par Cinci » mar. 25 mai 2010, 9:09
Pour aider à répondre à la question :
- ... venez et revenons vers yavhé
Il a déchiré et il nous guérira,
il nous a frappé, il pansera nos plaies
Il nous fera revivre après deux jours,
le troisième jour il nous relèvera
et nous vivrons devant Lui.
Connaissons, appliquons-nous à
connaître Yavhé;
son apparition est certaine comme
celle de l'aurore,
il viendra à nous comme l'ondée,
comme la pluie de printemps qui
arrose la terre.
Que te ferai-je, Ephraïm ?
Que te ferai-je, Juda ?
Car votre fidélité est comme la nuée
du matin, comme la rosée qui très
tôt se dissipe.
Voilà pourquoi je les ai taillés en pièces
par les prophètes,
je les ai tués par la parole de ma bouche,
et mon jugement surgira comme la
lumière.
Car c'est la fidélité que je veux, et non le
sacrifice, la connaissance de Dieu plu-
tôt que les holocaustes.
- Osée 6,1
- ... je ne prend aucun plaisir en vous,
dit Yavhé des armées, et d'oblation,
je n'en agrée pas de votre main.
Car depuis le soleil levant et jusqu'à
son couchant grand est mon Nom
parmi les nations, et en tous lieux
on présente à mon Nom un encens
fumant, et une oblation pure; car
grand est mon Nom parmi les nations,
dit Yavhé des armées.
Mais vous, vous le profanez, quand
vous dites : « La table du Seigneur est
souillée, et méprisable son aliment »
Et vous dites : «Ah! quel tracas !»
et vous me dédaignez, dit Yavhé des
armées. Quand vous amenez ce qui
est dérobé, ou ce qui est boiteux ou
malade, quand vous amenez une
telle oblation, puis-je l'agrée de votre
main ? dit Yavhé.
Mon alliance avec lui, c'était la vie et
la paix, et je les lui donnai; la crainte
et il me craignait et devant mon Nom
il était effrayé. La doctrine de vérité
était dans sa bouche et il ne se trou-
vait pas d'iniquité sur ses lèvres; en
paix et en droiture il marchait avec moi ,
et nombreux ceux qu'il ramena de la
faute!
Car les lèvres du prêtre gardent la science
et c'est la doctrine que l'on cherche de
sa bouche; car il est l'Ange de Yavhé
des armées.
[...]
Vous avez fatigué Yavhé par vos paroles.
Et vous dites : En quoi l'avons-nous fati-
gué ?
C'est quand vous dites : «Tous ceux qui
font le mal sont bien vu de Yavhé et c'est
en eux que Yavhé prend plaisir»,
ou encore :«Où est-il, le Dieu du jugement ?»
Voici que j'envois mon messager devant moi,
pour qu'il prépare le chemin devant moi,
et soudain arrivera dans son Temple le
Seigneur que vous cherchez ; et le messager
de l'alliance que vous désirez, voici qu'il arrive,
dit le Seigneur des armées.
- Malachie 1,10; 2,17
- « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? » Jésus leur répliqua : « A mon tour, je vais vous poser une seule question ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? » Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : ’Du ciel’, il va nous dire : ’Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?’ Si nous disons : ’Des hommes’, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela. »
- Matthieu 21,23
''... les gens sacrifiaient des boeufs, des chevreaux, des colombes : c'est le don d'un avoir qui symbolise, qui signifie
le don de l'être. Pour nous, nous offrons un peu de pain et un peu de vin, c'est notre avoir, un avoir sans lequel nous ne pourrions pas vivre. Le pain et le vin sont la nourriture élémentaire de ces pays. Le sacrifice est donc
l'attitude intérieure traduite au plan corporel et social. Il n'y a pas d'offrande, il n'y a pas de don sans immolation. Pour prendre les termes techniques de la théologie, il n'y a pas d'oblation sans immolation. En termes simples : on ne peut pas se donner et se garder. On ne peut pas à la fois obéir à Dieu et obéir à soi, appartenir à Dieu et appartenir à soi. L'arrachement à l'égoïsme est un arrachement à soi. Un arrachement qui est nécéssairement douloureux. C'est une immolation de soi. Précison bien : la souffrance n'est pas l'essence du sacrifice.
