juif Jésus"

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Re: "Un certain juif Jésus"

par mandonnaud paul » mar. 17 oct. 2017, 20:48

Bien Violaine et depuis quand on fait un acte de foi et d'abandon à Dieu Père dont les 13 milliards d'années-lumière de son trône, l'univers, l'Esprit Saint vient aussi en nous dire "abba" "papa" à Dieu si saint et si infini. Paul de Limoges

Re: "Un certain juif Jésus"

par Fée Violine » dim. 15 oct. 2017, 18:47

Bonjour baobab33,

La gématrie est une activité amusante. Elle est une méthode d'interprétation des textes, mais elle n'autorise pas à les modifier ! Le mot "abba" se trouve bien dans les évangiles, mais pas le mot "allaha" qui sort je ne sais d'où (du coran peut-être?).
De plus, vous faites une distinction entre le Père et Dieu : elle ne se trouve pas non plus dans les évangiles. Jésus appelait Dieu "papa", jamais autrement, et il nous a enseigné à faire pareil.

Re: "Un certain juif Jésus"

par baobab33 » ven. 13 oct. 2017, 11:43

Je souhaite apporter une précision, vous dites Jésus appelle Dieu le Père "ABBA", en réalité Jésus appelle le Père "ABBA" et Dieu "ALLAHA" en araméen :
http://www.v-a.com/bible/AAC/
ABBA pèse 6 en gématrie sémitique (racine AB en hébreu et arabe : poids 3) c'est ce mot qui a donné Abbé en français, un "père" en désignant un prêtre
ALLAHA pèse 66
Merci

Re: "Un certain juif Jésus"

par Olivier C » mar. 05 juil. 2011, 0:41

Merci à vous,

Je remet les articles à jours quand l'occasion se présente, mais celui-ci n'a pas été retouché depuis un moment. Au fond rien de nouveau sous le soleil : sur cette question les passions et le partit pris sont tellement fort qu'il est souvent difficile de dialoguer. Mais au moins l'argumentation catholique tiens la route, sans compter qu'elle est nettement plus fondée scripturairement que certains le prétendent : il suffit de s'intéresser aux textes bibliques pour eux même.

Bien à vous

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cgs » lun. 04 juil. 2011, 23:31

Olivier C,

Votre blog est un régal ! Merci pour ce lien, très complet, sur la signification de l'expression "frères" dans l'Ecriture.

Bien à vous,

Re: "Un certain juif Jésus"

par Olivier C » lun. 04 juil. 2011, 20:27

À mon avis la question du sens théologique que l'on donne au terme adelphos dans les Évangiles n'est pas à chercher dans son étymologie propre car on ne peu trancher la question à partir de ce seul indice. Je donne donc raison aux évangélistes sur un point : cette problématique s'est d'emblée située sur un plan théologique, c'est bien le soucis de la Virginité perpétuelle de Marie qui a guidé les Pères de l'Église à trancher le sens des Écritures en faveur d'une lecture du terme adelphos comme cousin.

Maintenant ils reste aux évangélistes (et consorts) à prouver en quoi cette lecture est illégitime. Et c'est bien là tout le problème : ils ne le peuvent pas.

mon article sur la question (une synthèse de tout ce que j'ai pu trouver sur le sujet) : Les « frères » de Jésus

Re: "Un certain juif Jésus"

par Iulita » ven. 17 juin 2011, 17:09

Je remonte ce fil, car récemment, j'ai lu dans en note en bas de page un éloge de Paul Veyne sur cet ouvrage de John Meier ("rigueur, érudition et honnêteté intellectuelle rare", à peu près dans le texte). Je ne le connaissais pas.
Du coup, je l'ai commandé. D'autres l'ont-ils déjà lu ? (les deux pages du fil me font penser que ce doit être une étude passionnante à beaucoup d'égards)

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cinci » mar. 07 sept. 2010, 6:18

