par Théophane » sam. 13 mai 2006, 14:52
Les Apparitions de Notre-Dame de Fátima
Récit de Sœur Lucie
Le 13 mai 1917
Alors que je m’amusais avec Jacinthe et François, en haut de la pente de la Cova da Iria, à faire un petit mur autour d’un buisson, nous avons vu soudain comme un éclair. « Il vaut mieux retourner à la maison, dis-je à mes cousins. Voilà un éclair. Il pourrait venir un orage ». – « Oh ! Oui ! », répondirent-ils. Nous avons commencé à descendre la pente, en poussant les brebis dans la direction de la route. En arrivant plus ou moins au milieu de la pente, à peu près à la hauteur d’un grand chêne vert qu’il y avait là, nous avons vu un autre éclair et, quelques pas plus loin, sur un petit chêne vert, une Dame toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, et qui répandait de la lumière autour d’elle… Nous nous sommes arrêtés, surpris par l’apparition. Nous étions si près d’elle que nous nous trouvions dans la lumière qui l’environnait, ou qui émanait d’elle, peut-être à un mètre et demi de distance, plus ou moins. Alors, Notre-Dame nous dit :
- N’ayez pas peur ! Je ne vous ferai pas de mal.
- D’où êtes-vous ? Lui demandai-je.
- Je suis du Ciel.
- Et que voulez-vous de moi ?
- Je suis venue pour vous demander de venir ici six mois de suite, le 13 de chaque mois à cette même heure. Plus tard je vous dirai qui je suis, et ce que je veux. Ensuite je reviendrai encore ici une septième fois.
- Et moi, est-ce que j’irai au Ciel ?
- Oui, tu iras.
- Et Jacinthe ?
- Elle aussi.
- Et François ?
- Lui aussi, Mais il devra dire beaucoup de chapelets. Je me souviens alors d’avoir posé une question au sujet de deux jeunes filles qui étaient mortes depuis peu. Elles étaient mes amies, et elles venaient à la maison pour apprendre à tisser avec ma soeur aînée.
- Maria des Neves, est-elle déjà au Ciel ?
- Oui, elle y est. (il me semble qu’elle pouvait avoir à peu près 16 ans).
- Et Amélie ?
- Elle doit être au Purgatoire jusqu’à la fin du monde. (il me semble qu’elle pouvait avoir de 18 à 20 ans).
- Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
- Oui, nous voulons bien !
- Vous aurez donc beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.
C’est en prononçant ces dernières paroles que Notre-Dame ouvrit les mains pour la première fois, et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elle, une lumière si intime que, pénétrant notre coeur, et jusqu’au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu, qui était cette lumière, plus clairement que l’on se voit dans le meilleur des miroirs. Alors, par une impulsion intérieure, qui nous était aussi communiquée, nous sommes tombés à genoux, et nous avons répété du fond du coeur. « O Très Sainte Trinité, je vous adore ! Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime dans le Très Saint Sacrement ! ».
Après quelque temps, Notre-Dame ajouta : « Que l’on dise le chapelet tous les jours pour obtenir la paix et pour la fin de la guerre ! » Puis elle commença à s’élever doucement, en direction du Levant, jusqu’à disparaître dans l’immensité du ciel.
Le 13 Juin 1917
Après avoir récité le chapelet avec Jacinthe et François, et avec les autres personnes présentes, je vis de nouveau le reflet de la lumière qui s’approchait (et que nous appelions l’éclair), puis, ensuite, Notre-Dame sur le chêne vert, exactement comme au mois de mai
- Que voulez-vous de moi ? demandai-je.
- Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous disiez le chapelet tous les jours, et que vous appreniez à lire. Je dirai ensuite ce que je veux. Je demandais la guérison d’un malade.
- S’il se convertit, répondit Notre-Dame, il guérira dans l’année.
- Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.