Non, l'essence du sacrifice c'est l'amour. Mais la souffrance est essentielle au sacrifice.
Le sacrifice est donc
l'offrande intérieure mais corporellement et socialement exprimée, qui est identiquement une immolation de soi. Et, dès lors qu'il s'agit de Dieu, puisque Dieu est tout, c'est une oblation totale et une immolation totale. Oblation totale et immolation totale que nous sommes impuissants à réaliser. Elle est nécéssaire et impossible. [...]
... ce sacrifice du Christ est
le sacrifice de l'humanité tout entière.
Pourquoi ? parce que le Christ est la matrice de l'humanité. Il l'est éternellement. Imaginez une femme, dont la matrice porterait non seulement un enfant, non seulement deux jumeaux, non seulement des quintuplés comme il arrive, mais toute l'humanité. En tant que Verbe éternel, le Christ est véritablement la matrice de toute l'humanité. Nous sommes tous en lui. Il dit lui-même :
«Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24) Et où est le Christ ? Il est au coeur de la Trinité et il veut que nous soyons avec lui. Seulement, tout cela n'est pas automatique. Il faut que nous ratifions notre appartenance au Christ, à
son sacrifice.
Il devient important de rappeller ici ce que j'aurais dû vous dire dès le début : nous devrions non pas tellement parler de la présence réelle du Christ dans l'eucharistie, mais plutôt de
son action réelle . La présence réelle est en vue d'une action et c'est l'action qui importe. [...] ce que je viens de vous dire , qu'il n'est pas question de présence réelle là où il n'y a pas de sacrifice [...] Les gens avaient de la peine à comprendre cela; il était donc nécéssaire d'expliquer davantage. Pour eux la présence réelle était en quelque sorte matérielle, comme d'ailleurs l'Incarnation. Mais si l'incarnation est simplement la présence matérielle de Dieu, à combien de gens s'est-il fait présent ? Au gens de Nazareth, de Jérusalem, à un nombre infime de gens. Non, l'incarnation ce n'est pas cette présence-là de Dieu; elle est autre chose,
elle est l'action de Dieu qui divinise l'humanité, selon le fameux adage traditionnel : Dieu s'est fait homme pour que l'homme soit fait Dieu. Il en va de même pour l'eucharistie. Le sacrifice du Christ est le sacrifice de toute l'humanité, à condition que nous y adhérions. Ainsi donc, la messe est l'adhésion des hommes dans un sacrifice qui est un sacrement; c'est une adhésion au sacrifice de la croix qui est le salut de l'humanité. Évidemment je ne nie pas la présence réelle. Je dis que cette présence en est une en vue d'une action. Action réelle conditionnée par une présence réelle, ou présence réelle en vue d'une action réelle, Et cette action est un sacrifice. [...] Ai-je suffisamment compris que l'amour implique le sacrifice et que ce sacrifice n'est parfait que dans la mort et par la mort ? Ce qui m'est demandé est une mort partielle, peut-être tout à fait minime, mais enfin tout de même quelques gouttes de sang. [...]
Dans ma vision du monde, j'englobe tout ce qu'il y a dans la nature, absolument tout. S'il n'y avait pas le soleil et la mer et la lune et les marais et tout cela, il n'y aurait pas de haricots vert dans mon assiette. Tout se tient. Pascal disait : « Quand on tire un coup de canon à Paris, l'armosphère est ébranlée en Océanie» Claudel, qui est un vrai poète, dit que, pour le simple envol d'un papillon, il faut tout l'univers, toute la machine des planètes. Tout se tient dans la nature. Il faut donc que je rende grâce à Dieu pour tout. Dans l'oeuvre de Marx par exemple, on parle du rapport de l'homme à la nature, cette nature sans laquelle nous ne pourrions pas vivre. mais le marxiste ne sait pas ce que c'est que de rendre grâce. Car cette nature ne lui est pas donnée par Dieu; pour lui, Dieu n'existe pas. Il est donc propriétaire. Moi, je ne suis pas propriétaire. Et j'affirme que je ne suis pas propriétaire des choses de la nature justement en soustrayant un peu de pain et un peu de vin que je ne mangerai pas, pour signifier que je rends à Dieu ce qu'il m'a donné. Je rends grâce parce que lui me fait grâce, me donne sa grâce. La messe est donc sacrifice
d'action de grâce. Dans l'Évangile nous voyons que Jésus reçoit tout des mains du Père, tout. Jésus ne demande pas au Père,
il rend grâce. [...] L'eucharistie est l'action de grâce
en acte. En consacrant un peu de pain et un peu de vin, en n'en faisant pas ma nourriture biologique matérielle, je signifie efficacement que tout me vient de Dieu.