Le détail :
  • Au IIème siècle, l’historien Hégésippe (dont certains textes ont été recueillis par Eusèbe de Césarée qui les a transmis jusqu’à nous) dit explicitement à propos de « Simon fils de Clopas » qui a succédé à son frère Jacques à la tête de l’Eglise de Jérusalem, qu’il est un cousin (anepsios) de Jésus... ( Étienne)
versus
  • Dans l'histoire ecclésiastique d'Eusèbe (2,23 chap.4), Hégésippe parle du frère du Seigneur [ho adelphos tou kyriou], Jacques, que tous appelaient « le juste ». Au cours de son récit du martyr de ce « Jacques le juste » (il s'agit de ce Jacques que Paul et Hégésippe appellent « le frère du Seigneur »), Hégésippe fait également allusion à un oncle et un cousin (anepsion !) de Jésus (4,22 chap.4). Par conséquent, lorsqu'il dit de Jacques qu'il est le frère de Jésus, il n'y a aucune raison de ne pas accepter le mot qu'il emploie. (Meier)
Hégésippe parle de Jacques comme étant le frère de Jésus, puis de Simon fils de Clopas comme étant le cousin de Jésus. Hégésippe ne dit pas que ce Simon est frère de Jacques ou Jésus. Et puis ceci est ce que Meier affirme.

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cinci » mar. 07 sept. 2010, 5:55

Vu sur le fil :

« Que pensez-vous des émissions de la chaîne de télévision Arte ? » , section spiritualité, 1er septembre.

  • «Prieur et Mordillat reprennent la question éculée des frères de Jésus. Marie serait, selon eux, la mère d’une famille nombreuse. Que peut-on leur répondre ?

    Depuis longtemps, saint Jérôme a montré que dans les langues sémitiques le mot “cousin” n’existe pas, mais que tous les proches sont appelés des frères ou des sœurs. Quatre frères de Jésus nous sont connus par Marc VI, 3 et Matth. XIII, 55, ce sont Jacques, Joseph (ou Joset) Simon et Jude. Or au pied de la Croix, on retrouve une « Marie mère de Jacques et de Joset », qui n’est donc pas Marie mère de Jésus (cf. Mc XV, 40). Cette Marie est appelée « femme de Clopas » en Jean XIX, 25. Au IIème siècle, l’historien Hégésippe (dont certains textes ont été recueillis par Eusèbe de Césarée qui les a transmis jusqu’à nous) dit explicitement à propos de « Simon fils de Clopas » qui a succédé à son frère Jacques à la tête de l’Eglise de Jérusalem, qu’il est un cousin (anepsios) de Jésus...

    Les deux tripatouilleurs de traductions n’ont pas accès aux langues originelles des Evangiles »

    - Étienne



Un exemple, alors, pour illustrer ici ce que peut dire Meier à ce sujet :


  • Les partisans de la solution ''cousin'' doivent affronter une difficulté supplémentaire : la position qu'ils défendent est relativement tardive et postérieure à Nicée. Par contre, la solution épiphanienne et la position affirmant que les frères de Jésus étaient de vrais frères peuvent toutes deux trouver des partisans aux IIe et IIIe siècles. Les partisans de la solution ''cousin'' ne tiennent souvent pas compte du fait que l'opinion considérant les frères de Jésus comme de vrais frères est très ancienne et qu'elle était largement répandue.

    Par exemple, un des plus anciens témoins de la solution ''vrais frères'' est Hégésippe, dont le témoignage sur les enseignements des évêques dans les grandes villes de l'empire romain est tenu en haute estime par les défenseurs de l'ecclésiologie catholique traditionnelle. Pourtant, ces défenseurs gardent habituellement sous silence le témoignage d'Hégésippe sur les frères de Jésus. Certes, c'est un témoignage dont nous ne possédons que des fragments, dont la plupart ont été conservés dans les écrits d'Eusèbe; par ailleurs, le témoignage comporte ses propres difficultés et il peut présenter des contradictions internes. Mais ce qui est clair, c'est que Hégésippe savait faire la distinction entre différents termes précis désignant les membres de la famille de Jésus. C'est le point sur lequel je souhaite insister. Je n'accepte pas nécéssairement comme vérité historique tout ce que dit Hégésippe. Ce qui m'intéresse davantage, c'est de savoir ce qu'un Père de l'église du IIe siècle pensait être vrai au sujet de la famille de Jésus et quelle terminologie il employait pour exprimer ses idées.