- Oui, Jacinthe et François je les emmènerai bientôt, mais toi, tu resteras ici encore quelque temps. Jésus veut se servir de toi pour se faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé.,
- Je vais rester ici toute seule ? demandai-je avec chagrin.
- Non, ma fille ! Cela te fait souffrir beaucoup? Ne te décourage pas ! Je ne t’abandonnerai jamais. Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.
Au moment où elle disait ces dernières paroles, elle ouvrit les mains et nous communiqua, pour la seconde fois, le reflet de cette lumière immense qui émanait d’elle. Nous nous y voyions comme submergés en Dieu. Jacinthe et François paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel, et moi, dans celle qui se répandait sur la terre. Dans la paume de la main droite de Notre-Dame se trouvait un coeur entouré d’épines, qui paraissait s’y enfoncer. Nous avons compris que c’était le Coeur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation. Voilà à quoi nous faisions allusion quand nous disions que Notre-Dame nous avait révélé un secret en juin. Notre-Dame ne nous avait pas ordonné, cette fois, de garder le secret, mais nous sentions que Dieu nous y poussait.
Le 13 juillet 1917
Quelque temps après notre arrivée, à la Cova da Iria, auprès du chêne vert, au milieu d’une grande foule, en disant le chapelet, nous vîmes le reflet de la lumière accoutumée, et ensuite, Notre-Dame sur le chêne vert.
- Que voulez-vous de moi ? demandai-je.
- Je veux que l’on vienne ici le 13 du mois prochain, que l’on continue à dire le chapelet tous les jours, en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule peut vous secourir.
- Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes, et de faire un miracle pour que tous croient que vous nous apparaissez.
- Que l’on continue à venir ici tous les mois. En octobre, je dirai qui je suis, ce que je veux, et je ferai un miracle que tous pourront voir pour croire.
Ici je présentai quelques demandes à Notre-Dame, je ne me rappelle plus bien lesquelles. Ce que je me rappelle, c’est que Notre-Dame dit qu’il fallait réciter le chapelet pour obtenir ces grâces dans l’année. Elle poursuivit :
- Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent spécialement chaque fois que vous ferez un sacrifice : « O Jésus, c’est pour votre Amour, pour la conversion des pécheurs, et en réparation pour les péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie ».
En disant ces dernières paroles, elle ouvrit de nouveau les mains, comme les mois précédents. Le reflet de la lumière parut pénétrer la terre, et nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes des damnés. Celles-ci étaient comme des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant forme humaine. Elles flottaient d’elles-mêmes, avec des nuages de fumée, tombant de tous côtés semblables aux étincelles qu’on voit dans les grands incendies, sans poids, ni équilibre, au milieu de cris et gémissements de douleur et de désespoir, qui épouvantaient et faisaient trembler de peur. C’est à la vue de ce spectacle que j’ai dû jeter le cri que l’on dit avoir entendu de moi. Les démons se distinguaient des âmes des damnés par des formes horribles et répugnantes d’animaux extraordinaires et inconnus, mais transparentes, semblables à de noirs charbons embrasés. Effrayés, et comme pour demander secours, nous avons alors levé les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse :
- Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé. Si l’on fait ce que je vous dis, beaucoup âmes se sauveront, et on aura la Paix. La guerre va finir, Mais si l’on ne cesse pas d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne pour montrer qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine, et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Pour l’empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Coeur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis.
Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira, et on aura la paix. Sinon, la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Eglise. Les bons seront martyrisés. Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. Plusieurs nations seront anéanties…
Finalement mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au Portugal sera conservé toujours le dogme de la foi, etc…
Cela, ne le dites à personne. A François, oui, vous pouvez le dire. Quand vous dites le chapelet, dites après chaque dizaine : « O mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’Enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, principalement celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde ! ».
Suivit un instant de silence, et je fis cette question :
- Vous ne me demanderez rien d’autre ?
- Non, aujourd’hui, je ne te demanderai rien d’autre.
Et, comme de coutume, elle commença à s’élever dans la direction du Levant, jusqu’au moment où elle disparut dans l’immensité du firmament.