[...]
Puis la peur. La peur de la mort. Jésus a connu la peur.
Et, me dit l'Évangile, dans cet état il répète toujours la même parole. Quand nous avons de la difficulté à prier, nous n'avons qu'à répéter la même parole. Il est des moments où on n'a pas envie de faire des phrases; d'ailleurs prier ne consiste pas à faire des phrases. Et cette prière de Jésus, cette parole qu'il répète toujours est quelque chose de merveilleux. Elle est en deux temps. Le premier est un cri humain : «Que ce calice s'éloigne»; je n'en veux pas. Le cri humain, on pourrait presque dire le cri de la bête qui souffre. Puis, tout de suite et en même temps, il dit : «Que ta volonté soit faite» Il ne s'agit pas d'une volonté impérative, mais du bon plaisir. Et quel est le bon plaisir de Dieu ?
Que son amour soit révélé, que Dieu soit révélé tel qu'il est : puissance d'amour jusqu'à la mort. Obéir au Père, pour Jésus, c'est le révéler
tel qu'il est, en mourant.
Dans ce deuxième temps de la prière,
Jésus reprend le mot de sa mère : «
Fiat !» (Qu'il me soit fait selon ta parole) Dans l'Évangile nous trouvons trois
fiat : celui de Marie le jour de son annonciation, celui de Jésus dans la nuit de son agonie. Le troisième fiat, c'est le nôtre, celui qui est dans le Pater : Fiat volontuas tua (que ta volonté soit faite) "
Source : F.Varillon,
Vivre le christianisme, p. 230-252
Pour aider à répondre à la question :
[list][color=#808000]... venez et revenons vers yavhé
Il a déchiré et il nous guérira,
il nous a frappé, il pansera nos plaies
Il nous fera revivre après deux jours,
le troisième jour il nous relèvera
et nous vivrons devant Lui.
Connaissons, appliquons-nous à
connaître Yavhé;
son apparition est certaine comme
celle de l'aurore,
il viendra à nous comme l'ondée,
comme la pluie de printemps qui
arrose la terre.
Que te ferai-je, Ephraïm ?
Que te ferai-je, Juda ?
Car votre fidélité est comme la nuée
du matin, comme la rosée qui très
tôt se dissipe.
Voilà pourquoi je les ai taillés en pièces
par les prophètes,
je les ai tués par la parole de ma bouche,
et mon jugement surgira comme la
lumière.
Car c'est la fidélité que je veux, et non le
sacrifice, la connaissance de Dieu plu-
tôt que les holocaustes.
- [b]Osée[/b] 6,1 [/color][/list]
[list][color=#004080]... je ne prend aucun plaisir en vous,
dit Yavhé des armées, et d'oblation,
je n'en agrée pas de votre main.
Car depuis le soleil levant et jusqu'à
son couchant grand est mon Nom
parmi les nations, et en tous lieux
on présente à mon Nom un encens
fumant, et une oblation pure; car
grand est mon Nom parmi les nations,
dit Yavhé des armées.
Mais vous, vous le profanez, quand
vous dites : « La table du Seigneur est
souillée, et méprisable son aliment »
Et vous dites : «Ah! quel tracas !»
et vous me dédaignez, dit Yavhé des
armées. Quand vous amenez ce qui
est dérobé, ou ce qui est boiteux ou
malade, quand vous amenez une
telle oblation, puis-je l'agrée de votre
main ? dit Yavhé.
Mon alliance avec lui, c'était la vie et
la paix, et je les lui donnai; la crainte
et il me craignait et devant mon Nom
il était effrayé. La doctrine de vérité
était dans sa bouche et il ne se trou-
vait pas d'iniquité sur ses lèvres; en
paix et en droiture il marchait avec moi ,
et nombreux ceux qu'il ramena de la
faute!
Car les lèvres du prêtre gardent la science
et c'est la doctrine que l'on cherche de
sa bouche; car il est l'Ange de Yavhé
des armées.