    Dans l'histoire ecclésiastique d'Eusèbe (2,23 chap.4), Hégésippe parle du frère du Seigneur [ho adelphos tou kyriou], Jacques, que tous appelaient « le juste ». Au cours de son récit du martyr de ce « Jacques le juste » (il s'agit de ce Jacques que Paul et Hégésippe appellent « le frère du Seigneur »), Hégésippe fait également allusion à un oncle et un cousin (anepsion !) de Jésus (4,22 chap.4). Par conséquent, lorsqu'il dit de Jacques qu'il est le frère de Jésus, il n'y a aucune raison de ne pas accepter le mot qu'il emploie. Dans un autre passage (1,19 et 3,20 chap.1), comme s'il prenait soin de confirmer ses propos, Hégésippe parle également de Jude, le frère du Sauveur (ou du Seigneur) « selon la chair ». Étant donné qu'Hégésippe sait parfaitement bien appliquer les termes cousin et oncle à des membres déterminés de la famille de Jésus, il devient extrêmement difficile de soutenir qu'une phrase comme « frère du Seigneur selon la chair » signifie en réalité ''cousin'' ou fait simplement référence à une fraternité spirituelle par opposition à une fraternité physique.

    Hégésippe n'était pas le seul Père de l'Église d'avant Nicée à pencher pour une solution vrai frère. Le seul Père latin pré-nicéen à évoquer le problème, Tertulien (160-220 ap. J. C.), considérait les frères de Jésus comme de vrais frères. Il est intéressant de noter qu'il fonde essentiellement son argumentation sur Mc 3,31-35 qui associe la mère et les frères pour les présenter sous un jour peu flatteur. Cette interprétation des frères de Jésus comme étant de vrais frères est d'autant plus remarquable que Tertullien avait un penchant pour les positions rigoristes et ascétiques et qu'il avait une haute estime de la virginité. Cependant, sa farouche opposition à Marcion, aux marcionites et à leur vision docétique de l'humanité du Christ conduisit Tertullien à affirmer avec force que la mère et les frères de Jésus étaient vraiment sa mère et ses frères. Aux yeux de Tertullien, c'était un moyen irréfutable pour prouver la pleine humanité du Christ.

    (id. pp.200-201)



Si l'on résume à ce stade-ci, il y a Flavius Josèphe qui parle de Jacques « le juste » mort lapidé en 62 ap. J.C., Paul en parle et Hégésippe également. Nous obtiendrons donc ici comme trois sources historiques indépendantes l'une de l'autre pour nous mentionner ce même Jacques « frère du Seigneur ». Josèphe signale qu'il est le frère de Jésus; «frère du Seigneur », dira Paul; Hégésippe semblablement. Les trois vont se servir du terme ''adelphos'' pour parler de Jacques (le chef de la communauté chrétienne à Jérusalem) et lorsque les trois témoins connaissent très bien le terme anepsion et peuvent l'employer ailleurs pour parler d'autres personnes.

Le problème que pose la question des frère de Jésus n'est pas du tout une affaire éculée pour moi, une affaire sans intérêt. Au contraire ! Pour moi c'est l'exemple d'un petit détail qui peut aider à mieux lire les textes, potentiellement être occasion pour revisiter la dogmatique. Comme je disais à la fin du précédent message : peut-être essayer d'évaluer quelle est l'importance relative de la place des frères par rapport à la pensée dogmatique de l'Église. Il serait curieux de voir comment l'Église catholique s'exprime réellement sur la question.