Les 13 - 19 août 1917
Comme j’ai raconté ce qui s’est passé ce jour-là, je ne m’y arrête pas, et je passe à l’apparition qui eut lieu à mon avis le 15 à la fin de l’après-midi.
J’étais avec les brebis, en compagnie de François et de son frère Jean, au lieu appelé « Valinhos » et je sentis que quelque chose de surnaturel s’approchait, et nous enveloppait. Soupçonnant que Notre-Dame allait apparaître et regrettant que Jacinthe ne pas là pour la voir, je demandai à son frère Jean d’aller l’appeler. Comme il ne voulait pas y aller, je lui offris pour cela deux « vinteus », et il y alla en courant. Entre temps, je vis avec François le reflet de la lumière que nous appelions l’éclair. Jacinthe étant arrivée nous avons vu, un instant après, Notre-Dame au-dessus d’un chêne vert.
- Que voulez-vous de moi ? demandai-je.
- Je veux que vous continuiez à aller à la Cova da Iria le 13, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours. Le dernier mois, je ferai le miracle, pour que tout le monde croie.
- Que voulez-vous que l’on fasse de l’argent que les gens laissent à la Cova da Iria ?
- Que l’on fasse deux brancards de procession. Tu porteras l’un avec Jacinthe et deux autres petites filles, vêtues de blanc. L’autre, c’est François qui le portera avec trois autres petits garçons. L’argent des brancards sera pour la fête de Notre-Dame du Rosaire et ce qui restera sera pour aider à construire une chapelle que l’on fera faire.
- Je voudrais vous demander la guérison de plusieurs malades.
- Oui, j’en guérirai quelques-uns durant l’année.
Elle prit alors un air plus triste et ajouta :
- Priez, priez beaucoup, et faites de sacrifices pour les pécheurs ! Il y a beaucoup d’âmes qui vont en enfer parce qu’il n’y a personne pour se sacrifier et prier pour elles.
Et, comme de coutume, elle commença à s’élever en direction du Levant.
Le 13 septembre 1917
Au moment où l’heure approchait, je suis allée là-bas avec Jacinthe et François, au milieu d’une foule de personnes, qui nous laissait avancer difficilement. Les chemins étaient remplis de monde... Enfin, nous sommes arrivés à la Cova da Iria, auprès du chêne vert, et nous avons commencé à réciter le chapelet avec le peuple. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière, et ensuite Notre-Dame sur le chêne vert. Elle nous dit :
- Que l’on continue à réciter le chapelet pour obtenir la fin de la guerre. En octobre viendront aussi Notre-Seigneur, Notre-Dame des Douleurs, et Notre-Dame du Carmel, Saint Joseph avec l’Enfant Jésus, pour bénir le monde. « Dieu est content de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement durant le jour ».
- On m’a prié, dis-je, de vous demander bien des choses : la guérison de plusieurs malades, d’un sourd-muet…
- Oui, j’en guérirai quelques-uns, les autres, non. En octobre je ferai le miracle pour que tout le monde croie.
Et commençant à s’élever dans les airs, elle disparut comme d’habitude.
Le 13 octobre 1917
Nous avons quitté la maison de bonne heure, pensant bien que le chemin serait long. Le peuple était là en foule. Il pleuvait à torrent. Ma mère, craignant que ce fut le dernier jour de ma vie, le coeur déchiré par l’inquiétude de ce qui allait arriver, avait voulu m’accompagner. Sur le chemin se reproduisaient les scènes du mois précédent, plus nombreuses et plus émouvantes. Même la boue des chemins n’empêchait pas ces gens de se mettre à genoux, dans une attitude humble et suppliante. Arrivés à la Cova da Iria, auprès du chêne vert, poussée par un mouvement intérieur, je demandai à la foule de fermer les parapluies pour réciter le chapelet. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière et, ensuite, Notre-Dame sur le chêne vert.