[...]
Vous avez fatigué Yavhé par vos paroles.
Et vous dites : En quoi l'avons-nous fati-
gué ?
C'est quand vous dites : «Tous ceux qui
font le mal sont bien vu de Yavhé et c'est
en eux que Yavhé prend plaisir»,
ou encore :«Où est-il, le Dieu du jugement ?»
Voici que j'envois mon messager devant moi,
pour qu'il prépare le chemin devant moi,
et soudain arrivera dans son Temple le
Seigneur que vous cherchez ; et le messager
de l'alliance que vous désirez, voici qu'il arrive,
dit le Seigneur des armées.
- [b]Malachie[/b] 1,10; 2,17[/list]
[/color]
[list][i] « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? » Jésus leur répliqua : « A mon tour, je vais vous poser une seule question ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? » Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : ’Du ciel’, il va nous dire : ’Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?’ Si nous disons : ’Des hommes’, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela. »[/i]
- [b]Matthieu[/b] 21,23 [/list]
''... les gens sacrifiaient des boeufs, des chevreaux, des colombes : c'est le don d'un avoir qui symbolise, qui signifie [u]le don de l'être[/u]. Pour nous, nous offrons un peu de pain et un peu de vin, c'est notre avoir, un avoir sans lequel nous ne pourrions pas vivre. Le pain et le vin sont la nourriture élémentaire de ces pays. Le sacrifice est donc [u]l'attitude intérieure traduite au plan corporel et social[/u]. Il n'y a pas d'offrande, il n'y a pas de don sans immolation. Pour prendre les termes techniques de la théologie, il n'y a pas d'oblation sans immolation. En termes simples : on ne peut pas se donner et se garder. On ne peut pas à la fois obéir à Dieu et obéir à soi, appartenir à Dieu et appartenir à soi. L'arrachement à l'égoïsme est un arrachement à soi. Un arrachement qui est nécéssairement douloureux. C'est une immolation de soi. Précison bien : la souffrance n'est pas l'essence du sacrifice. [u]Non, l'essence du sacrifice c'est l'amour[/u]. Mais la souffrance est essentielle au sacrifice.
Le sacrifice est donc [i]l'offrande intérieure mais corporellement et socialement exprimée[/i], qui est identiquement une immolation de soi. Et, dès lors qu'il s'agit de Dieu, puisque Dieu est tout, c'est une oblation totale et une immolation totale. Oblation totale et immolation totale que nous sommes impuissants à réaliser. Elle est nécéssaire et impossible. [...]
... ce sacrifice du Christ est [b]le sacrifice de l'humanité tout entière[/b]. [b]Pourquoi ?[/b] parce que le Christ est la matrice de l'humanité. Il l'est éternellement. Imaginez une femme, dont la matrice porterait non seulement un enfant, non seulement deux jumeaux, non seulement des quintuplés comme il arrive, mais toute l'humanité. En tant que Verbe éternel, le Christ est véritablement la matrice de toute l'humanité. Nous sommes tous en lui. Il dit lui-même : [b]«Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24)[/b] Et où est le Christ ? Il est au coeur de la Trinité et il veut que nous soyons avec lui. Seulement, tout cela n'est pas automatique. Il faut que nous ratifions notre appartenance au Christ, à [u]son[/u] sacrifice.
Il devient important de rappeller ici ce que j'aurais dû vous dire dès le début : nous devrions non pas tellement parler de la présence réelle du Christ dans l'eucharistie, mais plutôt de [u]son action réelle[/u] . La présence réelle est en vue d'une action et c'est l'action qui importe. [...] ce que je viens de vous dire , qu'il n'est pas question de présence réelle là où il n'y a pas de sacrifice [...] Les gens avaient de la peine à comprendre cela; il était donc nécéssaire d'expliquer davantage. Pour eux la présence réelle était en quelque sorte matérielle, comme d'ailleurs l'Incarnation. Mais si l'incarnation est simplement la présence matérielle de Dieu, à combien de gens s'est-il fait présent ? Au gens de Nazareth, de Jérusalem, à un nombre infime de gens. Non, l'incarnation ce n'est pas cette présence-là de Dieu; elle est autre chose, [i]elle est l'action de Dieu qui divinise l'humanité[/i], selon le fameux adage traditionnel : Dieu s'est fait homme pour que l'homme soit fait Dieu. Il en va de même pour l'eucharistie. Le sacrifice du Christ est le sacrifice de toute l'humanité, à condition que nous y adhérions. Ainsi donc, la messe est l'adhésion des hommes dans un sacrifice qui est un sacrement; c'est une adhésion au sacrifice de la croix qui est le salut de l'humanité. Évidemment je ne nie pas la présence réelle. Je dis que cette présence en est une en vue d'une action. Action réelle conditionnée par une présence réelle, ou présence réelle en vue d'une action réelle, Et cette action est un sacrifice. [...] Ai-je suffisamment compris que l'amour implique le sacrifice et que ce sacrifice n'est parfait que dans la mort et par la mort ? Ce qui m'est demandé est une mort partielle, peut-être tout à fait minime, mais enfin tout de même quelques gouttes de sang. [...]