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cinci » jeu. 26 août 2010, 6:05

Toujours sur l'embarras à propos des frères :

Le texte évangélique n'est pas un document qui a pour fin l'information historique à proprement parler. Il n'est pas une étude historique. On le sait. En fait, il s'agit plutôt d'un texte déjà chargé de connotations théologiques, et puis concernant la personne de Jésus.

Et nos évangélistes se seront surtout montrés soigneux à départager Jésus d'avec ses frères. Ce qui aura contribué à nous rendre déroutante la question même de ces frères ?

La mère de Jésus est toujours comme dans une case à part la plupart du temps, elle aussi. Elle est toujours reliée directement à Jésus très certainement. En contrepartie, on ne la verra pas beaucoup dépeinte dans les textes telle que si elle aurait dû former un noyau familial avec tous les autres (Jésus, ses frères) à l'instar de ce que l'on dirait du cercle familial que Rose Kennedy eût formé avec l'ancien Président des États-Unis, Robert, Ted et les autres en guise d'exemple.

Théologiquement, l'Église du Ier siècle n'aura probablement pas souhaité que Jésus soit considéré par quiconque comme un frère pour les autres, et ici, entendons-nous bien : l'Église n'aura pas voulu sans doute que Jésus soit tenu tel à être un frère pour Jacques et comme exactement l'on dirait que Jacques aurait dû être un frère pour Jude. C'est que Jésus est vraiment «un cas à part» pour l'Église.

Par la suite, la théologie de l'Église se construit sur Jésus, en partant de lui et en tant que «cas à part».

Le discours théologique de l'Église est intéressé par tout ce qui est propre au Christ. Et, là-dessus, sa mère partage bien un lien unique et particulier avec lui. Le dogme marial sera toujours relatif à Jésus et personne d'autre.

ENFIN

Le discours théologique de l'Église concernant Marie et la parenté de Jésus : le premier est-il vrai ou ''aussi réel'' qu'une hypothétique science dure et devant être enchaînée à scruter des bouts de fragments de textes pour s'esquinter à découvrir un degré de parenté, dira-t-on, d'autant que le fait serait, surtout, que le premier ne se situerait pas non plus dans la même catégorie d'affirmation que la seconde affaire ? La virginité de marie est-elle au fond une vérité n'ayant rien à voir avec le fait d'avoir ou pas zéro, un ou six enfants ?

Il me semblerait que la question auquelle nous conduit la considération sérieuse d'une recherche critique ''à la Meier'' serait bien de se demander s'il serait possible d'envisager nous-mêmes, et advenant le cas où la conclusion de Meier serait fondée historiquement parlant (supposons-le), qu'une théologie de l'Église catholique puisse malgré tout demeurer inchangée. Est-ce une chose envisageable ? une chose tenable ?

Il en reviendrait au fond à se demander jusqu'à quel point la question des frères de Jésus aurait dû être ou pu être, oui ou non comme un facteur réel, d'un quelconque poids pour la formation du dogme.

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cinci » jeu. 26 août 2010, 5:21

Merci pour l'intérêt, touriste.
... la science aurait pu aider à résoudre des énigmes
Assurément (sourire). Et puis l'histoire se passerait aujourd'hui, nous saurions peut-être davantage à quoi nous en tenir au juste. Mais il resterait quand même pas mal de mystère encore dans la foi.

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cgs » mer. 25 août 2010, 8:50

touriste a écrit :Bonjour
je découvre ce débat intéressant, mais il n'est jamais mention ici de groupe sanguin, d'ADN etc... car , bien évidement, il n'y a aucune analyse possible en l'absence de corps (puisque le corps du Christ n'est plus sur Terre)

Mais, en extrapolant, qu'auraient bien pu être les chromosomes (et l'ADN) , le Groupe sanguin de Jésus ?
Bonjour,

Nous avons une idée sur ce sujet. Le sang que l'on a retrouvé sur le Linceul de Turin, et celui du miracle eucharistique de Lanciano, sont du groupe AB.