- Que voulez-vous de moi demandai-je.
- Je veux te dire que l’on élève une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue toujours à dire le chapelet tous les jours. La guerre va finir, et les militaires reviendront bientôt chez eux.
- J’aurais beaucoup de choses à vous demander : de guérir plusieurs malades, de convertir les pécheurs…
- Les uns, oui, les autres, non. Il faut qu’ils se corrigent, qu’ils demandent pardon de leurs péchés.
Notre-Dame prit alors un air plus triste :
- Qu’ils n’offensent pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, car il est déjà trop offensé !
Ouvrant les mains, elle les fit réfléchir alors sur le soleil. Et tandis qu’elle s’élevait, le reflet de sa propre lumière continuait à se projeter sur le soleil. Voici le motif pour lequel j’ai crié qu’on regarde le soleil. Mon but n’était pas d’appeler l’attention de la foule de ce côté. Je ne me rendais même pas compte de sa présence. Je le fis seulement, entraînée par un mouvement intérieur qui m’y poussait. Notre-Dame, une fois disparue dans l’immensité du firmament, nous avons vu, auprès du soleil, saint Joseph avec l’Enfant Jésus, et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l’Enfant Jésus paraissaient bénir le monde, avec les gestes qu’ils faisaient de la main, en forme de croix. Peu après, cette apparition s’étant évanouie, j’ai vu Notre-Seigneur et Notre-Dame sous une forme qui donnait l’idée d’être Notre-Dame des Douleurs, Notre-Seigneur paraissait bénir le monde de la même manière que l’avait fait saint Joseph. Cette apparition disparut, et il me sembla voir encore Notre-Dame avec un aspect semblable à Notre-Dame du Carmel.
[b][u]Les Apparitions de Notre-Dame de Fátima[/u]
Récit de Sœur Lucie[/b]
[u]Le 13 mai 1917[/u]
Alors que je m’amusais avec Jacinthe et François, en haut de la pente de la Cova da Iria, à faire un petit mur autour d’un buisson, nous avons vu soudain comme un éclair. « Il vaut mieux retourner à la maison, dis-je à mes cousins. Voilà un éclair. Il pourrait venir un orage ». – « Oh ! Oui ! », répondirent-ils. Nous avons commencé à descendre la pente, en poussant les brebis dans la direction de la route. En arrivant plus ou moins au milieu de la pente, à peu près à la hauteur d’un grand chêne vert qu’il y avait là, nous avons vu un autre éclair et, quelques pas plus loin, sur un petit chêne vert, une Dame toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, et qui répandait de la lumière autour d’elle… Nous nous sommes arrêtés, surpris par l’apparition. Nous étions si près d’elle que nous nous trouvions dans la lumière qui l’environnait, ou qui émanait d’elle, peut-être à un mètre et demi de distance, plus ou moins. Alors, Notre-Dame nous dit :
- N’ayez pas peur ! Je ne vous ferai pas de mal.
- D’où êtes-vous ? Lui demandai-je.
- Je suis du Ciel.
- Et que voulez-vous de moi ?
- Je suis venue pour vous demander de venir ici six mois de suite, le 13 de chaque mois à cette même heure. Plus tard je vous dirai qui je suis, et ce que je veux. Ensuite je reviendrai encore ici une septième fois.
- Et moi, est-ce que j’irai au Ciel ?
- Oui, tu iras.
- Et Jacinthe ?
- Elle aussi.
- Et François ?
- Lui aussi, Mais il devra dire beaucoup de chapelets. Je me souviens alors d’avoir posé une question au sujet de deux jeunes filles qui étaient mortes depuis peu. Elles étaient mes amies, et elles venaient à la maison pour apprendre à tisser avec ma soeur aînée.
- Maria des Neves, est-elle déjà au Ciel ?
- Oui, elle y est. (il me semble qu’elle pouvait avoir à peu près 16 ans).
- Et Amélie ?