Dans ma vision du monde, j'englobe tout ce qu'il y a dans la nature, absolument tout. S'il n'y avait pas le soleil et la mer et la lune et les marais et tout cela, il n'y aurait pas de haricots vert dans mon assiette. Tout se tient. Pascal disait : « Quand on tire un coup de canon à Paris, l'armosphère est ébranlée en Océanie» Claudel, qui est un vrai poète, dit que, pour le simple envol d'un papillon, il faut tout l'univers, toute la machine des planètes. Tout se tient dans la nature. Il faut donc que je rende grâce à Dieu pour tout. Dans l'oeuvre de Marx par exemple, on parle du rapport de l'homme à la nature, cette nature sans laquelle nous ne pourrions pas vivre. mais le marxiste ne sait pas ce que c'est que de rendre grâce. Car cette nature ne lui est pas donnée par Dieu; pour lui, Dieu n'existe pas. Il est donc propriétaire. Moi, je ne suis pas propriétaire. Et j'affirme que je ne suis pas propriétaire des choses de la nature justement en soustrayant un peu de pain et un peu de vin que je ne mangerai pas, pour signifier que je rends à Dieu ce qu'il m'a donné. Je rends grâce parce que lui me fait grâce, me donne sa grâce. La messe est donc sacrifice [u]d'action[/u] de grâce. Dans l'Évangile nous voyons que Jésus reçoit tout des mains du Père, tout. Jésus ne demande pas au Père, [i]il rend grâce[/i]. [...] L'eucharistie est l'action de grâce [u]en acte[/u]. En consacrant un peu de pain et un peu de vin, en n'en faisant pas ma nourriture biologique matérielle, je signifie efficacement que tout me vient de Dieu.
[...]
Puis la peur. La peur de la mort. Jésus a connu la peur.
Et, me dit l'Évangile, dans cet état il répète toujours la même parole. Quand nous avons de la difficulté à prier, nous n'avons qu'à répéter la même parole. Il est des moments où on n'a pas envie de faire des phrases; d'ailleurs prier ne consiste pas à faire des phrases. Et cette prière de Jésus, cette parole qu'il répète toujours est quelque chose de merveilleux. Elle est en deux temps. Le premier est un cri humain : «Que ce calice s'éloigne»; je n'en veux pas. Le cri humain, on pourrait presque dire le cri de la bête qui souffre. Puis, tout de suite et en même temps, il dit : «Que ta volonté soit faite» Il ne s'agit pas d'une volonté impérative, mais du bon plaisir. Et quel est le bon plaisir de Dieu ? [color=#FF0000]Que son amour soit révélé, que Dieu soit révélé tel qu'il [u]est[/u] : puissance d'amour jusqu'à la mort.[/color] Obéir au Père, pour Jésus, c'est le révéler [color=#FF0000]tel qu'il est[/color], en mourant.
Dans ce deuxième temps de la prière, [b]Jésus reprend le mot de sa mère[/b] : «[i]Fiat[/i] !» (Qu'il me soit fait selon ta parole) Dans l'Évangile nous trouvons trois [i]fiat[/i] : celui de Marie le jour de son annonciation, celui de Jésus dans la nuit de son agonie. Le troisième fiat, c'est le nôtre, celui qui est dans le Pater : Fiat volontuas tua (que ta volonté soit faite) "
Source : F.Varillon, [u]Vivre le christianisme[/u], p. 230-252