En comparant avec ses soi-disant "frères et soeurs" (et même avec saint Joseph) ... la science aurait pu aider à résoudre des énigmes ...
Il aurait fallu pouvoir récolter des fragments d'ADN complet pour y parvenir. Or, il est difficile de se procurer de tels échantillons pour des personnes décédées depuis presque 2000 ans.

De plus, la comparaison ADN n'est pas une méthode complètement fiable ; il suffit que l'on compare des fragments identiques pour conclure que c'est la même personne, ou qu'il y a un lien de parenté, alors que la séquence ADN peut être également très voisine pour des individus pas du tout apparentés. Lorsque les tests ADN trouvent des fragments d'ADN non apparentés, on est certain du résultat. En revanche, en cas d'ADN testé comme apparentés, on n'est pas sûr à 100% qu'ils le sont effectivement

Bien à vous,

Re: "Un certain juif Jésus"

par Invité » mar. 24 août 2010, 22:02

Bonjour
je découvre ce débat intéressant, mais il n'est jamais mention ici de groupe sanguin, d'ADN etc... car , bien évidement, il n'y a aucune analyse possible en l'absence de corps (puisque le corps du Christ n'est plus sur Terre)

Mais, en extrapolant, qu'auraient bien pu être les chromosomes (et l'ADN) , le Groupe sanguin de Jésus ?

En comparant avec ses soi-disant "frères et soeurs" (et même avec saint Joseph) ... la science aurait pu aider à résoudre des énigmes ...

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cinci » mar. 24 août 2010, 6:19

Qu'on m'autorise ici un petit développement personnel. Et je dirai pourquoi un peu plus bas sur cette même page.

Illustration ici d'un certain discours :

Marie par exemple sera vraiment mère de Dieu. Alors, c.-à-d. comme don du Père à Jésus en premier lieu pour être sa mère, et par Jésus à son disciple ...le don ... Marie, être donnée pour continuer d'être mère et au sens où Jésus le comprend et soit sur le plan spirituel. Par suite, l'Église ne peut pas enfermer ou reléguer Marie dans l'arrière-boutique, pour l'occulter, comme pour la cantonner à une sorte de sphère familiale privée, limitée, charnelle, socialement contrainte et d'un total passé révolu : non parce que ce serait faire là précisément le contraire de ce que Jésus voulait. La liaison première de Marie à Jésus n'est pas plus captieuse que celle de Marie vis à vis Jean sera sensée l'être ensuite secondairement, et pour la borner rien qu'à eux deux. On parle d'un mode de rapport familial nouveau. Et un mode inclusif sensé être applicable pour tous. La réalité sous-jacente au discours théologique de l'Église demeure donc. Cf. Marie comme la nouvelle Éve, fidèle à Dieu, servante du Seigneur, mode de conception extraordinnaire, ouverture constante pour Dieu chez elle, etc;, et cette réalité outrepasse-dépasse une affaire familiale au sens charnel du terme. Elle est bien mère de l'Église au sens spirituel de l'affaire, et alors qu'elle le fut de Jésus au départ, de Jacques (Cf. Meier) ou de Jean ensuite. Il faudra penser à une qualité de maternité qui est élevée par le haut au rang du divin ... par Dieu, à cause de Dieu ... de par sa volonté. Il advient qu'elle est faite comme l'empreinte de la maternité divine pour le Verbe incarné. C'est ce qui lui appartient en propre au sens fort, à Marie. Tout comme l'on dirait que la qualité d'avoir été fait le grand législateur des hébreux pour Moïse, de par la volonté divine, est une qualité qui appartiendra toujours en propre à Moïse et non pas à Jean le baptiste !

L'Église catholique tiendrait donc un discours théologique à propos de Marie. Est-ce un discours qui reste valable ?