- Elle doit être au Purgatoire jusqu’à la fin du monde. (il me semble qu’elle pouvait avoir de 18 à 20 ans).
- Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
- Oui, nous voulons bien !
- [b]Vous aurez donc beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort[/b].
C’est en prononçant ces dernières paroles que Notre-Dame ouvrit les mains pour la première fois, et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elle, une lumière si intime que, pénétrant notre coeur, et jusqu’au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu, qui était cette lumière, plus clairement que l’on se voit dans le meilleur des miroirs. Alors, par une impulsion intérieure, qui nous était aussi communiquée, nous sommes tombés à genoux, et nous avons répété du fond du coeur. « [b]O Très Sainte Trinité, je vous adore ! Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime dans le Très Saint Sacrement ![/b] ».
Après quelque temps, Notre-Dame ajouta : « Que l’on dise le chapelet tous les jours pour obtenir la paix et pour la fin de la guerre ! » Puis elle commença à s’élever doucement, en direction du Levant, jusqu’à disparaître dans l’immensité du ciel.
[u]Le 13 Juin 1917[/u]
Après avoir récité le chapelet avec Jacinthe et François, et avec les autres personnes présentes, je vis de nouveau le reflet de la lumière qui s’approchait (et que nous appelions l’éclair), puis, ensuite, Notre-Dame sur le chêne vert, exactement comme au mois de mai
- Que voulez-vous de moi ? demandai-je.
- Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous disiez le chapelet tous les jours, et que vous appreniez à lire. Je dirai ensuite ce que je veux. Je demandais la guérison d’un malade.
- S’il se convertit, répondit Notre-Dame, il guérira dans l’année.
- Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.
- Oui, Jacinthe et François je les emmènerai bientôt, mais toi, tu resteras ici encore quelque temps. Jésus veut se servir de toi pour se faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé.,
- Je vais rester ici toute seule ? demandai-je avec chagrin.
- Non, ma fille ! Cela te fait souffrir beaucoup? Ne te décourage pas ! Je ne t’abandonnerai jamais. [b]Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.[/b]
Au moment où elle disait ces dernières paroles, elle ouvrit les mains et nous communiqua, pour la seconde fois, le reflet de cette lumière immense qui émanait d’elle. Nous nous y voyions comme submergés en Dieu. Jacinthe et François paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel, et moi, dans celle qui se répandait sur la terre. Dans la paume de la main droite de Notre-Dame se trouvait un coeur entouré d’épines, qui paraissait s’y enfoncer. Nous avons compris que c’était le Coeur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation. Voilà à quoi nous faisions allusion quand nous disions que Notre-Dame nous avait révélé un secret en juin. Notre-Dame ne nous avait pas ordonné, cette fois, de garder le secret, mais nous sentions que Dieu nous y poussait.
[u]Le 13 juillet 1917[/u]
Quelque temps après notre arrivée, à la Cova da Iria, auprès du chêne vert, au milieu d’une grande foule, en disant le chapelet, nous vîmes le reflet de la lumière accoutumée, et ensuite, Notre-Dame sur le chêne vert.
- Que voulez-vous de moi ? demandai-je.
- Je veux que l’on vienne ici le 13 du mois prochain, que l’on continue à dire le chapelet tous les jours, en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule peut vous secourir.
- Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes, et de faire un miracle pour que tous croient que vous nous apparaissez.
- Que l’on continue à venir ici tous les mois. En octobre, je dirai qui je suis, ce que je veux, et [b]je ferai un miracle que tous pourront voir pour croire[/b].
Ici je présentai quelques demandes à Notre-Dame, je ne me rappelle plus bien lesquelles. Ce que je me rappelle, c’est que Notre-Dame dit qu’il fallait réciter le chapelet pour obtenir ces grâces dans l’année. Elle poursuivit :
- Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent spécialement chaque fois que vous ferez un sacrifice : « [b]O Jésus, c’est pour votre Amour, pour la conversion des pécheurs, et en réparation pour les péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie[/b] ».