En ce sens : l'Église aura le souci du mode de génération spirituel impliqué dans le tout premier établissement d'un lien entre Marie et Jésus, sous l'angle de ce rapport particulier qui les lie l'un à l'autre. C'est la naissance miraculeuse. On a là une affirmation théologique qui est d'abord invérifiable pour nous, historiquement parlant. Et c'est là-dessus pourtant que l'Église met le focus, un peu à l'instar d'un Paul qui pourra dire plus tard ''Nous ne connaissons plus le Seigneur selon la chair''. Puis c'est ainsi que ''les frères selon la chair en premier'' sont relativement relégués dans l'ombre. Le passage de Jean 19,25 est capital à cet égard.

La tradition johannique, dirions-nous.

Oui, car l'on retrouve bien là, avec Jean, comme le mode de génération spirituel qui intéresse l'Église, puis avec raison. On obtient là comme ''la vraie famille de Jésus'' au sens où Jésus lui-même voulait introduire tous ses disciples et ainsi que sa mère comme de raison. La liberté de Jésus rapport au plan charnel fait qu'il peut donner sa mère, comme l'Église catholique le dira d'ailleurs, à un autre. Il peut la donner à un autre que des frères; des frères s'inscrivant d'abord entre-eux dans un premier mode de liaison tout charnel. Or, il fait don. Entendre : il s'agit d'un sens amoureux comme dans l'expression platonicienne, l'amitié (l'agapé). Le sens est celui d'un engagement nouveau pour réellement vivre de l'évangile, devra-t-on comprendre. La mère de Jésus et les frères de Jésus (Jacques, etc) s'insèrent dans ce nouveau mode d'être relationnel. Et l'Église parlera toujours subséquemment de ce nouveau mode d'être : post-crux, baptême, nouvelle naissance. L'Église ne peut pas voir l'établissement d'un pareil lien spirituel pour impliquer Jésus avec l'un ou l'autre, théologiquement parlant, sans non plus toujours tout récapituler en passant par sa mère aussi.

Et le sens de ce message :

Pour ce petit développement, le pourquoi de la chose : il frappera le fait que ce que je dirai ici le sera comme pour être à saveur théologique. C'est ce que je veux faire ressortir. Pour cet exemple de discours, qui contrastera bien évidemment (oui, c'est voulu) avec l'exercice propre de Meier et lui du fait de ses contraintes méthodologiques. C'est qu'il m'en faudrait bien quitter le strict plan de l'histoire pour exprimer une chose semblable. Il me faut quitter le domaine du scientifiquement démontrable et soit c'est ce qu'il ne peut pas faire dans son ouvrage, lui, pour les raisons qu'il donnera.

Il n'en veut pas dire qu'il renie la foi de l'Église pourtant. Non, mais il distingue entre théologie et données (parcellaires ?) accessibles par le moyen d'une sorte d'investigation de nature historique.

Re: "Un certain juif Jésus"

par Cinci » mar. 24 août 2010, 4:46

Je présume que les volumes de J.P. Meier vont tous être mis en dépôt dans les bibliothèques de tout bon séminaire qui se respecte, comme en gage de la formation intellectuelle des futurs prêtres.

En tout cas il dit une chose intéressante et l'on pourrait dire en préalable à son ouvrage :

... pourquoi consacrer tant de temps et tant d'efforts à la recherche d'un Jésus hypothétique dont les contours demeurent si flous ?

Cela peut sembler étrange, mais ce genre de réticence vis à vis de la recherche se rencontre beaucoup plus souvent chez des chrétiens engagés que chez des agnostiques ou des chrétiens «en marge des Églises». Ces deux derniers groupes sont habituellement stimulés par la curiosité intellectuelle que l'on éprouve du dehors, ne serait-ce que pour se justifier d'être ''en-dehors''. L'agnostique ou l'humaniste laïque est très habitué à analyser toutes les opinions, d'où qu'elles viennent et aussi étranges qu'elles soient; par conséquent, cela ne les dérange pas d'analyser des données et des interprétations concernant Jésus.

C'est plutôt le croyant convaincu qui a souvent le sentiment que cette recherche est, au mieux, une perte de temps et, au pire, une menace pour la foi. Il est surprenant de retrouver dans ce même camp des gens aussi différents que des bultmanniens rigoureux et des fondamentalistes invétérés. Pour des raisons opposées, ils en viennent à la même conclusion : la recherche du Jésus historique est sans intérêt ou même nuisible pour la véritable foi chrétienne. Le bultmannien rigoureux estime que cette recherche est à la fois théologiquement illégitime et historiquement impossible. Au plan théologique, elle donne aux chrétiens la tentation de vouloir prouver leur foi par une érudition toute humaine, ce qui est une nouvelle forme de justification par les oeuvres. Au plan historique, les sources sont tout simplement trop minces, trop fragmentaires et trop marquées théologiquement pour permettre d'établir un véritable portrait de Jésus. Les fondamentalistes [...] pour une raison tout à fait opposée : ils prennent naïvement le Jésus présenté par les quatre évangiles pour le Jésus historique.

... dans le cadre historico-critique, le réel a été défini - et doit être défini - en fonction de ce qui peut être expérimenté en principe par tout observateur et en fonction des déductions ou conclusions que l'on peut raisonnablement tirer de cette expérience. Mais la foi et la théologie chrétienne affirme l'existence de réalités ultimes qui sont au-delà de ce qui est strictement empirique ou accessible par la raison : par exemple le Dieu trinitaire et le Jésus ressuscité. Par conséquent, s'interroger sur la relation entre le Jésus historique, reconstruit à partir de la recherche historique moderne, et le Jésus ressuscité revient à passer du domaine strictement expérimental ou rationnel au cadre plus large de la foi et de la théologie, sachant que la foi et la théologie ont besoin de se situer par rapport à la démarche historico-critique.

... le Jésus de l'histoire n'est pas et ne peut pas être l'objet de la foi chrétienne. Il suffit de réfléchir un instant pour montrer quelles en sont les raisons. Durant plus de quinze siècles, les chrétiens ont cru fermement en Jésus-Christ sans avoir d'idées précises sur le Jésus historique tel qu'on le comprend aujourd'hui et sans avoir d'accès à ce type de connaissances; et pourtant personne ne conteste la validité ni la force de leur foi. On peut en dire autant d'un grand nombre de chrétiens sincères vivant aujourd'hui dans des pays développés ou en voie de développement. Et pourtant, même si tous les chrétiens étaient familiarisés avec les concepts et la recherche concernant le Jésus historique, l'Église ne pourrait toujours pas faire du Jésus historique l'objet de sa prédication et de sa foi. La raison en est évidente : lequel de tous ces Jésus historiques serait l'objet de la foi ? Celui d'Albert Sweitzer ? ou celui d'Eduard Schweizer ? Celui de Herbert Braun ou celui de Joachim Jérémias ? Celui de Günter Bornkamm ou celui de E.P. Sanders ? Le Jésus violent révolutionnaire ou le Jésus magicien homosexuel ? Le Jésus voyant apocalyptique ou le Jésus maître de sagesse et peu soucieux d'eschatologie ? Les portraits sans cesse changeants et souvent contradictoires du Jésus historique proposés par les spécialistes, quel que soit leur utilité pour la recherche, ne peuvent constituer l'objet de la foi chrétienne pour l'Église universelle.

En outre, et c'est là le plus important, le véritable objet de la foi chrétienne n'est pas et ne peut pas être une idée ou une reconstruction intellectuelle, aussi fiable soit-elle. Pour le croyant, l'objet de la foi chrétienne est une personne vivante, Jésus Christ, qui s'est engagé totalement dans une véritable existence humaine terrestre, au Ier siècle de notre ère, mais qui vit désormais ressuscité et glorifié, auprès du Père à jamais.