En disant ces dernières paroles, elle ouvrit de nouveau les mains, comme les mois précédents. Le reflet de la lumière parut pénétrer la terre, et nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes des damnés. Celles-ci étaient comme des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant forme humaine. Elles flottaient d’elles-mêmes, avec des nuages de fumée, tombant de tous côtés semblables aux étincelles qu’on voit dans les grands incendies, sans poids, ni équilibre, au milieu de cris et gémissements de douleur et de désespoir, qui épouvantaient et faisaient trembler de peur. C’est à la vue de ce spectacle que j’ai dû jeter le cri que l’on dit avoir entendu de moi. Les démons se distinguaient des âmes des damnés par des formes horribles et répugnantes d’animaux extraordinaires et inconnus, mais transparentes, semblables à de noirs charbons embrasés. Effrayés, et comme pour demander secours, nous avons alors levé les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse :
- [b]Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs[/b]. Pour les sauver Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé. Si l’on fait ce que je vous dis, beaucoup âmes se sauveront, et on aura la Paix. La guerre va finir, Mais si l’on ne cesse pas d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne pour montrer qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine, et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Pour l’empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Coeur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis.
Si l’on écoute mes demandes, [b]la Russie se convertira[/b], et on aura la paix. Sinon, la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Eglise. Les bons seront martyrisés. [b]Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir[/b]. Plusieurs nations seront anéanties…
[b]Finalement mon Cœur Immaculé triomphera[/b]. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. [b]Au Portugal sera conservé toujours le dogme de la foi[/b], etc…
Cela, ne le dites à personne. A François, oui, vous pouvez le dire. Quand vous dites le chapelet, dites après chaque dizaine : « [b]O mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’Enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, principalement celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde ![/b] ».
Suivit un instant de silence, et je fis cette question :
- Vous ne me demanderez rien d’autre ?
- Non, aujourd’hui, je ne te demanderai rien d’autre.
Et, comme de coutume, elle commença à s’élever dans la direction du Levant, jusqu’au moment où elle disparut dans l’immensité du firmament.
[u]Les 13 - 19 août 1917[/u]
Comme j’ai raconté ce qui s’est passé ce jour-là, je ne m’y arrête pas, et je passe à l’apparition qui eut lieu à mon avis le 15 à la fin de l’après-midi.
J’étais avec les brebis, en compagnie de François et de son frère Jean, au lieu appelé « Valinhos » et je sentis que quelque chose de surnaturel s’approchait, et nous enveloppait. Soupçonnant que Notre-Dame allait apparaître et regrettant que Jacinthe ne pas là pour la voir, je demandai à son frère Jean d’aller l’appeler. Comme il ne voulait pas y aller, je lui offris pour cela deux « vinteus », et il y alla en courant. Entre temps, je vis avec François le reflet de la lumière que nous appelions l’éclair. Jacinthe étant arrivée nous avons vu, un instant après, Notre-Dame au-dessus d’un chêne vert.
- Que voulez-vous de moi ? demandai-je.
- Je veux que vous continuiez à aller à la Cova da Iria le 13, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours. Le dernier mois, je ferai le miracle, pour que tout le monde croie.
- Que voulez-vous que l’on fasse de l’argent que les gens laissent à la Cova da Iria ?
- Que l’on fasse deux brancards de procession. Tu porteras l’un avec Jacinthe et deux autres petites filles, vêtues de blanc. L’autre, c’est François qui le portera avec trois autres petits garçons. L’argent des brancards sera pour la fête de Notre-Dame du Rosaire et ce qui restera sera pour aider à construire une chapelle que l’on fera faire.
- Je voudrais vous demander la guérison de plusieurs malades.
- Oui, j’en guérirai quelques-uns durant l’année.
Elle prit alors un air plus triste et ajouta :
- Priez, priez beaucoup, et faites de sacrifices pour les pécheurs ! [b]Il y a beaucoup d’âmes qui vont en enfer parce qu’il n’y a personne pour se sacrifier et prier pour elles[/b].