En premier lieu, c'est cette personne vivante que proclame la foi chrétienne et à laquelle elle adhère, une personne incarnée, crucifiée et ressuscitée; et c'est seulement en second lieu qu'elle adhère aux idées et aux affirmations concernant le personnage de Jésus. Au plan de la foi et de la théologie, le Jésus réel, le seul vrai Jésus existant et vivant maintenant est ce Seigneur ressuscité; et seule la foi nous permet de l'atteindre.

Mais alors se lève une objection : quel est donc alors l'intérêt du Jésus historique pour les gens qui ont la foi ? Ma réponse est simple : aucun, si l'on envisage uniquement l'objet direct de la foi chrétienne, Jésus Christ, crucifié, ressuscité, qui règne aujourd'hui dans son Église. Ce Seigneur qui règne aujourd'hui peut être connu de toutes les personnes croyantes, y compris de toutes celles qui ne passeront pas une seule journée de leur vie à étudier l'histoire ou la théologie. Pourtant, je soutiens que la recherche du Jésus historique peut être utile si on veut une foi qui cherche à comprendre, une foi en quête d'intelligence, autrement si on veut faire de la théologie dans un contexte contemporain. La théologie des périodes patristique et médiévale vivait dans la plus parfaite ignorance du problème du Jésus historique, car elle fonctionnait dans un contexte culturel où n'existait pas l'approche historico-critique qui marque nos esprits occidentaux modernes. La théologie est un produit culturel; depuis l'époque des Lumières, notre culture occidentale se trouve imprégnée par l'approche historico-critique; par conséquent, pour être crédible, la théologie peut fonctionner dans cette culture et avoir quelque chose à lui dire uniquement si elle intègre dans sa méthodologie une approche historique.

Quand la théologie s'approprie cette recherche, elle ne tombe pas dans l'idolâtrie de quelque engouement passager; bien au contraire, elle sert les intérêts de la foi au moins de quatre manières différentes :

1) Il existe des démarches qui visent à réduire la foi au Christ à un message codé dépourvu de contenu, à un symbole mythique ou à un archétype intemporel. La recherche du Jésus historique s'oppose à de telles démarches en rappelant aux chrétiens que la foi au Christ n'est pas simplement une vague attitude existentielle ou une manière d'être dans le monde. [...]

2) Il existe aujourd'hui des chrétiens sincères qui ont un penchant faussement mystique ou docétique : ils ont tendance à gommer la réalité humaine de Jésus en se targuant d'orthodoxie pour insister sur sa divinité [...] La recherche lutte contre cette tendance, en affirmant que le Jésus ressuscité est bien la même personne que ce juif qui a vécu et qui est mort en Pälestine au Ier siècle, une personne vraiment et pleinement humaine comme n'importe quel être humain, avec toutes les limites contraignantes que cela implique.

3) Il existe des démarches qui tendent à domestiquer Jésus au service d'un christianisme confortable, respectable et bourgeois. Dès qu'elle s'est mise en place, la recherche du Jésus historique a eu tendance à contrer ce penchant en soulignant le côté dérangeant et non conformiste de Jésus. [...]

4) Mais, pour ne pas laisser croire que l'utilisation du Jésus historique va toujours dans le même sens, il est bon de souligner que, contrairement aux affirmations de Reimarus et de beaucoup d'autres après lui, le Jésus historique ne se laisse pas non plus récupérer facilement au service de progrmmes politiques révolutionnaires. Par comparaison avec les prophètes classiques d'Israël, le Jésus historique est remarquablement silencieux sur de nombreux sujets sociaux et politiques brûlants de son époque. Pour faire de lui un révolutionnaire politique de ce monde, il faut déformer les données exégétiques ou forcer l'argumentation. Tout comme la bonne sociologie, le Jésus historique subvertit non seulement certaines idéologies mais toutes les idéologies, y compris la théologie de la libération.

[...]

Le Jésus historique est finalement utile pour la théologie en ce qu'il échappe à tout nos admirables projets théologiques; il les remet tous en question en refusant d'entrer dans les cases que nous lui préparons.

- Idid., p.119-122

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