Et, comme de coutume, elle commença à s’élever en direction du Levant.
[u]Le 13 septembre 1917[/u]
Au moment où l’heure approchait, je suis allée là-bas avec Jacinthe et François, au milieu d’une foule de personnes, qui nous laissait avancer difficilement. Les chemins étaient remplis de monde... Enfin, nous sommes arrivés à la Cova da Iria, auprès du chêne vert, et nous avons commencé à réciter le chapelet avec le peuple. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière, et ensuite Notre-Dame sur le chêne vert. Elle nous dit :
- Que l’on continue à réciter le chapelet pour obtenir la fin de la guerre. En octobre viendront aussi Notre-Seigneur, Notre-Dame des Douleurs, et Notre-Dame du Carmel, Saint Joseph avec l’Enfant Jésus, pour bénir le monde. « Dieu est content de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement durant le jour ».
- On m’a prié, dis-je, de vous demander bien des choses : la guérison de plusieurs malades, d’un sourd-muet…
- Oui, j’en guérirai quelques-uns, les autres, non. [b]En octobre je ferai le miracle pour que tout le monde croie[/b].
Et commençant à s’élever dans les airs, elle disparut comme d’habitude.
[u]Le 13 octobre 1917[/u]
Nous avons quitté la maison de bonne heure, pensant bien que le chemin serait long. Le peuple était là en foule. Il pleuvait à torrent. Ma mère, craignant que ce fut le dernier jour de ma vie, le coeur déchiré par l’inquiétude de ce qui allait arriver, avait voulu m’accompagner. Sur le chemin se reproduisaient les scènes du mois précédent, plus nombreuses et plus émouvantes. Même la boue des chemins n’empêchait pas ces gens de se mettre à genoux, dans une attitude humble et suppliante. Arrivés à la Cova da Iria, auprès du chêne vert, poussée par un mouvement intérieur, je demandai à la foule de fermer les parapluies pour réciter le chapelet. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière et, ensuite, Notre-Dame sur le chêne vert.
- Que voulez-vous de moi demandai-je.
- Je veux te dire que l’on élève une chapelle en mon honneur. [b]Je suis Notre-Dame du Rosaire[/b]. Que l’on continue toujours à dire le chapelet tous les jours. La guerre va finir, et les militaires reviendront bientôt chez eux.
- J’aurais beaucoup de choses à vous demander : de guérir plusieurs malades, de convertir les pécheurs…
- Les uns, oui, les autres, non. Il faut qu’ils se corrigent, qu’ils demandent pardon de leurs péchés.
Notre-Dame prit alors un air plus triste :
- Qu’ils n’offensent pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, car il est déjà trop offensé !
Ouvrant les mains, elle les fit réfléchir alors sur le soleil. Et tandis qu’elle s’élevait, le reflet de sa propre lumière continuait à se projeter sur le soleil. Voici le motif pour lequel j’ai crié qu’on regarde le soleil. Mon but n’était pas d’appeler l’attention de la foule de ce côté. Je ne me rendais même pas compte de sa présence. Je le fis seulement, entraînée par un mouvement intérieur qui m’y poussait. Notre-Dame, une fois disparue dans l’immensité du firmament, nous avons vu, auprès du soleil, saint Joseph avec l’Enfant Jésus, et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l’Enfant Jésus paraissaient bénir le monde, avec les gestes qu’ils faisaient de la main, en forme de croix. Peu après, cette apparition s’étant évanouie, j’ai vu Notre-Seigneur et Notre-Dame sous une forme qui donnait l’idée d’être Notre-Dame des Douleurs, Notre-Seigneur paraissait bénir le monde de la même manière que l’avait fait saint Joseph. Cette apparition disparut, et il me sembla voir encore Notre-Dame avec un aspect semblable à Notre-Dame du Carmel.